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Du désir à la Passion, avec passion

Du désir à la Passion, par passion

Il y a des passions qui resserrent l’âme et la rendent immobile et il y en a qui l’agrandissent et la font répandre au-dehors.
- Blaise Pascal

D’un vif désir, j’ai désiré manger cette Pâque avec vous avant de souffrir...
- Luc 22.14

Le désir et la vie sont indissociables. Ne plus rien désirer, c’est déjà presque être mort.
Nous sommes les fruits du désir de Dieu pour une relation d’amour avec de petits vis-à-vis, miroirs de son image.
En utilisant à tort la liberté qui nous était offerte, nous avons désaxé nos vies. Déroutées de l’orbite initiale qui leur assurait une trajectoire épanouissante nos existences sont parties à la dérive, happées et repoussées par des courants et des flux que nous ne maitrisons pas.
Dans une tentative désespérée pour remettre de l’ordre, la religion — j’entends par là toutes les religions, y compris le christianisme lorsqu’il n’est rien d’autre que des commandements morts — a décrété le désir « mauvais », l’affublant du nom réprobateur de « convoitise ».
Une grave erreur que le Christ a dénoncée en venant partager notre humanité. Le désir n’est pas mauvais. Son objet peut l’être.
Il y a deux sortes de mal : désirer ce qui n’est pas pour nous et ne pas désirer ce qui est bon pour nous. L’esprit religieux peut nous préserver du premier… pour nous pousser dans le deuxième !
Le Christ n’est pas venu sur terre par devoir ou obligation, mais parce qu’il l’a librement choisi, et ce choix était motivé par le désir qui était en Dieu de nous réconcilier avec lui-même. De toute éternité, il a désiré nous aimer et nous ramener à lui, si nous y consentons.

Jésus a ardemment désiré partager cette dernière Pâque avec ses amis-disciples. Il ne désirait pas la souffrance, mais son vif désir de rétablir une connexion vivante avec nous était plus fort que la peur de l’épreuve qui l’attendait.
Sa passion pour nous l’a conduit à la Passion. Motivé par l’amour il a franchi tous les obstacles, y compris les portes du séjour des morts, pour nous rejoindre.
Aujourd’hui, il nous aime et il attend. Il attend que nous désirions — d’un vif désir — le rencontrer, cheminer à ses côtés, partager nos existences avec lui, l’inclure dans chaque parcelle de nos vies. Ne l’attristons pas en le rejoignant par devoir, par obligation ou pire encore, par culpabilité.

Le désir, comme tout ce qui est vivant, doit être alimenté. La lecture, l’étude, la méditation des Écritures ont pour première fonction de nourrir et raviver notre envie de goûter la présence de Dieu en nous. Pierre écrivait à ses contemporains : « désirez ardemment le lait pur de la Parole afin qu’il vous fasse grandir… puisque vous avez goûté combien le Seigneur est bon1 ». La connaissance qui n’est pas nourriture du désir d’intimité avec le Christ n’est que boursouflure de l’âme, de l’orgueil en costume du dimanche.
La connaissance nourrit le désir, le désir met en route la volonté, la rencontre intime digère la connaissance et la transforme en calorie spirituelle pour le rejoindre ; un cycle de vie est amorcé. Semblable aux saisons il va se reproduire encore et encore, nous entrainant dans une ronde tourbillonnante d’amour, un amour qui sait parfois se cacher, car l’attente et la recherche nourrissent aussi le désir.
Semblable à la bien-aimée du Cantique des Cantiques, laissons-nous emporter par les flots d’amour dans ce cache-cache permanent avec l’amant de nos âmes, consumés et renouvelés tour à tour par une passion amoureuse pour celui qui a enduré la Passion parce qu’il nous aimait passionnément.

Philip

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1 1 Pierre 2.2

© Tous droits réservés: Philip Ribe


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