La vraie spiritualité
13. Des relations nouvelles dans l'Eglise
Francis A. Schaeffer
Editions La Maison de la Bible
Pour conclure notre étude de la vraie spiritualité, considérons la question de nos difficultés relationnelles dans le cadre plus particulier de l'Eglise du Seigneur Jésus-Christ.
Il est devenu courant, en théologie, de parler uniquement de la résurrection comme si le corps ressuscité du Christ, "son corps", était l'Eglise. Ceci est dangereux et source de confusion. La Bible affirme plutôt que Jésus est physiquement ressuscité des morts.
Cependant, n'oublions jamais non plus que, dans la Parole de Dieu, l'Eglise est effectivement appelée le corps de Jésus-Christ. Veillons donc, tout en rejetant l'erreur de ces théologiens, à garder cette vérité en mémoire. "Car, comme nous avons plusieurs membres dans un seul corps, et que tous les membres n'ont pas la même fonction, ainsi, nous qui sommes plusieurs, nous formons un seul corps en Christ, et nous sommes tous membres les uns des autres." (Romains 12:4-5) Nous formons un corps en Christ. "Car, comme le corps est un et a plusieurs membres, et comme tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu'un seul corps, - ainsi en est-il de Christ. Nous avons tous, en effet, été baptisés dans un seul Esprit, pour former un seul corps, soit Juifs, soit Grecs, soit esclaves, soit libres, et nous avons tous été abreuvés d'un seul Esprit. Ainsi le corps n'est pas un seul membre, mais il est formé de plusieurs membres." (1 Corinthiens 12:12-14)
Jésus-Christ est corporellement ressuscité des morts, et l'Eglise telle que nous la voyons maintenant est bien née à la Pentecôte. Elle constitue son corps d'une manière tout à fait particulière. En tant que telle, l'Eglise devrait rendre manifeste Christ au monde, jusqu'à son retour. Tout comme notre corps permet de communiquer avec le monde extérieur, de même l'Eglise, qui est son Corps, se doit d'être le moyen par lequel Christ communique avec le monde extérieur. Nos pensées se forment et puis nous les extériorisons. Notre corps sert d'instrument de liaison avec le monde extérieur; par lui, nous pouvons influer sur notre environnement. De même, l'Eglise, en tant qu'elle est le corps de Jésus-Christ est appelée à être l'instrument qui manifeste sa présence et son action dans ce monde, jusqu'à son retour.
Depuis la Chute, l'humanité est divisée en deux camps. Il y a le camp de ceux qui sont encore en révolte contre Dieu et le camp de ceux qui, par sa grâce, sont revenus à lui en vertu de l'œuvre de Christ à la croix. L'Eglise devrait montrer la réalité de cette distinction, en être la preuve vivante, à chaque génération. Aucune génération ne devrait pouvoir dire que rien ici-bas ne témoigne de la restauration substantielle des relations humaines. Chaque génération devrait pouvoir trouver en l'Eglise de son temps une expression de la restauration surnaturelle des relations de l'individu avec Dieu, ensuite avec lui-même et, enfin, avec son frère au sein de l'Eglise.
Le mot grec pour Eglise, ecclesia, signifie tout simplement "appelé hors de", appelé hors d'une humanité perdue. Telle est la vocation de l'Eglise de Jésus-Christ. De nos jours, où qu'il se tourne, vers l'art, la musique, la philosophie ou le théâtre, l'homme aboutit à la conclusion qu'il est moins que ce qu'il sait devoir être. Ce problème n'est, certes, pas nouveau. Depuis la Chute, c'est le lot de l'homme révolté contre Dieu. L'Eglise est donc appelée hors de cette humanité perdue pour représenter, aux yeux de celle-ci, la vraie humanité.
L'essentiel n'est pas l'unité de structure, bien que celle-ci ait sa place. Le corps humain est dirigé par la tête. Les mains n'ont pas de relation directe entre elles. Si elles coopèrent, c'est parce que chacune d'elles, chaque articulation, chaque doigt, est sous un contrôle unique: celui de la tête. Si la relation est bloquée entre la tête et le corps, celui-ci connaîtra des mouvements spasmodiques; les doigts, par exemple, ne pourront jamais se rencontrer et tout mouvement coordonné deviendra impossible.
Il en est de même dans l'Eglise de Jésus-Christ. Sa véritable unité n'est pas avant tout une unité de structure, ni une unité entre les diverses parties du corps; son unité découle de ce que chaque partie se trouve sous le contrôle de la tête, et peut ainsi coopérer avec les autres parties du corps. Fondamentalement l'unité de l'Eglise réside dans l'action de sa tête, qui contrôle chacune des parties qui la composent. Si les individus ou les communautés chrétiennes ne se placent pas sous l'autorité de la tête, l'Eglise de Jésus-Christ fonctionnera comme deux mains incapables de mouvements coordonnés; l'unité de l'ensemble sera brisée, et son action sera spasmodique, et désarticulée. Ceci est vrai de l'Eglise du Seigneur Jésus-Christ en général, mais aussi de n'importe quel groupe de chrétiens. Quel que soit le groupe concerné - Eglise locale, école dite chrétienne, mission, ou autre - plus il y a de chrétiens en son sein qui négligent la direction du Saint-Esprit et l'autorité de Christ, plus ce groupe souffrira de "disfonctionnement".
Souvenez-vous de l'exemple des "deux chaises". Si en tant qu'individu, je vis dans le monde surnaturel, il y aura à chaque instant des résultats probants dans ma vie personnelle. De même, si l'ensemble du corps vit à la lumière des réalités surnaturelles, il y aura des résultats et un témoignage collectif concrets. Ce n'est pas seulement l'individu, c'est l'ensemble du groupe qui devrait, d'un commun accord, choisir de vivre, à chaque instant, dans la réalité du monde surnaturel. Un témoignage sera alors rendu, et les résultats suivront.
Les chrétiens engagés dans le même travail ont une vocation très particulière, une communion spéciale qui n'est pas simplement abstraite ou structurelle. Ici-bas, cette communion ne sera jamais totale, car la Bible ne nous promet pas la perfection sur cette terre; mais sur la base de l'œuvre parfaite de Christ, les relations entre les chrétiens peuvent être restaurées de manière substantielle. Cette pensée nous conduit immédiatement à quelques considérations pratiques. Premièrement, puisqu'elle manifeste à chaque génération qui est Dieu et quels sont ses attributs, l'Eglise se doit d'accentuer le caractère objectif de son message. Dieu a une identité propre. Notre Dieu n'est pas "le Dieu inconnu" au sens que lui prête Tillich. Cette nature divine, l'Eglise est appelée à la faire connaître; elle doit pour cela assumer la fonction qui est la sienne. Cette fonction comporte, d'abord, une attention particulière accordée à la doctrine, car le corps pourrait sans cela proférer des mensonges au sujet de la tête.
Ce contenu objectif règle aussi bien la vie personnelle que la vie collective. Loin d'être arbitraire, il prend sa source dans l'existence de Dieu et dans sa nature, que Dieu nous a révélées dans la Bible. L'Eglise n'est pas un corps qui invente des idées, elle est une affirmation visible de ce que Dieu a dit de lui-même dans l'Ecriture. C'est donc Dieu lui-même qui détermine son profil et son rôle. L'Eglise devrait être une vivante représentation de l'humanité surnaturellement renouvelée. La nécessité d'une organisation appropriée, qui permette de distinguer les membres de l'Eglise des gens du monde, est donc évidente.
Beaucoup insistent sur le fait qu'un chrétien ne doit pas épouser une personne incroyante; et pourtant ils acceptent de fréquenter une Eglise dont de nombreux membres, y compris les principaux responsables, rejettent ouvertement le Dieu de la Bible. Essayer dans de telles conditions de vivre un amour et une communication qui soient agréables à Dieu, revient à tenter de vivre avec le mari ou la femme d'autrui une relation sexuelle qui plaise à Dieu! Les fondements doctrinaux de l'Eglise sont prioritaires, sinon celle-ci perd toute crédibilité. Le principe biblique de la pureté de l'Eglise visible ne conduira pas forcément tous les chrétiens à en faire la même application au même moment, mais si ce principe est rejeté, la structure de l'Eglise proprement dite s'écroule; cela reviendrait à enlever au mariage le caractère institutionnel que la Bible et les commandements de Christ lui confèrent. Respectons donc les fondements propres à l'Eglise, dans le domaine doctrinal comme dans la vie pratique.
Cependant, si le côté formel a sa place et son importance dans l'Eglise, il n'est pas tout. Par le moyen des relations qui la caractérisent, l'Eglise doit faire connaître, en paroles et en actes, la personne de Dieu et sa nature. Dans notre finitude, nous ne pouvons pas manifester le caractère infini de Dieu, mais puisque nous avons été créés à son image, nous sommes appelés à montrer individuellement et collectivement que Dieu est personnel. Comme chrétiens, nous en avons la capacité aussi bien que la vocation. Certes, il faut nous dire et nous répéter que notre témoignage ne sera jamais parfait à cause de la Chute; il peut néanmoins être authentique, et devrait l'être. Cette manifestation répond très certainement à la vocation première de l'Eglise en tant que corps de Christ.
Les préoccupations de fond - la lutte contre la fausse doctrine et le péché - ne cesseront jamais dans cette vie. Mais les questions de principe dans l'Eglise, aussi importantes soient-elles, devraient être comprises comme le prélude à l'instauration d'une relation personnelle vivante, d'abord entre la communauté et Dieu, puis entre les membres de l'Eglise. Glorifier Dieu, trouver son bonheur en lui, le faire connaître aux autres, ne se fait ni de façon mécanique, ni par l'observation formelle de règles, mais par un engagement personnel. Si l'Eglise de Christ n'offre pas ce genre de témoignage personnel, elle obscurcit l'image de Dieu et n'est pas à la hauteur de son ministère. L'Eglise devrait offrir au monde l'exemple de relations humaines personnelles restaurées.
L'Eglise a toujours trouvé le discours approprié pour accentuer ces réalités. Nous parlons de liens fraternels entre croyants. Comme nous l'avons déjà dit, le fait d'accepter Christ comme notre Sauveur nous ouvre de nouvelles relations avec les autres chrétiens. A la nouvelle naissance j'entre dans une nouvelle relation avec chacune des trois personnes de la Trinité et je deviens le frère de tous les autres chrétiens, de tous ceux qui sont en Christ et font partie de la famille de Dieu. Dieu a voulu que cette fraternité soit authentique et par conséquent incarnée. Nous, chrétiens orthodoxes, rejetons la forte tendance actuelle à éliminer toute distinction entre sauvés et réprouvés. Le théologien libéral supprime délibérément cette différence. Mais malheur à toute Eglise de Christ qui maintient avec vigueur cette distinction, sans manifester par ailleurs le moindre signe de fraternité. La confession de foi, le Symbole des Apôtres, déclare: "Je crois la communion des saints". Nous affirmons cela avec autant de conviction que les autres points du Crédo. Cette parole devrait être plus qu'une simple formule théologique et pourtant, notre communion représente peu de chose, elle est en réalité insignifiante! Il ne suffit pas d'en admettre l'existence et de savoir qu'elle englobe, au travers de l'espace et du temps, tous les croyants. L'union mystique des saints existe bel et bien, mais la communion des saints doit s'incarner et se voir.
Que devrait donc être l'Eglise? L'Eglise devrait de manière consciente - j'insiste particulièrement sur ce point - être telle qu'elle encourage ses membres à développer la vraie spiritualité que nous avons présentée tout au long de ce livre. Elle devrait les encourager à connaître ici-bas la libération de l'esclavage du péché et de ses conséquences. Elle devrait favoriser la guérison des blessures intérieures de ceux qui sont en conflit avec eux-mêmes ou avec les autres, et, par conséquent, le rétablissement des relations, notamment celles qu'ils ont avec les chrétiens.
Une église fidèle mais incapable de susciter un milieu favorable au développement de ce rétablissement n'est pas à la hauteur de sa vocation. L'orthodoxie doctrinale est censée aller de pair avec la vie communautaire. L'Eglise devrait, d'abord, exposer la vérité, puis enseigner l'art de manifester concrètement dans la pratique l'existence de Dieu et les attributs divins, tels que la sainteté et l'amour. A cet égard, un enseignement purement verbal ne suffit pas; l'Eglise en tant que corps constitué y joindra une expression pratique. La foi s'enseigne-t-elle? A cette question maintes fois posée, je réponds toujours: oui, la foi s'enseigne, mais seulement lorsqu'elle s'incarne au cœur de la vie. On ne peut enseigner la foi en restant dans l'abstrait. Pour acquérir la foi, il faut une démonstration de foi. Chaque groupement gérera ses finances ou ses autres affaires en fonction de la vocation particulière qu'il a reçue de Dieu; cependant une même règle s'applique à tous: si l'exemple donné n'est pas un vivant enseignement de foi, il sera destructeur. Il peut y avoir diverses vocations, mais il n'existe point d'appel à détruire l'enseignement de la foi. L'Eglise ou communauté chrétienne qui ne vit pas cette unité de la foi ne sera jamais une école de foi. La seule façon d'être cette école, c'est de vivre consciemment par la foi.
L'Eglise, ou la communauté chrétienne, enseigne aussi la signification de l'œuvre de Christ pour le temps présent. La communauté tout entière, en tant que corps, doit, ensuite, vivre de manière consciente selon cet enseignement. C'est une erreur de croire que la vie chrétienne collective découlera automatiquement de la seule fidélité doctrinale. Il n'en sera jamais ainsi. Entre Dieu et nous, il n'y a pas d'automatismes. Toute communauté chrétienne doit choisir consciemment de marcher, à chaque instant, par la foi (sur la base de l'œuvre que Christ a accompli, à la croix, par la puissance du Saint-Esprit). Il ne suffit pas que le groupe appelle chacun de ses membres à vivre ainsi, le groupe lui-même, collectivement, doit répondre à cet appel. Il est fatal de se reposer sur des décisions de principe antérieures, aussi justes qu'elles aient été. Il faut un choix présent, renouvelé à chaque instant, et conscient en vue d'une action fondée sur l'œuvre rédemptrice de Christ.
Chaque communauté chrétienne a également la mission d'enseigner à ses membres la responsabilité qui leur incombe de montrer que Dieu existe et qu'il est un Dieu personnel; puis elle a collectivement à mettre en pratique cet enseignement. Cela lui en coûtera, car les méthodes employées devront être choisies avec grand soin et dans la prière; les "résultats" obtenus ne seront plus le seul critère. Par le choix de ses méthodes de travail et d'action, l'Eglise rendra manifeste l'existence de Dieu.
L'Eglise tout entière, en tant que corps constitué, montrera également en paroles et en actes qu'elle prend au sérieux aussi bien la sainteté et l'amour, que l'amour et la communication. Et la seule façon de le montrer est de pratiquer de manière consciente cette sainteté et cet amour, cet amour et cette communication, envers les chrétiens de la communauté comme envers les chrétiens d'autres milieux.
En un mot, si l'Eglise ou la communauté chrétienne en tant que corps ne recherche pas, de manière consciente, la libération de l'esclavage du péché et de ses conséquences, sur la base de l'œuvre parfaite de Christ, par la puissance de l'Esprit et au moyen de la foi, comment peut-elle enseigner ces choses avec honnêteté? Surtout, comment saurait-elle les inculquer par l'exemple? Et si l'Eglise, le groupe, la mission, ou autre collectivité chrétienne ne se soucie pas de fonctionner comme un corps, ni dans ses relations internes en tant que famille de frères et sœurs en Christ, ni dans ses relations avec les personnes extérieures à la communauté, comment peut-on s'attendre à voir le chrétien individuel prendre ces choses au sérieux dans sa vie personnelle, notamment dans ses relations conjugales, familiales et professionnelles?
Les méthodes employées par l'Eglise ou la communauté chrétienne sont aussi importantes que son message. Elles doivent manifester un désir conscient de tenir compte de la réalité du surnaturel. Tout signe de manque de foi est une faute, ou peut-être même un péché collectif. Les théologiens libéraux balayent le surnaturel de leur enseignement, mais le manque de foi des chrétiens "évangéliques" peut en faire tout autant dans la pratique. Si, à notre réveil, demain matin, nous découvrions que tous les passages bibliques concernant la prière et le Saint-Esprit avaient été supprimés (non pas comme un libéral le ferait, par le biais de fausses interprétations, mais véritablement ôtés), quelle différence cela ferait-il dans la vie pratique de nos Eglises par rapport à aujourd'hui? Il est tout simplement tragique de constater que, dans la majeure partie de l'Eglise du Seigneur Jésus-Christ (l'Eglise biblique), cette suppression ne ferait absolument aucune différence. L'Eglise vit comme si le surnaturel n'existait pas!
Si l'Eglise ne met pas en pratique le surnaturel au sein de la génération présente, qui le fera? L'œuvre de Dieu fidèlement accomplie n'est pas une simple question de message, mais aussi de méthode. Il lui faut un élément que le monde ne peut expliquer par ses procédés ou par la psychologie appliquée. Je ne pense absolument pas, ici, à des manifestations extérieures et extraordinaires du Saint-Esprit, mais à la promesse universelle faite à l'Eglise à propos de l'action normale du Saint-Esprit.
Voici trois promesses universelles faites à l'Eglise au sujet du Saint-Esprit. Premièrement: "Mais vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu'aux extrémités de la terre." (Actes 1:8) L'Eglise n'a pas été appelée à témoigner par sa propre puissance; elle a reçu la promesse universelle qu'avec la venue du Saint-Esprit, la puissance lui serait donnée.
La seconde promesse universelle est celle des fruits de l'Esprit: "Mais le fruit de l'Esprit, c'est l'amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la foi, la douceur, la maîtrise de soi; la loi n'est pas contre ces choses. Ceux qui sont à Jésus-Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Si nous vivons par l'Esprit, marchons aussi selon l'Esprit." (Galates 5:22-25) Si nous avons accepté Christ comme notre Sauveur, nous vivons par l'Esprit; mais n'oublions pas de marcher aussi par l'Esprit. Ces fruits de l'Esprit n'ont rien d'exceptionnel, ils font l'objet d'une promesse universelle faite à l'Eglise.
Quant à la troisième promesse universelle, elle assure l'Eglise que le Christ ressuscité et glorifié sera avec elle en la personne du Saint-Esprit: "Et moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur, afin qu'il demeure éternellement avec vous, l'Esprit de vérité, que le monde ne peut recevoir, parce qu'il ne le voit point et ne le connaît point; mais vous, vous le connaissez, car il demeure avec vous; et il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous." (Jean 14:16-18)
"Je ne vous laisserai pas orphelins, je viendrai à vous". La promesse donnée par le Christ crucifié, ressuscité, élevé au ciel et glorifié est qu'entre le moment de son ascension et celui de son retour, il sera avec son Eglise en la personne du Saint-Esprit habitant en elle. Telles sont les promesses universelles faites à l'Eglise.
Voilà ce que le monde est appelé à entrevoir lorsqu'il regarde l'Eglise - quelque chose d'absolument inexplicable. L'Eglise devrait rechercher la réalité pratique de ces choses, et ne pas se contenter de les approuver intellectuellement. Il y a une grande différence entre l'Eglise de Christ bâtie par les hommes, même convertis, et l'Eglise que Christ bâtit lui-même par le moyen d'hommes convertis et consacrés.
Il importe de ne pas entraver la direction du Saint-Esprit tant sur le plan individuel que collectif dans les questions d'organisations et de finances. Il ne sert à rien de discuter de ces questions s'ils ne sont pas ramenés au niveau où se situent réellement les combats. N'excluons pas la foi et ne démentons pas le surnaturel dans les questions pratiques et financières de l'Eglise, faute de quoi elles masqueraient la démonstration de la réalité de l'existence de Dieu. L'histoire de l'Eglise montre que ce danger surgit toujours en période critique. Dans ces moments-là, nous cessons de faire preuve de foi, et faisons peu de cas de la direction divine dans les questions financières ou autres. Il se trouve toujours une bonne raison, semble-t-il, pour étendre la main "pour retenir l'arche de Dieu". Lorsque Uzza a étendu sa main vers l'arche de Dieu, il pensait avoir une bonne raison pour désobéir à l'ordre de Dieu (2 Samuel 6:6-7). A ce moment-là, il ne comptait plus sur Dieu pour retenir l'arche. Ne risquait-elle pas de tomber? N'y aurait-il pas atteinte à l'œuvre et à la gloire de Dieu? Ces pensées dangereuses surgissent souvent face aux problèmes d'organisation ou de finances, lorsque la gloire de Dieu semble momentanément menacée.
Le surnaturel doit être une réalité de tous les instants, pour le groupe comme pour l'individu. C'est là ce qui importe vraiment. Tout le reste est secondaire en comparaison. Il n'y a pas de structure organisée ni de méthode de financement qui puisse produire cette réalité automatiquement dans le présent ou l'avenir. Le point crucial réside dans l'état d'esprit - dans une spiritualité qui s'incarne dans la réalité et non pas dans les méthodes mises en concurrence.
Nous avons tendance à penser que Christ construit l'Eglise invisible, et que nous, nous construisons l'Eglise visible. Nous sommes enclins à ce genre de dichotomie. Aussi notre construction de l'Eglise visible ressemble-t-elle beaucoup à n'importe quelle autre affaire humaine; nous travaillons avec des moyens ordinaires pour des motifs ordinaires. Bien souvent, lorsque nous nous occupons de l'œuvre du Seigneur Jésus-Christ, nous commençons par une rapide prière et terminons de même, alors que la moitié des participants sont déjà partis. Hélas, le déroulement des opérations entre ces deux prières n'est pas bien différent de la gestion d'une quelconque entreprise bien organisée.
Nous devrions, au contraire, regarder constamment au Seigneur et toujours attendre, dans la prière, à chaque instant, sa direction. C'est une toute autre manière d'envisager les choses. Tant que le Seigneur ne sera pas revenu, nous n'y parviendrons jamais pleinement, car nous serons toujours imparfaits dans ce monde déchu. Mais l'Eglise du Seigneur Jésus-Christ devrait vivre, en permanence, en intégrant le surnaturel. C'est alors qu'elle vit véritablement par la foi. C'est alors que l'Eglise se soumet, dans la pratique, à l'autorité de Christ, au lieu de le reléguer dans quelque sphère lointaine où il bâtirait l'Eglise invisible, tandis que nous, nous bâtirions ce qui est à notre portée par notre propre pouvoir et notre propre sagesse. L'Eglise est engagée dans une bataille surnaturelle qui a une dimension céleste, et non dans un simple combat terrestre. Sa lutte s'élève, au delà des conflits avec les hommes et les autres organisations, au niveau d'une guerre totale, engagée jusque dans la partie invisible de la réalité. C'est alors que l'Eglise est véritablement l'Eglise. Elle est moins que l'Eglise si elle est défaillante à cet égard. Selon les normes objectives de la Parole de Dieu, et avec la présence en nous de l'Esprit Saint, nous avons à nous abandonner à Christ dans ces domaines.
La prière devient, alors, bien plus qu'un simple acte de dévotion religieux et abstrait. Elle est un lieu où l'Eglise est l'Eglise, et où Christ est au milieu d'elle de façon particulière, précise et réelle. L'organisation n'est pas mauvaise en soi, j'insiste sur ce point. Elle est clairement requise dans la Parole de Dieu, et elle est nécessaire dans un monde déchu. Mais l'organisation devient mauvaise lorsqu'elle gêne la relation consciente de l'Eglise avec Christ. Une organisation simple est donc préférable, même s'il est très facile de se fixer sur cette simplicité et d'en oublier la raison: laisser Christ être réellement la tête de son Eglise.
Dans un monde déchu, l'autorité spirituelle est tout aussi nécessaire que l'organisation. Mais ceux qui ont une charge dans l'Eglise de Jésus-Christ, tout en étant les conducteurs du peuple de Dieu, sont aussi des frères et sœurs en Christ. Comme l'Eglise tout entière, il importe qu'ils agissent dans la conscience que tous les chrétiens sont égaux, puisque tous ont été créés à l'image de Dieu et que tous sont au même titre des pécheurs rachetés par le sang de l'Agneau. Ainsi, lorsqu'on croit au sacerdoce de tous les croyants, au rétablissement surnaturel des relations entre frères et sœurs en Christ et à la présence du Saint-Esprit en chaque chrétien, l'organisation et l'autorité au sein de l'Eglise ne s'opposent pas à la vraie spiritualité.
Une fois que l'Eglise en est là, la question de la loyauté peut être évoquée. Dans l'Eglise de Jésus-Christ, la loyauté doit se manifester dans plusieurs domaines, selon un ordre de priorité bien précis. L'inversion de cet ordre entraîne la destruction de l'Eglise. La toute première loyauté est due à Dieu en tant que tel, à un niveau individuel. Cette loyauté personnelle au Dieu vivant est la première et la plus importante de toutes. Je ressens cela si fortement que je ne mets qu'au second rang la fidélité envers les principes du christianisme révélé. Non pas que je veuille séparer ces principes du Dieu personnel, mais c'est bien parce qu'ils tirent leur autorité du fait qu'ils procèdent de lui.
La troisième loyauté est la loyauté envers les organisations, requise non pas parce qu'elles portent le nom d"'Eglises" ou qu'elles ont un passé historique de plusieurs centaines ou milliers d'années, mais seulement dans la mesure où ces organisations sont fidèles à la Parole de Dieu. Après cela, en quatrième position, vient la loyauté envers nos conducteurs, loyauté que nous mettons souvent en première position. Cet ordre est à respecter si nous ne voulons pas faire oeuvre de destruction totale. Si la loyauté envers nos conducteurs prime, nous aurons tendance à nous montrer fidèles, non pas même à notre propre organisation (ce qui serait déjà limité en soi), mais à notre propre petit parti au sein de cette organisation. Si, au contraire, notre premier souci est d'être fidèle au Dieu personnel, s'il est notre "premier amour", nous serons enclins à aimer de façon pratique tous ceux qui appartiennent à Christ.
Répétons-le une fois de plus, le but à atteindre lorsque nous travaillons en vue de la fidélité de l'Eglise visible, c'est que l'amour marque nos relations, avec Dieu premièrement, puis avec nos frères. N'oublions jamais que le but suprême n'est pas de savoir "contre" quoi nous sommes, mais "pour" quoi nous sommes.
Mettons maintenant tout cela à notre propre niveau. Aimer l'Eglise dans son ensemble n'est pas l'aimer de façon impersonnelle, à la manière de l'humaniste qui aime l'Homme mais ne se soucie guère de l'individu. De nature "finie", nous ne pouvons connaître l'ensemble de l'Eglise actuellement sur la terre, sans parler de l'Eglise universelle à travers le temps et l'espace. Quelle est donc la signification pratique de l'expression "aimer l'Eglise de Jésus-Christ"? Le Nouveau Testament invite clairement les chrétiens à se réunir dans des rassemblements et des groupements locaux. Dans ces Eglises et communautés locales, l'Eglise universelle est, pour ainsi dire, réduite à notre taille.
La connaissance de l'autre, l'amour et la communication peuvent se situer sur un plan personnel.
Dieu nous donne l'ordre de nous réunir les uns avec les autres jusqu'au retour du Seigneur Jésus (Hébreux 10:25), et non seulement cela, mais aussi de nous aider mutuellement (v.24). La foi chrétienne est, certes, quelque chose d'individuel, mais pas uniquement. Il doit y avoir aussi une véritable communion, une véritable entraide spirituelle et matérielle. Dans l'Eglise du Nouveau Testament, l'amour et l'esprit communautaire prenaient en charge sous la conduite du Saint-Esprit, tous les besoins de la vie, y compris les besoins matériels. Dans l'Eglise locale, les chrétiens sont appelés à vivre en contact étroit les uns avec les autres. C'est à quoi les hommes regardent; et non seulement les hommes, mais aussi Dieu, les anges et les démons dans le monde invisible. Beaucoup d'enfants de chrétiens se sont éloignés de la vérité pour avoir cherché en vain amour et communication authentiques dans le corps où ils auraient dû pouvoir les percevoir, l'assemblée locale, "l'Eglise réduite à taille humaine". La Bible n'émet pas de règle quant à la dimension de l'Eglise locale; l'important est qu'elle offre une possibilité de vie commune et un échange de véritables relations humaines.
Cet aspect est important pour l'homme moderne qui a perdu son humanité. Le problème de l'homme moderne n'est pas la conquête des étoiles, mais bien la perte de son humanité. La vocation de l'Eglise est d'offrir à nos contemporains le spectacle d'une vie communautaire entre humains véritables, dans un groupe suffisamment restreint pour que cela soit perceptible. Il y a certainement un risque à faire sortir sa famille de son cercle social stérilisé. On court le danger de voir le petit monde stratifié de nos pensées contesté et nos relations sociales remises en question. Mais n'est-ce pas justement là le sens de la communion des saints? Il ne s'agit ni d'un simple rassemblement d'étrangers sous le même toit, ni d'un emplacement où se cultive un étroit esprit de clocher, mais d'un lieu où toutes les vraies valeurs sont mises en commun afin de devenir le bien commun du groupe et de ses membres. C'est en ouvrant la porte toute grande aux intellectuels, aux ouvriers et aux nouveaux païens qu'on pourra vraiment changer l'aspect "bourgeois" que revêtent toutes nos Eglises et qui inquiète nos conducteurs spirituels. Nos habitudes risquent d'être bousculées, mais si nous nous en tenons à l'Ecriture et si nous nous laissons guider par le Saint-Esprit, il y a aussi une promesse de gloire.
La beauté, autant que la rectitude doctrinale, devrait caractériser l'Eglise locale ou la communauté chrétienne. Le groupe local devrait offrir l'exemple de relations humaines surnaturelles substantiellement restaurées dans la vie présente.
Les Eglises primitives en ont été un témoignage au niveau local. Actes 2:42-46, par exemple, nous en donne une idée: "Ils persévéraient dans l'enseignement des apôtres, dans la communion fraternelle, dans la fraction du pain, et dans les prières. La crainte s'emparait de chacun, et il se faisait beaucoup de prodiges et de miracles par les apôtres. Tous ceux qui croyaient étaient dans le même lieu, et ils avaient tout en commun. Ils vendaient leurs propriétés et leurs biens, et ils en partageaient le produit entre tous, selon les besoins de chacun. Ils étaient chaque jour tous ensemble assidus au temple, ils rompaient le pain dans les maisons, et prenaient leur nourriture avec joie et simplicité de cœur."
L'institution des diacres dans l'Eglise primitive en est une autre illustration. Ces hommes servaient aux tables, dans leur communauté locale. Leur service n'était pas théorique, de pur principe: ils servaient des individus en un lieu précis dans l'espace et dans le temps (Actes 6:1-5). L'institution de ces diacres a résolu un problème: les veuves chrétiennes de langue grecque, à cause de la barrière linguistique, étaient négligées dans l'aide matérielle. Cette situation bien réelle a aussi été résolue de manière concrète, et non par une simple idée; des hommes en chair et en os se sont mis à servir aux tables de façon bien tangibles. Sur ce point, combien d'Eglises locales, bibliquement orthodoxes, sont mortes, témoignant de bien peu d'amour et de communion: orthodoxie, certes, mais hideuse et sans vie! Ne pas concrétiser notre foi dans la vie de l'assemblée locale, c'est la renier jusqu'à ses racines, car c'est renier, en fait, le caractère personnel de Dieu. Au plan local, l'intérêt pour les personnes en tant que telles doit être manifeste, et non pas seulement en raison de leur qualité de membres de l'Eglise, assistant au culte ou donateurs, et ceci parce que nous croyons en un univers personnel, qui procède d'un Dieu personnel.
Dans l'Eglise locale, l'amour et la communion, au lieu d'être simplement réciproques comme dans la relation conjugale, peuvent se diversifier de façon multiple et merveilleuse. Dans l'Ancien Testament, toute la vie et la culture du peuple de Dieu se fondaient sur sa relation avec Dieu d'abord, puis sur les rapports des uns avec les autres. Il ne s'agissait pas simplement d'une religion, mais de toute une culture. Le Nouveau Testament ne considère plus le peuple de Dieu comme une nation, mais il persiste à souligner cette diversité vitale dans l'amour et la communion qui s'applique à l'ensemble de la culture et de la vie, excluant ainsi toute dichotomie platonicienne entre le "spirituel" et le reste. En effet, nous lisons en Actes 4:31-32: "Quand ils eurent prié, le lieu où ils étaient assemblés trembla; ils furent tous remplis du Saint-Esprit, et ils annonçaient la parole de Dieu avec assurance. La multitude de ceux qui avaient cru n'était qu'un cœur et qu'une âme. Nul ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais tout était commun entre eux."
Dans ce passage, la Bible montre clairement que cette communauté des biens n'était pas un communisme imposé par une prescription légale ou par une pression extérieure. Pierre déclare à Ananias qui a menti au sujet de son champ: "S'il n'avait pas été vendu, ne te restait-il pas? Et, après qu'il a été vendu, le prix n'était-il pas à ta disposition?" (Actes 5:4) Le don n'est pas imposé; c'est un geste d'amour véritable, de vraie communion, d'une personne à une autre, un geste qui engage l'être tout entier, qui touche tous les aspects de l'humanité et reflète notre attachement à Dieu.
Une même action s'est reproduite dans un pays plus éloigné. Des chrétiens du monde païen ont transmis de l'argent à des chrétiens juifs par l'intermédiaire de Paul. Pourquoi? Pour partager leurs biens matériels. Cela n'a rien à voir avec la manière morte et froide dont bien des chrétiens donnent. Donner n'est pas un simple devoir, un acte froid et impersonnel; c'est un partage entre des êtres humains entièrement engagés dans leur action. Le véritable don chrétien se fait dans l'amour et la communion, dans l'interaction et l'engagement total des personnes.
Nous avons déjà vu que la vraie spiritualité revêt une signification dans tous les rapports de la vie courante: entre mari et femme, entre parents et enfants, ou entre employeur et employé. Pour que ces choses soient comprises et délibérément mises en pratique, l'Eglise doit les présenter dans son enseignement comme des aspects concrets de la sanctification. Le milieu de l'Eglise locale et de la communauté doit en favoriser le développement. Un tel progrès ne sera jamais instantané ni définitif; il s'effectuera jour après jour, comme tout ce qui se fait dans la vie. Pour cela, il faut, d'une part, que la signification présente de l'œuvre de Christ soit enseignée, puis confirmée par l'exemple, instant après instant; d'autre part, il faut que l'individu et le groupe choisissent consciemment de s'approprier ces choses.
L'Eglise a besoin de fonder sa marche sur l'œuvre rédemptrice parfaite de Christ, et non pas, dans un élan d'orgueil, sur quelque valeur personnelle propre, ou quelque supériorité présumée. Son action doit avoir pour base des relations restaurées de manière surnaturelle et manifestées comme telles, et non pas de simples dons ou talents naturels. Et si l'on oublie ou minimise ces choses sous prétexte d'appliquer des règles, sans doute justes, pratiquées dans le passé ou le présent, le groupe dans son ensemble, comme chaque individu, peut attrister le Saint-Esprit. C'est le Saint-Esprit qui opère l'unité du corps de Christ, et si le corps de Christ ne se préoccupe pas de cultiver et de consolider son unité, le Saint-Esprit est attristé.
Comme dans le mariage, tout cela est possible parce que Dieu lui-même est l'ultime point de référence. Cela permet aux membres de l'Eglise locale de ne pas trop dépendre les uns des autres. L'Eglise devrait pouvoir assumer sa vocation, sans avoir besoin d'outrepasser sa compétence. Le pasteur n'a pas à dépendre entièrement du troupeau, ni le troupeau à dépendre entièrement du pasteur. Tout doit reposer entièrement et uniquement sur celui qui est infini et personnel, et qui a le pouvoir de tout assumer parfaitement. Il ne s'agit pas de faire tout reposer sur la doctrine du Dieu infini et personnel, mais sur Dieu lui-même, en tant que personne, car il est là, présent; il connaît la communauté locale par son nom, tout comme chacun de ses membres.
Nous n'avons pas à choisir entre la perfection ou le néant. Comme il y a des mariages en faillite parce que les époux y cherchent une perfection sentimentale et sexuelle, impossible à trouver en ce pauvre monde, de même les hommes détruisent souvent ce qu'il aurait été possible de vivre dans une Eglise ou une communauté chrétienne authentique. Loin d'être présente uniquement chez "les autres", l'imperfection caractérise aussi, et tout autant, le "moi". A défaut de perfection ici-bas, les chrétiens ont à s'entraider pour cheminer vers une guérison de plus en plus évidente, guérison qui se fonde sur l'œuvre rédemptrice et parfaite de Christ.
Voilà notre vocation. Elle fait partie des richesses que nous avons en Christ: la réalité d'une vraie spiritualité, d'une vie chrétienne, authentique réponse à ma séparation d'avec mes semblables - y compris mes frères et sœurs en Christ - tant dans l'Eglise universelle que dans l'assemblée locale, ou au sein d'autres groupes chrétiens. Loin d'être triste et laide, la vie chrétienne doit irradier une beauté décelable par ceux du dedans comme par ceux du dehors. Cette beauté constitue, non seulement un aspect important de la prédication de l'évangile à une humanité toujours en révolte contre Dieu, mais plus encore, elle est le seul témoignage juste fondé sur l'existence du Dieu personnel et sur l'œuvre que Christ a accomplie pour nous dans l'histoire, sur la croix.
Vu sous cet angle, la vraie spiritualité - la vie chrétienne - ne manquera pas d'exercer son influence sur l'ensemble de la culture.