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Les cinq «SOLI» des Réformateurs

2. SOLUS CHRISTUS

Frank Horton

Repris de la revue PROMESSES, voici le 2e article aux cinq “soli“: «Sola Scriptura». Les Réformateurs exprimaient ainsi leur conviction que l'Ecriture sainte était l'unique et ultime autorité pour tout ce qui touchait à la foi et à la vie chrétienne. Nous avons ajouté qu'aujourd'hui cette même formule atteste la pleine suffisance de l'Ecriture dans les domaines de l'évangélisation, de la sanctification, de la direction divine et des réformes sociales.

Reculer pour mieux sauter

Pourquoi nos milieux évangéliques ont-ils un impérieux besoin de redécouvrir ces formules de la Réforme? Nous pourrions évoquer deux raisons.

Premièrement, nous devenons de plus en plus mondains! En abandonnant peu à peu les vérités de la Bible et l'expression de ces vérités dans la théologie historique de l'Eglise, nous essayons d'accomplir l'œuvre de Dieu en adoptant la théologie du monde, sa sagesse, ses valeurs, ses méthodes, ses priorités et son ordre du jour. En l'absence d'une saine et solide théologie biblique, bien comprise et appliquée, nous avons remplacé les catégories classiques de péché, de colère de Dieu, de culpabilité, de jugement et de repentance, par une approche thérapeutique où l'accent est mis sur la relation d'aide, la psychologie ou la sociologie. Feu le philosophe chrétien Francis Schaeffer disait en 1978 que «si nous n'arrêtons pas cet éloignement de l'autorité suprême de la Bible chez les évangéliques, nous n'aurons pas d'église évangélique à léguer à nos enfants.» Mais pire que cela à l'heure actuelle, si nous ne retournons pas à la vérité de la Parole de Dieu pour la confesser comme l'avaient fait les Réformateurs, nous n'aurons pas d'église du tout à confier à nos successeurs!

Deuxièmement, comme l'a si bien dit la «Déclaration de l'Alliance évangélique italienne», les évangéliques ont besoin d'avoir une compréhension authentique de la foi évangélique avant d'acquérir, par exemple, une compréhension authentique du catholicisme. Et cette Déclaration de continuer:

«L'enseignement biblique, redécouvert à la Réforme et touchant au «sola, solus» comme au cœur de l'Evangile, est un point crucial qu'une conception évangélique considère comme non négociable (c'est nous qui mettons en italique). L'Ecriture seule, le Christ seul, la grâce seule, la foi seule et à Dieu seul la gloire... ensemble ces affirmations constituent les critères de l'étude du catholicisme et le principe d'interprétation à utiliser dans l'analyse des forces à l'œuvre dans l'Eglise catholique romaine. Sur la base du «sola, solus», la distance qui sépare le catholicisme contemporain de la foi évangélique n'est pas plus réduite qu'au moment de la Réforme du XVIe siècle. En fait, après le premier et le deuxième concile du Vatican, le catholicisme continue d'ajouter à l'Ecriture l'autorité de la tradition et l'autorité de l'enseignement du magistère. Au Christ, il a ajouté l'Eglise comme une extension de l'incarnation. A la grâce, il ajoute la nécessité de bénéfices qui proviennent de l'office sacramentel de l'Eglise. A la foi, il a ajouté la nécessité des bonnes actions pour le salut. A la célébration de Dieu, il a ajouté la vénération d'une foule d'autres figures qui détournent du culte au seul vrai Dieu. (...) Aucun changement de fond n'est intervenu (depuis le concile de Trente).»

Christ seul!

Alarmés par la dérive des milieux évangéliques, 120 pasteurs, théologiens et éducateurs se sont réunis en avril 1996, pour appeler les églises à se repentir de leur mondanité, et à recouvrer les doctrines bibliques, apostoliques, qui seules peuvent donner intégrité et puissance au témoignage chrétien. De leur consultation est sortie la «Déclaration de Cambridge», dont une version française a été publiée dans la Revue Réformée (Aix-en-Provence). Cette Déclaration, à laquelle nous aurons l'occasion de revenir dans la suite de nos articles, commente et soutient les cinq «soli» des Réformateurs, avant d'appeler les églises évangéliques à la repentance et à une nouvelle réforme. Voici ce qu'elle dit au sujet de la deuxième formule: «Solus Christus»:

«Nous réaffirmons que notre salut est accompli par l'œuvre médiatrice du Christ historique seul. Sa vie sans péché et son oeuvre expiatoire seules suffisent pour notre justification et notre réconciliation avec le Père.» «Là où l'œuvre du Christ comme substitut n'est pas déclarée, et où la foi en Christ et son oeuvre n'est pas sollicitée, nous nions que l'Evangile ait été prêché»(Here We Stand, Baker Books, Grand Rapids, Mich., 1996, p. 16).

Commentant ces affirmations, l'un des participants à la consultation a dit:

«La formule «solus Christus» signifie que Jésus a tout accompli, de sorte qu'aucun mérite de la part de l'homme, aucun mérite des saints, aucune oeuvre que nous aurions accomplie ici ou au purgatoire, ne peut ajouter quoi que ce soit à cette oeuvre salvatrice achevée. En fait, toute tentative d'ajouter (à l'œuvre de Jésus) est une perversion de l'évangile... voire, n'est pas l'évangile du tout!»
«Proclamer Christ seul, c'est le proclamer comme Prophète, Sacrificateur et Roi qui seul suffit au chrétien. Nous n'avons pas besoin d'autres prophètes pour révéler la parole et la volonté de Dieu (Sans doute dans le sens de transmettre les révélations constitutives de la "foi transmise une fois pour toutes" Jude 3). Jésus a dit dans la Bible tout ce qu'il nous faut entendre. Nous n'avons pas besoin d'autres prêtres ou sacrificateurs comme médiateurs du salut et des bénédictions divines; Jésus est notre seul et unique Médiateur. Nous n'avons pas besoin d'autres rois ou gourous pour contrôler la pensée et la vie des croyants; Jésus seul est le Roi du croyant individuel et de l'Eglise. Jésus est tout pour nous!»

Un autre participant a ajouté:

«Si nous représentons le Christ principalement comme Thérapeute Divin, Guide, Ami, Héros, Source de Puissance, Réformateur Politique, Guérisseur, ou quelque autre titre à la place de Médiateur entre Dieu et les méchants, nous lui enlevons le rôle central de sa personne, et nous sapons l'essentiel de sa mission et de son oeuvre» (1 Cor 1.22; 2.2).

Le Christ unique, incomparable

Le titre «Christ» (Christos en grec) correspond au Messie de l'AT (machiah en hébreu), et signifie «l'Oint». Il est intéressant de constater qu'on pratiquait l'onction avec une huile spéciale (Ex 30.22-33), parfois pour la consécration d'un prophète, toujours pour celle d'un prêtre ou d'un roi. Un homme n'était pas autorisé à cumuler ces offices.

  1. Le prophète, agent de la révélation, porte-parole chargé de transmettre les messages de Dieu à l'homme, avait pour exemple Elie (1 Rois 19.16).
  2. Le souverain sacrificateur (ou prêtre), médiateur qui représentait le peuple coupable devant Dieu, avait pour exemple Aaron (Ex 29.4-7; Lév 8.12).
  3. Le roi, revêtu d'autorité, chargé de régner, avait pour premier exemple Saül (1 Sam 10.1; 24.7-11).

Au travers d'une cérémonie solennelle, Dieu, l'initiateur, indiquait son choix souverain, mettait l'oint à part pour lui en vue d'une tâche déterminée par lui, le plaçait sous sa protection et le chargeait d'accomplir fidèlement son service. Toutefois, ces offices ne pouvaient être que provisoires, car leur accomplissement laissait toujours à désirer. C'est pourquoi l'A.T. annonce l'avènement de Celui qui est promis par Dieu, Fils (Ps 2.7) et Serviteur (Es 42.1) et qui – fait absolument unique – cumulera les trois fonctions en une seule Personne: Prophète (Deut 18.15,18-19; Es 61.1-2), Souverain Sacrificateur (Es 53), et Roi (Ps 2; Jér 23.5-6; etc.). Certains textes réunissent les offices de Sacrificateur et Roi (Ps 110.1,4; Zach 6.12-13). Le dénouement vient en la personne de Jésus-Christ, «que les deux Testaments regardent: l'Ancien comme son attente, le Nouveau comme son accomplissement, tous deux comme leur centre» (Pascal). Oint par l'Esprit Saint, Jésus-Christ, Fils unique du Dieu unique, incarné, entre dans notre temps et notre espace pour remplir complètement et parfaitement les trois offices:

  1. Prophète (Luc 4.18-19; Jean 4.25-26; Héb 1.1-4.13). Avec Simon Pierre, nous croyons qu'il a les paroles de la vie éternelle (Jean 6.68- 69), car «jamais homme n'a parlé comme parle cet homme» (7.46). Il dit ce qu'il a vu chez son Père (8.38a), et nous sommes responsables de la manière dont nous écoutons ses paroles (12.47-48). Le ciel et la terre passeront, mais ses paroles ne passeront point (Mat 24.35).
  2. Souverain Sacrificateur (Héb 3.3; 4.14-10.25; etc.). Jésus seul s'est offert lui-même, volontairement, une fois pour toutes, en sacrifice parfait pour les péchés du peuple (7.27); il est toujours vivant pour intercéder en faveur de ceux qui s'approchent de Dieu par lui, et les sauver parfaitement (25); il est capable de compatir à nos faiblesses, ayant été tenté comme nous à tous égards, sans commettre de péché (4.15).
  3. Roi (Mat 2.2; Marc 15.2; Luc 1.31- 33; etc. jusqu'à l'Apoc 11.15 et 19.16). Car «Dieu l'a souverainement élevé et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu'au nom de Jésus tout genou fléchisse dans les cieux, sur la terre et sous la terre, et que toute langue confesse que Jésus-Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père» (Phi12.9-11).

Le mot de la fin

Accepter la formule Sola Scriptum, c'est découvrir que le salut en Jésus Christ est le message qui traverse l'Ecriture de la Genèse jusqu'à l'Apocalypse; c'est donc nous laisser conduire au Christ seul, Christus solus, et faire nôtre la priorité de l'Apôtre Paul: «Je n'ai pas jugé bon de savoir autre chose parmi vous, sinon Jésus-Christ, et Jésus-Christ crucifié» (1 Cor 2.2).

F.H.


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