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À l'aube d'une nouvelle année:  Je suis prêt !

L'année qui vient de s'écouler a certainement laissé sur nous des marques profondes et tracé de gros points d'interrogation. Il n'y a pas que le monde qui s'interroge, il y a aussi l'Eglise. Le monde panse ses plaies avec ses moyens, cherche à donner ses réponses aux problèmes qui se posent à lui. Mais l'Eglise aussi a ses plaies à panser, ses problèmes à résoudre. Dans sa grâce, Dieu nous accorde une année encore pour le faire. Mais le voulons-nous ? Sommes-nous prêts ? Laissons-nous inspirer par l'exemple de Paul et vivons cette attitude remarquable en la nouvelle année.

"Je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur Jésus." Actes 21:13

Ces mots, prononcés par l'apôtre Paul à l'issue de son troisième voyage, et que nous trouvons en Actes 21:7-14, devraient décrire l'état de chaque chrétien dans son temps.

L'Eglise primitive avait connu une expansion sans précédent. La vague du christianisme avait déferlé sur tous les pays bordant la Méditerranée. Mais le creux de la vague s'amorçait. Les ennemis de l'Evangile se ressaisissaient, petit à petit; ils se fortifiaient et l'unité juive et romaine qui s'était réalisée pour crucifier Jésus-Christ allait se manifester à nouveau pour persécuter les chrétiens.

Cette atmosphère lourde, faite de violence, de vengeance, planait sur le bassin méditerranéen et surtout sur Jérusalem, et les chrétiens eux-mêmes étaient comme flétris; ils en arrivaient à vivre dans la crainte et, comme nous le révèle ce passage, à désespérer.

Considérons dans le texte ci-dessus trois déclarations:

  1. Celle du Saint-Esprit
  2. Celle des disciples
  3. Celle de Paul

1. La déclaration du Saint-Esprit:

«L'homme à qui appartient cette ceinture, les Juifs le lieront... à Jérusalem, et le livreront entre les mains des païens.» (Actes 21 :11)

La mission du Saint-Esprit, qu'il s'exprime au travers d'un instrument humain (le prophète Agabus autrefois) ou qu'il s'exprime au travers d'un instrument écrit (la Parole de Dieu aujourd'hui), est de révéler la vérité et de nous conduire dans la seule vérité: «Quand le consolateur sera venu, l'Esprit de vérité, il vous conduira dans toute la vérité; car il ne parlera pas de lui-même, mais il dira tout ce qu'il aura entendu, et il vous annoncera les choses à venir.» (Jean 16:13) Cette déclaration peut surprendre. Elle déclenche en nous cette réaction: «Mais pourquoi le Saint-Esprit n'a-t-il pas annoncé des choses meilleures pour Paul?» Parce qu'étant vérité, le Saint-Esprit ne pouvait annoncer autre chose! C'était la réalité révélée au-devant de laquelle Paul allait, et la suite du livre des Actes nous démontre que le Saint-Esprit disait vrai. Mais, ce que le Saint-Esprit dit à Paul par l'intermédiaire d'Agabus, n'aurait-il pas pu le dire à Paul directement puisque ce dernier est un ministre du Seigneur? Que dit Paul lui-même? «Et maintenant voici, lié par l'Esprit, je vais à Jérusalem, ne sachant pas ce qui m'y arrivera; seulement, de ville en ville, l'Esprit-Saint m'avertit que des liens et des tribulations m'attendent.» (Actes 20:22-23) Ainsi nous découvrons que, puisque nous sommes le temple du Saint-Esprit (1 Corinthiens 6:19), le Saint-Esprit peut s'exprimer en nous pour établir la soumission à la volonté de Dieu, volonté que nous révèle la Parole de Dieu, même si cette volonté n'a rien de bien agréable pour nous.

Les circonstances dans lesquelles nous vivons aujourd'hui ne nous permettent aucune illusion sur la nature des événements futurs. Mais ce qui est plus important encore, ce sont les déclarations du Saint-Esprit dans la Parole de Dieu concernant ce futur. Nous nous trouvons dans une situation semblable à celle de Paul et risquons nous aussi d'être liés. Liés, nous le serons au travers des bouleversements que subissent notre société et l'Eglise. L'incrédulité, qui a servi de prétexte et de base à ceux qui ont lié Paul, sera toujours là pour essayer de nous lier. L'orgueil de l'homme religieux, qui s'oppose à Dieu à travers Paul, sera aussi celui qui s'opposera à Dieu à travers nous. Mais quels que soient les motifs qui nous lieront, comme Paul restons fidèles, «pourvu que nous accomplissions notre course avec joie» (cp. Actes 20 :24). De toute façon, si le Saint-Esprit déclare à Paul qu'il sera lié à Jérusalem, il ne lui ordonne pas de fuir Jérusalem. La vérité peut être surprenante, troublante, mais elle est vérité, et comme telle il faut y faire face et non la fuir.

2. La déclaration des disciples:

«Quand nous entendîmes cela, nous et ceux de l'endroit, nous priâmes Paul de ne pas monter à Jérusalem.» (Actes 21 :12)

Le fait d'être disciple, ou même serviteur de Dieu, n'établit en rien notre capacité de toujours comprendre ce que Dieu veut. Il est ici question des hommes et des femmes qui accompagnaient Paul au travers de ses voyages, qui voyaient la bénédiction se manifester malgré les tribulations de l'apôtre, et de ceux qui habitaient Césarée et qui se réunissaient dans la maison et sous les conseils de Philippe l'évangéliste. Ces deux catégories de disciples, l'une nomade, l'autre sédentaire, pouvaient avoir des points de vue bien différents sur quantité de choses, mais en ce cas particulier ils furent unanimes pour s'opposer à la volonté de Dieu, en demandant à Paul de ne pas monter à Jérusalem.

Le Saint-Esprit, en avertissant Paul que les Juifs de Jérusalem le lieraient, n'avait pas ajouté: «Dans ces conditions, ne monte pas.» La révélation du Saint-Esprit était informative, et non restrictive. Paul, le principal intéressé, l'avait compris et il n'a rien dit, mais l'Eglise s'est mise à pleurer, exactement comme un enfant qui, étant à bout d'arguments pour obtenir ce qu'il veut, se met à pleurer pour essayer d'intimider ses parents. Au Saint-Esprit et à la volonté divine l'Eglise oppose les sentiments et la volonté humaine. Que de fois dans nos coeurs n'avons-nous pas pleuré plutôt que de nous soumettre au Saint-Esprit, que d'accepter ce qui est bon, agréable et parfait. Que de fois même les larmes qui coulaient étaient celles de la colère, excédés que nous étions de ne pouvoir accomplir ce que nous voulions et de devoir malgré nous nous soumettre. A ces larmes s'ajoutait toute une argumentation de vérité, mais uniquement sentimentale; elle avait pour but de briser le coeur de l'apôtre qui nous apparaît comme étant le parfait disciple du Seigneur, prêt à mourir pour lui, mais aussi le parfait homme, sensible aux arguments de ses frères humains, et dont le coeur se fondait peu à peu.

3. La déclaration de Paul:

«Je suis prêt, non seulement à être lié, mais encore à mourir à Jérusalem pour le nom du Seigneur.»

En face de l'unanimité d'une Eglise sentimentale et rebelle à la volonté de Dieu, il faut des hommes seuls qui, comme Paul, sauront prendre une attitude ferme et l'exprimer: «Que faites-vous en pleurant et en me brisant le coeur?»

Des hommes seuls qui, grâce à leurs convictions, grâce à leurs positions, sauront retourner une situation désespérée dans l'Eglise, et cela jusqu'à ce que cette dernière n'insiste plus et dise: «Que la volonté du Seigneur se fasse.»

Un des terribles dangers que court l'Eglise c'est de prendre sa volonté pour celle de Dieu et d'essayer de la faire prévaloir sur celle de Dieu par une «persuasion» raisonnable. En face de ce danger, il faut des hommes seuls qui sont «prêts», et qui, par conséquent, «ne se laissent pas persuader». Au contraire, à cause de leur attitude ferme et résolue, ne se laissant pas fléchir, ils obligent l'Eglise à fléchir, à revoir son jugement et à entrer dans le plan de Dieu. La Bible nous parle de ceux qui persévèrent jusqu'à la fin (Matthieu 24:13), de ceux qui seront fidèles jusqu'à la mort (Apocalypse 2:10), de ceux qui préfèrent mourir plutôt que de trahir (Daniel 3:17-18).

Mais quel est donc le secret de telles vies? C'est Paul qui nous le livre: «Mais je ne fais pour moi-même aucun cas de ma vie, comme si elle m'était précieuse, pourvu que j'accomplisse ma course avec joie, et le ministère que j'ai reçu du Seigneur Jésus...» (Actes 20:24) Ce secret était lié à un autre, non moins important: «Je vous déclare aujourd'hui que je suis pur du sang de vous tous, car je vous ai annoncé tout le conseil de Dieu, sans en rien cacher.» (Actes 20:26-27) Paul n'a jamais cherché ses aises. Il le prouve d'ailleurs ici: il est prêt à être lié. Mais cette attitude n'était pas le résultat d'une fantaisie. Il avait fait sien le conseil de Dieu, ce qui était agréable, et ce qui l'était moins. Puis, l'ayant expérimenté, il l'avait annoncé avec une certaine hardiesse qui lui faisait dire : «Je n'ai pas craint de vous prêcher et de vous enseigner publiquement et dans les maisons...» (Actes 20 :20) Son enseignement ne portait pas sur son éloquence ou ses connaissances, mais sur ce qui était utile aux chrétiens et nécessaire pour que tous deviennent des hommes spirituels, et c'est pourquoi il dit: «Je n'ai rien caché de ce qui vous était utile.» (Actes 20 :20)

En face des menaces qui risquent d'atteindre le chrétien, et quelle que soit la nature de ces menaces, que le Seigneur nous fasse la grâce, comme Paul, d'être prêts, en nous souvenant qu'une telle attitude, à un moment précis de notre vie, n'est que le résultat d'une vie de fidélité qui s'est approprié le conseil de Dieu, qui l'a vécu, qui ne s'est rien caché à elle-même, et qui n'a rien caché aux autres, même si cela lui coûtait.

En ce début de XXIe siècle, l'Eglise, séduite, ayant perdu de vue son Chef, a besoin d'hommes fermes, prêts à retourner la situation pour ramener cette Eglise dans le plan de Dieu. Serons-nous de ceux-là?

Robert Ferretti, pasteur


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