Juste une miette sous la table - Marc 7.27-29
Question:
Bien que j'aie une Bible avec des explications détaillées, le passage ci-dessus reste très flou pour moi:
27 Jésus dit: Laisse d'abord les enfants se rassasier; car il n'est pas bien de prendre le pain des enfants, et de le jeter aux petits chiens.
28 Oui, Seigneur, lui répondit-elle, mais les petits chiens, sous la table, mangent les miettes des enfants.
29 Alors il lui dit: à cause de cette parole, va, le démon est sorti de ta fille.
Je ne comprends pas pourquoi Jésus a parlé "si sèchement" et surtout que veut-il dire par cette réaction, et cette réponse en quoi amène-t-elle Jésus à libérer cette fille ?
Réponse:
Effectivement, c'est un texte qui est choquant à la première lecture, les réactions et les paroles de Jésus ne semblent pas être en accord avec l'empathie et l'amour qu'il manifeste habituellement envers ceux qui s'approchent de lui pour lui présenter leurs besoins.
En mettant ce texte en parallèle avec le passage de Matthieu 15: 21 à 28, nous avons déjà un premier élément de réponse.
Au verset 24 Jésus dit: "Ma mission se limite aux brebis perdues d'Israël". Il y avait une chronologie à respecter dans l'accomplissement du ministère de Jésus. Il devait d'abord s'adresser à Israël, être rejeté, mourir, ressusciter et ensuite la Bonne Nouvelle serait proposée aussi aux non juifs. Ce que Pierre fera, non sans difficultés d'ailleurs, après avoir eu une vision qui le préparait à ce grand pas. (Voir Actes 10)
L'autre raison, qui saute moins aux yeux, est liée à l'éducation des disciples. Jésus, qui avait discerné dès le début la foi solide de cette femme, la met à l'épreuve pour donner une leçon à ses disciples. Une leçon de foi tout d'abord et ensuite une leçon d'ouverture, comme un premier jalon dans le lourd et lent travail qui serait nécessaire pour qu'ils acceptent que l'Evangile s'adresse aussi aux non juifs.
La phrase de Jésus "Femme, ta foi est grande!" Matt. 15.28 montre bien l'appréciation que Jésus avait pour la maturité spirituelle de cette femme. On peut noter aussi l'humilité de cette personne qui ne s'offusque pas d'être repoussée de la sorte, mais qui reconnaît Jésus comme Seigneur sans toutefois faiblir dans sa détermination à ne pas le laisser jusqu'à ce qu'il ait répondu à sa requête.
Un bel exemple de persévérance et, en tout cas à mon avis, une vraie complicité entre Jésus et cette femme.
Philip Ribe