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Jeannot et ses exploits - Les vieux souliers

Les vacances à Isenfluh ne sont heureusement pas encore terminées. Mais Jeannot est déjà tout bronzé. Avec Etienne et quelques camarades, il organise des jeux sensationnels dans la forêt.

Un club est fondé: celui des six princes bleus. Chaque jour, un code secret se perfectionne. Il empêche les «étrangers» de pénétrer dans les mystères du club.

Mais un après-midi, grande excitation chez les princes bleus.

– Regardez! Une dame m'a rapporté ça! dit Jeannot consterné. C'est une feuille de notre code. Tous nos secrets sont dévoilés!
– Il faudra trouver une nouvelle liste de mots mystérieux! ajoute un autre garçon.
– Moi, déclare solennellement Etienne, je trouve qu'on devrait punir celui qui a perdu cette feuille! Montre l'écriture... oh... c'est la mienne!

Etienne accepte vaillamment la «punition» infligée par le club : il doit cirer toutes les chaussures des princes bleus!

Malgré le zèle du petit cireur, les souliers du grand frère restent en piteux état.
– Regarde, papa! dit Jeannot. Ils me serrent terriblement. A la montée, ça va encore: j'ai seulement un peu mal à la cheville. Mais à la descente, c'est le bout des pieds qui prend tout! Et maintenant, la semelle s'en va! Je suis presque tombé tout à l'heure!

Les parents savent combien de problèmes se posent dans une famille nombreuse, surtout quand les vêtements et chaussures sont usés avant qu'on ne puisse les passer aux plus petits! Il faut acheter... mais le porte-monnaie n'est pas toujours aussi bien garni qu'on le souhaiterait!

Le père de famille sait qu'il peut se confier en Dieu aussi pour cela. Avec son épouse, il le fait donc tout simplement. N'est-il pas écrit dans la Bible: «Dieu pourvoira à tous vos besoins»?

Quelques jours plus tard, Lydie et Jean reçoivent un don qui correspond au prix d'une paire de souliers. Ainsi, le lendemain, accompagné de son papa, Jeannot a la joie d'entrer dans un magasin de chaussures.
Bientôt il en ressort, portant fièrement un joli carton blanc. L'enfant est reconnaissant, car il y a encore quinze jours de vacances. Pendant ce temps, il ne fera pas trois pas sans ses gros souliers!

– Jeannot! Tu sais que nous partons demain! dit un matin la mère de famille. Je prépare les valises. Il faudra jeter tes vieilles chaussures. Elles sont vraiment inutilisables.
– C'est vrai, on n'ose pas les laisser ici. Ceux qui les trouveraient riraient bien, en voyant la ficelle que j'avais attachée pour faire tenir la semelle.
– J'ai une idée ! dit Etienne. En partant, je vais les prendre à la main le long du chemin qui descend à la gare. Et quand on passera sur le petit pont, hop ! je les lancerai dans le torrent!
– D'accord, si ça te fait plaisir!

Heureusement que les enfants qui passent des vacances en montagne n'ont pas tous des chaussures usées, ni les idées d'Etienne. Le lendemain, l'un après l'autre les vieux souliers font un magnifique vol plané avant de disparaître dans l'écume du torrent.

Un peu plus tard, toute la famille est dans le petit train. Les engrenages de la crémaillère font vibrer le wagon. Etienne et Jeannot sont à la fenêtre. Lentement le paysage défile devant leur nez. On longe une belle route grise qui s'arrange toujours pour se faufiler entre les sapins et les rochers. Puis on franchit un pont sous lequel bouillonne l'eau du torrent!
– Regardez! crie soudain Etienne. Voilà un soulier de Jeannot qui passe sous le pont!

Avec son imagination enfantine, il est sûr d'avoir vu juste.

– Je crois que tu te trompes, mon chéri. intervient la maman. C'est bien le même torrent, mais les souliers doivent être déjà beaucoup plus loin!
– Tu as perdu des souliers, mon petit? questionne un voyageur.
– Oh non. Ils n'étaient pas à moi, mais à Jeannot. Ils étaient si vieux... vous auriez dû les voir, avec la semelle qui s'ouvrait!

La conversation est engagée. Les questions se suivent, à propos de l'école, du lieu d'habitation, de la guerre dont cette famille a peut-être vu quelque chose... Jean et Lydie peuvent alors parler à cet inconnu de leur Dieu si fidèle. Dans les petites comme dans les grandes choses, jamais il ne les a laissés sans secours.
– Avez-vous aussi entrepris le voyage de la vie avec Dieu, cher Monsieur?
– ... Franchement, je ne peux pas vous dire oui. Mais je suis heureux de cette rencontre imprévue. Il faut absolument que je tire ma Bible du fond de son tiroir, et que je me mette à la lire très sérieusement!

Texte: Samuel Grandjean


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