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Accueillir le vent du changement…

L’Arbre tient bon ; le Roseau plie et ne rompt pas. Le vent redouble ses efforts et fait si bien qu’il déracine celui de qui la tête au ciel était voisine.
- Le chêne et le Roseau. La Fontaine

L’Éternel dit à Moïse: Je vois que ce peuple est un peuple à la nuque raide.
- Exode 32:9

En ce début d’année, je me suis posé la question: « Et si nous nous offrions une révolution ? »1 Quelques mois plus tard, une deuxième question s’invite: j’ai beau tenter de l’éviter, elle me retrouve toujours, mordillant les orteils de ma conscience comme un chien son jouet préféré.
« Quelle est mon attitude face au changement ? » je devrais plutôt écrire « … aux changements ».

Accueillir le vent du changement - Des roseaux au bord de l'eau dans le ven

Oui, ils sont nombreux, depuis les changements climatiques jusqu’aux changements hormonaux, en passant par les changements de paradigmes et plus prosaïquement, les bouleversements de mes petites habitudes et traditions.
Bien qu’il y ait des dizaines de réponses possibles, elles rentrent, me semble-t-il, dans deux grandes catégories: résister ou accompagner en souplesse.
Si je choisis la première — des millénaires d’histoires sont là pour le démontrer — le résultat sera finalement le déracinement et la perte du tout. Rien ni personne n’est assez puissant pour résister par la raideur aux évolutions inévitables qui accompagnent le fil du temps.
Mais « plier avec souplesse » ne signifie pas que nous devons tout accepter ni que tout changement est positif.
Un processus de réflexion intentionnel et courageux pourrait nous aider à mieux réagir.

Pour commencer, nous pourrions mettre à profit le conseil tellement judicieux de notre vieil ami Paul: « Examinez toutes choses et retenez ce qui est bon2 ». Il est fort rare, dans un processus évolutif, que tout soit bon ou à mettre à la poubelle. Savoir faire le tri nous permettra d’éviter les mauvais combats.
Attention ! Notre puissant désir de sécurité et de stabilité voile facilement notre jugement.
Ensuite, nous devrions nous remettre en question, le plus honnêtement possible. Ce changement me déplaît-il parce qu’il est mauvais ou parce qu’il ne va pas dans le sens que j’attendais ou espérais ?
Car, faut-il le souligner, nous aimons tous le changement, enfin une certaine forme de changement.
– Le chêne aimerait bien évoluer vers un arbre plus gros, plus fort, plus puissant…
– Le riche accepte volontiers d’être bousculé en passant de riche à très riche et pourquoi pas super riche…
– L’artiste méconnu aspire à un bouleversement qui ferait de lui une « Star » incontournable dans son domaine…
Bref, vous avez compris l’idée ; si le changement correspond à mes attentes de croissance, de progression, de sécurité, je l’accueille avec joie.
Et c’est là que vous risquez de moins aimer la suite — pour ma part, en tout cas, je l’apprécie modérément— Dans le Royaume de Dieu, nul ne sait d’où vient le vent… Les pensées de notre Souverain ne sont pas nos pensées, prévoir le futur est une science plus que risquée. Nos ancêtres, les premiers followers de Jésus, l’ont appris à leurs dépens. Pierre qui voulait connaître son avenir s’est entendu dire: « avant tu faisais ce que tu voulais, mais à partir de dorénavant… ce sera différent…3 »
Parce qu’il avait, lui aussi, la nuque raide, il a insisté, demandant pour un autre ce qu’il adviendrait de lui. La réponse sans équivoque du Maître ne lui a plus laissé le moindre espace pour discuter: « Que t’importe ? Toi, suis-moi !4»
La Bible est pleine d’exemples de chênes puissants — convaincus de leur bon droit, « le droit divin » — subitement déracinés. Nous trouvons aussi, en cherchant bien, quelques récits de roseaux clairvoyants.5

Soyons donc attentifs à ne pas avoir la nuque raide, figés dans nos certitudes, nos croyances, nos désirs personnels et notre besoin de stabilité.
Pratiquons régulièrement des assouplissements de l’âme, en nous appropriant la prière du Christ mêlée à celle de Jean le Baptiseur: « Pas ma volonté, mais la tienne afin que tu grandisses en moi et que je diminue… »
Avec le soutien de l’Esprit, le baume de la grâce, l’énergie de l’amour, nous parviendrons peut-être à éviter le sort du chêne et pourrons accepter que le Vent d’En Haut nous incline dans le sens de sa volonté.
Nous pourrons peut-être même faire entendre un chant harmonieux à Sa gloire ; les roseaux, bien que creux, ne sont-ils pas connus pour faire de bons instruments à vent  ?

Signé: Un petit chêne maintes fois déraciné en processus de conversion…6

Philip

1 Pensée du mois de janvier 2023
2 1 Thessaloniciens 5:21
3 Jean 21:18
4 Jean 21:22
5 Actes 5:38-39 ; 2 Rois 5:10-14
6 Répondant aussi au prénom « Philip »

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© Tous droits réservés: Philip Ribe


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