De Paris à Eilat
Un texte tiré du "Berger d'Israël"
Je suis né près de Tunis dans une famille juive et j'ai grandi à Paris où mes parents avaient déménagé lorsque j'avais 4 ans. Déjà vers l'âge de 16 ans, je commençais à vivre comme bon me semblait et, à 23 ans, j'étais définitivement reconnu comme délinquant nuisant à la société. Je fus alors expulsé de France et j'émigrai en Israël.
Après avoir appris l'hébreu dans un kibboutz, je suis allé vivre dans une petite ville du centre du pays. Mais après quelques mois seulement, je trouvais que ma vie était bien peu remplie avec juste le nécessaire pour vivre. J'allai donc à Eilat pour gagner de l'argent. Je désirais quitter Israël aussi vite que possible car je rêvais de réussir dans la vie. J'avais l'impression de perdre mon temps et de mener une existence quelconque en Israël. J'aurais tant voulu l'argent facile comme mes amis de Paris et mener la belle vie: acheter ce que je veux, aller où je désire... mais j'étais à Eilat et, trois ans plus tard, à 26 ans, je n'avais toujours pas de situation fixe ni beaucoup d'argent. En plus, j'étais confronté à bien des problèmes sur le plan affectif...
Pendant cette période, je me sentais écrasé par le découragement. Je me laissais aller et me sentais prisonnier de cette situation. J'étais frustré, j'avais l'impression de ne pas vivre la réalité que je déformais par mes rêves. Alors que j'étais livré à mes pensées, deux idées contradictoires se disputaient en moi: d'un côté, je voulais devenir quelqu'un en gagnant de l'argent mais je savais que ce serait dur et je doutais de la réussite en voyant ma situation précaire! et de l'autre côté, j'aspirais à accepter la situation telle qu'elle était, à cesser de vouloir être brillant et fortuné. Je sentais que j'étais esclave de cette fausse ambition qui empoisonnait ma vie. Je désirais plus que tout, au prix même de renoncer à mon rêve, être enfin moi-même.
Il m'était dur de m'accepter tel que j'étais et de vivre avec pour seul espoir de gagner suffisamment d'argent pour vivre au jour le jour sans plus espérer. J'avais peur de la réaction de mes amis, de leur mépris. Peut-être valait-il mieux que je garde mon masque, mon apparence, sans montrer ma pauvreté matérielle et intérieure.
Un choix s'imposait... Je me décidai alors de renoncer à l'argent, tout au moins au désir d'en avoir plus qu'il ne fallait, et à vivre au jour le jour. Je me sentis déjà plus libre mais je profitais de cette liberté nouvelle pour donner libre cours à d'autres penchants pires encore. J'étais à Eilat: il y avait le soleil, les plages d'une rare beauté le long de la côte vers le sud, et le désert. Je travaillais peu mais je mangeais à ma faim, buvais à ma soif... et gardais mon temps libre pour courir après les filles. Après plusieurs mois passés ainsi, je me sentis de nouveau "blessé à mort" dans mon amour propre et devant une nouvelle impasse après une mésaventure avec une compagne à laquelle je m'étais attaché. Je me rendais compte que malgré mon choix et le désir de changer, je me retrouvais presque au même point qu'avant. Ma vie me paraissait être jalonnée d'obstacles impossibles à surmonter.
Un vendredi soir, alors que le Shabatt s'annonçait, j'étais installé dans un café avec un ami lorsqu'entra un jeune couple avec un bébé. Ils s'installèrent à la table voisine de la nôtre et nous fîmes connaissance. Ils avaient l'air vraiment différents de tous les habitants d'Eilat! Ils n'étaient pas Juifs et parlaient avec beaucoup d'amour du Messie Jésus qui avait transformé leur vie. Je leur servis de guide dans les montagnes d'Eilat où vivait une population de hippies et de "voyageurs" venus des quatre coins du monde. C'est aussi là que je vivais!
Ce jeune couple n'avait guère de ressources. Ils ne manquaient pourtant de rien et je voyais même des gens leur apporter des fruits ou d'autre nourriture qui complétaient leur maigre repas. J'y voyais la main de Dieu et j'apprenais à connaître, indirectement, Celui qui nourrit le peuple d'Israël au désert. "Cherchez d'abord le Royaume de Dieu et sa justice"... "L'homme ne vit pas de pain seulement mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu..." (Mat. 6 :32-33 et Deut. 8 :3)
C'est eux qui me proposèrent de lire la Bible et j'ouvris pour la première fois le livre de la Nouvelle Alliance (le Nouveau Testament). Ainsi je pus apprendre à connaître la véritable nature de Yeshoua, un Juif vivant au coeur du peuple juif: notre Messie. Je découvrais peu à peu sa personnalité, son caractère, ses gestes toujours pleins d'amour. Il guérissait des malades, accueillait les plus faibles et annonçait le pardon de Dieu. Cela me faisait réfléchir. J'imaginais autrement ce Jésus, intègre, aimant tous les hommes pauvres ou riches. Et pourtant il avait été traité comme un criminel. C'était un Juste, un vrai Tsadik, et je comprenais mal sa mort. J'acceptais cependant de croire à sa résurrection. Je me rendis compte, soudain convaincu, qu'Il était vraiment le chemin, la vie et la vérité que je cher- chais, qu'il était celui dont il est parlé dans la Loi de Moïse, et dans les prophètes. (Jn 14:6 ; 1:45)
Prenant pleinement conscience de ma dette envers l'ETERNEL notre Dieu, je reçus alors le Pardon et la Paix quand je compris qu'Il avait tout payé à ma place en mourant, Lui "l'Agneau de Dieu". Il était le sacrifice parfait offert à cause de mes fautes. Je me savais être réconcilié avec Dieu et avec moi-même. Je me sentais capable, cette fois-ci, de vivre chaque jour en m'appuyant sur Dieu, Lui seul pouvant m'en donner la force.
J'ai trouvé un petit travail qui me laissait beaucoup de temps libre pour lire la Bible. Je commençais aussi à rencontrer d'autres croyants ayant reconnu en Jésus le Messie, Juifs et non-Juifs, ils se réunissaient à Eilat. Après quatre années supplémentaires passées à Eilat, je suis allé à Jérusalem où je vécus cinq ans. Là, j'ai rencontré l'Assemblée Messianique, rue des Prophètes, tout près d'une maison qui me fut louée pendant ces années. Je vis maintenant en France où je me suis marié. Depuis près de quinze ans, ma vie a été réellement changée par cette rencontre avec l'ETERNEL. J'ai compris, et je peux affirmer, qu'en faisant confiance à Dieu et en croyant en son Amour manifesté concrètement en Jésus, on peut vivre en paix et rester vainqueur dans les moments les plus difficiles.
La parole d'Habakuk est devenue pour moi très vivante: "le juste vivra par sa foi" ou comme il est aussi possible de traduire: "celui qui est justifié par la foi vivra" (Habacuc 2:4; Rom. 1:17; Gal. 3:11; Héb. 10:38).
Guy Brami