NON, Dieu n'est pas complice du mal
Proverbes 16.4
Question:
il est écrit dans le livre des Proverbes: "L'Eternel a tout fait pour un but; même le méchant pour le jour du jugement." Proverbes 16.4. N'y a-t-il pas là une réponse au problème du mal ? Ce texte des Proverbes est troublant: avez-vous un éclairage particulier le concernant ? Merci pour votre attention et fraternelles salutations en Jésus-Christ.
Réponse:
Oui, ce verset de Proverbes 16.4 est troublant, il nous met clairement face à nos limites humaines de compréhension de l’Ecriture et des desseins de Dieu. Je partage totalement votre trouble.
Voici ce que Don Carson, qui compte parmi les théologiens évangéliques actuels les plus importants, écrit au sujet de la Providence divine, c’est-à-dire de la manière dont Dieu dirige toutes choses dans l’Univers pour les faire concourir à sa gloire, y compris le mal:
«Nous sommes incapables, par notre raisonnement, de résoudre le mystère de la Providence. Je ne veux pas dire qu’il est illogique, mais simplement que notre connaissance est trop limitée pour que nous puissions l’analyser et le comprendre (…) Notre conception de Dieu est-elle suffisamment vaste pour que nous puissions lire un verset comme "L’Eternel a tout fait pour un but, même le méchant pour le jour du malheur" (Pr 16.4), sans espérer secrètement qu’il pût être retranché de la Bible ?» (Donald A. CARSON, «Jusques à quand ? Réflexions sur le mal et la souffrance», Excelsis, 2005).
Nous pouvons malgré tout affirmer quelques vérités, sans prétendre tout comprendre.
1) Dieu n’est pas complice du mal (Jc 1.13). Il ne peut être accusé de pousser les êtres humains au mal. Chaque être humain doit être tenu pour responsable de ses actes.
2) Ce verset de Pr 16.4 rappelle premièrement la souveraineté de Dieu. Rien ne lui échappe, rien n’arrive sans sa volonté et il y a un but pour toute chose, même si ce but nous échappe. Il fait donc maintenir la souveraineté de Dieu dans l’Univers.
3) Nous pouvons aussi souligner la justice de Dieu. Le jugement du mal est pour la gloire de Dieu, car Dieu manifeste ainsi sa justice parfaite. Il montre aussi qu’il ne peut laisser le mal impuni.
4) Nous ne pouvons pas articuler la justice, la bonté, l’amour et la souveraineté de Dieu notamment face au problème du mal. Cela ne veut pas dire que Dieu est illogique ou que ces choses sont fausses. Elles sont simplement en dehors de notre compréhension.
5) Dieu a traité le mal à la croix. La sévérité de son jugement souligne que Dieu ne peut être tenu responsable ni même complice du mal. Il montre son amour en acceptant de prendre sur lui le châtiment du mal. Il montre sa souveraineté en ayant utilisé ses ennemis les plus acharnés pour que Jésus soit finalement condamné et mis à mort. Il montre sa bonté par le pardon qu’il offre, par l’opportunité donnée au monde de se repentir, par la prière de Jésus demandant au Père de pardonner le péché de ses bourreaux (Lc 23.34).
L’origine du mal et sa présence dans un univers où Dieu est souverain et amour nous échappent et ce verset de Proverbes 16.4 nous le rappelle clairement. Mais notre consolation vient non pas de la satisfaction intellectuelle de comprendre l’origine du mal, mais de la réponse que Dieu a donnée au problème du mal et aux nombreuses promesses à ce sujet, certaines déjà accomplies, d’autres encore à venir.
OlivierCharvin