Perspectives
Chômage, sida, Marché commun, relations internationales, bourse, amour, santé, famille... que nous réserve l'avenir? De tout temps l'homme a cherché à connaître les événements futurs pour en tirer parti ou s'en prémunir. Les voyants de toutes sortes, qui prospèrent dans notre Europe déchristianisée, offrent une réponse à cette aspiration. Les prédictions des plus célèbres d'entre eux ont été largement diffusées par les médias en ce début d'année.
L'inconnu est générateur d'angoisse, chacun l'expérimente au fil des jours et des ans. En 1492, Christophe Colomb traversait l'Atlantique à la recherche d'une nouvelle voie vers les Indes. Peu avant d'atteindre l'archipel des Bahamas, son équipage refusa de poursuivre la navigation dans ces eaux inconnues. Il croyait fermement que la terre était plate et craignait d'arriver subitement à son extrémité et de tomber dans le vide. Aujourd'hui, cette crainte nous paraît bien naïve, mais alors, commandant et matelots étaient confrontés à l'inconnu. Quelques jours plus tard, Colomb découvrait le Nouveau Monde, et son équipage prenait pied sur l'île de Guanahani.
Au début d'une année nouvelle, on s'interroge naturellement sur les événements heureux et malheureux que les douze prochains mois apporteront aux individus et aux collectivités de tous ordres. Pour scruter l'avenir, l'homme sans Dieu n'a d'autres ressources que les prévisions rationnelles et les prédictions de ceux et celles qui prétendent lire dans l'avenir. Si la prévision scientifique ne cesse de s'améliorer, elle n'éclaire toutefois que le champs des phénomènes quantifiables et répétitifs. Pour le reste, l'homme se fie à une science occulte qui prétend connaître des relations entre les choses, des forces et des êtres échappant à l'observation scientifique. Un nombre croissant de nos contemporains, et non des moindres, consultent régulièrement leur horoscope et prennent conseil auprès de leur voyant avant toute décision importante. Cette recrudescence, dans une société qui par ailleurs se veut de plus en plus rationnelle, témoigne tout à la fois d'une quête d'absolu et d'un profond égarement.
Lorsque dans ces ténèbres, l'homme entend la voix de son Créateur, y répond, découvre son amour et reçoit sa grâce en Jésus-Christ, il accède à une nouvelle source de connaissance, la Bible, la Parole de Dieu, infaillible et innerante. Livre où Dieu parle de lui-même à ses créatures, de ses oeuvres et des leurs, de ses desseins et de leur réalisation, la Bible fournit une masse d'informations en rapport avec l'avenir à court et à long terme. L'étude de ces informations dépassant de beaucoup le cadre de cet article, je me bornerai à mentionner trois vérités essentielles se dégageant des textes bibliques.
Dieu est souverain
Instruit par les saintes Ecritures, le croyant découvre la souveraineté absolue du Maître des cieux et de la terre, du temps et de l'espace, des choses visibles et des invisibles, présentes et futures. Dieu dit et la chose arrive, il conçoit des plans et les exécute, sans que rien ni personne ne puisse l'en empêcher. «Tout ce que l'Eternel veut, il le fait, dans les cieux et sur la terre, dans les mers et dans tous les abîmes», déclare le psalmiste (Psaume 135:6). A ses contemporains, Jésus disait: «Ne vend-on pas deux passereaux pour un sou? Cependant, il n'en tombe pas un à terre sans la volonté de votre Père. Et même vos cheveux sont tous comptés. Ne craignez donc point: vous valez plus que beaucoup de passereaux» (Matthieu 10:29-31).
A l'écoute de la Parole divine, le croyant découvre la toute-puissance, la prescience, la bienveillance, la justice et l'amour du Dieu trinitaire. S'il est relativement aisé d'apprendre ces choses, leur intériorisation est généralement beaucoup plus lente, elle ne se prouve qu'au travers de la vie des chrétiens. Quelle puissante sécurité de se savoir aimé de celui qui contrôle les trajectoires de milliards d'étoiles aussi précisément que le nombre de nos cheveux, d'être le bien-aimé de celui pour qui toutes les nations de la planète ne pèsent pas plus qu'un peu de poussière sur une balance, d'avoir pour Père celui qui réduit leurs princes à rien et emploie leurs chefs à leur insu pour réaliser ses desseins. L'Ecriture fournit de nombreux exemples de la souveraineté, de la puissance et de la prescience de Dieu, le plus éclatant étant assurément l'incarnation et la résurrection de son Fils. Lorsque les temps fixés d'avance par Dieu furent accomplis, il envoya son Fils dans une chair semblable à la nôtre, mais exempte de péché, pour réconcilier ses créatures avec lui-même en mettant à son compte leurs péchés. Alors même que les hommes le rejetaient et croyaient se débarrasser à jamais de lui en lui infligeant une mort ignominieuse, ils réalisaient involontairement le plan de Dieu pour leur salut. Le jour de la Pentecôte, poussé par l'Esprit, Pierre, commentant cet événement, dit à ses concitoyens: «Cet homme, livré selon le dessein arrêté et selon la prescience de Dieu, vous l'avez crucifié, vous l'avez fait mourir par la main des impies. Dieu l'a ressuscité, en le délivrant des liens de la mort, parce qu'il n'était pas possible qu'il soit retenu par elle (Actes 2 : 23,24). Découvrant et expérimentant la totale souveraineté de Dieu, le chrétien peut dire en toute confiance avec le psalmiste: «Mes destinées sont dans ta main» (Psaume 31:16).
Dieu a un plan
Le Dieu de la Bible apparaît comme un artiste maîtrisant parfaitement toute son oeuvre, jamais comme un improvisateur trouvant des solutions de dernière minute.
Pour user d'un anthropomorphisme, Dieu a réfléchi avant d'agir, désormais il agit selon son dessein. Lorsqu'il appelle un païen vivant dans la vieille métropole d'Ur en Sumer, au sud de l'Irak d'aujourd'hui, Dieu a un plan. Par-delà Abram, il voit déjà les douze fils de Jacob en Egypte, l'exode d'Israël sous la conduite de Moïse, David et ses successeurs, l'exil et le Temple de Zorobabel, Hérode le Grand menaçant la vie de l'enfant de Bethléhem, son Fils unique sur la croix de Golgotha, ses douze apôtres et tous ceux qui croiront en lui par la suite, vous et moi et ceux qui doivent encore hériter du salut. Vaste perspective que celle ouverte par l'Ecriture sur le dessein éternel de Dieu. Nul ne peut l'embrasser totalement comme le dit l'Ecclésiaste: «Il fait toute chose belle en son temps; même il a mis dans leur cœur la pensée de l'éternité, bien que l'homme ne puisse pas saisir l'œuvre que Dieu fait, du commencement jusqu'à la fin» (Ecclésiaste 3:11). Le croyant constate plutôt en certaines occasions l'exécution d'une fraction du plan divin et comme Esaïe il s'écrie: «O Eternel! tu es mon Dieu; je t'exalterai, je célébrerai ton nom, car tu as fait des choses merveilleuses; tes desseins conçus à l'avance se sont fidèlement accomplis» (Esaïe 25:1) .
A l'école de l'Ecriture, le croyant découvre le plan de Dieu pour deux peuples particuliers: le premier apparaît dans l'histoire au deuxième millénaire avant notre ère. Politiquement et économiquement il ne fut jamais une grande puissance; son rôle est ailleurs, Dieu a décidé de faire de lui le détenteur de ses oracles, il lui sert de témoin parmi les nations. Mais simultanément Dieu emploie celles-ci pour faire éclater sa puissance, lors des plaies d'Egypte par exemple, ou pour exercer un jugement envers Israël, comme ce fut le cas par le moyen des Assyriens et des Babyloniens. Le second peuple a un caractère unique, il se compose d'hommes et de femmes de toutes langues, nations et cultures, étrangers et voyageurs ici-bas. Son histoire jalonne les vingt derniers siècles, il est le corps de Christ, le sel de la terre, la colonne et l'appui de la vérité de Dieu dans le monde des hommes.
Par ses vastes desseins s'étendant sur des millénaires, embrassant des foules et touchant les confins de la planète – que l'on en soit conscient ou non – Dieu accomplit son plan. Il est le maître de l'Histoire quand bien même les hommes l'écrivent sans lui. Il appartient aux chrétiens d'interpréter les événements contemporains dans la perspective biblique de la souveraineté de Dieu. Savoir qu'en Christ il «nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui» (Ephésiens 1:4) est l'insigne privilège de ceux qui, ayant entendu l'Evangile du salut, ont cru en lui et ont été scellés du Saint-Esprit. Chaque chrétien authentique peut ainsi constater dans son existence la fidélité de Dieu à son dessein éternel. Est-il meilleure assurance pour l'avenir que la promesse divine: «Celui qui a commencé en vous cette bonne oeuvre la rendra parfaite pour le jour de Jésus-Christ» (Philippiens 1:6)? Se sachant aimé, pardonné, incorporé au plan de Dieu, destiné à goûter éternellement sa présence et à rayonner sa gloire, le chrétien ne craint pas l'avenir; tant qu'il demeure dans ce corps, il sait que le meilleur est toujours devant lui.
Dieu prend soin des siens
La glorieuse perspective tracée par l'Ecriture n'exclut pas l'épreuve de la vie des croyants; elle lui donne un sens et communique à l'enfant de Dieu des ressources extraordinaires. Le récit de Job illustre bien cette réalité. Soudain, sans raison apparente, cet homme intègre et pieux perd ses biens, ses enfants et la santé. La majeure partie du récit évoque le débat qui toujours s'instaure en pareille circonstance: Pourquoi...? Le cercle de ses amis est convaincu que ses épreuves sont la conséquence de quelque péché qu'ils voudraient le voir confesser. Job est persuadé qu'il n'en est rien et s'efforce en vain de les convaincre. Les premiers sont dans l'erreur, le second dans la souffrance et l'incompréhension, jusqu'au jour où il découvre Dieu plus intimement. L'épreuve alors porte ses fruits: Dieu est glorifié dans les lieux célestes par l'attachement indéfectible de Job, celui-ci est béni dans tous les domaines, et son entourage constate que «le malheur atteint souvent le juste, mais l'Eternel l'en délivre toujours» (Psaume 34:20). Dieu fait ainsi concourir toutes choses au bien de ceux qui l'aiment, de ceux qui sont appelés selon son dessein. Cela dépasse de beaucoup l'échelle des valeurs terrestres pour acquérir une dimension d'éternité. Le chrétien dont la foi est nourrie par la Parole inspirée discerne progressivement, dans les circonstances difficiles, douloureuses et parfois tragiques qu'il traverse, la main bienveillante d'un Père aimant. Il est légitime qu'il demande à être délivré de l'épreuve, possible aussi qu'il s'entende répondre comme Paul en pareille circonstance: «Ma grâce te suffit, car ma puissance s'accomplit dans la faiblesse» (2 Corinthiens 12:9). Cette grâce permet au chrétien d'endurer la souffrance avec sérénité et espérance, sachant que Dieu prend soin de son bien éternel, alors que l'homme reste toujours sensible aux biens immédiats. «Car je connais les projets que j'ai formés sur vous, dit l'Eternel, projets de paix et non de malheur, afin de vous donner un avenir et de l'espérance» (Jérémie 29:11). Forts de cette promesse, certains de la fidélité de Dieu, comptant sur l'abondance de sa grâce, vivons le présent en fonction de l'avenir qui nous est assuré en Christ.
J.-P. Golay, pasteur