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Bénédiction et Malédiction

Un texte tiré du "Berger d'Israël"

Il n'est pas aisé de restituer en quelques lignes tout ce que pourrait nous apporter l'étude de ces deux mots. En effet, à eux seuls, ils résument une grande partie du plan de Dieu pour I'Humanité.

Depuis les temps bibliques, ils ont subi, comme beaucoup d'autres mots, d'inévitables déformations engendrées par l'histoire et l'imagination des hommes.
On parle volontiers aujourd'hui de chance, de "baraka" (mot provenant de l'arabe, proche de l'hébreu "bra'ha"), ou plus familièrement de "coup de pot" ou de "manque de pot"! On entend également des expressions comme "loi des séries", noires en général: accidents, maladies, ou bien: j'ai "la poisse" ou "le mauvais oeil".
Pour expliquer ces événements heureux ou malheureux, on fait appel au hasard, au destin, à la bonne étoile, à l'audace ou l'astuce de l'homme. Ainsi, les sceptiques, les fatalistes, les superstitieux et les plus "raisonnables" apportent-ils chacun leur interprétation des choses de la vie.

Mais que représentent, dans la Bible, ces deux mots: "bénédiction" et "malédiction"? Comment pouvons-nous en comprendre le sens réel appliqué à nos vies?

BENEDICTION

Dans la Bible, la racine bara'h, est la plus fréquemment employée pour le verbe bénir dont est également tiré le mot bénédiction (en hébreu: bra'ha). Cette racine peut avoir plusieurs sens selon qu'elle est utilisée à l'une ou l'autre forme verbale de l'hébreu. Elle peut signifier bénir, louer, combler de biens, être béni etc... On retrouve cette racine environ 350 fois dans le "Tana'h", la Bible hébraïque.

L'un des sens de ce verbe s'apparente au mot "bere'h", genou, et signifie: s'agenouiller. D'aucun pourrait penser qu'il faut d'abord plier le genou pour recevoir la bénédiction!
Mais laissons là les explications les plus fantaisistes pour essayer de comprendre le sens de ce mot. La bénédiction est, avant toute autre chose, une "parole de bien" proclamée par Dieu, une faveur. "Dieu dit à Abraham: "Je te comblerai de bénédictions et multiplierai ta descendance comme les étoiles du ciel... toutes les nations de la terre seront bénies dans ta descendance, parce que tu as obéi à ma voix..." (Gen 22:15-18).

Nous constatons que la bénédiction accordée par Dieu, imméritée et gratuite, semble paradoxalement conditionnelle. Au Sinaï, Israël a reçu une Loi parfaite. Le peuple entier devait s'y soumettre pour recevoir les bénédictions de l'ETERNEL: prospérité (climat favorable, récoltes abondantes, fécondité parmi les hommes et les bêtes) paix (sécurité et victoire assurée sur les éventuels ennemis, santé). L'ultime bénédiction étant la présence de Dieu au milieu de son peuple: "Ma demeure sera au milieu de vous, je marcherai au milieu de vous et vous serez mon peuple..." (Lév. 26:11-12)

L 'homme peut également prononcer des "paroles de bien" envers Dieu ou ses semblables. Le roi David s'est écrié: "mon âme, bénis L'ETERNEL, n'oublie aucun de tous ses bienfaits, c'est Lui qui pardonne tes fautes... qui te couronne de bienveillance et de compassion" (Psaume 103:1-5). Dans l'ancienne alliance, les sacrificateurs devaient prononcer une bénédiction sur le peuple tout entier: "Que l'ETERNEL te bénisse et te garde...!" (Nbres 6:24)

La bénédiction est donc accordée par Dieu envers ses créatures. L'homme peut répondre aux bienfaits de son Créateur en le bénissant, en prononçant des paroles de reconnaissance, d'adoration, d'amour envers Dieu. Il peut aussi invoquer la bénédiction de Dieu sur ses semblables.
Aimer Dieu et son prochain, tels sont les mots d'ordre soutenant la bénédiction, la parole et l'action bienfaisantes, dans la Torah: "Ecoute Israël! Tu aimeras l'ETERNEL ton Dieu de tout ton coeur... et ton prochain comme toi-même" (Deut. 6:4 et Lév. 19:18). La bénédiction suprême, c'est la présence de Dieu répandue dans le coeur de l'homme et l'accompagnant dans tous les domaines et toutes les circonstances de sa vie.

MALEDICTION

Le mot "malédiction" est moins fréquent que le précédent dans le Tana'h. Sous deux formes il revient environ 80 fois. La malédiction est une condamnation au malheur prononcée par Dieu en réponse à une rébellion ouverte, à la désobéissance.

Si le peuple d'Israël ne mettait pas en pratique les commandements donnés par I 'Eternel, il s'en suivait toute une série de châtiments de plus en plus sévères. Ceux-ci avaient avant tout une portée pédagogique: ils devaient aider l'homme à prendre conscience d'une faute envers Dieu ou son prochain et l'inciter à revenir de sa mauvaise voie.
Un sacrifice offert par le coupable sincèrement repentant pouvait lui ouvrir à nouveau l'accès à la présence, donc la faveur, de Dieu. Israël a plus d'une fois succombé à la tentation d'adorer de faux dieux fabriqués par la main des hommes. Tout le peuple souffrait des conséquences d'une telle conduite: appauvrissement, disette, sécheresse, menaces et envahissements par les nations ennemies, déportation et captivité, etc...

Dans la liste des malédictions consignées dans les livres du Lévitique et du Deutéronome (Lév 26, Deut 11:27-28) nous pouvons connaître plusieurs des causes, outre l'idolâtrie, entraînant la malédiction: le mépris et l'irrespect envers les parents ou le prochain (la veuve, l'orphelin et l'étranger en particulier), les débauches et les dérèglements sexuels, les mensonges et les crimes prémédités. Et pour clore une liste déjà longue :

"Maudit soit celui qui ne respecte pas TOUTES les paroles de cette Loi et ne les met pas en pratique" (Deut 27:26).

Cette sentence terrible nous pIonge tous dans la désobéissance et la malédiction: qui peut en effet se vanter de n'avoir jamais enfreint l'un ou l'autre des commandements, même le plus petit, de la Torah?

Le roi David, conscient de ses propres faiblesses, déclarait "qu'aucun homme n'est capable de faire le bien" (Ps 14:3). Jérémie le prophète utilise une image très claire: "Un Ethiopien peut-il changer la couIeur de sa peau ? De même, pourriez-vous faire le bien, vous qui êtes habitués à faire le mal ?" (Jér 13:23).
Ainsi, la Torah nous montre le chemin de la vie: "Vous observerez mes lois; celui qui les mettra en pratique vivra par elles... " (Lév 18:5). Mais dans le même temps, cette Loi nous condamne à l'ultime malédiction à cause de notre incapacité à mettre toutes les "mitsvot" en pratique par amour pour Dieu et les hommes. La présence de l'ETERNEL quitte le Temple et les coeurs ; l'angoisse et la mort couvrent alors l'humanité d'un voile glacial et opaque...

SI TU REVIENS!

"J'ai abandonné ma Maison, j'ai délaissé mon héritage..." (Jér 12:7). Peu après avoir inspiré cette phrase au prophète Jérémie, en 586 avant la venue du Messie, I'ETERNEL permit que Nébucadnetsar, le roi de Babylone, vînt assiéger Jérusalem. Ce roi attaqua la ville, détruisit le Temple et emmena le peuple d'Israël en captivité.

L'appel des prophètes avait pourtant retenti à plusieurs reprises pendant la longue période d'infidélité du peuple d'Israël. Le châtiment infligé au royaume du nord (Israël), deux siècles plus tôt, n'avait pas suffit pour éduquer le peuple resté en Juda, au sud. Nous avons là une preuve historique irréfutable de l'accomplissement à la lettre des paroles de la Torah prononcées par Dieu.

Mais cette Loi nous montre aussi le moyen d'en sortir: "Si tu reviens à l'ETERNEL et si tu lui obéis de tout ton coeur... Il ramènera tes captifs, Il te fera du bien, Il circoncira ton coeur... pour que tu aimes I'ETERNEL de tout ton coeur afin que tu vives" (Deut 30:10). Cette promesse s'est accomplie lorsqu'Israël, repentant (Daniel 9, Esdras 9, Néhémie 9), est revenu en partie sur la terre promise après 70 ans d'exil à Babylone. Mais le prophète n'avait pas seulement annoncé ce retour mais encore l'avènement d'une nouvelle alliance... (Jérémie 31:31-34)

LE ROI MAUDIT

Dans la liste des motifs amenant la malédiction, il est écrit: "Maudit soit quiconque est pendu au bois" (Deut 21: 23). Le Messie Jésus fut pendu au bois, cloué sur une croix avec le consentement des chefs juifs et romains, conformément à ce qu'avait annoncé le roi David : "Les rois de la terre et les princes se liguent ensemble contre l'ETERNEL et contre son Messie " (Ps 2:1-2 et Ac 4:25-26).

Il nous est par ailleurs expliqué que le Messie Yeshoua, Jésus, nous a délivré de l'emprise de la malédiction car il a lui-même accepté de prendre cette malédiction sur lui.
Une image, empruntée à l'histoire du peuple d'Israël, nous aide à mieux comprendre le sens de cette malédiction prononcée sur le Fils de Dieu à notre place. Dans le désert du Sinaï, à la suite d'une rébellion (engendrée par un manque de confiance) envers I'ETERNEL et Moïse, des serpents mordent de nombreuses personnes qui meurent rapidement après la morsure. Tout Israël, conscient du châtiment divin, demande a Moïse d'implorer le pardon de Dieu. L'ETERNEL ordonne alors à Moïse de façonner un serpent de bronze et de le fixer sur une perche. Tous ceux qui le regardent sont immédiatement guéris et libérés de l'emprise des serpents du désert (Nombres 21:1-9).

Au cours d'un entretien avec Nicodème, un des chefs juifs membre du Sanhédrin, Jésus commente cet événement: "Moïse, dans le désert, a élevé le serpent de bronze sur une perche; de même, le Fils de l'homme doit être élevé afin que tous ceux qui croient en lui aient la vie éternelle" (Jean 3:15). C'est en tournant les regards vers le Messie, sincèrement repentants, que nous pouvons échapper à la malédiction, à la mort. Dès maintenant, nous pouvons recevoir ainsi la présence de Dieu dans nos coeurs par son Esprit. Il nous apporte l'assurance du pardon de nos fautes, la paix qui en découle et une vie qui se prolongera au-delà de la mort, une vie éternelle en sa présence, son ultime bénédiction...

QUELLE BENEDICTION ?

Un point d'interrogation demeure: quels sont les effets de la bénédiction, voire de la malédiction, pour ceux qui, ayant reconnu en Jésus le Messie, ont reçu ce pardon et cette vie éternelle ?
Des disciples du Messie ont été mis à mort, dispersés, torturés à cause de Ieur foi (aux premiers siècles et encore aujourd'hui dans certains pays). Certains d'entre nous ne vivent pas dans une prospérité matérielle éclatante. D'autres sont éprouvés par le deuil, la maladie. Que penser ?

Il faut en premier Iieu rappeler que Dieu avait promis à Israël le bonheur et Ia prospérité. Mais il l'avait également averti de ne pas oublier qu'il était le dispensateur de tous ces biens: "Quand tu mangeras, te rassasieras, tu béniras l'ETERNEL ton Dieu pour le bon pays qu'il t'a donné. Garde-toi d'oublier l'ETERHEL..." {Deut 8:10-11). Ce n'était ni à cause de sa puissance, de son nombre ou de sa fidélité envers Dieu, qu'Israël avait été choisi. Au contraire! (Deut 7:7-8 et 9:4-7)

C'est Dieu seul qui, en vertu de son choix, de son amour, avait élu ce peuple pour lui faire connaître, ainsi qu'à toutes les nations de la terre, son plan de guérison, de salut (Gen 22:15-18 et Gal 3:1-29). Nous l'avons déjà affirmé, c'est la présence de Dieu qui représente la bénédiction suprême. Dans I'abondance comme dans le dénuement, c'est vers lui que nos coeurs doivent rester entièrement tournés.

La prospérité peut très bien tromper les hommes : les royaumes environnants n'étaient-ils pas plus puissants, plus riches qu'Israël ? Le psalmiste Asaph déclarait qu'il "jalousait les insensés en voyant la prospérité des méchants : rien ne les tourmente jusqu'à leur mort et leurs corps est replet... l'orgueil leur sert de collier et la violence de vêtement... ainsi sont les méchants : toujours tranquilles, ils sont de plus en plus riches..."
Mais l'auteur ajoute cependant qu'il a "réfléchi pour comprendre. Ce fut pénible jusqu'à ce que j'entre dans la Maison de Dieu, en sa présence; aIors, j'ai compris le sort final des méchants: tu les mets sur une voie glissante... en un instant les voilà anéantis, achevés par l'épouvante..." (Psaume 73).

PEDAGOGIE

Dieu est notre Père et il est vrai qu'il nous "corrige" car "Dieu corrige celui qu'il aime..." (Prov 3:11-12 et Héb 12:3-11). Pour nous garder sur son chemin, Dieu utilise plusieurs moyens: son Esprit, gage de sa présence dans nos coeurs, peut être "attristé" (à la suite d'une faute quelconque) et ne peut alors plus nous communiquer pleinement la joie, l'amour et la paix d'En-Haut.

Les épreuves physiques ou morales sont parfois un moyen de nous "secouer" lors d'une période "d'attièdissement spirituel" ou d'un péché notoire. Mais gardons-nous de voir systématiquement dans les événements douloureux de notre existence les effets d'une malédiction de Dieu, la réponse orageuse à nos fautes et à nos faiblesses. Ce serait encore oublier que la bénédiction suprême réside dans la présence de Dieu en nous.

L'histoire de Job illustre cette pensée et répond à nos questions sur la souffrance du "juste". (Bien que nous sachions, comme Job, qu'en réalité personne, sauf Dieu, n'est juste!) (Job 42:1-6).
Beaucoup n 'ont pas reconnu en ce Jésus né dans une humble demeure et mis à mort après de terribles souffrances, le Messie venu apporter la bénédiction à son peuple. Le prophète Esaïe avait pourtant annoncé que l'homme de douleur "n'aurait aucun éclat pour attirer nos regards... mais le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui..." (Esaïe 53).

Rappelons-nous enfin que Paul, le rabbin devenu fervent disciple du Messie Jésus, a subi des épreuves terribles: naufrages, emprisonnements, lapidation etc... Mais il voyait dans ces épreuves l'effet de la grâce de Dieu ! (2 Cor 12:9-10).
Paul réalisait que la promesse du Messie Yeshoua, faite à tous ceux qui le suivent, reste le plus grand des bienfaits: "Je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde" (Mat 28: 20). L'apôtre intrépide proclamait que "ni la mort, ni la vie, ni les dominations, ni le présent, ni l'avenir, ni aucune créature, rien ne pourra nous séparer de l'amour de Dieu en Jésus le Messie notre Seigneur!" (Rom 8:38-39).

Dans la lettre adressée aux "Hébreux", il nous est rappelé que c 'est par la foi en I'ETERNEL que des hommes et des femmes ont remporté de grandes victoires dans leurs vies personnelles; mais c'est aussi par la foi que certains ont accepté la souffrance et les difficultés (Héb 11:32-40). Notre foi en l'ETERNEL et son Messie nous protège de la malédiction. Cette foi ne dépend pas des circonstances fastes ou accablantes, mais elle repose sur l'amour durable et constant de l'ETERNEL notre Dieu.

APPELES A BENIR !

Avec l'avènement de la nouvelle alliance, écrite et scellée dans nos coeurs par l'Esprit Saint de I'ETERNEL, nous sommes aussi appelés à bénir notre prochain. Nous pouvons bénir ceux que nous aimons, ceux qui partagent notre foi (ça c 'est facile ! ) mais aussi nos ennemis plus ou moins virulents à notre égard: "Aimez vos ennemis, bénissez ceux vous maudissent, faites du bien è ceux qui vous haïssent, priez pour ceux qui vous maltraitent et vous persécutent" (Mat 5:43- 48).

Pour parvenir à mettre en pratique cette parole du Messie, il nous faut lui demander toute son aide ! C'est une bénédiction de servir les autres et non de les dominer pour être servi.
Enfin, nous avons l'espérance de voir un jour la malédiction anéantie à jamais: dans la Jérusalem céleste "il n'y aura plus d'anathème, de malédiction..." (Apoc 22:3). Mais nous pouvons dire dès à présent: "Mon âme bénis l'ETERNEL et n'oublie aucun de ses bienfaits!" (Psaume 103).

Frédéric Baudin


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