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La gloire du Ciel

La vérité sur le Ciel, les anges, la vie éternelle

John Macarthur - Editions La Maison de la Bible

Chapitre 3. Le Ciel tel qu'il est. Partie 1.

La Quatrième Symphonie de Gustave Mahler est inspirée d'un poème qui décrit le ciel du point de vue d'un enfant. La musique semble venir droit du paradis. Le quatrième mouvement de la symphonie met en scène une soprano chantant les paroles du poème Das himmlische Leben – "La Vie Céleste". Ceux qui ne comprennent pas l'allemand sont certainement émus par la beauté sereine de la musique. Mais les paroles du chant dépeignent un ciel tout à fait particulier.

Tout d'abord, les habitants de ce ciel sont des carnivores insatiables. Le poème parle d'Hérode comme d'un boucher qui tue de petits agneaux insouciants, afin que les habitants du ciel puissent manger ce dont ils ont envie. Et les boeufs sont en nombre si grand que l'apôtre Luc les extermine "sans y penser".

D'après les paroles du poème, les habitants du ciel n'arrêtent pas de gambader et sautiller tout en chantant – bien qu'ils consacrent la plupart de leur temps à se gorger de nourriture. Pierre attrape les poissons, et Marthe les cuit. Ainsi, le ciel de cette vision enfantine devient un autre "paradis des fous", où l'on cède aux appétits terrestres.

La manière dont le monde incroyant dépeint le ciel m'intrigue au plus haut point. Pour certains, le ciel semble exister uniquement pour gratifier les passions humaines. D'autres, au contraire, considèrent le ciel avec une méfiance cynique en s'imaginant qu'il est un lieu où règne une monotonie insupportable. Le tableau classique représentant le ciel dépeint ses habitants assis sur des nuages et jouant de la harpe. Je ne sais pas si quelqu'un s'imagine le ciel vraiment ainsi, mais il n'y a aucun doute que de nombreuses personnes pensent au ciel comme à un lieu fade et ennuyeux où il n'y aura rien d'intéressant à faire. Ainsi, certains joueurs de golf pensent que le jeu qu'ils pratiquent perdra de son charme au ciel, parce que tout le monde pourra atteindre les trous du parcours du premier coup.

Un sceptique m'a dit un jour: "Je préférerais être en enfer avec mes amis plutôt qu'au ciel avec tous ces gens d'église." Une attitude aussi impertinente trahit malheureusement une méconnaissance tragique des horreurs de l'enfer. Elle est également l'expression d'une bien piètre connaissance des bénédictions du ciel.

Cette méfiance à l'égard du ciel, qui n'apporterait que de l'ennui éternel, est profondément enracinée dans les mentalités et reflète l'état de notre pensée, corrompue par le péché. En tant que pécheurs, nous sommes naturellement enclins à penser qu'un petit péché est certainement plus agréable qu'une justice parfaite. Il nous est souvent difficile d'imaginer une vie totalement dépourvue de péché, et pourtant remplie de plaisirs sans fin.

Pourtant, c'est bien ainsi que sera le ciel. Nous jouirons de la gloire de Dieu, prenant enfin conscience de notre destinée finale – glorifier Dieu et prendre plaisir à lui pour toujours. Les paroles du psalmiste le confirment: "Il y a d'abondantes joies devant ta face, des délices éternelles à ta droite" (Ps 16:11).

Une telle pensée est insondable pour nos esprits limités. Mais l'Ecriture affirme, bien clairement et à plusieurs reprises, que le ciel offre une joie inégalée, des délices inépuisables, une félicité sans limite, une gloire qui ne flétrira jamais, des plaisirs incessants. Rien de ce qui concerne le ciel ne peut paraître ennuyeux, ou monotone et routinier. Nous vivrons une existence parfaite. Nous serons en communion constante avec tous les habitants du ciel. La vie y sera exempte de chagrins, de soucis, de pleurs, de craintes ou de souffrance: "[Dieu] essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus; il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Et celui qui était assis sur le trône dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles" (Ap 21:4-5). La loi de Murphy sera enfin abolie. Au ciel, tout ce qui pourrait aller mal, ira bien.

Le summum de nos expériences spirituelles ici n'est qu'un petit échantillon de ce que nous vivrons au ciel. Nos élévations d'esprit les plus sublimes, nos joies les plus profondes, et les plus grandes de nos bénédictions spirituelles seront notre quotidien au ciel. Quand dans notre vie il nous arrive de nous sentir comme au ciel, nous ne faisons que goûter les délices de la vie à venir. Lorsque nous considérons que Christ a prié afin que tous ceux qui le connaissent puissent passer l'éternité avec lui dans une communion parfaite, nos cœurs devraient déborder de gratitude et d'espérance.

L'Ecclésiaste a dit: "Le jour de la mort vaut mieux que le jour de la naissance" (Ec 7:1). Cette attitude empreinte de cynisme envers la vie, la considérant absurde et futile, revêt un sens particulier pour le chrétien: la splendeur de ce qu'un croyant découvre après la mort dépasse de loin tout ce qu'il a pu vivre depuis le jour de sa naissance. L'assurance que le ciel est notre avenir devrait nous remplir d'une espérance glorieuse. Paul a dit: "Car Christ est ma vie, et mourir m'est un gain" (Ph 1:21). L'idée d'aller au ciel le rendait heureux, même face à la mort.

Quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur

Paul a également dit que "nous aimons mieux quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur" (2 Co 5:8). Il ne s'agissait pas d'un désir morbide de la part de Paul. Il ne dit pas qu'il en avait assez de vivre et qu'il était impatient de mourir. Il exprimait plutôt sa certitude que l'existence sur cette terre n'est pas du tout le comble pour le chrétien. La mort introduit le chrétien dans une vie plus élevée et plus complète, dans une vie abondante – dans la présence même de Dieu.

Si vous êtes chrétien, si vous fondez l'espérance de votre salut en Christ seul, l'Ecriture affirme que vous allez au ciel au moment même où vous quittez cette vie. En quittant ce corps, vous allez demeurer auprès du Seigneur. Quitter cette vie, c'est être "avec Christ" (Ph 1:23). "Car Christ est ma vie, et mourir m'est un gain" (v. 21).

Il nous faut avoir un cœur comme celui de Paul – désirant ardemment revêtir la parure céleste, et recherchant à quitter ce monde provisoire pour la joie éternelle. Paul écrit: "Il faut que ce corps corruptible revête l'incorruptibilité, et que ce corps mortel revête l'immortalité" (1 Co 15:53). Ce qui est mortel sera englouti par la vie (2 Co 5:4).

Quelqu'un posera certainement la question de l'état des croyants qui mourront entre maintenant et la consommation finale de toutes choses. Y a-t-il différents compartiments au ciel ? Et puis, où sont allés les croyants de l'Ancien Testament? Les croyants qui meurent reçoivent-ils des corps "temporaires" en attendant la résurrection? A quoi ressemble l'"état intermédiaire"? Et qu'en est-il du purgatoire?

Quelques idées fausses

Un certain nombre d'idées purement spéculatives ont été avancées dans le but de répondre à ces questions. Par exemple, en ce qui concerne les croyants de l'Ancienne Alliance, certains disent que, dans l'Ancien Testament, l'enfer (le royaume des morts) comprenait deux parties – une pour les méchants et une pour les justes. Ils suggèrent que les saints de l'Ancien Testament qui sont morts sont allés dans un lieu appelé "le sein d'Abraham" (cf. Luc 16:22-23) – une sorte de réservoir pour les justes. D'après cette théorie, ces croyants n'ont pas atteint le ciel avant que Christ ait conquis la mort par sa résurrection. Voir note importante en fin de ce texte.

La plupart de ces théories n'ont aucun fondement biblique. Wilbur Smith écrit dans l'un de ses livres: "Malgré l'abondance des informations bibliques concernant la résurrection des croyants et leur vie au ciel, l'état de l'âme entre la mort et la résurrection est rarement abordé dans la Bible." Tout simplement, l'Ecriture ne donne que peu d'informations sur l'état intermédiaire de l'âme. Mais les renseignements clairs qu'elle apporte suffisent pour réfuter les théories fausses.

LE SOMMEIL DE L'ÂME.
Selon une idée assez répandue, l'âme d'un croyant qui meurt demeure inconsciente jusqu'à la résurrection. Ce point de vue fut adopté par certains écrits non-canoniques de l'Eglise primitive. Ses défenseurs les plus connus se trouvent parmi les Adventistes du Septième Jour. Ils soulignent que le mot "sommeil" est souvent utilisé dans l'Ecriture comme un synonyme du mot "mort". Par exemple, Jésus a dit à ses disciples: "Lazare, notre ami, dort; mais je vais le réveiller." (Jn 11:11). Paul également décrit les morts en Christ: "Croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui dorment" (1 Thess 4:14, version Segond 1910).

Mais le "sommeil" dont il est question dans cette expression imagée se réfère au corps, et non à l'âme. Dans son récit de la crucifixion, Matthieu a écrit au sujet d'un grand tremblement de terre: "Les sépulcres s'ouvrirent, et plusieurs corps des saints qui étaient morts ressuscitèrent" (Mt 27:52). C'est le corps, et non l'âme qui "sommeille" pendant l'état de mort. Le corps demeure en repos, totalement dépourvu de sensation ou de conscience, en attendant la reconstitution et la résurrection dans la perfection éternelle, afin de rejoindre l'âme qui se trouve déjà au ciel depuis le moment de la mort. Car l'âme, elle, entre dans la présence même de Dieu. L'apôtre Paul l'affirma de nombreuses fois dans les versets déjà cités, alors qu'il décrivait son désir de quitter son corps, pour "demeurer avec le Seigneur" (2 Co 5:8; Ph 1:23).

L'âme des défunts entre dans son repos. Mais il s'agit d'un repos du labeur et de la peine, et non d'un repos inconscient. L'apôtre Jean a écrit : "Heureux dès à présent les morts qui meurent dans le Seigneur! Oui, dit l'Esprit, afin qu'ils se reposent de leurs travaux" (Ap 14:13). Il est clair qu'il ne décrit pas ici un "repos" qui serait une sorte de sommeil inconscient; dans la scène dont Jean a été témoin au ciel, les âmes des rachetés étaient là, chantant et louant Dieu (vv. 1-4).

Tout ce que l'Ecriture dit sur la mort des croyants indique qu'ils entrent immédiatement et consciemment dans la présence du Seigneur. La Confession de Foi de Westminster l'exprime ainsi:

Le corps des hommes après leur mort retourne à la poussière, et voit ainsi la corruption; mais leur âme (qui ne meurt ni ne sommeille) a une subsistance immortelle et retourne immédiatement à Dieu qui la leur a donnée. L'âme des justes, qui est ainsi rendue parfaite dans la sainteté, est accueillie au plus haut des cieux, où elle peut contempler la face de Dieu dans la lumière et la gloire, attendant la rédemption complète de leur corps (32.1).

LE PURGATOIRE.
La doctrine du purgatoire de l'Eglise catholique romaine n'est nulle part enseignée dans l'Ecriture. Elle est une invention du catholicisme qui fait pendant au refus d'admettre la justification par la foi seule. Voilà sa raison d'être.

L'Ecriture enseigne très clairement qu'une justice absolument parfaite est nécessaire pour entrer au ciel. Jésus a dit: "Je vous le dis, si votre justice ne surpasse celle des scribes et des pharisiens, vous n'entrerez point dans le royaume des cieux" (Mt 5:20). Un peu plus loin, il a ajouté: "Soyez donc parfaits, comme votre Père céleste est parfait" (v. 48). La barre est donc placée très haut, aussi haut que possible.

Plus tard dans son ministère, lorsque le jeune homme riche approcha Jésus pour lui demander comment il pouvait entrer au ciel, Jésus rappela la même exigence de perfection absolue. Il commença par déclarer que "un seul est le bon (Dieu)" (Mt 19:17) – ne reniant pas sa perfection et son innocence à l'égard du péché, mais montrant clairement qu'une telle perfection est impossible pour une humanité qui vit sous l'emprise du péché. Pourtant, Jésus répondit au jeune homme que, s'il voulait obtenir la vie éternelle, il devait obéir parfaitement à la loi (vv. 17-21). Une fois de plus, le degré de justice fixé est impossible à atteindre pour tous ceux qui cherchent à obtenir la faveur de Dieu par leurs propres moyens.

Le jeune homme semblait ne pas comprendre, ou bien il ne reconnaissait pas son état de péché. Il assura Jésus qu'il avait gardé la loi dès son jeune âge (v. 20).
A ce moment-là, Jésus mit en lumière avec subtilité la cupidité du jeune homme, qui était une transgression de l'un des Dix Commandements. Dès le début de sa conversation avec le jeune homme, le Seigneur le poussait à confesser que personne, hormis Dieu lui-même, n'est vraiment bon. Mais le jeune homme riche ne voulait pas reconnaître son péché, et, finalement, ne saisit pas l'occasion du salut.

Les disciples étaient stupéfaits par tout ceci. Le jeune homme était certainement – à vues humaines – l'un des hommes les plus justes qu'ils aient pu connaître. Remarquez que personne ne contesta son obéissance à la loi. Cet homme ne devait pas avoir de péché manifeste dans sa vie. Il semblait être le meilleur des hommes. C'est la raison pour laquelle les disciples furent "très étonnés" (v. 25) lorsque le jeune homme s'en alla sans avoir reçu de Jésus l'assurance de la vie éternelle. En fait, Jésus leur dit même: "Je vous le dis en vérité, un riche entrera difficilement dans le royaume des cieux" (v. 23). A nouveau, Jésus rappela le standard moral de sainteté parfaite, inatteignable aux hommes et pourtant nécessaire au salut.

Il enseignait par là que l'observance légale la plus contraignante n'est pas suffisante. Une justice de façade, aussi impeccable soit-elle, n'est pas suffisante. Tous les avantages que peut procurer la richesse ne sont d'aucun secours. Seule la perfection absolue est acceptable aux yeux de Dieu. Le Seigneur ne cessait de souligner ces choses parce qu'il voulait que les gens réalisent combien il était vain de chercher à gagner la justice par une oeuvre quelconque.

Les disciples avaient bien reçu le message. Aussi lui demandèrent-ils: "Qui peut donc être sauvé?" (v. 25).
La réponse du Maître ne se fit pas attendre: "Aux hommes cela est impossible, mais à Dieu tout est possible" (v. 26).

Paul traite de la justification au chapitre 4 de l'épître aux Romains. Nous y apprenons que Dieu sauve les croyants en leur imputant la vertu de la justice parfaite de Christ – aucunement donc en raison de leur propre justice. Dieu agrée les croyants en Christ. Il les revêt de la justice parfaite de Christ. Il les déclare comme étant parfaitement justes à cause de Christ. Leurs péchés ont été imputés à Christ, car c'est lui qui paya le châtiment qui autrement retombait sur eux. Sa justice leur est maintenant imputée, et ils jouissent de toute sa vertu. C'est cela, la justification par la foi.

En d'autres termes, Dieu ne nous rend pas d'abord parfaits avant de nous accepter comme étant parfaits. D'abord il nous justifie en nous imputant une justice qui nous est étrangère, ensuite, il nous rend parfaits en nous conformant à l'image de Christ. Ainsi, il justifie les impies (Ro 4:5).

Paul écrit: "Etant donc justifiés par la foi, nous avons la paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus-Christ" (Ro 5:1). Il dit encore un peu plus loin: "Il n'y a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui sont en Jésus-Christ" (Ro 8:1). Ces versets décrivent notre justification comme étant déjà accomplie. Ils en parlent au passé. Jésus lui-même révèle le caractère immédiat de la justification, lorsqu'il parle du publicain repentant, qui fut sauvé après avoir imploré la miséricorde de Dieu: "Celui-ci descendit dans sa maison justifié" (Luc 18:14). La justification est ainsi un fait accompli pour le croyant; elle n'est aucunement un processus continu. Nous nous tenons devant Dieu en étant entièrement acceptables à ses yeux à cause de la justice de Christ – non pas la nôtre.

La doctrine catholique romaine nie tout ceci. Le catholicisme enseigne que la justification est un processus continu qui dépend du degré réel de justice personnelle que nous pouvons atteindre. D'après l'enseignement officiel de l'Eglise catholique, la justification de Christ qui nous est imputée n'est pas suffisante pour notre salut; nous devons l'obtenir au travers de notre propre mérite par les sacrements et d'autres bonnes oeuvres que nous devons accomplir. La justice nous est communiquée, après quoi nous devons la perfectionner grâce à nos propres efforts. D'après l'enseignement catholique, cette justice personnelle et réelle qui réside en nous est le fondement sur lequel Dieu peut nous accepter. Notre justification n'est pas complète jusqu'à ce que nous soyons parfaits. En fait, ceci inverse l'ordre des choses présenté par la Bible – car nous devrions d'abord être parfaits, et seulement ensuite notre justification serait-elle complète.

Le point de vue catholique sur la justification pose en réalité un véritable dilemme. Nous ne savons que trop que même les meilleurs parmi les chrétiens sont bien loin d'avoir atteint la perfection. Personne (l'enseignement catholique affirme presque personne) ne peut atteindre la perfection absolue dans cette vie. Et si notre perfection est un élément obligatoire pour atteindre le ciel, il semblerait que personne ne puisse jamais entrer au ciel immédiatement après la mort. Toutes les imperfections qui restent devraient d'abord être éradiquées.

La doctrine du purgatoire est, par conséquent, absolument nécessaire si l'on veut résoudre ce dilemme. Si vous niez la justification par la foi seule, vous devez imaginer une explication concernant la transition de l'état d'imperfection dans lequel nous nous trouvons à l'état de perfection du ciel. Le purgatoire est le lieu où, selon les catholiques romains, la plupart des gens iront après leur mort afin d'être finalement purifiés de leurs péchés, et de gagner les vertus qui leur manquent encore pour accéder au ciel. Le catholicisme enseigne que cette étape du purgatoire sera accompagnée d'une douleur profonde et d'une souffrance intense.

Etrangement, bien que la doctrine catholique nie que la justice de Christ soit suffisante pour sauver les pécheurs dans cette vie, elle permet d'imputer la justice des pécheurs qui vivent sur la terre à ceux qui se trouvent au purgatoire. On allume des cierges, on récite des prières, et on assiste aux messes pour les morts. La justice acquise au travers des sacrements est supposée imputable à la personne au purgatoire, ce qui abrège son séjour en ce lieu.

La réponse biblique

Comme je l'ai indiqué précédemment, rien de tout ceci n'est enseigné par l'Ecriture. Les souffrances de Christ sont entièrement suffisantes pour nous racheter de nos péchés. Nos souffrances personnelles ne peuvent rien ajouter au mérite de l'œuvre de Christ. Comme le dit l'auteur de l'épître aux Hébreux, aucun autre sacrifice que celui de Christ n'est efficace pour expier le péché; si le sacrifice de Christ n'était pas suffisant, ou si nous nous en détournions volontairement, "il ne reste plus de sacrifice pour les péchés, mais une attente terrible du jugement et l'ardeur d'un feu qui dévorera les rebelles" (Hé 10:26-27).

Parce que nous sommes complètement justifiés, il ne peut y avoir aucune condamnation pour aucun croyant. Aucune souffrance post-mortem n'est nécessaire pour expier ce qui reste du péché; tous nos péchés sont couverts par le sang de Christ. Il n'y a rien qui manque et qui doive être complété. Chaque croyant pourra dire, avec le prophète Esaïe, "je me réjouirai en l'Eternel, mon âme sera ravie d'allégresse en mon Dieu; car il m'a revêtu des vêtements du salut, il m'a couvert du manteau de la délivrance, comme le fiancé s'orne d'un diadème, comme la fiancée se pare de ses joyaux" (Esaïe 61:10).

Certains disent que 1 Corinthiens 3 pourrait, d'une certaine manière, décrire le purgatoire, un lieu où le croyant passe par une épreuve de jugement terrible pour purifier le reste de ses péchés. Mais il faut bien relire ce passage. Il décrit le jugement des oeuvres du croyant, afin de constater si elles sont faites "de bois, de foin, de chaume" ou si elles sont plutôt faites avec de "l'or, de l'argent, des pierres précieuses" (v. 12). Il s'agit donc ici de savoir si nos oeuvres sont de celles qui se consument, ou au contraire si elles sont durables. Ce sont donc les oeuvres, et non pas les saints eux-mêmes, qui sont ainsi éprouvées et purifiées par le feu. Ce jugement aura lieu dans un avenir eschatologique, c'est-à-dire qu'il se produira une fois pour toutes et pour tout le monde en même temps; il n'a rien de commun avec un état ou un processus continuel que serait le purgatoire, et par lequel les croyants devraient passer sur leur chemin vers le ciel:

"L'œuvre de chacun sera manifestée; car le jour la fera connaître, parce qu'elle se révélera dans le feu, et le feu éprouvera ce qu'est l'œuvre de chacun. Si l'œuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense. Si l'œuvre de quelqu'un est consumée, il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu." (1Corinthiens 3:12-15)

Il convient de souligner une fois de plus que seulement les oeuvres, et non pas les croyants eux -mêmes, doivent passer par le feu. Remarquez également que c'est la récompense qui est en jeu – et non pas l'accès au ciel.

Tout dans l'Ecriture indique que l'entrée du croyant au ciel se produit immédiatement après sa mort. Examinons quelques passages clés:

PSAUME 16.
Le psalmiste est rempli d'espérance, alors même qu'il se trouve au seuil de la mort: "Car tu ne livreras pas mon âme au séjour des morts [en hébreux sheol, le royaume des morts], tu ne permettras pas que ton bien-aimé voie la corruption. Tu me feras connaître le sentier de la vie; il y a d'abondantes joies devant ta face, des délices éternelles à ta droite" (vv. 10-11). Il anticipe le moment où il devra quitter cette terre, et où il entrera directement dans la présence de Dieu, trouvant enfin là les délices et les joies qu'il avait espérées. Il n'avait aucune crainte des souffrances du purgatoire, et il n'a laissé non plus aucune place pour la notion de "sommeil de l'âme".

PSAUME 23.
Le dernier verset de ce célèbre psaume dit: "Le bonheur et la grâce m'accompagneront tous les jours de ma vie, et j'habiterai dans la maison de l'Eternel jusqu'à la fin de mes jours". David avait la certitude qu'une fois sa vie sur la terre achevée, il habiterait dans la maison du Seigneur pour toujours (ce qui ne peut se référer à autre chose qu'au ciel). Soulignons qu'il passe immédiatement de "tous les jours de ma vie" à "j'habiterai dans la maison de l'Eternel". L'espérance qu'il exprime ici est exactement la même que celle de Paul: "quitter ce corps et demeurer auprès du Seigneur" (2 Co 5:8).

LUC 16.
Quand Lazare le mendiant fut mort, Jésus dit qu'il fut "porté par les anges dans le sein d'Abraham" (v. 22). Comme nous l'avons vu auparavant, certains pensent que l'expression "le sein d'Abraham" décrit une sorte de réservoir où les saints de l'Ancien Testament sont allés en attendant d'accéder au ciel. Je crois qu'Abraham aussi bien que Lazare s'en sont allés vers la présence de Dieu. Dans tous les cas, ce passage dément l'existence d'un purgatoire autant que celle d'un sommeil de l'âme.

Il nous faut nous tourner vers un passage parallèle qui se trouve en Jean 13, si nous voulons avoir quelque éclaircissement sur l'expression "le sein d'Abraham". Ce passage fait partie de la description par l'apôtre Jean de la dernière Pâque qui eut lieu dans la chambre haute. L'apôtre Jean écrit: "Un des disciples, celui que Jésus aimait, était couché sur le sein de Jésus" (v. 23). La scène se passe autour d'une table basse, autour de laquelle les invités étaient certainement à demi allongés. Le disciple dont il est question – nul autre que Jean lui-même (cf. Jn 21:20, 24) – était dans une position particulière qui permettait à sa tête de se trouver proche de la poitrine de Jésus. Ils se sont rapprochés ainsi afin de pouvoir converser, pendant qu'ils mangeaient à l'aide de l'autre main restée libre.

Aussi, quand Jésus déclare que Lazare a été porté dans le "sein d'Abraham", il veut simplement dire que Lazare était allongé à côté d'une table de banquet pendant une fête, une célébration joyeuse, en compagnie d'Abraham, le père des croyants. En d'autres termes, Lazare était dans une position d'invité d'honneur. Imaginez le désarroi des pharisiens lorsque Jésus dépeignit un simple mendiant festoyant aux côtés du plus grand des pères juifs!

Je crois que le lieu dont il est question ici est, une fois de plus, le ciel, et non pas un état intermédiaire. L'Ecriture n'indique nulle part que les croyants de l'Ancien Testament sont allés dans un compartiment particulier, dans lequel ils devaient attendre jusqu'à ce que Jésus les porte dans la gloire. En fait, l'évidence biblique conduit clairement à une conclusion différente.

MATTHIEU 17.
Dans ce chapitre, Matthieu nous décrit la transfiguration de Jésus et l'apparition de Moïse et d'Elie (v. 3). Bien que la mort et la résurrection de Jésus n'aient pas encore eu lieu, Moïse et Elie quittèrent la demeure des saints et vinrent sur la Montagne de la Transfiguration, où les disciples les ont vus converser avec Jésus; ils "parlaient de son départ qu'il allait accomplir à Jérusalem" (Luc 9:31). Il semble évident qu'ils n'ont pas passé toutes ces longues années hors du ciel, dans un coin de l'enfer. Au contraire, ils semblent entretenir une relation familière avec Jésus, ils participent à sa gloire, et, de plus, on les dirait suffisamment au courant de son oeuvre sur la terre pour pouvoir discuter les détails concernant la suite des événements. Ce passage est tout à fait étonnant; il représente une fenêtre à travers laquelle nous pouvons plonger nos regards dans l'étroite communion que nous partagerons avec Christ éternellement.

LUC 23.
Dans ce passage bien connu, nous trouvons la description d'un moment émouvant qui eut lieu lors de la crucifixion, alors que l'un des brigands qui étaient aux côtés de Jésus se repentit: "Et il dit à Jésus : Souviens-toi de moi, quand tu viendras dans ton règne. Jésus lui répondit: Je te le dis en vérité, aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis" (vv. 42-43).

Le mot "paradis" est celui-là même qui est utilisé par Paul dans la description de son ravissement au "troisième ciel", en 2 Corinthiens 12:4. Le mot "paradis" est un synonyme du ciel. Il ne peut en aucun cas se référer au purgatoire. De plus, la promesse du paradis aujourd'hui élimine non seulement l'hypothèse du purgatoire, mais également celle du sommeil de l'âme.

Si quelqu'un avait jamais besoin du purgatoire, alors ce brigand était un bon candidat. A plusieurs reprises, il s'était moqué de Christ autant que l'autre malfaiteur (Mc 15:32). Sa repentance fut un revirement de dernière minute, alors qu'il était agonisant. Et pourtant, Jésus lui promit de le revoir le jour même au paradis.

L'Ecriture contient de nombreuses descriptions du ciel. Certaines sont habillées d'un langage apocalyptique ou prophétique pénétré de symbolisme et de mystère. Le symbolisme apocalyptique dans l'Ecriture signifie en général qu'il est question d'une chose aux conséquences considérables. Il ne faut pas faire l'erreur de penser que le langage symbolique sert à décrire une chose irréelle. Comme nous l'avons déjà souligné, la Bible affirme que le ciel est un endroit bien réel. D'ailleurs, toutes les descriptions du ciel, même celles qui sont les plus apocalyptiques, nous montrent un endroit réel.

NOTE
L'idée que les âmes des saints de l'Ancien Testament sont allées dans un lieu appelé figurativement "Le sein d'Abraham", jusqu'au moment de la Résurrection de Jésus, est partagée par beaucoup d'évangéliques, se basant sur l'histoire de Lazare, que Jésus raconte dans Luc 16 (car ce sont des faits et non une parabole) et sur le verset de Ephésiens 4:8 "C’est pourquoi il est dit, étant monté dans les hauteurs, il a emmené des captifs, et il a fait des dons aux hommes". En fait, la divergence porte seulement sur la signification de l'expression "sein d'Abraham", mais de toute façon le croyant est conscient et heureux. 

 


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