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L'Amour véritable 4/6
Etude sur la première Epître de Jean

par Philippe Favre

Selon les indications données au début de la dernière étude, nous terminons aujourd'hui le deuxième cycle des trois critères de la foi, de l'obéissance et de l'amour. Je vous invite à lire 1 Jean 3:19 à 4:6, partie de l'Epître qui traite de l'assurance devant Dieu (1 Jean 3:19-24) et de la foi en Jésus-Christ (1 Jean 4:1-6). Au verset 18, Jean a insisté auprès de ses lecteurs sur la nécessité d'aimer en actions et avec vérité. Il va plus loin au verset 19 en employant une expression hardie: "Nous sommes de la vérité". Elle fait écho à la parole sortie de la bouche du Seigneur devant Pilate: "Quiconque est de la vérité écoute ma voix" (Jean 18:37). Ainsi, celui qui est né de nouveau, qui pratique la justice et qui aime les frères, est de la vérité comme son Maître. Paul l'exprime en d'autres termes: "Ainsi je connaîtrai Christ, et la puissance de sa résurrection, et la communion de ses souffrances, en devenant conforme à lui dans sa mort" (Philippiens 3 :10). Puis Jean, autant pasteur que docteur, reprend le thème de l'assurance.

Parenthèse: l'assurance devant Dieu (1 Jean 3:19-24)

a) Le cœur qui condamne et ce qui le rassure

Il arrive parfois que le croyant soit troublé par les questions suivantes: Suis-je réellement converti? Suis-je accepté devant Dieu avec le caractère que j'ai? Suis-je vraiment en Christ? Est-ce qu'un jour je serai délivré de ces pensées qui m'obsèdent, de mes tendances au péché? Suis-je quelqu'un d'inutile?... Qui n'est pas assailli par de tels doutes et qui ne connaît pas ces angoisses dans sa vie chrétienne? Toutes ces questions sont comprises dans l'expression si notre coeur nous condamne. Disons tout de suite que les accusations de notre conscience sont souvent justes, mais quelquefois elles sont fausses, parce que inspirées par l'accusateur des frères (Apocalypse 12:10) ou par un penchant morbide à la culpabilisation.

Notre conscience, mot rendu ici par coeur, peut être soumise à l'une ou l'autre de ces influences – bonnes ou mauvaises – mais nous ne devons en aucun cas être terrassés, sans vie et sans réaction. Au contraire, assurons nos coeurs devant Dieu, parce que Christ est notre justice et notre paix, lui qui a été livré pour nos offenses, et est ressuscité pour notre justification (Romains 4:25). De cette façon les craintes sont dissipées par une intelligence renouvelée au contact de la Parole.

Nous abordons le verset 20, et ici je cite John Stott qui explique clairement un passage qui a donné lieu à diverses interprétations: "II y a trois acteurs dans ce drame spirituel, trois orateurs dans ce débat intérieur. C'est une sorte de procès entre la conscience qui accuse, nous-mêmes qui nous défendons et Dieu qui juge. Si notre coeur nous condamne, nous – qui sommes distincts de notre coeur et nous tenons comme en dehors de lui – devons le rassurer et apaiser les soupçons de notre conscience. Mais comment? En partie, comme nous l'avons déjà vu, parce que nous savons que nous sommes de la vérité (v. 19) et en partie parce que Dieu est plus grand que notre coeur, lui qui connaît toutes choses. Dieu est plus grand que les limitations de notre conscience qui n'est pas infaillible et dont la condamnation peut souvent être injuste. Nous pouvons donc passer de notre conscience à Dieu qui sait tout, pour faire appel. En vérité Dieu juge nos motifs les plus secrets et nos résolutions les plus profondes. A cause de cela, Dieu sera plus miséricordieux envers nous que notre propre conscience. Son omniscience, plutôt que de nous terrifier, devrait nous délivrer (Psaume 103:14; Jean 21:17). La confiance en notre Dieu qui sait toutes choses a un effet plus puissant que n'importe quel tranquillisant chimique."

b) Le coeur qui ne condamne pas et ce qui en jaillit

A partir du verset 21 nous pouvons parler de la bénédiction d'une conscience pacifiée. La communion avec Dieu devient limpide et forte. C'est un acquis pour le croyant qui a désormais plus d'assurance devant Dieu. Cette attitude nouvelle est illustrée par la hardiesse avec laquelle un fils paraît devant son père, en contraste avec la peur d'un accusé devant son juge. Cette liberté de communion amène le chrétien à formuler des demandes, suivies d'exaucements, parce qu'il garde les commandements de Dieu et fait ce qui lui est agréable (v. 22). Vous voyez l'enchaînement magnifique des verbes depuis le verset 19: connaître, rassurer, demander, recevoir! Si un lecteur s'interroge sur la stérilité de sa vie de prière, qu'il considère le parcours tracé par Jean et qu'il vive la parole de Galates 4:7: "Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu." Jean ne s'étend pas longuement sur le vaste sujet de la prière. Il n'en montre qu'un aspect en passant car il poursuit inlassablement le but que Dieu lui a fixé pour l'édification de l'Eglise.

Au verset 23 il lie en un seul commandement la foi en Jésus-Christ et l'amour pour les frères (cf Jean 13:34 et Jean 14:1). Pour la première fois dans l'Epître, ces deux vertus sont nommées ensemble car l'apôtre veut enseigner qu'une foi sans les œuvres aboutit à une simple opinion et un amour sans souffle divin ne tire sa force que dans les ressources naturelles. "Car, en Jésus-Christ, ni la circoncision ni l'incirconcision n'ont de valeur, mais seulement la foi qui est agissante par l'amour" (Galates 5:6).

Enfin, l'accent est mis sur la communion dans son intensité avec l'expression: "Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui" (v. 24). Nous avons là l'écho des paroles que Christ a prononcées en sortant de la chambre haute: "Je suis le cep, vous êtes les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruit, car sans moi vous ne pouvez rien faire" (Jean 15:5). Cette communion-là – caractérisée par un échange entre Dieu et sa créature – n'est pas une expérience mystique réservée à quelques initiés seulement. Elle est à la portée de tout croyant qui remplit les conditions énumérées en Luc 9 :23 "Puis il dit à tous: Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix et qu'il me suive." C'est aussi pour la première fois que le Saint-Esprit est mentionné parce que c'est lui qui révèle Christ, qui nous unit à lui et qui nous certifie que nous sommes enfants de Dieu (cf Jean 16:14; Ephésiens 2:5-6; Romains 8:16).

c) Le critère doctrinal: la foi (1 Jean 4:1-6)

Après avoir souligné le commandement de croire au nom de son Fils Jésus-Christ, Jean adresse une mise en garde à ses bien-aimés afin qu'ils ne croient pas à tout esprit. Dieu nous a donné le Saint-Esprit, lors de notre conversion, mais il existe d'autres esprits dans le monde qui tentent de le contrefaire et de le supplanter. Comment y voir clair? L'Ecriture sainte, qui s'adresse à des gens responsables et intelligents, ne nous demande pas de croire à l'aveuglette. Dans son instruction l'apôtre donne deux secrets. Premièrement: "Eprouvez les esprits, pour savoir s'ils sont de Dieu" (v. 1). Deuxièmement: "Reconnaissez à ceci l'Esprit de Dieu" (v. 2).

Premier secret: souvenons-nous de cette époque de la fin du 1er siècle où plusieurs hérésies portant atteinte à la personne de Jésus-Christ s'étaient répandues dans le monde et avaient infecté l'Eglise même. Le diable, habile à se déguiser en ange de lumière (2 Corinthiens 11:14), essayait de séduire les âmes par le moyen de certaines "révélations" ou "prophéties" ne venant pas du Saint-Esprit. Les croyants mal affermis et trop crédules étaient troublés par ces phénomènes extraordinaires. Ils avaient tendance à confondre le surnaturel et le divin et ils ne se méfiaient pas que derrière les apparences il pouvait y avoir une activité satanique. Voilà pourquoi l'apôtre engage tous les chrétiens à éprouver les esprits afin d'en connaître la nature et l'origine. Cela nous fait penser à la situation contemporaine où des faux prophètes sont apparus et apparaissent encore. Je pense aux sectes orientales qui se développent considérablement et dont les Gourous ont tout pouvoir sur les âmes. Je pense aussi à tout système qui, même au nom de l'Esprit saint, maintient les hommes dans la servitude (cf Galates 5:1).

Deuxième secret: relisons l'Ecriture: "Reconnaissez à ceci l'Esprit de Dieu: tout esprit qui se déclare publiquement pour Jésus-Christ venu en chair est de Dieu" (v. 2). Il s'agit de la déclaration franche et ouverte de la divinité et de l'humanité de Jésus-Christ. Existant de toute éternité, il est devenu homme pour nous sauver de nos péchés. Il est né à Bethléhem, a grandi et vécu à Nazareth, il a prêché l'Evangile de Dieu en Galilée et en Judée. Il est mort et ressuscité à Jérusalem, d'où il est ensuite monté au ciel, s'asseyant à la droite de Dieu, attendant que ses ennemis deviennent son marchepied (1 Timothée 2:5; Hébreux 10:12-13). Après cette affirmation Jean ajoute que tout esprit qui ne confesse pas Jésus de cette façon "est celui de l'Antéchrist" qui viendra un jour dans le monde (v. 3). Comme toujours, il n'y a pas de place pour le compromis, celui qui n'est pas pour Dieu est contre lui.

Jean fait une dernière mise au point dans les versets 4 à 6:

  1. II rassure les croyants quant à leur appartenance divine. Il ne laisse pas planer le doute et atteste qu'ils sont de Dieu (v. 4). Plus encore, parce que le Saint-Esprit est en eux, ils ont vaincu les faux prophètes! Pensez un instant aux millions de personnes captives de doctrines mensongères, trompées par des imposteurs, incapables de réagir et ne voulant pas se sortir de leur emprise. Remerciez Dieu qui vous a donné son Esprit et par lui le moyen de discerner le vrai du faux, le pouvoir de garder l'un et de rejeter l'autre.
  2. II classe les faux prophètes: "Eux, ils sont du monde" (v. 5). Voilà pourquoi leur caractéristique est d'amoindrir Christ et de glorifier l'homme, niant l'existence du bien et du mal, relativisant tout mais proclamant que l'homme a des ressources infinies en lui-même. Les innombrables recettes et techniques modernes d'amélioration de l'individu vont dans ce sens.
  3. Enfin, il se joint à ses lecteurs pour annoncer: "Nous, nous sommes de Dieu" (v. 6). Cela peut paraître présomptueux pour le monde, mais en fait c'est la joyeuse expression de chrétiens fondés dans la foi, enracinés en Christ; d'hommes mûrs et solides, qui ne sont plus des enfants flottants et emportés à tout vent de doctrine (cf Ephésiens 4:14).

A la fin du verset 6, Jean voit l'ensemble de ceux qui ont éprouvé victorieusement les esprits. Ils s'aiment, se comprennent et s'écoutent parce qu'ils connaissent Dieu et emploient les mêmes mots dans le même sens.

Philippe Favre

 


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