Vaincre le mal par le bien
La meilleure façon de détruire un ennemi est de faire de lui un ami.
- Abraham Lincoln
Vous avez appris qu’il a été dit: « Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. » Eh bien, moi je vous dis: Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent.
- Matthieu 5:43-44
La meilleure façon de se venger d’un ennemi, c’est de ne pas lui ressembler.
- Marc-Aurèle
Loin de moi la prétention de traiter en quelques lignes les questions de non-violence, légitime défense et tout ce qui gravite autour. J’aimerais simplement revenir aux paroles du Christ ; elles ne s’adressaient pas à un pays, une armée, ou une communauté, mais à des personnes, venues sur une montagne pour l’écouter.
Nous nous sentons souvent impuissants devant le déferlement de violence qui secoue notre planète, nous oublions qu’il est un monde sur lequel nous avons un vrai pouvoir: notre propre vie.
Si nous observons le développement de l’agressivité, quel qu’en soit le cadre ou l’intensité, nous constatons que la violence nourrit la violence, le mal engendre le mal, les oppressions donnent naissance aux réactions violentes.
Il y a une intelligence mauvaise dans le mal - nous l’appelons parfois malignité — il se nourrit de lui-même, c’est la spirale infernale de la violence qui engendre la violence.
Le proverbe populaire prétend qu’il faut combattre le mal par le mal, mais c’est faux, doublement faux, même.
Si j’utilise le mal pour lutter contre le mal, je le multiplie. D’une part, il renforce le désir de vengeance, la haine, la rancune, l’animosité dans mon adversaire, mais en plus, je deviens moi-même ce que je prétends combattre. C’est le drame des haines ancestrales qui déchirent l’humanité depuis la nuit des temps.
Il n’est pas question de se laisser abuser, violenter sans réagir, ou d’accepter les mauvais traitements sans rien faire. Les victimes du mal doivent être protégées, les abuseurs dénoncés, écartés, neutralisés, mais se mettre à l’abri ne signifie pas pour autant entrer dans la vengeance, ou répondre par la violence.
Le Christ nous propose un autre chemin: celui qu’il a emprunté lui-même. Sans aucun compromis avec le mal, sans aucune hypocrisie, sans la moindre faiblesse, il fait face au mal, le laisse le traverser sans le renvoyer et déverse en retour son amour.
Nous ne sommes que des humains, nous ne sommes pas capables d’agir comme lui parfaitement et sans aucune faiblesse, mais nous devons tendre de tout notre être vers cette attitude. Pour cela, il ne faut pas s’épuiser en efforts inutiles, mais plutôt l’accueillir lui et son pardon, son amour inconditionnel. Plus nous lui ferons de place dans nos vies, plus nous consentirons à le laisser nous remplir de sa présence, plus nous pourrons, nous aussi, détruire le mal par le bien.
On vous dira peut-être que votre attitude n’a pas un grand impact sur la situation globale, pourtant il suffit de briser un maillon d’une chaîne pour qu’elle perde son pouvoir d’emprisonner. Et si la personne que vous avez libérée en lui renvoyant amour et pardon décide d’agir de même, une onde de guérison et de paix peut aussi se propager.
Les artisans de paix manifestent par leur vie qu’ils sont enfant de Dieu1, la paix ne peut être produite industriellement, pas plus qu’elle ne peut être imposée par la force ou la politique. Elle est une activité artisanale, conçue dans l’intimité de l’être intérieur par celles et ceux qui ont fait le choix de ne pas être des miroirs réfléchissant la violence, mais des pacificateurs laissant la haine se perdre loin derrière eux, irradiant en retour l’amour reçu d’En-haut.
C’est ma prière et mon souhait, puissions-nous être ces artisans, laborieux, imparfaits, persévérants, qui cultivent en silence les semences de paix, afin d’en partager la récolte.
Paisiblement vôtre,
Philip
1 Matthieu 5.9
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