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Jeannot et ses exploits - La terrible chute!

Une certaine nuit de novembre 1946...

– Jeannot! Je suis obligée de te réveiller parce que je dois partir à la clinique. Papa va m'accompagner. Alors veille sur Daniel et sur Etienne. Dans quelques jours je reviendrai avec le petit frère ou la petite sœur. Au revoir, mon chéri! – Ah!... au revoir, maman! Tu sais, je vais prier pour toi et tout ira bien!

C'est un petit Christian qui vient enrichir la famille. Quelle joie. Mais Jeannot ne doit pas trop se laisser distraire par les cris du bébé. Pour notre ami, l'école n'est plus un jeu : il a changé de classe, et le programme est bien différent, surtout en mathématiques. Quant aux parents, éprouvés par de sérieuses difficultés – mais oui, cela peut arriver aussi aux chrétiens – ils n'ont guère le temps de l'aider pour les devoirs.

Après des mois pénibles, la famille est invitée à la montagne pour un peu de repos pendant l'été.

Dans l'Oberland bernois, le pittoresque village d'Isenfluh s'agrippe au flanc d'une jolie vallée au fond de laquelle grimpe un petit train à crémaillère. En face, derrière la crête sombre des forêts, resplendit l'imposant massif neigeux de la Jungfrau. Quel site pour des vacances. Pendant que les parents se reposeront, Jeannot et son frère pourront gambader à cœur joie dans la forêt voisine.

Un après-midi, une promenade en famille est organisée.
– Oh oui, c'est super! s'exclame Jeannot. Et moi, je vais partir en avant pour me cacher le long du chemin!

Agile comme il l'est à onze ans, notre garçon se voit déjà sur un arbre... Vingt minutes plus tard il n'a plus qu'à attendre sur son perchoir! Ses parents et son frère Etienne seront bien malins s'ils réussissent à le découvrir, surtout qu'il a bien choisi son arbre: un frêne dont le tronc s'élance entre des blocs de rocher qui tous pourraient être autant de bonnes cachettes. Etienne va sûrement regarder là-derrière, mais jamais il ne pensera à lever les yeux!

Les cris joyeux du petit Daniel annoncent à notre grimpeur que la troupe arrive. Le cœur de Jeannot bat à se rompre. De son poste d'observation, à quatre mètres du sol, il les voit si bien maintenant, qu'il craint presque d'être repéré tout de suite.

Etienne appelle Jeannot, mais personne ne répond. Avec son papa, il cherche, comme prévu, parmi les rochers. Daniel et la maman inspectent les buissons en bordure du chemin. Personne! Pas de Jeannot. On va fouiller plus loin...
– Victoire! victoire! s'écrie alors Jeannot en se cramponnant à une branche pour pouvoir leur faire signe de l'autre main.

Mais la branche est sèche! Un sinistre craquement, et le garçon bascule!

Vainement il essaie de se raccrocher plus bas. La tête la première il arrive au sol, disparaissant derrière un rocher, puis... silence!

Les parents se précipitent, anxieux. Jeannot est là, évanoui. Son visage, encore plus blanc que celui des parents, n'a pas une trace de sang. Les minutes passent mais on dirait des heures.

Enfin, l'enfant ouvre les yeux et se lève, aidé par les siens. Est-ce possible qu'après une telle chute, il n'ait que des égratignures et rien de cassé? Oui, car Dieu a veillé sur Jeannot, permettant qu'il atterrisse dans un creux garni de mousse épaisse comme une éponge. A droite et à gauche, devant et derrière, il se serait assommé sur le rocher. Mais ce nid de mousse a amorti la chute.

Après quelques jours de chaise-longue, Jeannot retrouve son entrain habituel. Mais en pensant à sa dangereuse aventure, il souligne dans sa Bible ces paroles de Job: «Eternel, tu m'as accordé la vie, tu m'as conservé sous ta garde.»

Si Dieu a protégé cet enfant à plusieurs reprises déjà, n'est-ce pas parce que cette vie précieuse doit lui être utile plus tard?

Texte: Samuel Grandjean


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