« Semer » & « Moudre » les verbes de l’été…
J’ai cru que dans le champ où je sème le gravier, c’était de belles fleurs que j’allais récolter, en déterrant le pire j’en frôlais les racines, les joies ne s’arrosent pas de sentiments acides, l’esprit est un jardin donc si tu le piétines ne t’étonnes pas d’y trouver des épines…
- Mes failles. Marion Seclin
Ne vous faites pas d’illusions: Dieu ne se laisse pas traiter avec mépris. On récolte ce que l’on a semé.
- Galates 6:7
Juillet et août s’offrent à nous. Ce ne sont que des segments de temps identiques aux autres, mais ce sont pour nous qui vivons de ce côté de l’équateur, les mois d’été, de vacances; ils sont synonymes de relâchement, de repas en plein air, de voyages, d’apéritifs sur les terrasses. C’est aussi une période où les rythmes changent, où nous essayons de vivre « différemment ». Nous portons des vêtements légers, exposons nos épidermes au soleil, nous trempons dans des eaux fraiches, douces ou salées et nous espérons qu’à la suite de ces journées estivales nos corps seront reposés, requinqués, plus ou moins bronzés, rechargés en vitamine D.
Mais quelle est notre intention pour notre vie du dedans ? Avons-nous, plus ou moins consciemment, déjà décidé de fermer le rideau ?
Cela pourrait pourtant devenir une période favorable à la découverte de l’apprentissage de l’autonomie en alimentation spirituelle. Je ne parle pas de vivre seul, mais de devenir capable de se nourrir soi-même et par la suite de partager notre superflu.
Je nous propose donc d’emporter dans nos valises de vacanciers deux « verbes-outils » utiles pour atteindre ce but.
Le premier est le verbe « semer ».
Si nous ne semons pas, le système ambiant dans lequel nous évoluons s’en chargera. Ce qui poussera ne nous apportera ni paix, ni joie, ni satisfaction, uniquement de l’envie, de l’amertume et des dépendances.
Mais nous pouvons choisir — chaque jour, si possible le matin, c’est le moment idéal bien que cela reste possible n’importe quand — de sélectionner des semences de vie et de les enfouir dans notre cœur, dans notre mémoire afin qu’elles puissent se développer. Elles nourriront nos réflexions, notre imagination, nos pensées. Elles deviendront des arbustes, des arbres porteurs de fleurs, des fleurs qui deviendront des fruits. Des fruits porteurs de petites graines que nous pourrons à nouveau semer… ce sera le début d’un processus sans fin. Un processus stimulant, nourrissant, qui fait de nous des personnes responsables qui prennent leur vie en mains.
Ces semences doivent être conformes à la vérité, c’est-à-dire la pensée du Christ. Elles peuvent être récoltées au fil d’une lecture, à l’écoute d’un morceau de musique qui nous touche, à la vue d’un paysage… peu importe, ce qui compte c’est la conviction qu’elle sont en lien avec la vie d’En haut. Ensuite, il faut les laisser vivre leur propre vie, comme toutes les semences, elles contiennent en elles-mêmes leurs propres caractéristiques, nous devons seulement leur offrir les bonnes conditions pour leur développement.
Le deuxième verbe-outil est « moudre ». Que nous soyons en vacances ou pas le moulin de nos pensées tourne en permanence, il tourne et broie des idées, des concepts, des émotions, des mots, des mélodies… là aussi, si nous ne sommes pas attentifs et déterminés nous allons broyer des graines de « n’importe quoi » fournies par l’air du temps et produire une farine aussi digeste que du plâtre mélangé à de l’arsenic. Faisons le choix de mettre entre les pierres de nos « moulins » des graines issues des semences que nous avons plantées et cultivées.
En développant ces deux disciplines spirituelles, nous allons mettre en place un circuit court, autonome, efficace, et durable. Il n’est pas affecté par les circonstances ou par « les autres ». Je le redis, le but n’est pas de vivre seul, de se couper des autres, nous avons besoin d’eux, ils ont besoin de nous, mais d’apprendre à produire nous-mêmes une partie consistante des nutriments spirituels dont nous avons besoin pour vivre et nous développer. Nos moments de retrouvailles et de partages en seront transformés et substantiellement enrichis.
Ne vous imaginez pas que ce que je vous propose est quelque chose de nouveau, certains l’appellent tout simplement la méditation contemplative ou encore la contemplation méditative...
Je vous encourage à lire le Psaume 1 ou le 119, ils décrivent, avec d’autres mots, le même processus. En les parcourant vous allez découvrir qu’ils sont parsemés de petites graines de vie qui n’attendent qu’un sol fertile pour manifester la vie qu’elles abritent.
Je vous souhaite donc un bel été à semer et à moudre.
Au plaisir de nous retrouver prochainement pour partager nos récoltes et nos farines… de beaux et bons moments en perspective.
Philip
_____________
© Tous droits réservés: Philip Ribe