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Ne vous trompez pas de chemin !

Auteur: David Shutes

1 Jean 4:17-21
"17 Voici comment l’amour est parfait en nous, afin que nous ayons de l’assurance au jour du jugement: tel il est lui, tels nous sommes aussi dans ce monde. 18 Il n’y a pas de crainte dans l’amour,
mais l’amour parfait bannit la crainte, car la crainte implique un châtiment, et celui qui craint n’est point parfait dans l’amour. 19 Pour nous, nous aimons, parce que lui nous a aimés le premier. 20 Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur, car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. 21 Et nous avons de lui ce commandement: Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère."

Le jeûne dans la Bible

On pense parfois que le plus important est d'avancer. Du moment qu'on progresse, même si tout n'est pas encore comme il faut, c'est l'essentiel. Mais ce n'est pas forcément le cas.

J'ai connu des gars qui étaient partis faire une balade. Ils devaient arriver le soir dans un certain village, où ils devaient passer la nuit. La journée s'est bien passée. Il faisait relativement beau, et ils ont avancé toute la journée. Le chemin était long, mais ils allaient de l'avant, sans se décourager. Tout allait bien, pensaient-ils.

En fin d'après-midi, ils sont arrivés, mais pas du tout là où ils devaient être. Ils étaient à des kilomètres de leur destination. Ils étaient même aussi loin du but que quand ils sont partis le matin. C'est parce qu'ils avaient toute la journée sur la mauvaise route. Quelle surprise désagréable ! Tout cet effort, pensant que tout était en ordre parce qu'ils progressaient comme ils le voulaient, pour constater à la fin qu'ils avaient tout raté. Chaque pas qu'ils faisaient les éloignait encore plus du but, parce que ce n'était pas la bonne direction.

Je suis de plus en plus persuadé que beaucoup de chrétiens font quelque chose de très similaire. Ils progressent, ils apprennent à mieux faire ce qu'ils sont en train de faire, ils encouragent d'autres à avancer avec eux, mais ils ne s'approchent pas du but, parce qu'ils sont sur le mauvais chemin.

Le texte de 1 Jean 4:17-21 nous donne trois aspects différents du chemin que nous sommes censés suivre. Jean, qui avait été formé par Jésus lui-même dans sa jeunesse, et qui avait vécu une cinquantaine d'années depuis le départ de Jésus, avait eu beaucoup d'occasions de voir des personnes avancer, et d'avancer lui-même. Il savait que le but est encore devant, que personne n'est parfait. Il encourageait donc les croyants à continuer d'avancer. Mais non d'avancer sur n'importe quel chemin. Le "progrès" n'est pas réellement progrès s'il se fait dans la mauvaise direction. Jean avait vu tant de personnes qui se disaient chrétiennes s'éloigner de la vérité, parce qu'elles se sont trompées de chemin. Au sujet de certains qui ont fait fausse route, il avait écrit dans 1 Jean 2:19: "Ils sont sortis de chez nous, mais ils n’étaient pas des nôtres; car, s’ils avaient été des nôtres, ils seraient demeurés avec nous; mais de la sorte, il est manifeste que tous ne sont pas des nôtres."

Autrement dit, ce sont des gens qui faisaient fausse route depuis longtemps. Ils n'ont jamais dit: "Après tout, ce n'est pas la peine d'être chrétiens; on abandonne."Au contraire, ils persévéraient. Ils allaient de l'avant. Mais dans une mauvaise direction qui les éloignait de plus en plus de Christ. C'est pour cela que Jean nous précise, dans ce texte du chapitre 4, quel est le bon chemin à suivre. Il vaut la peine de le méditer, si nous ne voulons pas nous tromper de chemin.

Ne vous trompez pas de modèle

La première chose que Jean met en avant dans ce texte, dans le verset 17, concerne notre modèle de vie: "Voici comment l’amour est parfait en nous, afin que nous ayons de l’assurance au jour du jugement: tel il est lui, tels nous sommes aussi dans ce monde."

Ce texte semble clair et, a priori, sans controverse: notre modèle en tant que croyant, c'est Jésus-Christ lui-même. Nous sommes appelés à être comme lui dans ce monde.

Mais ce n'est pas si simple ! L'image courante de Jésus — image qui est plus ou moins juste, soit dit en passant — est de quelqu'un qui "allait de lieu en lieu en faisant le bien" comme Pierre le dit dans Actes 10:38. Il guérissait les malades, il ressuscitait les morts, il multipliait la nourriture et le vin, il était une source de bénédiction pour ceux qui l'entouraient.

Pensons donc à cette image de Jésus qui utilise toutes ses capacités divines, tout son temps, toute son énergie, pour faire du bien à ceux qui étaient autour de lui, et ceux qui le fréquentaient, qui croisaient son chemin, et qui bénéficiaient de sa compassion et de ses miracles. Je constate que l'ambition d'une partie grandissante des chrétiens n'est pas d'être comme Jésus, mais d'être comme ceux qui bénéficiaient de ses largesses.

Cela veut dire, en clair, que nous nous trompons facilement de modèle. Nous sommes bien plus motivés pour recevoir des bénédictions que pour devenir des bénédictions. Nous voulons être de ceux qui reçoivent plutôt que de ceux qui donnent.

On en a même fait toute une théologie explicite. Trop de prédicateurs, trop de livres, trop de témoignages, nous exhortent à faire exactement cela. On va jusqu'à laisser penser — parfois même jusqu'à dire explicitement — que si nous ne bénéficions pas de tels miracles et délivrances, il y a un problème chez nous. Nous manquons de foi, ou il y a un péché dans nos vies qui nous empêche de profiter de tout ce que Dieu veut faire pour nous.

C'est grave. Cela veut dire que nous nous trompons facilement de modèle. Notre aspiration n'est pas d'être comme Jésus, mais d'être comme ceux qu'il aidait — dont un bon nombre n'étaient même pas de ses disciples. (On pense par exemple aux dix lépreux qu'il a guéris dans Luc 17, dont neuf n'ont même pas pensé le remercier.)

Bien sûr, je ne suis pas Jésus. Je n'ai pas les capacités divines qu'il avait, et je ne peux surtout pas donner ma vie pour racheter les perdus. Mais je peux néanmoins suivre son exemple, à mon propre niveau, en dépensant et en me dépensant pour faire du bien à ceux qui m'entourent. Au lieu d'utiliser mon temps et mes capacités pour me faire une vie confortable dans ce monde, je peux faire un maximum de bien autour de moi. Je peux le faire en annonçant l'Evangile, je peux le faire en étant une personne encourageante plutôt que critique, je peux le faire avec mon argent, mon temps et mes ressources... il y a beaucoup de manières pour "aller de lieu en lieu en faisant le bien".

Tant que nous sommes plus préoccupés par le désir de recevoir des bénédictions que de devenir nous-mêmes des bénédictions pour ceux qui nous entourent, nous nous trompons de modèle. Nous voulons être le mendiant avec la main tendue vers Jésus, plutôt que la main bénissante tendue vers ceux que nous côtoyons. Il y a donc un point à corriger ici: ne nous trompons plus de modèle !

Ne vous trompez pas de motivation

Le prochain aspect de notre vie dans ce monde que Jean met en avant concerne notre motivation pour faire ce que nous faisons. En parlant de notre modèle, il avait dit qu'en étant comme Jésus dans ce monde, nous pouvons avoir de l'assurance au jour du jugement. Cela peut donner l'impression que la motivation principale pour faire du bien autour de nous est d'éviter la punition ou la condamnation. Mais ce n'est pas le cas. C'est afin de montrer que ce n'est pas ce qu'il voulait dire qu'il ajoute le verset 18: "Il n’y a pas de crainte dans l’amour, mais l’amour parfait bannit la crainte, car la crainte implique un châtiment, et celui qui craint n’est point parfait dans l’amour."

Il y a différentes motivations dans la vie. Je peux faire quelque chose en vue de ce que je recevrai en retour: je sers le Seigneur, par exemple, afin de recevoir une récompense supérieure aux autres, le jour où je serai devant lui. Dans le fond, c'est une motivation profondément égoïste. Ce qui me motive n'est pas le bienfait à ceux qui croisent mon chemin, mais le bien que je pense qui me viendra en retour. Là encore, il y en a qui enseignent presque explicitement que c'est comme ça qu'il faudrait voir la vie chrétienne, mais j'ai vraiment du mal à imaginer que Dieu va récompenser l'égoïsme.

Je peux aussi agir par obligation: c'est un commandement, c'est un devoir, de vivre et d'agir de telle ou telle manière. Mais pourquoi faire quelque chose, même si c'est un commandement ? C'est parce que le refus d'obéir à un commandement implique une sanction d'une nature ou d'une autre: si je ne fais pas ce que je dois faire, je serai puni.

C'est pour montrer que cela ne doit pas être notre motivation non plus que Jean écrit au verset 18 qu'il n'y a pas de crainte dans l'amour, que la crainte implique un châtiment. Si nous obéissons à Dieu uniquement parce que nous craignons d'être punis, nous nous trompons de motivation.

Je ne peux plus compter le nombre de fois que j'ai entendu des prédicateurs mettre en avant explicitement l'obligation comme raison pour vivre la vie chrétienne: nous devons nous faire baptiser parce que c'est un commandement de Jésus, nous devons témoigner de notre foi parce que c'est un commandement de Dieu, nous devons donner de l'argent à l'église parce que c'est un commandement de Dieu, nous devons prier par que c'est un commandement de Dieu... On est dans la définition-même du légalisme avec cela. Nous faisons tout dans nos vies par obligation, ce qui implique par crainte d'un châtiment si nous ne le faisons pas.

Dans ce verset, l'apôtre Jean nous donne une autre motivation: agir par amour, tout simplement. Non pour ce que je peux recevoir en retour, par égoïsme, et non par crainte de ce qui pourrait m'arriver (ou dont je peux être privé) si je ne le fais pas, mais par amour pour ceux qui m'entourent. Dieu n'a aucune obligation envers nous, ses créatures, et il ne peut rien recevoir en retour de nous, comme s'il avait besoin de quelque chose (comme Paul le dit si bien dans Actes 17:24-25). Pourtant, nous ne pouvons pas compter ou comprendre tout le bien qu'il nous fait, à nous qui ne le méritons pas du tout. Pourquoi le fait-il ? Tout simplement parce qu'il est amour, comme Jean l'avait écrit deux fois dans ce chapitre 4.

Nous pouvons agir pour la même raison: par amour. L'apôtre Paul, qui s'est tant donné dans l'annonce de l'Evangile, a écrit dans 2 Corinthiens 5:14 que c'est l'amour de Christ qui le pousse à faire cela. Non un commandement, non un désir d'être mieux récompensé que les autres, mais l'amour.

Tout au long de cette première épître de Jean, il met en avant l'amour les uns envers les autres comme la caractéristique centrale des croyants. C'est une leçon qu'il avait eu besoin d'apprendre. Dans sa jeunesse, il avait manqué gravement d'amour. Dans Luc 9, nous apprenons qu'un village de Samaritains ne voulait pas recevoir Jésus et ses disciples simplement parce qu'ils étaient Juifs. Jean et son frère Jacques ont proposé tout simplement de faire tomber le feu du ciel pour les tuer tous. Jésus les a repris sévèrement pour cela, leur disant qu'ils ne savaient pas de quel esprit ils tenaient ces propos. Pas du Saint-Esprit, en tout cas, lui dont la première caractéristique du fruit est l'amour. C'est vraisemblablement suite à cet incident que Jésus a surnommé ces deux frères les "fils du tonnerre".

Mais avec le temps, en regardant l'exemple de Jésus et en écoutant l'enseignement de Jésus, Jean a compris ce qui motivait Jésus. Il a changé de modèle, en voulant être comme Jésus dans ce monde, et il a changé de motivation, parce qu'il a compris que ce qui motivait Jésus, c'était l'amour.

Dans ce verset 18, il nous exhorte à apprendre cette même leçon. Notre motivation pour la vie chrétienne ne doit pas être l'obligation, avec la crainte qui s'y attache, ni l'égoïsme qui nous pousse à agir pour ce que nous pouvons recevoir en retour, mais l'amour. Apprenons donc à regarder autour de nous avec des yeux d'amour, avec un vrai désir de chercher le bien-être de ceux qui nous entourent. Ne nous trompons pas de motivation !

Ne vous trompez pas de rôle

Le dernier aspect de la vie chrétienne que Jean développe dans ce passage découle du modèle et de la motivation qu'il venait de mettre en avant. Il développe ce dernier aspect plus longuement que les deux premiers, dans les versets 19-21: "Pour nous, nous aimons, parce que lui nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit: J’aime Dieu, et qu’il haïsse son frère, c’est un menteur, car celui qui n’aime pas son frère qu’il voit, ne peut aimer Dieu qu’il ne voit pas. Et nous avons de lui ce commandement: Que celui qui aime Dieu aime aussi son frère."

Notre rôle principal n'est pas de faire, mais d'aimer. Bien sûr, l'amour va nous inciter à faire. Un amour qui n'agit pas n'est pas un vrai amour. Jean l'avait dit lui-même, dans 1 Jean 3:18: "Petits enfants, n’aimons pas en parole ni avec la langue, mais en action et en vérité." Toutefois, les actes sont le fruit et non la racine.

Dans ce monde, il y a énormément de programmes pour aider des gens en détresse. C'est bien. Mais dans la plupart de ces programmes, il n'y a pas du tout cette dimension d'amour personnel. Combien de gens reçoivent de l'aide de l'Etat, de l'église, ou de la famille, sans pour autant se sentir et se savoir aimés ? La triste réalité du monde moderne, du moins en Occident, c'est que la plupart des gens ne se sentent pas aimés. Personne n'a jamais osé leur dire en face: "Je t'aime; tu es important pour moi."

J'apprécie beaucoup tous ceux qui s'engagent dans le travail humanitaire, dans l'évangélisation, dans le travail auprès de la jeunesse, ou dans tout autre aspect des oeuvres chrétiennes. Je travaille avec eux dans ces tâches, et je suis touché de voir leur dévouement. Mais il est trop facile, même dans des oeuvres nobles, de se concentrer sur des activités et d'oublier l'amour.

Bien sûr, si quelqu'un nous demande pourquoi nous le faisons, nous dirons que c'est par amour pour ceux qui bénéficient de notre action. Et c'est vrai. Mais ce n'est pas suffisant. Les gens apprécient  l'aide, mais ils se laissent toucher par l'amour. Les foules qui ont suivi Jésus l'ont fait parce qu'ils ont apprécié son aide, mais ceux qui sont vraiment devenus ses disciples sont ceux qui ont compris son amour. Si nous aidons les autres, il y aura toujours des gens prêts à se laisser aider. Mais le plus souvent, notre action n'ira pas plus loin que cela. Si nous voulons réellement toucher des coeurs, nous devons aimer.

Cela veut dire s'impliquer personnellement. Un homme riche peut tendre un billet à un mendiant, sans le regarder dans les yeux, par acquit de conscience. Mais Dieu nous demande de faire plus. Il nous demande de nous mettre avec les gens, de passer du temps avec eux, de les écouter, de leur montrer qu'ils sont importants pour nous. Si nous voulons être "comme Jésus dans ce monde", il ne faut pas avoir peur de s'approcher des gens. Même des gens qui ne sont pas fréquentables. Jésus se laissait approcher par des mendiants, par des prostituées, par des lépreux, par des collecteurs d'impôts, par tous les méprisés de la société. Souvent, en le faisant, cela le rendait impur selon la loi de Moïse: toucher un lépreux, c'est devenir impur. Cela ne le gênait jamais.

Il y a une histoire très intéressante qui se trouve dans Matthieu, Marc et Luc. Nous pouvons regarder dans Marc 5:25-34 (elle se trouve aussi dans Matthieu 9:20-22 et Luc 8:43-48):

"Or, il y avait une femme atteinte d’une perte de sang depuis douze ans. Elle avait beaucoup souffert entre les mains de plusieurs médecins; elle avait dépensé tout ce qu’elle possédait sans en tirer aucun
avantage; au contraire son état avait plutôt empiré. Ayant entendu parler de Jésus, elle vint dans la foule par derrière et toucha son vêtement. Car elle disait: Si je puis seulement toucher ses vêtements, je serai guérie. Au même instant, la perte de sang s’arrêta, et elle sentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Jésus ressentit aussitôt en lui-même qu’une force était sortie de lui. Il se retourna au milieu de la foule et dit: Qui a touché mes vêtements ? Ses disciples lui dirent: Tu vois la foule qui te presse, et tu dis: Qui m’a touché ? Et il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela. La femme effrayée et tremblante, sachant ce qui s’était passé en elle, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Mais Jésus lui dit: Ma fille, ta foi t’a sauvée; va en paix et sois guérie de ton mal."

Cette histoire donne une impression bizarre, comme s'il y a de la magie ici. Quelqu'un profite de la puissance de Jésus, sans permission. Mais ce n'est pas le cas. Jésus sait très bien ce qui se passe. D'une part, le verbe traduit "ressentir" dans la phrase "Jésus ressentit aussitôt en lui-même qu'une force était sortie de lui" signifie plutôt qu'il le savait. Ce n'était pas quelque chose qui s'est fait malgré lui, et dont il a ressenti l'effet. Il savait très bien ce qui se passait. En plus, quand personne ne se dénonce, le texte nous dit: "il regardait autour de lui pour voir celle qui avait fait cela." Cette traduction rend très bien le sens de l'original. Ce n'est pas un "qui a fait ça" impersonnel, mais bien "celle qui l'avait fait". Il savait non seulement ce qui s'est passé, mais en plus qui était concerné.

Pourquoi le fait-il ? Pourquoi poser cette question, en insistant tant, pour faire peur à cette pauvre dame ? C'est parce qu'il voulait qu'elle, ainsi que tous ceux qui l'entourent, comprennent ce qui se passe. Cette femme est atteinte d'une perte de sang qui n'en finit plus. Selon le Lévitique, elle est donc impure. Toujours selon la loi lévitique, toucher quelqu'un d'autre — y compris toucher son vêtement — rend cette personne impure aussi. Dans sa détresse, elle a osé rendre impur un prophète notable. Mais c'est pour cela qu'elle essaie de le faire en cachette. Personne ne le saura, ni lui, ni les autres.

Mais ça ne marche pas comme ça. Il n'y a pas de magie en Jésus. C'est Jésus qui guérit, pas une force impersonnelle qu'il ne maîtrise même pas. Il savait très bien ce qui se passait, et il a guéri cette femme. Mais il voulait qu’elle reconnaisse ce qu'elle a fait, pour que tout le monde le voie. Quand elle le fait, coincée par le fait que Jésus la fixe du regard et qu'elle sait qu'elle ne peut pas rester cachée, Jésus lui parle avec une énorme tendresse. Il ne l'appelle pas "femme" (ce qui serait l'équivalent, dans leur société, de "madame" dans la nôtre), mais "fille". Il dit même: "ma fille", une expression très personnelle et pleine de compassion.

Elle voulait bénéficier de son aide. Elle n'imaginait pas qu'elle pouvait être aimée de Jésus, au point qu'il accepterait de se laisser rendre impur afin de l'aider. Jésus veut montrer à tous qu'il n'a aucune réticence de se laisser approcher même par les rejetés de la société.

C'est lui notre modèle, comme Jean nous l'avait montré dans le verset 17. Sa motivation, c'est l'amour, comme Jean l'indique dans le verset 18. Et son rôle n'est pas uniquement d'aider, mais d'aimer. De s'investir dans des vies. Ne nous trompons pas de rôle. Bien sûr, nous sommes là pour servir. Nous sommes là pour aider. Mais nous sommes là en tout premier lieu pour aimer. Et l'amour n'est pas pleinement manifesté si ceux qui en bénéficient ne se savent pas aimés. Si l'aide reste impersonnelle, si nous mettons en place des activités mais nous restons à distance, ils apprécieront notre aide mais ils ne se laisseront pas plus toucher que cela. Notre premier rôle est donc d'aimer.

Conclusion

Il est important d'avancer dans la vie chrétienne. Mais avancer, en soi, n'est pas suffisant. Il est important d'avancer sur le bon chemin. Aller de l'avant ne sert à rien, si nous sommes sur une mauvaise route. Jean nous rappelle à l'ordre ici. Si nous ne voulons pas nous tromper de chemin, faisons très attention à ces trois aspects de la vie chrétienne: ne nous trompons pas de modèle, ne nous trompons pas de motivation, ne nous trompons pas de rôle ! En se trompant sur l'un ou l'autre de ces points, nous pouvons avoir l'impression de vivre une vie chrétienne épanouie et même puissante, tout en nous éloignant de plus en plus de la vérité.
Notre vrai modèle, c'est Jésus, qui faisait tout pour les autres et qui ne cherchait rien pour lui-même. Notre vraie motivation, c'est l'amour, tout comme Jésus, et non l'ambition égoïste ou la crainte qui nous incite à obéir d'une manière légaliste. Et notre vrai rôle, c'est d'aimer.

Jean avait écrit quelques versets plus haut, dans ce même chapitre 4: "Personne n’a jamais vu Dieu. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et son amour est parfait en nous" (1 Jean 4:12).
Pourquoi dire ici que personne n'a jamais vu Dieu ? C'est vrai, mais cela semble hors sujet. Pourtant, ce n'est pas du tout hors sujet. Ceux qui nous entourent ne peuvent pas voir Dieu. C'est une des raisons principales pour lesquelles ils ne nous prennent pas trop au sérieux.
Mais si nous aimons réellement, Dieu est en nous. Et cela, tout le monde peut le voir. L'amour de Dieu devient visible quand nous aimons les autres. Si nous voulons avoir un vrai impact dans ce monde, donc, revenons au bon modèle, à la bonne motivation, et au bon rôle pour les croyants.
Non seulement nous ne serons pas sur un mauvais chemin en le faisant mais, en plus, nous pourrons encourager d'autres à nous rejoindre sur ce même chemin.

Le site de David Shutes: https://www.davidshutes.fr/


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