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La vraie spiritualité
9. Libération de la pensée

Francis A. Schaeffer
Editions La Maison de la Bible

Toujours dans le cadre de notre étude sur la vraie spiritualité, considérons maintenant la séparation d'avec soi-même dans le monde intérieur de la pensée.

En Romains 1:22-29, nous découvrons les étapes successives du parcours intellectuel de l'homme. La première est décrite au verset 21: "Car ayant connu Dieu, ils ne l'ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres."

Il est question, ici, d'hommes qui ont connu Dieu. Nous pouvons penser à la chute originelle d'Adam et Eve, ou bien aux nombreuses fois où une société, après avoir connu le vrai Dieu, s'est volontairement détournée de lui, comme c'est le cas aujourd'hui de notre monde post-chrétien. Ce verset montre qu'ils ont connu Dieu, mais qu'ils se sont égarés dans leurs pensées. Le verset 22 poursuit: "Se vantant d'être sages, ils sont devenus fous." Il s'agit là d'un état intérieur, qui aboutit au verset 24: "C'est pourquoi Dieu les a livrés à l'impureté, selon les convoitises de leurs cœurs; ainsi ils déshonorent leurs propres corps." Voilà la conséquence. La progression est donc bien nette. Une idée surgit d'abord dans le domaine de la pensée, puis porte ses fruits dans le monde extérieur.

Le verset 25 nous indique que les hommes ont changé la vérité de Dieu en mensonge, pour adorer et servir la créature au lieu du Créateur. La révolte est intérieure, mais comme nous l'avons vu au verset 24, des conséquences extérieures en découlent aussitôt.

Le verset 28 souligne encore une fois la même progression: "Comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé (incapable d'un bon discernement), pour commettre des choses indignes." Au verset 29 commence une liste affligeante de ces conséquences extérieures.

Retenons de ces versets que l'intérieur, la pensée, précède et produit l'acte extérieur. L'ordre reste toujours le même: d'abord les pensées, puis leurs effets extérieurs.

"Je vous exhorte donc, frères, par les compassions de Dieu, à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable." (Romains 12:1)

Cette consécration à Dieu relève du domaine extérieur; elle est liée cependant au verset 2: "Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l'intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait."

Il doit certes y avoir une offrande de notre corps, mais ce geste n'a de sens que s'il y a au départ une bonne intelligence de la motivation intérieure.

Paul nous invite à ne pas nous conformer au présent siècle. Il ne s'agit pas seulement d'une attitude extérieure, car l'apôtre ajoute que nous devons être transformés par le renouvellement de notre intelligence; le processus est donc intérieur.

Dans l'Epître aux Ephésiens, Paul écrit: "Voici donc ce que je dis et ce que je déclare dans le Seigneur: Vous ne devez plus marcher comme les païens, qui marchent selon la vanité de leurs pensées." (4:17)

Les païens - ceux qui sont perdus - "marchent selon la vanité de leur pensée". Cela nous rappelle Romains 1: "Ils se sont égarés dans leurs pensées." C'est une attitude intérieure. Voilà l'erreur du monde païen: l'égarement des pensées.

Ephésiens 4:18 nous en donne l'explication: "Ils ont l'intelligence obscurcie, ils sont étrangers à la vie de Dieu, à cause de l'ignorance qui est en eux, à cause de l'endurcissement de leur cœur." L'intelligence obscurcie, l'ignorance, l'endurcissement du cœur, sont des états intérieurs, qui découlent de la révolte contre Dieu. Nous retrouvons là exactement l'explication donnée en Romains 1. L'analyse aboutit finalement au verset 19, qui décrit combien les hommes ont perdu tout sentiment moral, se livrant à la débauche, pour pratiquer toute espèce d'impureté. Ici encore, l'ordre est le même: l'intérieur, puis l'extérieur.

Le verset 20 fait contraste avec ce sombre tableau: "Mais vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris Christ.".

Remarquons que le verbe "apprendre" relève encore du domaine intérieur. Ce mot constitue un parallèle avec Romains 12:2 où l'apôtre mentionne le renouvellement de notre intelligence. L'un et l'autre sont des processus intérieurs. Mais Ephésiens 4:22 poursuit avec l'aspect extérieur: "Vous avez été instruits à vous dépouiller, par rapport à votre vie passée, du vieil homme qui se corrompt par les convoitises trompeuses".

"Votre vie passée" désigne la vie dans son ensemble, qui prend sa source à l'intérieur, pour déborder vers l'extérieur. Tout repose sur le verset 20: "Ce n'est pas ainsi que vous avez appris Christ", processus purement intérieur, nous le répétons. Ce processus se poursuit spontanément et entraîne des conséquences intérieures, puis extérieures.

Relevons un autre point d'une singulière importance pour notre époque et son courant de pensée. Ephésiens 4:18 parle d'ignorance. L'ignorance se définit par rapport à un contenu; elle n'existe pas en soi. Le verset 21 parle de la "vérité qui est en Jésus". La vérité a un contenu. Elle a un rapport avec la raison, de même qu'avec nous, créatures rationnelles, créées telles par Dieu. Le dilemme qui trouble notre le monde intérieur ne l'apparente pas à un simple brouillard opaque; il se définit par rapport au contenu même de la vérité.

"Etre renouvelés dans l'esprit de votre intelligence." (4:23) Ici encore, il ne s'agit pas de sentiments, mais de pensées rationnelles, avec un contenu. "Et à revêtir l'homme nouveau, créé selon Dieu dans une justice et une sainteté que produit la vérité." (Ephésiens 4:24)

Il ne s'agit pas d'une sainteté sentimentale, mais d'une sainteté dans le domaine de la pensée, qui se définit par rapport à un contenu, par rapport à une série de propositions considérées comme vraies par opposition à ce qui est faux. L'ignorance dont il est question se définit donc en termes de révolte, de rejet de la vérité.

Ces versets nous confrontent à des pensées intérieures au sujet d'un contenu précis, qui entraînent des conséquences extérieures. Ephésiens 5:15-16 offre un passage parallèle: "Prenez donc garde afin de vous conduire avec circonspection, non comme des insensés, mais comme des sages; rachetez le temps, car les jours sont mauvais."

Le mot "sage" contient la même idée. Il concerne le monde de nos pensées, et se définit par rapport à ce qui peut être décrété comme vrai. "C'est pourquoi ne soyez pas inconsidérés, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur." (verset 17) "Inconsidérés" s'oppose à "sage" et à "comprenez". La compréhension relève également du domaine de la pensée, et se définit par rapport à la volonté du Seigneur. La volonté du Seigneur n'est pas une notion existentielle comme on l'entend au XXe siècle. Elle est, elle aussi, liée à un contenu, à ce que nous pourrions appeler la "vérité propositionnelle ou objective". La conduite insensée trouve son contraire au verset 18: "Ne vous enivrez pas de vin: c'est de la débauche. Soyez, au contraire, remplis de l'Esprit."

Cette dernière attitude aura des conséquences visibles dont nous avons, aux versets 19, 20 et 21, un début d'énumération: "Entretenez-vous par des psaumes, par des hymnes, et par des cantiques spirituels, chantant et célébrant de tout votre cœur les louanges du Seigneur; rendez continuellement grâces à Dieu le Père pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, vous soumettant les uns aux autres dans la crainte de Christ."

Voici donc les conséquences extérieures d'une prise de position préalable dans le monde de nos pensées. Nous trouvons dans ces versets un élément supplémentaire qui joue un rôle très important dans nos pensées. Le Saint-Esprit, agent de la Trinité, opère en nous de l'intérieur, et non de l'extérieur; les effets extérieurs se manifestent ensuite.

Nous comprenons donc mieux, maintenant, la nature de la vraie spiritualité. Elle est avant tout une question de pensée. Les effets extérieurs en sont l'expression, le résultat. Ce n'est pas dans le monde visible que les luttes morales se gagnent d'abord. Toutes les victoires extérieures découlent naturellement d'une cause, et cette cause se trouve dans le monde intérieur, dans nos pensées. Jésus a beaucoup insisté sur ce point. "Race de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, méchants comme vous l'êtes? Car c'est de l'abondance du cœur que la bouche parle." (Matthieu 12:34)

D'aucuns feront une distinction en disant que le mot "cœur" désigne plus que les simples pensées, mais même dans cette interprétation, le passage concerne le monde intérieur. Jésus déclare que sans une bonne condition intérieure, on ne peut produire de bons fruits.

"Ce n'est pas ce qui entre dans la bouche qui souille l'homme; mais ce qui sort de la bouche, c'est ce qui souille l'homme." (Matthieu 15:11) Voilà la réponse de Jésus à la question: "Pourquoi tes disciples transgressent-ils la tradition des anciens? Car ils ne se lavent pas les mains, quand ils prennent leurs repas." (verset 2) Ce genre de question a une grande importance pour ceux qui s'attachent au comportement extérieur. Mais Jésus répond: ne comprenez-vous pas? Ce qui sort de l'homme, c'est là ce qui le souille.

"Ne comprenez-vous pas que tout ce qui entre dans la bouche va dans le ventre, puis est jeté dans les lieux secrets? Mais ce qui sort de la bouche vient du cœur, et c'est ce qui souille l'homme. Car c'est du cœur que viennent les mauvaises pensées, les meurtres, les adultères, les débauches, les vols, les faux témoignages, les calomnies. Voilà les choses qui souillent l'homme; mais manger sans s'être lavé les mains, cela ne souille point l'homme." (versets 17-20)

Ici encore, Jésus met l'accent sur ce qui est intérieur. L'intérieur précède l'extérieur et le produit. C'est un rapport de cause à effet.

Jésus traite ce sujet aussi dans le sermon sur la Montagne: "Vous avez entendu qu'il a été dit aux anciens: Tu ne tueras point; celui qui tuera est passible de jugement. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère est passible de jugement; que celui qui dira à son frère: Raca! mérite d'être puni par le sanhédrin; et que celui qui lui dira: Insensé ! mérite d'être puni par le feu de la géhenne." (Matthieu 5:21- 22)

Comparez cette déclaration avec 1 Jean 3:15: "Quiconque hait son frère est un meurtrier."

Avec ces déclarations, nous allons encore plus loin. Non seulement tout commence dans le monde de nos pensées, mais du point de vue moral, la pensée est l'acte. La haine n'est pas un simple sentiment qui conduit au meurtre. Du point de vue moral, elle est le meurtre. Je dis bien du point de vue moral, car il faut la distinguer du meurtre visible, de l'acte accompli dans le monde extérieur. Toutefois, moralement parlant, la haine est en elle-même meurtre.

Jusqu'ici, nous avons relevé trois points:
1) tout commence à l'intérieur, 2) l'intérieur produit l'extérieur, 3) du point de vue moral, ce qui est intérieur est capital. Au chapitre premier de ce livre, souvenez-vous, nous avons vu qu'à chaque violation d'un commandement, nous commençons déjà à violer celui de ne pas convoiter, qui est d'ordre intérieur.

L'histoire de Joseph et de ses frères en Genèse 37 en est une parfaite illustration: "Ils le prirent en haine. Ils ne pouvaient lui parler avec amitié." C'est la haine intérieure qui est la racine de tout. Ensuite, "et ils le haïrent encore davantage, à cause de ses songes et à cause de ses paroles." La haine s'accumule, toujours à l'intérieur. En fait, elle a déjà produit des fruits, puisqu'ils ne peuvent lui parler avec amitié. Ensuite la haine grandit comme une énorme vague, prête à se briser. Alors "ses frères eurent de l'envie contre lui."

Nous y voilà: la transgression du commandement de ne pas convoiter. La chose se manifeste maintenant, mais elle a déjà eu lieu intérieurement. Bien qu'il n'y ait pas encore eu toutes les conséquences visibles du point de vue moral, les frères de Joseph ont déjà transgressé le commandement. "Ils complotèrent de le faire mourir." "Venez maintenant, tuons-le, et jetons-le dans une des citernes; nous dirons qu'une bête féroce l'a dévoré, et nous verrons ce que deviendront ses songes." Ils sont décidés à tuer leur frère et à briser le cœur de leur père. Tout cela provient du monde invisible de leurs pensées, de leur haine, de leur jalousie, et non pas de l'extérieur. Leur péché ne réside pas dans la vente de Joseph en Egypte, mais dans la délibération de leur cœur. C'est le monde invisible de ses pensées qui caractérise l'homme. Dans son introduction à The Epic of Man, Loren Eisley, anthropologiste à l'Université de Pennsylvanie, dit à propos de l'homme: "L'homme ancestral étant entré dans sa propre tête s'adapte continuellement à ce qu'il y trouve."

C'est une déclaration fort étonnante, car elle est aussi claire et aussi tranchante qu'un diamant. Elle est, dans un sens, très juste; mais Eisley en fait mauvais usage, en l'utilisant comme proposition évolutionniste. S'il se trompe à cet égard, il a par contre tout à fait raison de dire que l'homme se distingue par le fait qu'il vit véritablement "à l'intérieur de sa propre tête" et cela, quel que soit son niveau culturel: primitif, sophistiqué ou civilisé. Le monde invisible de ses pensées est unique. La psychologie moderne des profondeurs a la même conception. Elle déclare que ce qui distingue l'homme de la bête est la peur du "non-être" - peur qui paraît étrange à cette psychologie, car elle en ignore les origines. Ce facteur qui différencie l'homme se situe "dans sa tête", non pas à l'extérieur de lui. L'homme a une activité intellectuelle incomparable. Il vit dans sa tête, et cette particularité (avec la capacité du langage) fait de lui un être unique.

Dans le récit de la Chute de l'homme en Genèse 3, nous lisons: "La femme vit que l'arbre était bon à manger et agréable à la vue, et qu'il était précieux pour ouvrir l'intelligence." C'est encore une réflexion intérieure. Ce verset montre bien que du point de vue moral, le péché est d'abord intérieur; mais la conséquence extérieure suit de près: "Elle prit de son fruit, et en mangea; elle en donna aussi à son mari, qui était auprès d'elle, et il en mangea." La Chute se traduit par un mouvement qui va de l'intérieur vers l'extérieur.

En Esaïe 14:13-14, nous découvrons un autre récit saisissant: la chute de Satan, antérieure à la faute de l'homme. "Tu disais en ton cœur: Je monterai au ciel, j'élèverai mon trône au-dessus des étoiles de Dieu; je m'assiérai sur la montagne de l'assemblée, à l'extrémité du septentrion; je monterai sur le sommet des nues, je serai semblable au Très-Haut."

Où surgissent toutes ces réflexions? Comprenons bien que la Bible ne nous présente pas Satan avec un corps et un cœur de chair comme les nôtres. Elle parle d'attitudes intérieures. En quoi consiste le péché de Satan ou Lucifer au moment de sa chute? "Tu disais en ton cœur." La révolte de Lucifer, suivie de celle d'Eve, est d'abord intérieure, les conséquences extérieures en découlent par la suite.

Mais revenons un instant à Adam et Eve, au moment de la Chute et de leur révolte. Que voyons-nous? Nous voyons Adam (c'est plus simple de ne citer que lui) engager sa personne tout entière dans ses actes. A ce moment-là, ses pensées, sa volonté et ses sentiments forment un tout. Il n'est pas un simple assemblage de plusieurs parties. L'individu, la personnalité forme un tout, et c'est ce tout que nous voyons agir ici: quelqu'un que nous pouvons appeler Adam ou Eve. L'un et l'autre forment une unité, un être personnel.

Dans une certaine mesure, la chute de Satan et celle d'Adam et Eve forment un ensemble. Car à l'origine de la tentation d'Eve par Satan, puis du partage du fruit avec Adam, il y a eu la révolte de Satan. Le facteur vraiment vital de ce que j'appelle "la théologie de la Chute", c'est l'absence de tout conditionnement initial. Un être, dans l'unité de sa personne, après avoir délibéré en lui-même, opère un véritable choix, absolument libre. Nous avons donc, dans ce choix, une véritable cause première. Toute la théologie chrétienne et toutes les réponses chrétiennes s'effondrent, si nous admettons l'existence d'un conditionnement initial. Ce choix, effectué dans le domaine de la pensée, a pour conséquence quelque chose d'extérieur, de terrible, jusqu'alors inconnu, quelque chose qui est la source de toutes nos larmes, de toutes nos douleurs: le mal. Dieu, de par sa nature infinie, connaît toutes choses sans avoir besoin d'en faire l'expérience. Il connaît donc non seulement tout ce qui doit advenir, mais aussi toutes les possibilités qui pourraient se présenter. C'est parce que Dieu a créé l'homme et les anges, agents moraux et rationnels, que le mal devient possible dans l'univers. Dieu a laissé à ses créatures la possibilité d'aimer ou de refuser d'aimer, et cela même vis-à-vis de lui-même. Lors de la Chute, nous voyons la personnalité dans son unité faire un véritable choix dans le domaine de la pensée, véritable cause première dont l'effet se répand à la vitesse de l'éclair sur tout le monde habité: le mal, noir et ténébreux avec son océan de larmes. En tant que personnalités libres, Adam et Eve ont délibéré et le choix qu'ils ont fait a eu de graves conséquences sur le monde extérieur.

Ainsi, et ce sera une autre remarque, de leurs pensées secrètes, Adam et Eve ont créé quelque chose. Après avoir réfléchi et choisi, ils ont engendré le péché dans le monde visible, extérieur.

Maintenant, voyons cela par rapport à Dieu. Dieu est esprit. Il n'a donc pas de corps, mais il est un être personnel. Nous le voyons en Hébreux 11:6 où il est écrit que Dieu "est le rémunérateur de ceux qui le cherchent". Un Dieu personnel et cependant infini, telle est la particularité distinctive du Dieu judéo-chrétien. En tant que personne, il pense, agit et éprouve des sentiments. Lors de la création, Dieu a pensé, Dieu a dit et le monde a été: un monde bien réel et objectif. C'est si merveilleux que les mots nous font défaut. La "Science chrétienne" a tort de tout situer dans le monde de la pensée. La pensée orientale est aussi dans l'erreur avec sa tendance à tout réduire à un rêve de Dieu. Le monde visible n'est pas une extension de l'essence divine: l'univers n'est pas Dieu, il est une réalité objective, extérieure à Dieu, car Dieu l'a créé en dehors de lui-même. L'univers n'est pas une partie de Dieu: Dieu a dit et la chose a été, extérieure et bien réelle. Relevons aussi cette affirmation de la Bible qui précise "qu'il (le Fils) est avant toutes choses, et toutes choses subsistent par lui". (Colossiens 1:17) Toutes choses subsistent par lui. Le monde visible qu'il a créé n'est pas devenu rival dans l'univers. Toutes choses subsistent par lui, mais la Bible elle- même souligne que ce monde est véritablement extérieur et objectif: Dieu l'a créé ainsi.

Cependant, ne l'oublions pas, la pensée de la Trinité a précédé la création elle-même. La pensée est première. Dieu a dit: "Faisons l'homme à notre image." (Genèse 1:26) Le récit de la Genèse nous met en présence de la Trinité avant la création du monde. Nous y voyons Dieu penser. Dieu est, en effet, un être personnel qui, dans son amour, pense, agit et éprouve des sentiments. L'équilibre entre ces deux points est des plus subtils, mais nous devons le maintenir, si nous voulons garder la richesse de la position chrétienne. Il existe bien un monde extérieur, qui n'est pas une extension de l'essence divine; mais avant tout cela, il y a la pensée de Dieu. Ces réalités étaient dans la pensée de Dieu avant d'être créées par sa puissance, avant de devenir, par la parole créatrice, le monde extérieur et objectif.

Sur le plafond de la Chapelle Sixtine à Rome, nous pouvons admirer les superbes fresques de Michel-Ange. L'une d'entre elles représente avec magnificence la création de l'homme. Dieu pointe son doigt vers l'homme qu'il vient juste de créer, et l'homme aussi pointe son doigt vers Dieu. Mais leurs doigts ne se touchent pas. C'est une perception tout à fait chrétienne des choses. L'homme n'est pas une extension de Dieu qui se serait finalement coupé de lui, comme la nouvelle amibe se sépare de l'amibe-mère. Dieu a créé l'homme extérieur à lui-même; c'est pour cela qu'ils ne doivent pas se toucher dans la fresque. J'ignore quelle était la pensée de Michel-Ange, mais je suis persuadé que les auteurs de la christologie chalcédonienne formulée dans les premières confessions de foi de l'Eglise avaient cette vision des choses, lorsqu'ils ont déclaré que, même dans la seule personne de Jésus-Christ, la nature humaine et la nature divine ne sont pas confondues. Un autre détail de la fresque de Michel-Ange permet d'illustrer notre propos. Le bras gauche de Dieu, rejeté en arrière, recouvre deux sortes de personnages. Il y a, d'abord, quelques petits angelots, manière typique de représenter les anges à l'époque de la Renaissance. Il y a également un autre personnage, une très belle jeune femme. Son visage exprime l'étonnement; elle est splendide. On pense généralement que c'est une représentation d'Eve. Celle-ci n'est pas encore créée, mais elle existe dans la pensée de Dieu.

Ce détail de la peinture de Michel-Ange a deux significations possibles, dont une seule correspond à l'enseignement biblique. Si l'artiste a voulu exprimer l'idée qu'Eve était déjà tout aussi réelle dans la pensée de Dieu qu'elle le serait après sa création, il aurait représenté un concept oriental et non-chrétien. Eve est devenu une réalité objective et extérieure au moment grandiose où Dieu a endormi Adam et a formé la femme de l'homme. Mais si Michel-Ange a voulu dire qu'avant de créer Eve, Dieu avait déjà pensé à elle, alors sa peinture est éblouissante de vérité. La pensée de Dieu a précédé ses actes créateurs.

Nous devons cependant relever un autre point, qui nous éclaire en même temps sur nous-mêmes. Ce qui a été un jour tiré du néant, et qui constitue maintenant la réalité extérieure objective, nous dévoile la pensée de Dieu et nous révèle ainsi qui il est et ce qu'il est. Le monde visible n'est pas une extension de l'essence de Dieu, mais il manifeste néanmoins sa Personne et sa nature. Retenons bien ces deux aspects. La création a été défigurée par la Chute, mais Paul nous rappelle en Romains 1 que la création condamne l'homme, parce que malgré la Chute, elle parle encore de Dieu. La création visible est une révélation de Dieu, dénommée "révélation générale" en théologie. Elle environne l'homme dans le monde visible et témoigne de la divinité de Dieu: d'abord par la nature même de l'homme qui révèle Dieu comme un Dieu personnel, ensuite par les manifestations de la pensée de Dieu dans la création visible.

"Révélation générale" et "révélation spéciale" sont des termes théologiques qui méritent une analyse. La révélation spéciale, c'est la Bible. Elle nous transmet le message du salut et la connaissance nécessaire pour comprendre la révélation générale. La révélation générale (la création de Dieu, dont nous faisons partie ainsi que le monde qui nous entoure) témoigne de l'existence de Dieu et en donne une authentique révélation. Révélation générale et révélation spéciale forment un tout cohérent.

Revenons maintenant à l'homme. Toutes les réflexions que nous venons de faire sont parallèles à ce que la Bible dit à notre sujet, puisque nous sommes créés à l'image de Dieu. Le monde invisible de nos pensées précède et produit les manifestations extérieures. Cela ne saurait pas nous surprendre puisque créés à l'image de Dieu, nous sommes des créatures rationnelles et morales. Le parallèle est le suivant: Dieu pense, puis il agit dans le monde visible qu'il a créé à partir du néant; de même, nous pensons, puis nous produisons dans le monde extérieur. La création n'est pas une extension de l'essence de Dieu, mais elle révèle ce qu'il est véritablement. De même, les actes extérieurs qui découlent de nos pensées ne constituent pas une extension de notre essence, mais révèlent ce que nous sommes. La table fabriquée par le menuisier n'est pas une extension de son essence, mais elle révèle quelque chose de sa nature, de son imagination. Satan, Adam et Eve, véritable cause première, ont produit le mal, chacun selon sa nature, chacun dans l'unité de sa personne. De même chacun de nous, créé à l'image de Dieu, est une véritable cause première. Parce que nous sommes "finis", limités, nous ne pouvons créer à partir du néant; Dieu seul en a la capacité. Néanmoins, à partir de ma pensée, je peux produire au travers de mon corps des effets dans le monde réel extérieur. Mon corps est un pont vers le monde extérieur.

Le phénomène s'inverse lorsque nous subissons l'influence du monde extérieur. Un événement extérieur survient. Je le perçois grâce à mes sens. Véhiculé par mes sens et mon corps, l'incident pénètre jusqu'à mes pensées et m'affecte. Mes sens constituent un pont entre les événements extérieurs et leurs effets sur ma personne. Mon corps est donc un pont, dans un sens comme dans l'autre. A partir de ma pensée, je peux ainsi intervenir par l'intermédiaire de mes doigts dans un monde extérieur et objectif; je peux exercer une influence et créer dans ce monde. Que l'homme est grand! A travers notre corps, notre pensée devient réalité dans le monde visible. Si nous ne créons pas comme Dieu à partir du néant, nous pouvons néanmoins affirmer à juste titre que l'artiste, que chacun de nous, crée. Plus jeune, cela m'affligeait beaucoup d'entendre attribuer le terme "créer" à un poète, à un compositeur ou à tout autre artiste. Je pensais que ce mot devait être réservé à Dieu. Entre temps, après avoir longuement réfléchi et tourné la question dans tous les sens, je me suis réjoui de l'emploi de ce mot. Il est parfaitement approprié. Bien sûr, la création de Dieu diffère de la mienne; Dieu peut créer à partir du néant par sa parole créatrice, le "fiat". Je ne le puis, car lui seul est infini. La créativité de Dieu n'est limitée que par sa propre nature, alors que je suis limité non seulement par ma nature, mais aussi par ma finitude. Lorsque je crée, je produis quelque chose dans le monde extérieur que Dieu a créé. Pourtant, tout en tenant compte des limitations et des différences, il est parfaitement approprié d'appliquer le terme "créer" à l'homme comme à Dieu.

Nous pouvons même dire que l'homme ne peut cesser de créer réellement. Si je voulais cesser de créer, je ne le pourrais pas. Il m'est impossible de m'arrêter de produire, à partir du monde de mes pensées, des choses réelles dans le monde extérieur, et de ne pas leur donner une expression permanente. L'artiste pense et produit son tableau dans le monde extérieur. Son oeuvre d'art, cependant, a d'abord existé dans sa pensée. Il en est de même pour l'ingénieur, pour le paysagiste et pour moi qui écris ce livre. Tout ce qui a été créé par un être personnel porte la marque de sa pensée, contrairement au produit du pur hasard. Bien sûr, il y a quelques cas limites, comme une stalactite, ou un morceau de bois flottant, sur lesquels nous "lisons" des figures. Mais la plupart du temps, je peux, à la vue d'un objet, dire s'il possède l'empreinte de la personnalité et de la pensée qui l'ont produit, ou s'il résulte des seules forces mécaniques. Malgré sa théorie du hasard, soyons sûrs que lorsque Jacques Monod, l'auteur du livre Le hasard et la nécessité, a observé le monde environnant, il a porté ce même genre de jugement sur les choses de la vie quotidienne.

La "Science chrétienne", la pensée orientale et l'idéalisme philosophique sont plutôt des contrefaçons que de véritables mensonges. Ces philosophies suivent un système et une orientation complètement erronés, mais elles ne sont pas dénuées de sens. Si l'homme s'y laisse prendre, ce n'est pas parce qu'elles ne disent rien, mais parce qu'elles sont des perversions, des contrefaçons. Ce que nous produisons n'est pas une extension de notre essence, mais une révélation de nous-mêmes, de même que la création n'est pas une extension, mais une révélation de Dieu. L'homme a un corps et vit dans un monde extérieur bien réel. Ses pensées viennent en premier lieu et sont essentielles. C'est donc là que réside la vraie spiritualité: dans le royaume de mes pensées.

C'est dans cette perspective que j'aimerais réexaminer divers aspects de la vie chrétienne, de la vraie spiritualité que nous avons déjà traités dans les chapitres précédents.

En premier lieu, nous avons constaté que nous devons nous considérer comme morts à toutes choses, au bien comme au mal, afin d'être vivants pour Dieu. Cette disposition est toujours intérieure; elle ne peut être extérieure. Ensuite, nous devons vivre comme si nous étions ressuscités des morts et revenus dans le monde extérieur. A ce moment-là, il ne s'agit plus d'une attitude intérieure, mais extérieure. Le mouvement va de l'intérieur vers l'extérieur.

En second lieu, nous avons parlé de l'habitation du Saint-Esprit en l'homme. Le mot "habitation" lui-même suggère l'intimité d'un intérieur. Produit par cette présence, le fruit du Seigneur crucifié, ressuscité et glorifié se manifeste, ensuite, dans le monde extérieur au travers de mon corps : par mes lèvres qui prononcent une parole, ou encore par mes mains qui tiennent un marteau pour construire un abri utile à mon prochain.

Troisièmement, l'amour est intérieur. Nous disons que nous devons aimer Dieu assez pour être satisfaits, et aimer l'homme assez pour ne pas l'envier. Tout cela relève du domaine intérieur, et s'exprime par nos actes dans le monde extérieur.

En quatrième lieu, nous subissons un processus exactement inverse. Les coups de la bataille livrée dans le monde extérieur m'atteignent du dehors, de diverses manières: ostracisme rigoureux, portes fermées, livres brûlés, paroles dures ou regards sévères. Tous ces coups viennent de l'extérieur. S'ils restaient à l'extérieur de mon corps, comme si celui-ci était une machine, ils ne m'arracheraient pas une seule larme. Mais ces coups sont véhiculés par mes sens, par mon corps, jusque dans le monde de mes pensées, affectant mon être tout entier. Lorsque ils atteignent ma pensée, deux réactions sont possibles. Soit je dis "merci" à Dieu, comme nous l'avons relevé précédemment, soit je me révolte contre lui. Le résultat, quel qu'il soit, transparaît sans tarder dans le monde extérieur.

Cinquièmement, nous avons parlé de passivité active, prenant pour exemple l'attitude de Marie lors de l'annonciation. Voici en quels termes Mary Baker Eddy (fondatrice de la Science chrétienne) parle de la naissance virginale dans Science et santé:
"La Science chrétienne a permis de saisir cette glorieuse réalité que Dieu est le seul auteur de l'homme. La vierge Marie a conçu cette idée de Dieu et a donné à son idéal le nom de Jésus, c'est-à-dire Josué ou Sauveur. L'illumination du sens spirituel de Marie a réduit au silence la loi matérielle avec sa notion d'engendrement et a donné naissance à son enfant par la révélation de la vérité."

Ce raisonnement est horrible! Selon cette suggestion, Marie aurait conçu l'idée dans sa tête et lui aurait donné vie. Rien n'est plus contraire à l'évidence! En réalité, l'ange est venu chez Marie pour lui annoncer qu'elle allait donner naissance à quelque chose qui démontrerait, non pas l'immatérialité du monde matériel, mais le contraire. Dans le sein de la vierge Marie, le Saint-Esprit a conçu l'enfant Jésus-Christ avec un vrai corps. Mary Baker Eddy se trompe donc complètement, mais n'oublions pas pour autant l'autre aspect, celui de la passivité active. Marie, touchée dès les premières paroles de l'ange, a pris dans son esprit une décision. Au lieu de dire "je veux" ou "je tiens à faire ma propre volonté", elle s'est tournée vers Dieu et lui a donné son corps, se faisant la servante du Seigneur.

"Je suis la servante du Seigneur; qu'il me soit fait selon ta parole!" Marie a d'abord réfléchi à tout cela. Si elle avait dit "non", il n'y a absolument aucune raison de penser que le Saint-Esprit aurait conçu le corps de Jésus-Christ - son vrai corps physique - dans son sein. Il s'agit là bien sûr d'un événement absolument unique: il n'y a eu qu'une seule naissance virginale dans l'espace et le temps. Cependant la passivité active de Marie est exemplaire. Nous devons soumettre notre pensée à l'œuvre profonde du Saint-Esprit, et alors que nous nous abandonnerons à lui, le fruit du Christ ressuscité et glorifié jaillira de notre corps vers le monde extérieur.

A ce point, j'aimerais faire deux remarques à propos de l'être humain. Ces remarques sont une réplique à la pensée orientale, affublée ou non d'appellations occidentales, ainsi qu'au pessimisme de la pensée moderne. La première, c'est que nous sommes des créatures "finies", limitées et que nous ne pouvons pas créer comme Dieu a créé; pourtant - chose merveilleuse et ineffable - nous sommes capables, malgré toutes nos limitations, de faire naître quelque chose de réel dans le monde extérieur et d'avoir, à partir de notre pensée - véritable cause première - quelque influence sur un objet en pierre, en acier, en bois, sur une toile ou sur des vies humaines. L'autre remarque porte sur le fait que même devenu chrétien, je peux être une machine qui engendre la mort. Tout en ayant la vie, la vie éternelle, si je me livre à Satan et non à Christ, je peux être un instrument de mort dans ce monde extérieur. Qu'il est donc sublime d'être un homme créé à l'image de Dieu! Mais quelle lourde responsabilité que de pouvoir semer par ma pensée, dans mon entourage, des germes de vie ou des germes de mort.

Pour conclure, je relèverai trois points. En tout premier lieu, il importe de comprendre que la réalité de notre communion avec Dieu et notre amour pour lui sont d'ordre intérieur. Si nous ne comprenons pas que l'amour pour Dieu se situe dans le monde intérieur de nos pensées, il est inutile d'en parler. Même nos échanges avec nos semblables doivent atteindre, au-delà du corps, le domaine des pensées. Un homme et une femme qui n'ont que des contacts d'ordre externe, ne sont pas réellement en communication; leur relation est purement mécanique. Une véritable communion personnelle ne s'arrête jamais au domaine extérieur. Elle pénètre toujours la personnalité. C'est vrai dans le domaine du mariage, dans les rapports entre le mari et la femme, tels que Dieu les a voulus. Les seuls rapports physiques ne constituent pas une véritable relation personnelle. Pour que celle-ci existe, pour qu'il y ait communication, il faut que la personnalité soit touchée.

La véritable communication et l'amour authentique se situent dans le domaine de nos pensées. L'expression en est extérieure, et les conséquences peuvent l'être également, mais l'amour lui-même est intérieur. Il en est de même de notre amour pour Dieu. Si les croyants pouvaient comprendre cela, bien des problèmes touchant à la vie chrétienne prendraient une autre tournure. Comprenons toute l'importance du monde de nos pensées. C'est lui qui caractérise l'homme et le différencie de la machine. C'est pourquoi je suis appelé à aimer Dieu de tout mon cœur, de tout mon être et de toute ma pensée.

La seconde conclusion est que le véritable combat pour l'homme se situe dans le monde des idées plutôt que dans le domaine extérieur. Toute hérésie, par exemple, commence dans le monde des idées. D'où notre conseil aux collaborateurs nouveau-venus à l'Abri: à savoir que nous nous intéressons davantage aux idées qu'aux personnalités ou aux structures. Nous avons à discuter des idées, et non pas de personnalités ou de structures. Les idées constituent la réserve du monde de nos pensées; c'est à partir des idées que naissent toutes les oeuvres extérieures: peinture, musique, construction, manifestation d'amour ou de haine envers autrui, ainsi que les conséquences extérieures de notre amour ou de notre révolte envers Dieu. L'avenir éternel d'un homme dépend de ce qu'il aura lu ou entendu: idées, affirmations de la vérité et témoignages concrets de l'Evangile, qui auront été véhiculés, au moyen de son corps, jusque dans le monde intérieur de ses pensées; là, au fond de lui-même, de sa pensée, il croira Dieu sur la base des paroles de l'Evangile ou il le fera menteur. Ce n'est pas une simple expérience mystique existentialiste. Ce n'est pas "l'expérience finale" selon Cari Jaspers, exprimée en termes religieux. Ce n'est pas l'expérience vide d'une drogue hallucinogène. Ce que cet homme vivra peut faire l'objet d'expressions rationnelles, car il s'agit d'idées, du contenu de la Bonne Nouvelle. Mais la signification de l'Evangile pour l'homme est toute différente selon qu'il croit Dieu ou le fait menteur dans le monde de ses pensées.

Pour cette raison aussi, la prédication de l'Evangile n'est jamais avant tout une question formelle. Prêcher l'Evangile, c'est apporter aux hommes des idées, des idées flamboyantes, telles que Dieu nous les a révélées dans l'Ecriture. Ce qui est décisif, c'est notre réaction intime face à des idées solides, et non pas une quelconque expérience intérieure sans contenu. Ainsi, quand nous exposons nos doctrines, nous devons énoncer des idées, non de simples phrases. On ne manie pas les doctrines comme les pièces d'un puzzle. Une véritable doctrine est une idée révélée par Dieu dans la Bible, une idée en parfaite harmonie avec le monde visible tel qu'il est, tel que Dieu l'a fait, et en parfaite concordance avec l'homme tel qu'il est, tel que Dieu l'a fait; une idée qui peut atteindre les pensées de l'homme par l'entremise de sa perception corporelle et le faire réagir. Le combat pour les âmes relève essentiellement du domaine de la pensée.

La troisième conclusion est celle-ci: la vie chrétienne, la vraie spiritualité commence toujours en nous-mêmes, dans le monde de nos pensées. Tout ce que nous avons dit précédemment sur la libération présente de l'esclavage du péché et de leurs conséquences n'est que pur jargon, rien d'autre qu'une pilule psychologique, si nous supprimons le fait que Dieu pense, que nous pensons, et que le "cœur" est, à chaque fois, premier et essentiel. Le combat spirituel - la défaite ou la victoire - se livre toujours dans le monde de nos pensées.

 


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