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La gloire du Ciel

La vérité sur le Ciel, les anges, la vie éternelle

John Macarthur - Editions La Maison de la Bible

Chapitre 4. La nouvelle Jérusalem. Partie 1.

Le ciel éternel sera différent des cieux où Dieu demeure à présent. Comme nous l'avons constaté au chapitre 2, lors de la consommation de toutes choses, Dieu opérera un renouvellement des cieux et de la terre, unifiant son ciel avec un univers nouveau. Il créera ainsi une demeure parfaite qui sera nôtre pour toujours. En d'autres termes, les cieux, le royaume où Dieu demeure, s'étendront pour comprendre l'ensemble de l'univers créé, qui sera transformé en un lieu parfait et glorieux. Pour l'apôtre Pierre, cette glorieuse demeure est l'espérance de chaque croyant racheté: "Nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera" (2 Pi 3:13).

Déjà les saints de l'Ancien Testament vivaient avec cette espérance. Nous savons que Canaan était la Terre Promise de la nation d'Israël. Mais Hébreux 11 nous dit qu'Abraham, à qui la promesse avait été faite à l'origine, aspirait à des biens allant au-delà d'une simple possession terrestre. "C'est par la foi qu'il vint s'établir dans la terre promise comme dans une terre étrangère, habitant sous des tentes.... Car il attendait la cité qui a de solides fondements, celle dont Dieu est l'architecte et le constructeur" (vv. 9-10). Abraham avait la vision des choses éternelles, et non terrestres. Il vécut une vie de nomade sur la terre, mais ce qu'il rechercha ardemment par la foi, ce fut une demeure permanente dans la cité éternelle de Dieu dans le monde à venir.

Les prophéties de l'Ancien Testament ont annoncé qu'il y aurait un renouvellement total du ciel et de la terre, événement après lequel le ciel deviendrait la demeure permanente des saints. Le Psaume 102:26-27 décrit le Seigneur changeant l'univers comme si c'était un habit usé: "Tu as anciennement fondé la terre, et les cieux sont l'ouvrage de tes mains. Ils périront, mais tu subsisteras; ils s'useront tous comme un vêtement; tu les changeras comme un habit, et ils seront changés". (Il est intéressant de constater qu'Hébreux 1:10-12, se réfère à ce passage comme étant les paroles du Père, s'adressant à son Fils. C'est l'une des preuves remarquables en faveur de la divinité de Jésus.)

Il est clair qu'un remodelage cosmique majeur a toujours fait partie du plan de Dieu. Il était inclus dans les promesses que Dieu fit à son peuple par les prophètes de l'Ancien Testament. Dieu dit:

"Car je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l'esprit. Réjouissez-vous plutôt et soyez à toujours dans l'allégresse, à cause de ce que je vais créer; car je vais créer Jérusalem pour l'allégresse, et son peuple pour la joie. Je ferai de Jérusalem mon allégresse, et de mon peuple ma joie; on n'y entendra plus le bruit des pleurs et le bruit des cris." Esaïe 65:17-19

Dans ce passage, Dieu dit en substance qu'il va modifier l'état du ciel tel qu'il existe présentement. Ce sera un changement fondamental, comparable à une nouvelle création. Remarquez que dans cet univers transformé, la Nouvelle Jérusalem occupera une place centrale. Le nouveau ciel et la nouvelle terre seront remplis d'une gloire si éclatante que les premiers paraîtront devant eux pâles et insignifiants, au point que l"'on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l'esprit" (v. 17). Dans le chapitre suivant, le dernier chapitre de la prophétie d'Esaïe, le Seigneur promet que cette nouvelle création demeurera à jamais, de même que les saints de Dieu: "Car, comme les nouveaux cieux et la nouvelle terre que je vais créer subsisteront devant moi, dit l'Eternel, ainsi subsisteront votre postérité et votre nom" (Es 66:22).

Apocalypse 21 donne ce qui pourrait être un commentaire détaillé de la promesse faite par Esaïe. Jean décrit sa vision de la consommation de toutes choses. De toute la Bible, ce chapitre contient la description la plus exhaustive du nouveau ciel et de la nouvelle terre – ainsi que de sa capitale, la Ville Sainte, la Nouvelle Jérusalem. Ainsi, ce que nous voyons en microcosme à la fin du livre d'Esaïe est décrit de manière plus complète à la fin du livre de l'Apocalypse.

Voici le décor : la bataille d'Harmaguédon a déjà eu lieu (Ap 19), le règne millénaire terrestre de Christ a pris fin (20:7), et Satan et tous les impies ont comparu devant le grand trône blanc du jugement et ont été condamnés à l'enfer éternel (20:11-15). Alors, l'univers tout entier se dissoudra ("le premier ciel et la première terre avaient disparu" – 21:1). Tout ce que nous connaissons deviendra parfait. Le mal cessera d'exister. La tristesse, la souffrance, le péché et la mort auront disparu à jamais. Le nouveau ciel et la nouvelle terre, qui auront remplacé ceux des temps anciens, exalteront le royaume glorieux dans lequel le peuple de Dieu demeurera éternellement.

L'ancien univers se dissoudra

Avant de voir de plus près la description du ciel dans Apocalypse 21, examinons le processus par lequel le présent univers sera détruit et toutes choses seront nouvelles. Dans un passage célèbre, qui mérite d'être cité ici, l'apôtre Pierre donne quelques détails à ce sujet. Pierre écrit:

"Sachez avant tout que, dans les derniers jours, il viendra des moqueurs avec leurs railleries, et marchant selon leurs propres convoitises. Ils disent: Où est la promesse de son avènement? Car, depuis que les pères sont morts, tout demeure comme dès le commencement de la création." 2 Pierre 3:3-4

Ce passage prédit une période sombre pour l'humanité, une période où le scepticisme et l'incrédulité prévaudront et introduiront des temps d'apostasie et d'apathie spirituelle. Cette description correspond très bien au genre de scepticisme moqueur de notre époque. Vous avez très certainement entendu des gens qui affirment haut et fort que si Jésus n'est pas revenu pendant deux millénaires, il ne reviendra pas du tout! (Un tel raisonnement s'apparente à une logique du genre: Parce que je ne suis pas encore mort, je ne mourrai jamais.)

Le scepticisme dont parle Pierre concerne particulièrement un jugement cataclysmique. Ces moqueurs de la fin des temps ont une croyance similaire à ce que les géologues appellent l'uniformisme – la théorie selon laquelle tous les phénomènes naturels se produisent de la même manière depuis l'origine de la planète Terre. (D'ailleurs, l'uniformisme sert de support à la plupart des théories de l'évolution connues.) Cependant, ce genre d'uniformisme moqueur est d'abord métaphysique. Les tenants d'une telle opinion soutiennent que Dieu (si tant est qu'ils reconnaissent son existence) a quitté le devant de la scène. "Nous ne pouvons observer que des phénomènes naturels", disent-ils. "La terre tourne, les pluies tombent, le soleil brille et le cycle de l'eau est resté inchangé depuis le début de l'histoire telle que nous la connaissons. Il n'y aucune raison de penser que les choses ne continueront pas ainsi pour toujours, tout en évoluant lentement, et il n'y a certainement aucune raison de penser qu'un juge divin interviendra un jour sur la terre par une destruction littéralement cosmique."

Mais leur sécurité arrogante est une fausse sécurité. Pierre dit dans la suite de son épître:

"Ils veulent ignorer, en effet, que des cieux existèrent autrefois par la parole de Dieu, ainsi qu'une terre tirée de l'eau et formée au moyen de l'eau, et que par ces choses le monde d'alors périt, submergé par l'eau." 2 Pierre 3:5-6

Ceux qui disent qu'il n'y a pas eu de jugement aux effets cataclysmiques sur la terre oublient (en réalité, ils rejettent volontairement) la révélation de Dieu concernant le grand déluge. Lors de cet événement, pour lequel les preuves géologiques abondent, Dieu fit périr tout ce qui avait souffle de vie sur la terre, y compris l'homme – épargnant seulement la vie de Noé et de sa famille.

Pierre parle d'une "terre tirée de l'eau et formée au moyen de l'eau" (v. 5). Certains pensent qu'avant le déluge, des vapeurs d'eau entouraient la terre (cf. Ge 1:7), la protégeant ainsi des rayons ultraviolets du soleil. Cette protection a permis à la flore de se développer et a créé les conditions d'une longévité de plusieurs centaines d'années pour les hommes et les animaux. (D'ailleurs, ceci expliquerait pourquoi les âges des personnes citées dans les généalogies bibliques ont commencé à décroître considérablement après le déluge. Les conditions de vie ayant changé, l'espérance de vie avait été modifiée de manière significative.) Cette vapeur d'eau qui formait une couche protectrice au-dessus de la terre est également devenue, lorsqu'elle s'est rompue, le moyen de son jugement.

D'après l'Ecriture, le déluge a été la seule catastrophe à l'échelle cosmique jusqu'à aujourd'hui. Les choses sont restées plus ou moins inchangées depuis le déluge, bien que Jésus lui-même ait dit que le jugement de Dieu était imminent à son époque (cf. Mt 3:2, 10-12).

Pierre souligne que personne ne devrait interpréter ce délai accordé par Dieu comme une apathie, une infidélité ou un laisser-aller de sa part. Rappelons-nous en premier lieu que l'écoulement du temps n'affecte Dieu en aucune manière. Mille ans équivalent à un jour pour lui. Ce que Jésus qualifiait d'imminent il y deux mille ans est tout aussi imminent aujourd'hui.

Mais au-delà de ces considérations, Dieu repousse le moment du jugement final à cause de sa grâce: "Mais il est une chose, bien-aimés, que vous ne devez pas ignorer, c'est que, devant le Seigneur, un jour est comme mille ans, et mille ans sont comme un jour. Le Seigneur ne tarde pas dans l'accomplissement de la promesse, comme quelques-uns le croient; mais il use de patience envers vous, ne voulant pas qu'aucun périsse, mais voulant que tous arrivent à la repentance" (2 Pi 3:8-9).

Dieu "est bon envers tous, et ses compassions s'étendent sur toutes ses oeuvres" (Ps 145:9). Souvenons-nous qu'immédiatement après le déluge, Dieu fit la promesse de ne jamais plus détruire la terre de cette manière (Ge 9:12-16) – et l'arc-en-ciel fut le signe de cette promesse. La grâce de Dieu est toujours agissante et l'heure de la colère n'est pas encore venue.

Toutefois, que l'on ne se trompe pas: sa grâce n'annule pas son jugement. La colère de Dieu se manifestera à son tour, lorsque le Jour du Seigneur paraîtra. Pierre nous rappelle que, de même que "le monde d'alors périt, submergé par l'eau", de même ce monde passera par une destruction cataclysmique: "Les cieux et la terre d'à présent sont gardés et réservés pour le feu, pour le jour du jugement et de la ruine des hommes impies" (2 Pi 3:7).

Ainsi, cette fois-ci, ce ne sera pas un jugement par l'eau, mais par le feu – et un feu que l'humanité n'aura pas connu auparavant: "Le jour du Seigneur viendra comme un voleur; en ce jour, les cieux passeront avec fracas, les éléments embrasés se dissoudront, et la terre avec les oeuvres qu'elle renferme sera consumée" (v. 10). La science nucléaire nous montre qu'une telle destruction peut se produire. La fission de l'atome permet à l'homme de libérer un potentiel de destruction inimaginable – une réaction en chaîne d'explosions atomiques pourrait littéralement désintégrer la terre. De plus, la terre renferme en elle un potentiel de feu considérable. Nous vivons sur la couche extérieure d'une boule de feu; une boule de quelque treize mille kilomètres de diamètre formée principalement de matière en fusion. Le centre de la terre n'est rien d'autre qu'un lac de feu en ébullition qui, s'il se trouve trop près de l'écorce terrestre, jaillit vers l'extérieur sous la forme d'un volcan.

Mais le feu dont parle Pierre n'est pas une simple bombe nucléaire. Il s'agit de bien plus. Il s'agit plutôt d'une dissolution globale qui aura des proportions universelles. Les cieux passeront dans un bruit fracassant; les éléments se dissoudront dans une chaleur ardente; le monde tel que nous le connaissons sera instantanément consumé. Ce sera le point culminant d'une période eschatologique appelée "le Jour du Seigneur", que l'Ecriture associe toujours avec l'effusion de la colère divine et du jugement. La consommation de toutes choses ne sera rien d'autre que la destruction soudaine de l'univers. Ce sera une décréation! Quels que soient les efforts déployés par des militants écologistes, rien ne pourra préserver la planète de l'anéantissement qui l'attend. Toutes leurs actions n'y changeront rien, car notre planète est un lieu temporaire et destiné à passer.

Les paroles de Pierre ont une portée pratique immédiate: "Puisque tout cela est en voie de dissolution, combien votre conduite et votre piété doivent être saintes. Attendez et hâtez l'avènement du jour de Dieu, jour à cause duquel les cieux enflammés se dissoudront et les éléments embrasés se fondront!" (2 Pi 3:11-12). La réponse est simple: si tout ce qui existe dans cette vie est périssable, nous devons fixer nos regards et nos cœurs sur ce qui est impérissable. Comme Abraham, le père des croyants, nous devons ancrer nos espérances sur une cité éternelle – une cité dont l'architecte et le constructeur est Dieu lui- même, une cité qui ne passera jamais. Pierre conclut ainsi: "Mais nous attendons, selon sa promesse, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, où la justice habitera" (v. 13).

Mais même ce grand jugement final de Dieu est une manifestation de sa grâce, car seulement à ce moment-là l'univers tout entier cessera de gémir sous la malédiction du péché (Ro 8:19-22).

Un nouveau ciel et une nouvelle terre

Revenons à Apocalypse 21, où nous trouvons une description du "nouveau ciel et une nouvelle terre; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'était plus" (v. 1). Le mot grec kainos que l'on traduit par "nouveau" signifie que la terre que Dieu créera ne sera pas simplement "nouvelle" par contraste à "ancienne". Elle sera différente. Paul utilise le même mot grec en 2 Corinthiens 5:17: "Si quelqu'un est en Christ, il est une nouvelle création". Il est ici question d'un changement de qualité, voire de nature. A l'image de notre nouveauté de vie en Christ, le nouveau ciel et la nouvelle terre seront glorifiés et libérés de la malédiction du péché. Ils seront éternels.

L'Ecriture ne nous dit pas à quoi ressemblera la nouvelle terre, mais nous avons des raisons de croire que, sur bien des points, elle nous sera familière. Jérusalem sera toujours là – même s'il s'agira d'une toute nouvelle Jérusalem. La description de Jean est centrée sur la Ville Sainte, qui possède des rues, des murs et des portes. Jean mentionne également une haute montagne, de l'eau, un fleuve et des arbres. Mieux encore, il y voit des gens. La ville sera habitée par le peuple de Dieu – des personnes réelles que nous pourrons connaître et avec qui nous partagerons une communion éternelle.

Toutes choses seront nouvelles

Malgré quelques éléments familiers, la nouvelle terre sera complètement différente de celle que nous connaissons, et, en ce sens, certaines choses seront tout à fait nouvelles pour nous. Par exemple, Jean dit que "la mer n'était plus" (Ap 21:1). Ceci est une différence considérable que nous remarquerons immédiatement, en raison de la prédominance de l'eau sur la terre, qui couvre la majeure partie de la surface du globe. Certains commentateurs pensent que ceci souligne l'inexistence de toutes les frontières nationales. D'autres disent que la mer symbolisait la peur pour les anciens, et que l'absence de mer implique l'absence de peur. Ces deux interprétations peuvent toutes deux être vraies. Le nouveau ciel et la nouvelle terre ne contiendront rien que nous puissions craindre, et rien ne nous séparera des autres. La seule eau dont il est question au ciel est "un fleuve d'eau de la vie, limpide comme du cristal, qui sortait du trône de Dieu et de l'Agneau" (Ap 22:1). Au ciel, l'artère principale de la ville est traversée par cette rivière limpide comme le cristal (v. 2).

En Apocalypse 21:3-7, nous trouvons les caractéristiques les plus remarquables du Nouveau Ciel et de la Nouvelle Terre:

"J'entendis du trône une forte voix qui disait: Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes! Il habitera avec eux, et ils seront son peuple, et Dieu lui-même sera avec eux. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus; il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car les premières choses ont disparu. Et celui qui était assis sur le trône dit: Voici, je fais toutes choses nouvelles. Et il dit: Ecris; car ces paroles sont certaines et véritables. Et il me dit: C'est fait! Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. A celui qui a soif, je donnerai de la source de l'eau de la vie, gratuitement. Celui qui vaincra héritera ces choses; je serai son Dieu, et il sera mon fils."

Ce passage de l'Ecriture contient de merveilleuses promesses au sujet du ciel. Ce sera un royaume où régnera un bonheur parfait, et où les larmes, la souffrance, la détresse et les pleurs n'auront aucune place. Ce sera un lieu où le peuple de Dieu demeurera uni éternellement autour de lui, totalement libéré des effets du mal et du péché. Ce passage nous décrit Dieu séchant lui-même les larmes sur le visage des rachetés.

Le ciel verra la victoire totale sur la mort (1 Co 15:26). Il n'y aura plus aucune maladie, plus aucune difficulté, plus aucune famine, plus aucune tragédie d'aucune sorte. Il n'y aura qu'une joie absolue et une bénédiction éternelle. Il n'est pas étonnant que nos esprits humains, qui n'ont jamais connu rien d'autre que cette vie de péchés et de calamités, aient de la peine à imaginer une félicité aussi parfaite.

Est-ce que le ciel pourra être parfait malgré l'existence de l'enfer?

De nombreuses personnes se demandent comment elles pourront supporter l'éternité sachant que certains parmi les bien-aimés qu'elles ont connus sur terre n'y seront pas. Qu'en est-il des parents dont le fils rebelle s'est éloigné de Christ et est mort dans l'immoralité et l'incrédulité? Comment le ciel pourra-t-il être parfait pour eux? Qu'en est-il de quelqu'un dont le père est mort dans le péché, sans connaître le Seigneur? Comment une telle personne peut-elle supporter la souffrance d'une séparation éternelle? Qu'en est-il de la veuve qui se tourne vers Christ après que son époux aimé est mort dans un état d'incroyance? Comment le ciel peut-il être un lieu de bonheur parfait s'il n'y a aucun espoir que nous y retrouvions les êtres que nous aimons?

Nous devons reconnaître que l'Ecriture ne donne pas de réponse particulière à ces questions. Certains pensent que nous n'aurons plus la mémoire de nos relations terrestres. L'Ecriture donne d'ailleurs une indication qui pourrait corroborer une telle interprétation. En Esaïe 65, nous trouvons en effet un passage qui décrit le nouveau ciel et la nouvelle terre, et dans lequel Dieu dit: "Je vais créer de nouveaux cieux et une nouvelle terre; on ne se rappellera plus les choses passées, elles ne reviendront plus à l'esprit" (v. 17). Cependant, cela ne signifie en aucun cas que nous aurons totalement oublié notre vie sur terre et les relations que nous avons pu avoir avec les autres. En effet, certaines de ces relations continueront éternellement. De plus, nous passerons l'éternité à nous remémorer la gloire du salut que Christ nous a offert. Puisque notre salut a été accompli par son oeuvre sur la terre, il nous est impossible d'oublier tous les événements et les relations que nous avons pu vivre sur la terre.

La perspective céleste nous donne cependant une compréhension bien plus claire des choses. Maintenant, nous voyons comme dans un miroir imparfaitement poli. Mais alors, nous connaîtrons comme nous avons été connus (1 Co 13:12). Tout ce qui nous attache encore ici-bas sera sublimé par des relations bien plus satisfaisantes et des affections plus profondes. De même que Dieu promet d'être un père pour les orphelins ici-bas (Ps 68:5), de même il remplira personnellement le vide qui sera laissé par une relation terrestre qui n'est plus – et d'une manière parfaite, parce que nos sentiments et nos désirs ne seront pas entachés par les effets de notre péché. Nous verrons la justice parfaite de Dieu, nous la comprendrons bien mieux, et nous glorifierons le Seigneur pour chaque détail de son plan éternel – y compris la manière dont il agit avec les méchants. Les derniers versets de la prophétie d'Esaïe montrent que la destruction des méchants sera finalement un sujet d'adoration (Es 66:22- 24). L'existence de l'enfer n'obscurcira pas la gloire du ciel et n'amoindrira en rien la félicité éternelle des croyants.

Nous ne savons pas comment les croyants acquerront cette nouvelle compréhension des choses parce que l'Ecriture n'en parle tout simplement pas. L'Ecriture nous promet que Dieu lui-même séchera les larmes de notre visage et qu'il nous donnera une joie suprême et des "délices éternelles" (Ps 16:11). Mais, pour l'heure, il nous suffit de savoir que nous pouvons avoir confiance en son infinie bonté, sa compassion et sa miséricorde.

Nous constatons par ailleurs que lorsque Dieu dit qu'il fera toutes choses nouvelles, il ajoute à l'apôtre Jean: "Ecris; car ces paroles sont certaines et véritables" (Ap 21:5) – comme pour ajouter un point d'exclamation à la fermeté de ces grandes promesses. Nous qui connaissons le Seigneur, nous savons que nous pouvons lui faire confiance même si nous avons des questions qui n'ont pas encore reçu de réponse. Toutes ses paroles sont certaines et véritables. Aussi, lorsqu'il dit qu'il fera toutes choses nouvelles, c'est une promesse certaine à laquelle nous pouvons nous attacher, en dépit de notre incapacité de savoir exactement comment toutes les difficultés se résoudront. Le ciel sera d'une perfection absolue, même s'il nous est impossible de tout comprendre maintenant.

Nous pouvons affirmer encore une chose: l'on ne peut pas accuser Dieu de manquer de bonté ou de miséricorde parce que des personnes sont condamnées à la perdition éternelle. Dieu ne peut pas être tenu pour responsable de leur destruction, car il offre de l'eau de la vie à tous ceux qui ont soif (v.6). Si certains décident de se détourner de lui et pèchent volontairement (cf. Ro 1:18-23), ils en sont eux-mêmes responsables.

Ceux qui ont vaincu

Les rachetés bénéficient d'une promesse supplémentaire. Dieu dit: "Celui qui vaincra héritera ces choses; je serai son Dieu, et il sera mon fils" (Ap 21:7). Dieu élèvera les élus et leur donnera des privilèges inimaginables – il leur accordera un héritage au -delà de toute mesure terrestre.

"Celui qui vaincra" inclut tous les élus qui ont été rachetés par le sang de l'Agneau. Il n'y a aucune distinction entre eux. Contrairement à l'enseignement de certains, il n'existe pas un ciel pour "ceux qui ont vaincu" et un autre pour les "chrétiens vaincus". Ainsi, par exemple, une idée tenace va jusqu'à affirmer que "les ténèbres du dehors" dont parle Matthieu 8:12 (où "il y aura des pleurs et des grincements de dents") sont un endroit du ciel réservé aux croyants qui n'auront pas vaincu! Selon cette théorie, ceux qui auront vaincu font partie d'une catégorie "particulière de chrétiens qui persévèrent" (Dillow p.481). Les chrétiens qui n'auront pas vaincu, eux, seront bannis aux confins du ciel, et ils ne pourront pas avoir part à une bénédiction complète. Mais un tel point de vue est clairement non biblique.

Le concept d'un "vrai croyant qui ne persévère pas dans la foi" n'est pas scripturaire – simplement parce que Dieu lui-même a promis qu'il prendrait soin de nous. Nous sommes "par la puissance de Dieu... gardés par la foi pour le salut" (1 Pi 1:5). Par conséquent, tous les vrais chrétiens sont finalement des "vainqueurs". Ceux qui s'éloignent de la foi montrent en réalité qu'ils n'ont jamais réellement été en Christ (1 Jn 2:19). C'est ce que l'on appelle la "persévérance des saints".

L'expression "celui qui vaincra", ou d'autres expressions similaires, est tout à fait courante dans les écrits de Jean. L'apôtre Jean utilise le concept du "vainqueur" tout simplement comme synonyme du mot "croyant". Ainsi, selon cette définition, tous les chrétiens sont des "vainqueurs". Il s'adresse aux pères aussi bien qu'aux jeunes gens comme ayant "vaincu le malin" (1 Jn 2:13-14). Il met en garde tous les croyants contre l'esprit de l'Antéchrist, puis il écrit: "Vous, petits enfants, vous êtes de Dieu, et vous les avez vaincus, parce que celui qui est en vous est plus grand que celui qui est dans le monde" (4:4). Et afin que tous comprennent bien que tous les croyants sont des vainqueurs, il ajoute: "Tout ce qui est né de Dieu triomphe du monde; et la victoire qui triomphe du monde, c'est notre foi. Qui est celui qui a triomphé du monde, sinon celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu?" (5:4-5). Il n'y donc pas de croyant qui ne soit un vainqueur dans ce sens. Cette association du croyant avec l'idée de victoire est également employée dans les lettres de Jésus aux églises (cf. Ap 2:7, 11, 17, 26; 3:5, 12, 21).

Enfants, donc héritiers

Lorsque Dieu dit "Celui qui vaincra héritera ces choses", il fait cette promesse à tous les croyants. Il sera notre Dieu, et nous serons ses enfants. Le ciel sera notre maison, et nous y habiterons non en tant que simples invités, mais avec tous les privilèges de membres de la famille – nous serons les enfants du maître de la maison.

Une étude des passages bibliques qui sont en rapport avec notre héritage céleste pourrait faire l'objet d'un livre tout entier. L'Ecriture nous enseigne que tous les croyants sont des enfants de Dieu (Jn 1:12) – "Si nous sommes enfants, nous sommes aussi héritiers: héritiers de Dieu, et cohéritiers de Christ" (Ro 8:17).

Sans surprise, ceux qui pensent que le ciel est divisé entre les "vainqueurs" et les chrétiens ordinaires suggèrent bien souvent que seuls les "vainqueurs" hériteront du royaume. Ceux qui sont laissés pour compte dans les "ténèbres du dehors" seraient des déshérités, mis à la porte de la maison du Père, écartés de la salle du banquet, relégués à l'existence d'un ordre inférieur dans le royaume éternel – et surtout, ils ne seraient pas admis dans la présence de Dieu (Dillow p. 348). Cette vision du ciel est tout à fait singulière, et elle ne s'appuie sur aucun fondement biblique! Elle sous-entend que l'héritage spirituel et céleste du chrétien doit être mérité par les oeuvres. L'idée que quelqu'un puisse se trouver au ciel dans ce genre de limbes spirituelles – dépourvu de tout héritage céleste – est totalement étrangère à tout ce que l'Ecriture nous dit sur le ciel.

Bien entendu, il existe des passages où l'Ecriture souligne qu'il y aura différents degrés d'honneur dans le ciel. Par exemple, la parabole en Luc 19:16-19 présente Dieu comme un homme de haute naissance qui récompense deux de ses fidèles serviteurs en leur octroyant à l'un dix et à l'autre cinq villes à gouverner. Par ailleurs, Jésus parle du "plus petit dans le royaume des cieux" (Mt 11:11) – impliquant qu'il y a une pluralité de rangs au ciel. Le Seigneur a souvent enseigné que les croyants recevront une récompense pour prix de leur fidélité – et ces récompenses varient d'une personne à l'autre (Mt 25:21-24).

Sur quelle base ces récompenses seront-elles attribuées? Nos oeuvres seront éprouvées justement à cette fin. Au jour où nous nous tiendrons devant le trône du jugement de Christ, l"'édifice" que forment nos oeuvres terrestres sera éprouvé par le feu de Dieu. Certaines constructions superbes mais conçues pour l'étalage seront réduites en poussière parce qu'elles n'auront pas été bâties à l'aide d'un matériau durable. Comme des décors de cinéma, ces ouvrages que nous aurons élevés peuvent avoir une apparence magnifique et paraître authentiques même lors d'une inspection minutieuse, mais le feu les éprouvera et révélera leur véritable nature. Le feu fera ressortir ce qui est en réalité, et brûlera ce qui est en apparence. Tout ce qui est fait de bois, de foin et de chaume sera brûlé. L'Ecriture promet que "si l'œuvre bâtie par quelqu'un sur le fondement subsiste, il recevra une récompense" (1 Co 3:14). Qu'en est-il de la personne dont les oeuvres seront consumées? "Il perdra sa récompense; pour lui, il sera sauvé, mais comme au travers du feu" (v. 15). Ceci fait penser à quelqu'un qui est tiré d'un bâtiment en flammes. Il peut sortir des flammes indemne, mais l'odeur de fumée l'enveloppe – il a échappé à la destruction de peu.

Toutefois, ne vous hâtez pas de reléguer une telle personne aux confins des ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Comme le malfaiteur sur la croix, comme l'ouvrier de la dernière heure, une telle personne recevra infiniment plus qu'elle n'aura en réalité mérité. Même ceux qui échappent de justesse aux flammes demeurent les héritiers de Dieu, et les cohéritiers de Christ, partageant pleinement la bénédiction éternelle du ciel. Le plus petit du royaume est néanmoins plus grand que le plus grand sur la terre (Mt 11:11). Dans ce royaume, les derniers sont les premiers et les premiers sont les derniers – ce qui signifie que, pour ce qui concerne notre héritage, nous serons tous à égalité. Et, puisque nous offrirons tous nos récompenses devant le trône de l'Agneau (cf. Ap 4:10), il ne peut y avoir de hiérarchie bien prononcée parmi ceux qui sont sauvés pour l'éternité. Rien ne justifie la théorie selon laquelle certains n'auraient pas droit aux festins célestes et seraient consignés dans les parties extérieures du royaume.

En réalité, notre héritage céleste et notre récompense sont totalement indépendants l'un de l'autre. Nous ne gagnons pas notre héritage éternel par nos propres mérites. Il n'est pas attribué en fonction de nos oeuvres. L'apôtre Paul relie notre héritage à notre adoption en tant que fils (Ro 8:15-17). Par définition, un héritage n'est pas une récompense pour des efforts personnels. C'est un droit que l'on acquiert à la naissance.

De plus, il y avait une différence considérable entre la loi romaine et la coutume juive dans le domaine de l'héritage filial. Dans la loi juive, le fils aîné recevait toujours une double part de l'héritage. Dans le système romain, tous les enfants pouvaient recevoir une part égale. Lorsque Paul écrivait "si nous sommes enfants, nous sommes aussi... cohéritiers de Christ" (Ro 8:17), il s'adressait à un public romain. Un examen du contexte montre qu'il insiste en réalité sur l'égalité des enfants de Dieu et l'assurance que chaque chrétien peut avoir de son héritage.

Lorsqu'il écrit aux Galates, Paul dit en substance la même chose: "Et si vous êtes à Christ, vous êtes donc la descendance d'Abraham, héritiers selon la promesse" (Gal 3:29). Il se réfère à la même pensée au chapitre suivant: "Et parce que vous êtes fils, Dieu a envoyé dans nos cœurs l'Esprit de son Fils, lequel crie: Abba! Père! Ainsi tu n'es plus esclave, mais fils; et si tu es fils, tu es aussi héritier par la grâce de Dieu" (4:6-7). L'héritage n'est pas une récompense pour bons et loyaux services (comme c'était le cas dans la plupart des paraboles de Jésus). C'est en réalité un droit que possède chaque enfant du Père.

L'Ecriture enseigne tout simplement que tous les chrétiens recevront une part de l'héritage céleste. Chaque croyant "héritera ces choses" (Ap 21:7). L'héritage n'est donc pas comptabilisé en termes de valeur. Et lorsque Dieu dit "Je serai son Dieu, et il sera mon fils" – cela signifie que le ciel sera non seulement notre demeure, mais également notre possession. Nous ne serons pas simplement les pensionnaires du ciel, mais des membres de la famille à part entière. Quel privilège inexprimable!

 


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