Histoire vraie de Sebti 17
Pour une partie de pêche!
Hop! Sebti saute sur son vélomoteur tout neuf. Ah! comme il en est fier! Il y a si longtemps qu'il rêvait d'en avoir un. Cet après-midi, pas d'école. Alors... en route avec les copains! – Qu'est-ce que tu dirais, Sebti, d'une partie de pêche au bord du Rhône? – Ça serait sympa mais... t'as du matériel?
– Je sais où en trouver. Viens avec nous on va bien s'amuser. Fais-nous confiance!
– Et tu vas le prendre où, ce matériel?
– T'inquiète pas, tu verras! Allons vers les chantiers de construction...
Attention, Sebti! Qui sont ces "copains". Es-tu sûr de ne pas être "embarqué" dans une aventure qui peut te coûter cher?
Bientôt, les six vélomoteurs pétaradent autour des chantiers. Quatre immeubles y sont déjà en construction. Et chaque fois qu'un nouveau bâtiment est projeté, plusieurs petites parcelles de jardinage disparaissent, grignotées par les gloutons bulldozers.
– Regarde, Sebti, c'est là! Tu vois cette parcelle entourée d'une barrière? C'est la dernière qui reste encore, prise entre ce mur et ces nouvelles constructions. Et tu vois la petite cabane à outils? Une fois, je passais par là, et la porte était ouverte. Tu sais ce que j'ai vu dedans? C'était plein de matériel de pêche. On n'a qu'à se servir!
– Mais... c'est du vol! proteste Sebti.
– Penses-tu! Tu vois bien qu'il n'y a plus personne. C'est abandonné! Ah ! comme les bonnes excuses viennent vite à l'esprit quand on a envie de faire ce qu'on ne devrait pas!
– Laissons nos vélomoteurs ici. Et passons par le portail...
– Tiens! Le cabanon est fermé à clé! – Pas d'importance! répond l'un des garçons. Attendez! mon poing va vite arranger ça... Et d'un coup vigoureux, il fait voler en éclats le carreau de la porte.
– Bon! A présent, il n'y a plus qu'à passer la main pour ouvrir par dedans... Voilà! Entrons, et refermons la porte!
– On sera plus tranquilles. Oh! le beau butin! Moi, je prends ça! Tu veux cette canne à pêche, toi?
– Non, l'autre: elle est toute neuve! Les six garçons ignorent qu'on les a vus de l'immeuble voisin, et que le propriétaire du cabanon est un agent de police! Tout à coup... VLAN! La porte s'ouvre brusquement. Un homme corpulent est planté devant eux, les bras sur les hanches, l'air plutôt contrarié... Mais aussitôt, l'un des garnements, hélas trop habitué aux films de gangsters, fonce sur l'intrus qui perd l'équilibre et tombe sur le sol!
– Non! Moi, j'suis pas d'accord! dit Sebti, ennuyé. Mais qui l'entendrait, dans cette bousculade? D'ailleurs, est-ce lui, le "patron " de la bande?
– A l'aide! crie le policier. Déjà, des voisins entourent la parcelle, prêts à intervenir. Lestes comme des écureuils, les garçons cherchent à fuir par le portail, mais quelqu'un l'a fermé. Alors, l'un après l'autre, ils se font cueillir! Seul, Sebti reste encore dans le cabanon. Personne ne le voit. Ses calculs sont vite faits: S'il court vers le portail, il est pris. S'il essaie de franchir la barrière, c'est la même chose. Tout à coup, il se souvient d'une aventure...
L'histoire du lapin et du mur escaladé. Ici, à droite, il y a aussi un mur, haut de deux mètres au moins. Ah! s'il pouvait... il faut tenter le coup. Il s'élance d'un bond, s'agrippe désespérément, réussit à se hisser. Hop! il bascule de l'autre côté, pour atterrir... dans la cour d'une usine! Aussitôt Sebti cherche une issue, mais tout a l'air fermé. Si les autres font le tour, lui aussi sera pris! Vite, il grimpe sur un haut portail, saute dans la rue et déguerpit sans attendre son reste. Réussi, le coup! Mais, aïe, aïe, aïe! Le beau vélomoteur est resté près du cabanon!!!
Plus tard, Sebti retrouve cinq copains à l'air penaud. Ils ont été emmenés au poste de police, et sévèrement sermonnés.
– Ecoute, Sebti! dit l'un d'eux, le propriétaire du cabanon est de la police! Il te fait dire qu'il ne portera pas plainte, mais qu'il garde ton vélomoteur en otage, jusqu'à ce que tu viennes le chercher avec tes parents. Il veut vingt francs pour remplacer le carreau cassé! Sebti n'est pas fier. Mais, que faudra-t-il donc pour qu'il se sépare enfin de ceux qui l'influencent ainsi? D'autres aventures plus graves? Oui! Et cette fois, ce sera sérieux.
Texte: Samuel Grandjean