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L'engagement total de Caleb

Lisez Nombres 13:30-33 et 32:12

Lorsque nous nous penchons sur la vie de Caleb, une phrase revient sept fois, courte, mais chargée de signification: "Il a pleinement suivi ma voie" (Nom 14.24; Nom 32.11 et 12; Deut 1.36; Jos 14.8 et 9; Jos 14.14). Si le Saint-Esprit a répété sept fois cette phrase au sujet de Caleb, c'est pour mettre l'accent sur la qualité de sa foi, comprenant l'obéissance complète à Dieu et le don total de soi. Qui était Caleb? Un homme de Dieu dont l'énergie, la fraîcheur, l'ardeur ne se sont jamais démenties. A l'âge de quatre-vingt-cinq ans, il pouvait dire qu'il avait la même force qu'au temps de sa jeunesse. Il apparaît dans la Bible à l'âge de quarante ans, à un moment crucial de l'histoire d'Israël, et d'emblée il se montre comme quelqu'un sur qui Dieu peut compter entièrement.

Traduite ailleurs par «il m'a suivi constamment», «il m'a obéi fidèlement», ou encore «il m'a parfaitement obéi», cette phrase est un certificat de haute valeur. Caleb n'a été ni serviteur de Moïse ni général, comme Josué, mais il a rempli fidèlement deux missions importantes: d'abord celle d'explorer le pays de Canaan, puis plus tard, celle de le partager. C'était un homme du peuple, simple comme vous et moi, mais un modèle de vie abondante, d'élan dans le combat et de disponibilité pour le service.

Que signifie pratiquement «suivre pleinement la voie de Dieu»? Lisons attentivement le récit et nous aurons la réponse. Nous découvrons Caleb en trois circonstances: premièrement, à Kadès-Barnéa, près du pays de Canaan, prêt à y entrer. Deuxièmement, dans le désert, pendant trente-huit ans, attendant d'entrer dans le pays. Troisièmement, dans le pays de Canaan, désirant posséder le pays complètement. Nous pouvons résumer l'attitude de Caleb par les trois points suivants :

1. Avancer quand les autres reculent

A Kadès-Barnéa, tout le peuple est sur le point d'entrer dans le pays promis. Moïse a décidé d'envoyer douze espions pour se rendre compte de la configuration du terrain. Choix solennel décrit en Nom 13.1 à 16. Ces douze hommes montent dans le pays, explorent les vallées et reviennent avec des fruits et une grappe de raisin si grosse qu'ils sont deux à la porter (Nom 13.23).

Dans leur rapport, dix de ces hommes font ressortir lourdement les côtés négatifs de la région visitée, alors que deux autres, Caleb et Josué, réagissent positivement. Lecteurs, comment réagissez-vous devant les côtés négatifs de vos situations? Les bénédictions divines sont souvent accompagnées d'épreuves et il n'y a pas de vie chrétienne sans combat.

Reprenons le récit: à l'ouïe de ces nouvelles, le peuple murmure et s'emporte contre Moïse. Caleb fait taire le peuple et s'écrie: «Montons, emparons-nous du pays, nous y serons vainqueurs» (Nom 13.30). Voilà un homme sur qui Dieu peut compter, car sa foi l'emporte et lui permet d'aller contre le courant qui est très fort. Il est à remarquer que, dans sa réplique, Caleb ne parle pas une seule fois de la puissance de Canaan, des grandes villes fortifiées et des géants. En revanche, il mentionne le pays qu'il a parcouru avec Josué. Les deux hommes, «animés d'un autre esprit» (Nom 14.24), voient le pays comme Dieu le voit. Les obstacles ne les paralysent pas, ils avancent quand les autres reculent et ils peuvent dire des Cananéens: «lls nous serviront de pâture, ils n'ont plus d'ombrage pour les couvrir» (Nom 14.9).

Ainsi à Kadès, Caleb prend position pour Dieu au risque d'être lapidé par le peuple. Il accepte le pays tel qu'il est, avec ses fruits et ses géants, avec ses avantages et ses inconvénients. Et agissant ainsi, il met Dieu au premier plan, car il connaît celui qui les a fait sortir d'Egypte et traverser la Mer Rouge. Il sait qu'il demeure le même et qu'avec son secours, les géants seront vaincus. Beaucoup de chrétiens s'arrêtent, reculent, se figent même devant des situations semblables. Où en êtes-vous personnellement? Caleb nous donne l'exemple à suivre: avancer quand les autres reculent, à cause de leur incrédulité, devant l'impossible. Ce qui s'est passé Kadès-Barnéa n'est pas nouveau: nous sommes assaillis par des problèmes, tous les jours, dans notre monde moderne. Y a-t-il un géant qui vous empêche d'avancer? Y a-t-il une ville fortifiée qui vous barre le chemin? Certains courants ou certaines influences vous paralysent-ils? N'imitez pas les dix qui ont flanché avec leur cœur partagé; ayez comme Caleb un cœur entier pour Dieu. La vie de foi comprend des décisions hardies à des moments stratégiques.

2. Persévérer quand les autres tombent

Une page s'est tournée pour Israël car Dieu est intervenu avec sévérité en décrétant que "tous ceux qui sont sorti d'Egypte ne rentreront point en Canaan, excepté Caleb et Josué" (Nom 14.29 et 30). Pendant trente-huit ans, Dieu va attendre que toute la première génération meure dans le désert et qu'une autre se lève pour entrer en Canaan. Bien que la Bible ne mentionne pas Caleb durant ce long pèlerinage, il est pourtant là! Il fait partie de la nation et il suit ses marches dans le désert. Ainsi Caleb voit son entrée dans le pays retardée de trente-huit ans à cause d'un jugement de Dieu sur une collectivité désobéissante. Y avez-vous songé? Alors qu'il était physiquement et spirituellement prêt à s'emparer du pays, par la faute d'une race incrédule et rebelle (Deut 1.32) lui et Josué doivent tourner en rond pendant trente-huit ans.

Comment vous seriez-vous comportés dans ce cas? Auriez-vous murmuré, tempêté, en disant: ce n'est pas juste! C'est du temps perdu! A quoi cela sert-il?

Caleb ne s'est pas laissé aller; au contraire, pendant toutes ces années «où les cadavres de ceux qui péchaient tombèrent dans le désert» (Héb 3.17) il a supporté encore une pareille situation avec la force de Dieu. Plus encore, en homme de foi, il a fait des expériences uniques malgré l'adversité. Quelle leçon de persévérance pour nous! Nous sommes dans des temps difficiles, où les valeurs morales sont balayées, où l'iniquité abonde, où l'Eglise elle-même est secouée et reçoit des coups violents de l'adversaire. L'attitude de Caleb est un appel à ne pas tomber avec les autres, mais à conserver toute notre vigueur dans la communion avec Dieu et dans la vision de sa gloire. C'est pourquoi Caleb a pu dire à Josué, à l'âge de quatre-vingt-cinq ans, à propos de ces années: "L'Eternel m'a fait vivre" (Jos 14.10). Cette énergie divine a permis à ce conquérant de tourner en rond dans le désert sans s'affaiblir et sans perdre de temps. Il a certainement saisi toutes les occasions d'aider, d'encourager, d'exhorter ses compagnons de route qui mouraient à côté de lui.

D'autre part, le souvenir de la terre de Canaan qu'il avait foulée et la promesse que Dieu avait faite à son sujet: "il verra le pays" (Deut 1.36) demeuraient dans son cœur. En foulant le sable du désert, Caleb avait à la semelle la terre de Canaan! Il y était allé, il l'avait parcourue, il avait goûté ce don de Dieu et cela ne l'avait plus jamais quitté. En est-il ainsi de nous quant à la parole de Dieu? Est-elle attachée à nos pieds ou n'est-elle qu'enfermée dans notre tête? Si nous sommes dans le cas de Caleb, nous tiendrons le coup et nous persévèrerons lorsque nous traverserons nos déserts. Quant à la promesse de voir le pays, quel puissant réconfort pour supporter la chaleur accablante, et les événements déprimants de ces trente-huit ans! Finalement, ces longues années ont été autant d'années miraculeuses, puisque Caleb a conservé sa force intacte pour la conquête de Canaan.

Où en sommes-nous lorsque nous rencontrons des circonstances analogues? Vivre de foi, c'est s'appuyer sur les promesses en faisant face au présent, en acceptant les retards permis, et en se réjouissant de l'avenir.

3. Achever quand les autres fléchissent

Tout de suite, faisons un bond en avant de plusieurs années! La première génération est morte dans le désert, image des vocations qui ne s'épanouissent pas. Cette génération disparue, la nouvelle entre dans le pays de Canaan en traversant le Jourdain. Caleb n'est pas mentionné, mais il fait partie de l'armée qui a pris Jéricho et qui a vécu la journée mémorable où le soleil ne s'est pas couché pendant presque tout un jour (Jos 10.13). Josué est à la tête des troupes et dirige les combats. Sept ans plus tard, lors du partage du pays à l'occident du Jourdain, Caleb – représentant de la tribu de Juda – s'avance vers Josué pour réclamer l'héritage qui lui revient personnellement.

La scène rapportée en Jos 14.6 à 14 est unique, car personne d'autre n'a agi de cette façon. Au contraire, les combattants qui ont pris tant de villes et vaincu tant de rois (Jos 12.9 à 24) fléchissent dans leur zèle et n'achèvent point la conquête selon le plan de Dieu. Le triste refrain «ils ne chassèrent point les Cananéens» du premier chapitre de Juges explique l'état d'esprit du peuple: la lassitude gagne du terrain, le travail n'est pas fait entièrement, les combats cessent. C'est pourquoi la demande de Caleb, formulée en ces termes fermes et précis: "Donne-moi cette montagne" (Jos 14.12) témoigne qu'il est toujours «animé d'un autre esprit». Il est bien l'homme qui va jusqu'au bout et ne se contente pas d'un à-peu-près. Il achève la tâche.

Caleb est l'exemple d'un combattant qui ne se laisse pas arrêter par les «pourquoi pas», les «peut-être», les «il paraît que» et les «on m'a dit». Il s'empare de la montagne d'Hébron et en chasse les fils d'Anak, des géants qui habitaient là depuis fort longtemps, qui lui "servirent de pâture", selon l'expression employée quarante-cinq ans plus tôt! Mais il y a plus encore; sa fille lui fait cette requête: «Fais-moi un présent, car tu m'as donné une terre du midi; donne-moi aussi des sources d'eau», requête aussitôt accordée: «Il lui donna les sources supérieures et les sources inférieures» (Jos 15.19). Grâce à cet ultime combat, Caleb a découvert des sources pour sa postérité. Quelle récompense pour ce vaillant guerrier!

Il faut tout conquérir, même ce qui est le plus difficile! S'arrêter au pied de la montagne, c'est laisser les géants en place et ignorer les sources d'eau, c'est-à-dire appauvrir sa vie spirituelle. Dieu recherche plus que jamais de vrais disciples parmi les chrétiens: des hommes et des femmes qui suivent pleinement la voie de l'Eternel, qui avancent quand les autres reculent, qui persévèrent quand les autres fléchissent.

Philippe Favre


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