Jésus est-il le Messie ?
Un texte tiré du "Berger d'Israël"
S'il existe ailleurs que dans notre imagination, Dieu, nous dit-on, est le même pour tous les êtres humains qui l'ont identifié sous différents noms, selon les époques ou les lieux. Cette pensée, très généreuse, est aujourd'hui clamée et véhiculée inlassablement dans nos journaux, ou nos livres (même scolaires!), à la télévision, dans nos édifices religieux; et l'on applique, avec une facilité déconcertante, la loi scientifique de la relativité aux domaines religieux et moral: tout est relatif, bien sûr. Mais est-ce pour autant réaliste, voire - osons le mot! - rationnel? Car il faut bien reconnaître que ce Dieu aux multiples visages perd de sa crédulité dès lors qu'il se contredit... Qu'on en juge seulement par cette question qui divise les trois grandes religions monothéistes: Jésus est-il le Fils de Dieu, le Messie, ou non? Il semblerait incroyable que Dieu puisse dire l'une et l'autre chose: un Dieu qui souffrirait d'une telle relativité serait bien vite relégué aux oubliettes célestes! Et tant de dieux équivoques seraient-ils aptes à rassembler tous les hommes?
"Ecoute Israël! Le Seigneur, Adonaï, est notre Dieu, l'Unique!" Des hommes et des femmes ont dû souffrir pour avoir proclamé cette phrase avec foi et conviction, parfois au péril de leur vie. Nous sommes redevables d'une grande reconnaissance en vers Abraham, Moïse ou Elie, envers tous ceux qui ont tenu ferme dans leur foi en ce Dieu unique. Les idoles de bois, de pierre ou d'or ne sont que le produit de l'invention humaine: on cherche, d'après ses propres critères, à représenter ou remplacer - car on pressant son existence - le Dieu tout-puissant. Tout l'Ancien Testament repose sur cette idée: il existe un seul vrai Dieu, et l'homme crée de faux-dieux. Entre tous, il faut choisir.
C'est en Egypte que Dieu a autrefois montré sa puissance au peuple d'Israël, en le délivrant physiquement de l'oppression égyptienne, pour le conduire vers une terre qui deviendrait sa demeure au milieu des autres nations. Trois détails retiennent notre attention sur le choix de Dieu envers ce peuple: c'est le plus "petit" des peuples, ce n'est pas un peuple plus "juste" que les autres, mais c'est un peuple "aimé" de Dieu. (Deut. 7:7 et 9:4-6) L'Eternel lui révèle qu'il est le Dieu saint dont la justice confirme l'amour. Comment Dieu pourrait-il en effet prétendre nous aimer et tolérer en même temps l'injustice? Il ne serait pas digne de confiance. Si aucune justice ne devait un jour trancher sur toutes les injustices commises par les hommes, cela serait tout simplement révoltant: à quoi bon être honnête alors? Tous nos actes doivent donc passer au crible du jugement, mais selon quels critères?
Une seule Loi
Le bien et le mal ne sont pas non plus des notion relatives dans le temps et dans l'espace; et l'homme ne peut en déterminer les limites par sa raison seule, même s'il conserve une notion générale de ces deux valeurs fondamentales. L'homme fut créé bon - il en a encore conscience -, mais il s'est laissé contaminer par une gangrène qui le domine et le ronge: qu'on le veuille ou non, la diabolique machination hitlérienne est malheureusement là pour nous le prouver, en un monument de cruauté qui défie le temps, et la raison même la plus idéalistement barricadée. Nos multiples mésententes, disputes, déchirures quotidiennes ne sont pas non plus les moindres des arguments dans ce sens.
La loi de Dieu, la Torah, transmise par Moïse à Israël, est unique en son genre: aucun peuple n'avait de lois aussi précises fondées sur l'amour d'un Dieu soucieux du bien-être de son peuple; car la Torah est avant tout un appel à l'amour qui seul peut unir et construire une nation. Aimer Dieu et tous les êtres humains: toute la loi de Dieu peut se résumer par cette simple phrase. (Deut. 6:4 et Lév. 19:18)
Mais qui d'entre nous oserait prétendre avoir aimé Dieu et son prochain à toute heure, en toute circonstance? Une telle prétention serait déjà contraire à la loi qui nous enseigne à ne dire que la vérité! Ce qui nous caractérise peut-être le mieux, c'est précisément notre désir d'aimer, en même temps que notre incapacité à réaliser ce souhait de façon absolue et permanente, même chez les mieux intentionnés. Esaïe le prophète, ou le roi David, ont traduit leur désarroi par ces quelques mots: "Il n'existe aucun homme sur terre qui ne pèche jamais...". Triste réalité.
"Aux grands maux les grands remèdes", a-t-on coutume de dire. Pour combattre le mal qui nous accable, qui atteint toute créature humaine ou animale, toute la nature même, il faut appliquer un remède divin. Sans Dieu, nous serions dans une douloureuse impasse : tous les domaines, physiques, sociaux, culturels ou moraux de notre humanité sont touchés; et rien ni personne n'est capable de maîtriser ou d'enrayer cette gangrène infernale par sa seule force. Tous ceux qui lisent les journaux, qui écoutent la radio, ou qui constatent simplement leur propre faiblesse, admettront sans peine cette réalité. Que faire, alors? Il faudrait un Dieu, ou un homme, exempt de tout mal, capable de nous guérir de cette plaie; Jésus prétendit être l'un et l'autre, homme et Dieu: était-il le Messie promis à Israël et aux autres nations? Quelles sont les raisons qui nous pousseraient à le croire - comme des millions d'hommes et de femme sur cette terre depuis vingt siècles?
Le Tana'h, la Bible hébraïque, est une collection de livres rédigés par Moïse, par les prophètes ou leurs secrétaires (Jérémie et Baruch), par certains rois ou gouverneurs en Israël (David, Salomon), par des sacrificateurs ou des gens d'humble condition (Ezékiel, Esdras, Amos) etc. Ces livres ont été écrits entre le quatorzième siècle environ jusqu'au quatrième siècle "avant" la venue de Jésus.
La Bible contient l'histoire du peuple d'Israël et révèle peu à peu le plan de Dieu pour notre humanité aux prises avec le problème, et l'énigme, du mal. Ce plan ne met jamais en balance, en équilibre, le bien et le mal comme deux boxeurs sur un ring dont les coups portés, la force et l'endurance détermineront finalement le vainqueur. Pour Dieu, il ne fait aucun doute que le bien a toujours triomphé et triomphera, il s'en porte garant; c'est aussi l'espoir des hommes. Mais encore faut-il accepter avec confiance le remède qu'il nous propose.
La loi ne nous laisse pas démunis devant le constat cruel de notre incapacité à toujours bien faire. Si la Torah, la loi de Dieu, peut se comparer à un miroir qui réfléchit notre infirmité (nous ne pouvons plus désormais nous voiler les yeux!), elle contient aussi tous les ingrédients nécessaires à notre guérison. Mais ce remède - divin paradoxe - nécessite la mort d'un innocent. Dans la loi de Moïse, le pardon de Dieu et la purification s'obtiennent par la mise à mort, le sacrifice, d'un animal. "C'est par le sang que se fait l'expiation" précise l'auteur du Lévitique. (Lév. 17:11) En hébreu, expier, signifie à la fois couvrir, et effacer. Le sang d'un animal (pourtant innocent du mal dont l'homme s'est rendu coupable) sert donc de couverture pour nos fautes devant Dieu. Dans la Bible, le sang est encore synonyme de vie: c'est une vie qui est offerte à la place du coupable. Cette offrande totale annule alors toutes les charges répertoriées dans la loi et retenues contre le fautif. Elles sont transférées à l'actif de l'innocent.
Depuis l'agneau offert par Abel, les bêtes immolées par Noé, le bouc providentiellement trouvé et mis à mort par Abraham, la multitude des animaux sacrifiés par Aaron ou les cohanim les sacrificateurs), jusqu'à l'homme de douleur, une idée s'impose lentement au peuple choisi par Dieu: un jour, un prophète plus grand que Moïse (Deut. 18:15) viendra parmi le peuple; il naîtra à Bethlehem (Michée 5:1); le serviteur juste injustement accusé, sera sacrifié comme un agneau qui porte le péché du monde; il reviendra à la vie pour contempler une descendance que nul être humain n'a vu ni ne verra, des fils et des filles dont les coeurs circoncis manifesteront avec éclat l'authenticité du pardon et de l'amour (Esaïe 53).
Toutes ces précisions, et bien d'autres, furent annoncées par les auteurs juifs inspirés par Dieu; toutes s'accomplirent en la personne de Jésus le Messie. Comment en être sûr? La Bible dit vrai, car elle invite à l'amour, car elle montre l'amour, et la justice de Dieu - enfin satisfaite - envers Israël et tous les peuples de la terre. Un mensonge pourrait-il provenir de l'amour? C'est impossible, par définition. Rien, ni personne, pas même les pseudo-chrétiens dont les fruits furent si mauvais, ou la non-foi d'une partie des Juifs et des non-Juifs, ne démentira l'absolue bonté de Dieu, sa vérité, prouvées en Jésus le Messie: Dieu s'est lui-même laissé atteindre, de la main des fautifs - de la main de tous les hommes, juifs ou non - par le mal qui nous anéantissait lentement. Il l'a définitivement vidé de sa puissance; il a porté toutes nos fautes, tous nos maux. Vie pour vie: il est mort à notre place. Quel remède serait plus parfait? Celui-ci ne souffre d'aucune faille. Reste à savoir s'il emporte notre suffrage, sans lequel il ne peut nous être appliqué.
Si Dieu a pris sur lui d'endosser tous nos torts, il ne nous tient par pour autant innocents! L'amour de Dieu consiste aussi à nous considérer comme des êtres responsables, dotés d'une personnalité, d'une intelligence et d'une volonté. Dieu nous respecte, infiniment. A ses yeux, le coupable reste donc coupable: ne pas le reconnaître, s'obstiner à se croire juste et sans faille, c'est déjà se condamner à n'être pas guéri. Comment panser une plaie que l'on cache avec tant de soin, et de mauvaise foi? Le premier pas vers Dieu s'accompagne donc d'un aveu, qui jaillit du fond du coeur, reste encore le meilleur moyen d'être délivré d'une culpabilité dont on connaît désormais les effets sur notre psychisme, lui aussi affaibli. Dieu désire nous pardonner, ôter toute culpabilité.
Deuxième pas: la foi. "Le juste vira par la foi" disait un prophète. La foi n'est pas un objet perdu, ou retrouvé au hasard d'un chemin de la vie: c'est un élan de tout notre être vers Dieu dont l'amour (heureusement prouvé !) est notre seule garantie. Elle est repos, appui, confiance en celui qui ne peut défaillir et qui a vaincu ce qui entravait notre marche. Elle naît petite comme un grain de moutarde, disait Jésus, elle s'affermit dans la paix retrouvée avec Dieu, même au sein de l'épreuve et des bousculades de la vie où le mal, toujours mystérieux, continue de frapper les jutes comme les injustes. La foi est un don de Dieu - il faut le lui demander! - en même temps qu'une réponse de l'homme, une attitude comparable à l'enfant qui donne la main à sa mère.
C'est la foi au Messie chargé de nos injustices qui nous rend justes. Nous n'en retirons aucun mérite. La foi se nourrit d'une réalité qui dépasse les seules choses visibles à l'œil nu, au microscope ou au télescope! Elle plonge ses racine là où Jésus règne en souverain absolu, en vainqueur du mal, à la droite de Dieu. Cette foi, des hommes de tous les horizons, des Juifs comme des non-Juifs, l'ont manifestée dans le monde entier. Avec des faiblesses aussi, de larges zones d'ombre parfois, une tendance à mal faire qui s'oppose encore, pour le temps de cette courte vie terrestre, au bien-faire qui a pris corps et vie dans l'existence du croyant au Messie Jésus. le coeur est saisi, circoncis, modelé lentement pour le bien éternel; il s'affermit dans l'âpreté d'un combat quotidien contre les pulsions mauvaises héritées de notre passé, même le moins chargé.
Mais quand cette ombre est ténèbres, meurtre, accusation et déicide, violence, prise d'armes contre les "infidèles", le fruit de cet arbre révèle que la sève est toujours viciée, que cet arbre est planté dans le terrain que Dieu n'a pas défriché, un terrain trop lourd de mauvais engrais, de poison. "Un mauvais arbre porte de mauvais fruits disait Jésus à ses disciples; c'est par leurs actes que l'on jugera les vais croyants, comme on juge de la santé d'un arbre au fruit qu'il porte". Le défi reste entier: l'ombre des plus mauvais ne doit pas occulter la lumière semée par les plus sincères: dans le monde entier, des disciples authentiques de Jésus, ont répandu et exprimé un véritable amour envers les plus misérables, les pauvres comme les riches (sans compromis !), les sans-abris et les princes, l'infirme et le bien-portant, sans pitié ni condescendance, avec une compassion non feinte, surtout envers les plus faibles et méprisés.
Bientôt - ce "bientôt" dure depuis deux mille ans! - le Messie Jésus reviendra pour combler ceux qui l'attendent, vivants et morts, avec patience et foi. Le Maître tarde" maugréaient les méchants de la parabole, comme les plus impatients au pied du Sinaï d'où Moïse n'avait pas reparu depuis quarante jours. Notre attente n'est pas passive: nous devons attaquer le mal dans tous les domaines, sous toutes ses formes, sachant que le mal spirituel est déjà anéanti par la victoire de Jésus le Messie. Mais ce combat n'est pas une fin en soi, le moyen de prouver l'autonomie de l'homme, de sa raison. Le mal demeure encore, pour un temps, malgré tous nos efforts. Il nous rappelle inlassablement notre faiblesse, notre besoin de Dieu, notre humanité. En attendant que ce mal soit définitivement anéanti dans tout l'univers, c'est seulement quand le regard est résolument tourné vers le Grand Vainqueur, que la bataille tourne à notre avantage. (Exode 17:8-16) Les "yeux" fixés sur Jésus. Aucun homme ne peut embrasser tout l'univers pour le guérir, apporter la paix universelle. Dieu seul le peut. mais Dieu est tout autre: il se présente à nous comme vis-à-vis, comme interlocuteur; il ne peut se confondre avec l'homme. Aucune fusion donc, entre le divin et l'humain, comme le prétendent certains. Dieu seul reste Tout-Puissant, seul capable de changer les coeurs, et le monde.
Pour nous, Juifs et non-Juifs, nous avons reconnu en Jésus le Messie promis à Israël et à tous les peuples. Nous voulons, par son aide, tenter de vivre ce miracle, cet amour qui nous unit en dépit des vicissitudes encore trop humaines qui gênent notre marche. Nous voyons déjà, sur cette terre et au-delà, des hommes et des femmes de toutes les nations, de toutes langues, de toutes races, réunis autour d'un seul Dieu dont l'amour ne se démentira pas; un Dieu qui a osé venir rencontrer l'homme sur son terrain, dans sa glaise, le rejoindre dans la poussière. Nous croyons déjà les fruits de cet amour embellir nos existences, des fruits que nous ne laissons pas toujours mûrir comme il faudrait pour qu'ils donnent envie à tous ceux qui nous entourent. Des fruits de vie, quand-même.
Bientôt, nous verrons ce que le prophète Daniel a annoncé, (Daniel 7:13-14) le Messie Jésus dans toute sa gloire, visible par tout l'Univers (si l'on vous dit qu'il est déjà dans ce monde, ici ou là, n'en croyez rien, quand bien même cet imposteur le prétendrait avec force preuves!), accompagné par tous ceux qui ont cru en lui, qui l'ont couronné lorsqu'il n'était encore qu'agneau sacrifié, avant d'être juge des nations, de tous les hommes et toutes les femmes de toutes les générations, et enfin roi d'une Terre par lui miraculeusement et soudainement recréée, régénérée, sous de nouveaux cieux où la justice et la paix s'embrasseront à jamais, dans le coeur de Dieu d'amour, pour ceux qui l'aiment...
Frédéric Baudin