L'occultisme et la Bible
Le Nouvel Âge
2e partie
Comme nous l'avons souligné précédemment, la vague de fond (dans tous les sens figurés de l'expression) que représente le déferlement du mouvement du Nouvel Age projette l'Humanité en direction de la grande apostasie prédite par l'Ecriture (cf 2 Thessaloniciens 2.1-4). C'est dire que notre monde n'est pas loin de se lever pour acclamer l'Antéchrist - tout en croyant accueillir son sauveur.
L'étude du terrain sur lequel se développent les croyances du New Age (1er volet de cet article) nous permettra de mieux déterminer quelle peut être notre attitude pragmatique à l'égard de ce phénomène et de ceux qui en sont affectés (2ème volet). Il serait en effet malheureux de se contenter de condamner tous ceux qui se laissent séduire par les sirènes du New Age en les taxant d'irréductibles suppôts de Satan. Il y a parmi les sympathisants du New Age beaucoup de naïfs, beaucoup d'ignorants, et beaucoup de pécheurs qui, comme nous, ont besoin de toute la grâce et de la révélation du Dieu véritable pour échapper aux ruses du diable (cf Ephésiens 6.10-13; Luc 21.36; 2 Timothée 2.25-26). Or, c'est à nous qu'il incombe de porter cette Parole de vie (Philippiens 2.15-16a).
1.
Reprenons ici notre fil conducteur: les avertissements de Paul à Timothée en ce qui concerne les traîtres à l'Evangile (1 Timothée 4.1-5):
«Ils prescrivent de ne pas se marier, et de s'abstenir de toute sorte d'aliments que Dieu a créés pour qu'ils soient pris avec actions de grâces par ceux qui sont fidèles et qui ont connu la vérité. Car tout ce que Dieu a créé est bon, et rien ne doit être rejeté, pourvu qu'on le prenne avec actions de grâces, parce que tout est sanctifié par le Parole de Dieu et par la prière » (v 3-5).
Une caractéristique des traîtres susmentionnés: la fausse piété. Cette dernière, même sous des dehors humbles, pacifiques et lumineux, contient en germe toutes les mauvaises habitudes capables d'éloigner à jamais l'homme de sa véritable destination. Ainsi que le laissent apparaître les versets cités, le refus de la vérité allié à la pratique du mensonge mènent ceux qui se prêtent à ce jeu à une relation avec Dieu et avec le monde créé complètement faussée. D'où une fausse piété, marquée par une sous-estimation (tendance ascétique) ou une surestimation (tendance idolâtre ou libertine) de la matière, du corps et de ses besoins, du moi, etc.
Le passage cité montre également que l'acceptation de la vérité alliée à la pratique de la vérité contribuent à créer, développer, maintenir une juste relation avec Dieu et avec le monde créé. Elles conduisent à une attitude d'amour, de louange; elles s'accompagnent d'une soumission joyeuse à la Parole de Dieu; c'est la piété authentique.
Tout compte fait, le terrain sur lequel le New Age se propage le plus facilement, c'est celui de la voie alternative proposée par Satan en Eden: «Vous ne mourrez point... vos yeux s'ouvriront... vous serez comme Dieu...» (Genèse 3.5). En lieu et place du plan de Dieu (pourtant excellent en tous points), le tentateur essaie de rendre crédible son plan, en l'assortissant de contre-vérités et de promesses fallacieuses. C'est sur la base de ce plan subversif que l'adversaire échafaude toute son action. C'est en brandissant les mêmes arguments qu'il cherche à entraîner nos contemporains vers son Nouvel Age.
A. «Vous ne mourrez point»
Sachant que Dieu a mis en l'homme le désir d'éternité (Ecclésiaste 3.11), Satan s'ingénie à convaincre ce dernier que la mort n'a pas le caractère solennel que l'Ecriture lui confère (cf Hébreux 9.27). Inutile de se préparer à rencontrer le Juge souverain qui demande à chacun des comptes de sa vie et de son attitude à l'égard de Jésus-Christ, car
- l'homme étant divin par nature, il est déjà virtuellement au bénéfice de la vie éternelle et parfaite,
- la vie et la mort ne sont que deux principes complémentaires qui, éternellement, régiront la succession des cycles du macrocosme (l'univers, Dieu y compris) et du microcosme (l'homme). Le seul jugement auquel l'homme doive faire face, ce sont les conséquences de ses choix. Par de mauvais choix, on retarde le moment où l'individu cesse d'être individu contingent pour se fondre dans l'essence divine du monde. Celui qui n'a pas encore atteint cet état aura l'occasion de se perfectionner dans des vies ultérieures (réincarnation),
- Dieu n'étant ni personnel ni vraiment transcendant, il ne peut exercer la fonction de juge. Le péché ne signifie plus rien là où aucun dieu n'est offensé ni lésé.
Sur le chapitre des conceptions non bibliques de la mort et de l'éternité, le N.A. ne fait que prolonger les vieilles faussetés imaginées par l'homme inquiet de son sort dans l'au-delà. On comprend donc que le New Age soit le proche parent, et même l'enfant direct des systèmes tels que l'orphisme, le pythagorisme, le manichéisme, le gnosticisme, le néo-platonisme, pour ce qui a trait au monde antique; l'hindouisme, le bouddhisme, la théosophie, l'anthroposophie, le nazisme, pour ce qui le rattache à des croyances ou idéologies contemporaines.
Il est évident que de telles positions rendent impossibles ou absurdes l'existence de Satan, la réalité du péché, la nécessité de la rédemption par le moyen d'un sacrifice substitutif, la venue d'un Sauveur personnel accomplissant pour nous cette oeuvre de rédemption. En revanche, les tenants du New Age feront bon ménage avec tous ceux qui, par la recherche scientifique (thanatologie, manipulations génétiques), par la spéculation religieuse et philosophique (taoïsme; Nietzsche) tentent de domestiquer la mort ou d'engendrer une race d'immortels.
Quant à nous, nous connaissons Celui qui, par sa victoire totale sur le péché et sur la mort, est capable d'affranchir tous ceux qui vivent dans la crainte de la mort. Le Ressuscité a rendu impuissant celui qui avait la puissance de la mort, c'est-à-dire le diable (cf Hébreux 2.14-15). La Bonne Nouvelle que ce dernier tente de retenir c'est que désormais, tout homme qui se reconnaît perdu devant Dieu, accepte le pardon en Jésus-Christ et lui remet sa vie, passe de la mort spirituelle à la vie éternelle, gage de la rédemption future de son corps (cf Jean 5.21-29).
B. «Vos yeux s'ouvriront»
Lorsqu'elle eut mangé du fruit de l'arbre de la connaissance du bien et du mal, Eve sentit une grande joie l'inonder: «La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence» (Genèse 3.6). Elle ne savait pas encore qu'elle venait d'amener la ruine sur elle et sur sa race. Le serpent, dans sa ruse, était parvenu à stimuler et à piquer les sens et l'esprit de sa victime au point que cette dernière avait la nette impression de vivre un moment de bienheureuse ouverture. C'est exactement à cette sorte d'expérience «spirituelle», de vision nouvelle et euphorisante que nous invitent les gourous du New Age.
La séduction est d'autant plus dangereuse que cette initiation enivrante est interprétée comme une accession à la seule vraie spiritualité, alors même que le promoteur en est le démon (et ses associés), et que les sensations qui l'accompagnent sont le fruit d'une activation ou d'une altération de certaines des fonctions de notre corps. Denis Clabaine, dans son livre Radiographie chrétienne du yoga, de la méditation transcendantale et de la réincarnation démonte avec pénétration ces mécanismes trompeurs.
Le chrétien ne devrait pas ignorer que notre corps peut servir de support et de «médium» à des phénomènes matériels d'un ordre beaucoup plus subtil que le jeu des sensations ordinaires. Il entre alors en résonance avec des «émetteurs» que nos cinq sens ne captent généralement pas, et peut lui-même émettre des messages de même nature. On touche ici au domaine de la perception extra-sensorielle, des pouvoirs paranormaux, des facultés médiumniques, etc. Comme le souligne D. Clabaine, ces voyages dans le monde invisible ne sont jamais une preuve de spiritualité authentique. Ils portent au contraire la marque du père du mensonge qui sait chatouiller ceux qui l'écoutent, de telle sorte qu'ils soient persuadés que les sensations nouvelles et flatteuses qu'ils éprouvent sont bien le signe de leur progression vers le divin.
Il apparaît donc comme logique que le courant du N.A. coule dans la même direction, et use parfois des mêmes techniques de conditionnement que les religions à mystères de l'antiquité (mystères de Tammouz, mystères d'Osiris, d'Isis et de Sérapis, d'Eleusis; orphisme) ou que les diverses écoles gnostiques. L'ésotérisme et les concepts sous-jacents à l'activité des leaders du N.A. s'inscrivent du reste dans la ligne des continuateurs modernes de tous ces illuminismes anciens. Que l'on remonte aux ordres secrets du Moyen Age, à la franc-maçonnerie, à la Rose-Croix, à l'Ordre des Illuminés de Bavière (1776), ou plus récemment à la théosophie, à l'entrée en force des concepts religieux importés d'Orient, on retrouve ce même pari sur le potentiel humain et cette même démangeaison d'expériences initiatiques censées dévoiler la vraie nature du monde invisible et révéler le plan (3) de Dieu pour l'humanité.
Il est à noter que cette «ouverture de l'intelligence» dans la direction suggérée par Satan en Eden se fait toujours au détriment de la liberté et de la dignité humaine. L'apôtre Paul dénonçait l'ascétisme trompeur des faux docteurs (cf 1 Timothée 4.1-5); comme ces derniers, nos sages modernes n'échappent pas à ce piège. Se donnant leur propre définition du bien ou du mal, ils en viennent à considérer comme bon ce que Dieu défend et comme mauvais ce qu'il recommande (comme dans la «Science chrétienne» ou dans l'hindouisme, par exemple). Ainsi on divinise la matière et on matérialise le divin pour avoir ignoré que le Dieu trois fois saint et Créateur est totalement transcendant, et que seul le mystère de l'incarnation de Jésus-Christ peut nous introduire dans la glorieuse compréhension de l'immanence de Dieu.
On ne sera pas surpris de voir les maîtres à penser du New Age encourager des pratiques telles que le yoga, la méditation transcendantale, la sophrologie, le zen (et sa diététique macrobiotique) ainsi que quantité de médecines holistiques : toutes ces disciplines convergent étrangement vers la même illusion; à savoir que, par ses efforts et par la discipline, l'homme est capable de rejoindre ses rêves les plus audacieux.
C. «Vous serez comme Dieu»
Cela débouche nécessairement sur ceci. Etant donné que le monde entier continue d'être hypnotisé par le discours du malin (cf 1 Jean 5.18), et que seuls les vrais croyants peuvent, par la puissance de Dieu déployée en Christ, échapper à cette intoxication, les propagateurs de la philosophie du N.A. ont la partie facile – abstraction faite bien sûr de la résistance que Dieu et les siens leur opposent. Dans l'atmosphère matérialiste, humaniste et panthéiste qui est la nôtre, le Nouvel Age promis ne peut ressembler qu'à une restauration de paradis terrestre dont l'homme serait à la fois le créateur et le bénéficiaire. C'est pourquoi le New Age emboîte le pas sans hésiter à toutes les utopies mondialistes (idéologies issues de la Révolution française, communisme, nazisme, menées de la Haute Finance internationale, pacifisme, associations qui, comme le Council on Foreign Relations, la Fabian Society ou la Bonne Volonté mondiale, travaillent à mettre en place leur nouvel ordre planétaire).
La stratégie du New Age consiste à tisser un réseau aussi dense que possible entre ces mouvements, à les rendre interdépendants (donc indispensables les uns aux autres), à répandre une mentalité susceptible, le moment venu, de souder les foules dans une même pensée et de les rendre dociles à un même gouvernement.
L'œuvre centrale du New Age s'applique donc à modeler les esprits, à rassembler les énergies et à préparer l'avènement de l'Homme divinisé incarné dans la personne de l'Antéchrist, le chef à venir. Et si l'optimisme fait défaut, on saura s'appuyer sur toute référence attestant que l'humanité ne peut qu'évoluer vers le progrès (évolutionnisme biologique, social, religieux ou autre, tout est récupérable).
Or l'esprit qui anime les missionnaires du New Age ne possède pas seulement quelques poignées de fanatiques disséminés sur la planète : il a déjà pénétré la pensée et les habitudes de Monsieur Tout-le-monde. De la musique pop et rock aux bandes dessinées, du cinéma (voir le succès de Spielberg, de Lucas ou de Scorsese) à la littérature de kiosque, du féminisme à la libération des mœurs, de l'enseignement aux médias, de l'œcuménisme au charismatisme, tout prête main forte à la propagande (souvent camouflée) du New Age Pas de journée sans que nos contemporains n'entendent, sous une forme ou sous une autre: «Dieu, c'est vous. Devenez donc des dieux!» Contrairement à ce que préconisait Camus, l'homme moderne ne peut résister à la tentation suicidaire de se prendre pour Dieu.
2. Que faire?
Quand les terribles événements qui précéderont immédiatement la conversion d'Israël et le retour du Seigneur furent révélés au prophète Daniel, il en fut troublé : «Mon Seigneur, quelle sera l'issue de ces choses?» (Daniel 12.8). De même le chrétien, informé des grandes vérités prophétiques et conscient de la gravité des temps dans lesquels nous sommes entrés, ne peut s'empêcher de se demander: «Comment la situation va-t-elle évoluer ? Les événements vont-ils maintenant s'enchaîner de façon précipitée en direction de la grande tribulation, ou bien Dieu va-t-il pour un temps encore suspendre la décomposition de nos sociétés?»
Dans ce climat de tension, ce n'est certes pas une connaissance exhaustive du calendrier de Dieu qui nous est nécessaire. Comme Daniel, nous sommes invités à poursuivre notre marche avec le Dieu souverain indépendamment des secrets qui peuvent nous être encore scellés (cf Daniel 12.9 et 13).
Que ce soit sur le plan personnel ou sur le plan de notre témoignage, voici quelques principes qui nous aideront à nous situer par rapport à la mentalité du New Age:
- Ne jamais douter de la victoire totale de Christ sur toutes les puissances de la mort, du mal et du péché (cf Colossiens 2.13-14). La croix et la résurrection de Christ sont des plaques tournantes: elles signifient l'anéantissement potentiel de toute oeuvre du diable, proclament la légitime suprématie de Dieu, et ouvrent les portes de la vie nouvelle en Jésus-Christ à tout pécheur qui se repent.
- Bien connaître l'Ecriture pour être capable de réfuter une à une toutes les hérésies de ce mouvement.
- Ne pas se laisser impressionner par les moyens ou par les personnes à disposition du New Age. Ayons la foi et le courage de David affrontant le Philistin arrogant (cf 1 Samuel 17.45-47).
- Ne pas minimiser le danger représenté par ce «nouvel évangile» perfide. Le Seigneur ne nous engagerait pas à veiller et à prier (cf Matthieu 24.42 et 25.13) si les derniers temps ressemblaient à une promenade d'agrément.
- Montrer (par nos actes et par nos paroles) que ce qui compte, pour nous, c'est notre relation avec un Dieu infini mais personnel, que nous connaissons parce qu'il s'est révélé à nous par sa Parole, que nous aimons parce qu'il s'est offert en sacrifice à notre place, que nous suivons parce qu'il a fait de nous de nouvelles créatures et parce qu'il habite en nous par son Esprit. Insister sur le fait que seul le chrétien peut prétendre participer de la nature divine, que ce privilège n'est accordé qu'à ceux qui ont passé par la nouvelle naissance, au sens biblique de cette expression (cf Jean 3.2 Pierre 1.1-4 et 11) .
- Informer nos interlocuteurs des grandes lignes de la prophétie biblique en ce qui touche aux événements de la fin. Leur faire prendre conscience de l'abîme qui sépare l'esprit de Christ de l'esprit d'Antéchrist. Leur indiquer ce que la Bible dit du royaume de Dieu, des nouveaux cieux et de la nouvelle terre. Notre message ne doit pas se limiter à dénoncer, mais prévoir une large place à la description du plan de Dieu (pour l'individu, pour l'humanité, pour l'univers).
- S'efforcer de comprendre pour quelle raison profonde celui qui s'aventure sur le terrain du New Age le fait. Lui démontrer ensuite que l'Ecriture répond à ses préoccupations profondes.
Que la progression de l'utopie du Nouvel Age nous amène à relever nos têtes, à nous ressaisir, si nécessaire, et à veiller, afin d'être au nombre de ceux qui échappent au filet de l'Adversaire et qui paraîtront debout devant le Fils de Dieu (Luc 21.36).
Claude-Alain Pfenniger, pasteur