Et si, cette année, nous nous offrions une révolution ?
Révolution: c’est retourner le sablier.
- Jean Dubuffet.
Ce que l’œil n’a pas vu et que l’oreille n’a pas entendu, ce que l’esprit humain n’a jamais soupçonné, mais que Dieu tient en réserve pour ceux qui l’aiment.
- 1 Corinthiens 2:9
En bon français, le mot « révolution » éveille en moi des images de colère populaire, de sang versé, de lames affutées et de têtes tranchées. Comme vous l’avez déjà deviné, ce n’est pas cette révolution-là, que j’aimerais évoquer.
Dans son sens le plus littéral, une révolution est la rotation d’un corps autour de son axe central ou bien d’un autre corps. C’est un terme très proche d’un autre mot utilisé en religion: conversion. Mais avant d’être accaparé par la sphère religieuse, conversion signifiait tout simplement se tourner ou se retourner. Dans le domaine de la physique, il décrit la transformation d’une énergie d’une forme en une autre.
C’est un défi placé devant nous, et si c’était le moment de le relever ?
Peut-être êtes-vous, comme moi, fatigué de ces microchangements qui ne changent rien. De ces tempêtes dans un verre d’eau, ces grandes formules creuses « le monde d’avant, le monde d’après », « l’ancien ou le nouveau monde » qui ne sont que des évolutions du pareil au même, des soi-disant chamboulements qui se contentent de repeindre la façade.
Allons-nous oser, dans cette nouvelle année, des changements de paradigme, des révolutions qui nous conduisent à sortir de nos postures pour accepter de modifier notre angle de vue.
Je ne suis pas en train de vous proposer l’anarchie, la révolution pour la révolution, non, mais le courage de se poser une simple question: est-ce que j’accompagne la vie ou est-ce que j’essaie de la « fabriquer » artificiellement ?
Quel que soit le domaine envisagé, cette interrogation est pertinente, car, nous ne sommes pas capables de créer la vie.
Comprendre comment germe, se développe et se reproduit le vivant est essentiel. Que ce soit pour notre jardin, pour nos relations, pour notre santé ou pour le développement de notre vie intérieure, avoir l’intelligence de la vie et de ses besoins doit être le point de départ.
Dans chaque aspect de nos existences, bien qu’en réalité nous n’ayons qu’une seule et unique vie — d’où l’importance de la décloisonner — il nous faut développer un écosystème1 favorable à la croissance du vivant. Comme le dit si bien Charles Hervé-Gruyer2 auteur d’un ouvrage remarquable sur la permaculture, tout commence lorsque nous comprenons et acceptons que nous ne sommes que les humbles serviteurs des vers de terre.
Trop souvent, nous prenons les choses à l’envers. C’est ainsi que nous essayons de « faire fonctionner des églises » alors que Jésus nous demande de le suivre et d’entrainer sur ce chemin d’autres « followers » qui à leur tour en entrainent d’autres qui à leur tour...
Si nous sommes dans ce cheminement collectif, nous allons vivre l’église au lieu d’essayer de la « fabriquer » à l’aide de programmes, d’activités et d’activisme.
Cela demande du courage. Nous pouvons cultiver la vie, mais pas la contrôler, sommes-nous prêts à cette conversion ? Renoncer au contrôle et à la planification ?
Cela demande d’aller à contre-courant dans un monde fondé sur la productivité, les résultats immédiats.
Sommes-nous disposés à la révolution — un tour complet sur nous-mêmes — et passer du modèle des chefs qui commandent d’en haut à celui du « chef serviteur » ?
En y réfléchissant un peu mieux, la révolution essentielle, consiste simplement à changer l’axe autour duquel nous exerçons notre rotation, plutôt que de tourner autour de nous-mêmes, faisons le choix du Christ comme nouvel axe de rotation. Nous enchainerons ainsi des révolutions autour de sa personne, afin d’adopter sa façon de voir, de penser, d’aimer surtout. De conversion en conversion, nous deviendrons des praticiens de la révolution.3
Je ne suis pas sûr d’avoir ce courage, tout seul, mais si deux ou trois veulent bien me donner la main, je crois que je suis prêt pour une petite révolution…
Philip
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1 Système formé par un environnement (biotope) et par l’ensemble des espèces (biocénose) qui y vivent, s’y nourrissent et s’y reproduisent. La montagne, la forêt ou la mer sont des écosystèmes.
2 Permaculture. Guérir la terre, nourrir les hommes. Actes Sud.
3 Si nous sommes plus de deux ou trois, c’est encore mieux.
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