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Le livre qui demeure:
La Bible face à la contestation

Note de la rédaction: Une biographie de Francis A. Schaeffer, philosophe, théologien, professeur et conseiller spirituel de milliers de jeunes est parue aux éditions de la Maison de la Bible (auteur: L. G. Parkhust). Plusieurs livres écrits par F. A. Schaeffer sont disponibles à la Maison de la Bible, voyez le catalogue complet sous https://maisonbible.ch et les livres publiés sur le site dans le menu: Livres retranscrits.

1. La Bible, organe merveilleux du Dieu qui parle

La devise de la Réforme: l'Ecriture seule

Au cours des siècles, les conflits autour de la Bible n'ont pas manqué. Le phénomène est particulièrement sensible dans notre génération. Ce rappel préliminaire ramène aussitôt nos pensées à la Réforme et aux Huguenots qui, en France, en ont été les tenants. Si l'on avait permis aux huguenots d'exercer leur influence, la France aurait aujourd'hui, sans aucun doute, un autre visage, car partout où la Réforme a prévalu, non seulement des milliers d'individus ont connu la vie nouvelle en Christ, mais l'Eglise a eu des effets bénéfiques sur la culture.

La Réforme a mis tout l'accent sur l'Ecriture. Chacun connaît son mot d'ordre: "Sola Scriptura". Ce n'était pas l'Eglise et l'Ecriture, ou l'Etat et l'Ecriture, mais l'Ecriture uniquement.

Il s'agissait là d'un changement radical, cette affirmation faisant très clairement de la Bible, et d'elle seule, le centre et le fondement de l'autorité souveraine. Une autorité assez forte pour servir de base tout à la fois au salut individuel et à l'édification de la culture, terme qui, pour moi, évoque tous les aspects de la vie personnelle et nationale.

Le secret de l'autorité biblique: le fait que Dieu existe et qu'il parle

Comprenons bien cependant que, par delà les Ecritures, il y a l'existence même de Dieu. Cette donnée est primordiale. Le christianisme ne commence donc pas avec la Bible, ni avec l'acceptation de Christ comme Sauveur, mais avec l'existence de Dieu. Sans elle, la Bible ne serait qu'un livre parmi les autres. Le drame de notre génération tient à la négation de cette existence, car tout change si Dieu n'exïste pas. La réalité entière est privée de sens, et le point final de la vie, c'est la mort. Voilà le message de la culture moderne, de vos écrivains, vos philosophes, vos artistes – la vie est vide de signification, nous ne disposons d'aucun critère pour établir ce qui est juste et ce qui est faux, nos lois reposent sur des bases fragiles. En effet, si Dieu n'existe pas, les valeurs chancellent. Nous dépendons alors de nos seules connaissances humaines, et cela ne nous mène pas loin puisque nous sommes des êtres limités! Mais Dieu existe et n'est pas muet. Il a parlé par et dans l'Ecriture, et nous a communiqué sa vérité. C'est là le secret de l'autorité de la Bible, qui n'est pas sagesse de l'homme avec les limitations propres à la finitude et à la déchéance de la créature, mais sagesse de Dieu.

La communication de la vérité par le langage: en harmonie avec la nature de Dieu et de l'homme

Pourquoi nous étonner que Dieu nous communique la vérité par le langage? N'est-ce pas en plein accord avec ce qu'il est – un Dieu personnel, et avec ce que nous sommes – des personnes? Car Dieu nous a créés à son image, il a fait de nous des personnes capables de communiquer entre elles verbalement. C'est en cela que nous sommes différents de façon radicale du reste de la création, des animaux et de la matière. Notre statut privilégié de créatures faites à l'image de Dieu – qui rend très compréhensible la possibilité qu'a le Créateur de communiquer avec nous par le langage – confère à la vie humaine une dignité et une signification uniques. C'est sur cette ressemblance que repose la valeur intrinsèque de tout être humain, dès le moment de sa conception et à tous les stades de son existence, indépendamment de toute question de race, de fortune, de productivité, d'intégrité corporelle.

La conséquence de l'action infaillible de l'Esprit dans l'inspiration: l'inerrance de l'Ecriture sur tous les plans

Du témoignage de Jésus à l'égard de la Bible, il ressort que les écrivains sacrés ont été revêtus de l'autorité même de Dieu. En effet, l'Ecriture n'est pas l'émanation de la sagesse propre de ses rédacteurs humains; tout au contraire, ceux-ci ont été conduits, poussés par le Saint-Esprit (2 Pierre 1:21). Le mot utilisé en grec dans ce passage est l'équivalent de celui que nous emploierions pour décrire l'action du vent sur la voile d'un bateau, ou la conduite d'un véhicule. Oui, les écrivains sacrés ont été guidés par l'Esprit-Saint, et avec une sûreté telle que, leur tâche achevée, le texte exprimait exactement la pensée et l'intention de Dieu.

Toutefois, il ne s'agissait pas d'une dictée mécanique. Dieu a pleinement respecté l'individualité des organes humains de la révélation. A titre d'exemple, l'hébreu du livre d'Amos, le berger, est fort différent de celui d'Esaïe, homme d'une grande culture. Mais Dieu les a conduits tous deux, sans abolir leur personnalité, sans niveler leurs caractéristiques propres. Le fait de l'inspiration divine s'est aussi accommodé de la diversité des époques et des lieux où les textes sacrés ont été rédigés. On comprend donc mieux les livres de la Bible si l'on sait quelque chose du cadre historique et géographique. Malgré cela, le message biblique n'est pas limité à une époque ou à un lieu, car il n'est pas l'expression de la sagesse humaine qui cherche à atteindre Dieu, mais le produit de la sagesse même de Dieu qui se révèle et descend jusqu'à nous.

Aussi la Bible se distingue-t-elle de tous les autres livres. Elle est sans erreur dans tout ce qu'elle affirme, non seulement quand elle traite du salut et des questions "spirituelles", mais aussi lorsqu'elle évoque l'Histoire ou qu'elle dépeint l'Univers. Elle est la vérité dans toutes les directions.

En fait, comment comprendre l'univers et le pourquoi de son existence, en dehors de ce que la Bible nous en dit? Jean-Paul Sartre, comme chacun le sait, a exercé une influence néfaste en France et dans le monde. Mais ce philosophe a posé une question très pertinente et d'une importance capitale: "Pourquoi les choses existent-elles?" Sans la Bible, pas de réponse. Elle seule nous dit: "Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre". Cette révélation a servi de fondement à la science moderne. En effet, celle-ci, loin de se dresser en ennemie du christianisme comme on le croit trop souvent, est née de la pensée chrétienne. Par exemple, Copernic, Galilée, Pascal, Pasteur, et d'une façon générale les savants jusqu'à la fin du XIXe siècle, admettaient qu'un Dieu raisonnable avait créé l'Univers et qu'il était par conséquent possible d'en découvrir les lois à l'aide de la raison. C'est seulement dans une période relativement récente que la science s'est séparée de la Parole de Dieu, et cela en vertu du choix délibéré des savants et non à la suite de leurs découvertes. En se détournant de la Bible, le savant peut continuer à faire de la science, mais il se prive de toute explication justifiant l'existence et l'ordre de l'univers.

Deux effets de la vérité biblique: libération, protection

C'est un livre merveilleux que la Bible, car elle nous dit la vérité dans tous les domaines, y compris ceux de la science et de l'histoire (ce qui n'enlève d'ailleurs rien à la valeur d'une étude de la science et de l'histoire). Cependant, bien qu'exprimant la vérité sur tous les sujets qu'elle aborde, la Bible n'est pas une révélation exhaustive. Seul Dieu est infini; seul Dieu a une connaissance absolue de toutes choses. Ici-bas, nul n'a une connaissance exhaustive, pas même de sa propre personne. Même au Ciel, même quand nous aurons revêtu notre corps de résurrection, nous ne connaîtrons pas encore toutes choses de manière exhaustive. Bien sûr, notre mode de connaissance différera de ce qu'il est maintenant, puisque nous verrons Dieu face à face. Mais nous conserverons toujours une nature limitée, et je me réjouis à la pensée que, même au Ciel, nous ne connaîtrons pas tout, car ainsi nous pourrons toujours apprendre! Etant un être limité, je n'aimerais pas arriver au stade de n'avoir plus rien à apprendre. Nous apprenons de Christ maintenant, et nous pourrons encore apprendre de lui durant toute l'éternité.

Parce que la Bible nous fournit un cadre sûr pour l'étude de toutes choses, elle a un effet libérateur, non seulement dans le domaine du péché, mais dans tous les domaines de la vie. La Réforme a produit des artistes exceptionnels, des écrivains remarquables, des musiciens merveilleux: le christianisme contemporain devrait faire de même. C'est comme si Dieu nous disait: "Etudiez, écrivez, composez de la musique, rédigez des poèmes, sondez toutes choses, l'infiniment petit comme l'infiniment grand". La soumission à la Bible nous ouvre toutes les portes.

Par ailleurs, l'Ecriture nous apporte une sagesse que le monde ne peut nous donner. Que j'étudie, lise le journal ou regarde la télévision, je suis fréquemment en contact avec une culture opposée à la Bible, et par conséquent erronée et dangereuse. C'est elle qui a poussé notre génération dans le précipice. Mais, pour nous chrétiens, rien ne nous oblige à la suivre. Nous avons dans l'Ecriture des limites, une protection. Que ce soit dans le domaine de la connaissance ou de la conduite, nous pouvons nous arrêter avant d'être meurtris.

2. La Bible face à la contestation, de la Réforme jusqu'à nos jours

La Bible face à l'Eglise romaine

L'Eglise catholique romaine a placé l'autorité conjointement dans l'Ecriture et dans l'Eglise. Mais nos ancêtres, les Réformateurs, en accord avec l'enseignement biblique, ont mis l'accent sur la Bible seule. Aujourd'hui, nous avons à défendre la position prise par les Réformateurs au XVIe siècle, mais dans une culture beaucoup plus éloignée de la Bible que la leur.

La Bible face à la théologie libérale

Le siècle des Lumières a non seulement marqué toute la nation française, mais a aussi influencé la pensée du monde occidental, surtout la théologie. Le rationalisme du XVIIIe siècle a pénétré en Allemagne et y a fait naître la théologie libérale. On a voulu établir une synthèse entre l'enseignement biblique et le rationalisme français. Bientôt cette théologie libérale s'est répandue dans le monde entier. Il est cependant impossible de concilier le rationalisme humain et l'enseignement biblique. Le rationaliste pense trouver toutes les réponses en l'homme. Il fait de celui-ci le centre et la mesure de toutes choses. A l'opposé, la Bible affirme que l'homme ne peut s'élever vers Dieu. Il a besoin que Dieu descende jusqu'à lui.

Cette théologie libérale, qui cherche à détruire l'enseignement clair des Ecritures, a encore une influence prédominante dans le monde d'aujourd'hui. Les Huguenots se sont opposés à l'enseignement catholique romain qui mêlait Bible et tradition. Or, l'enseignement libéral est bien pire puisqu'il érige l'homme en seule autorité. C'est l'homme qui juge la Bible, au lieu du contraire. Autrement dit, c'est le rationalisme du siècle des Lumières introduit dans la théologie, l'humanisme en habits religieux. Ainsi, qu'il s'agisse du conflit avec Rome au XVIe siècle ou du conflit moderne avec la théologie libérale, le même problème se pose: la Bible est-elle l'autorité souveraine ou ne l'est-elle pas? Dans un cas, l'on affirme que l'Eglise est détentrice de cette autorité. Dans l'autre, que l'homme en est le détenteur. Mais de deux choses l'une: ou l'autorité souveraine est dans l'homme, ou elle est dans la Bible. Elle ne peut résider dans les deux en même temps. Convaincus que la Bible est l'autorité souveraine, nous devrions avoir le courage de dire aux théologiens d'aujourd'hui: "Malgré l'amour que nous éprouvons pour vous, nous devons vous avertir: vous êtes dans l'erreur, sans fondement solide, sans aucune certitude".

La faillite de la théologie libérale

Il convient maintenant de préciser qu'il y a un certain nombre d'années la théologie libérale a dû modifier son orientation. On espérait en effet, au siècle des lumières, trouver en l'homme la solution à tous les problèmes par le développement du savoir dans tous les domaines de la vie. Mais à un moment donné, on s'est rendu compte que c'était impossible. Coup sévère porté à l'optimisme arrogant de la pensée rationaliste qui était alors dans l'impasse. Aujourd'hui, l'homme doit reconnaître que sa sagesse ne lui fournit aucune réponse sûre, dans quelque domaine que ce soit. Il ne peut expliquer la raison d'être de l'univers, ni pourquoi lui-même peut être aussi merveilleux dans sa créativité et aussi épouvantable dans sa cruauté. L'homme moderne avoue son incapacité de discerner ce qui est vrai de ce qui est faux. Pour lui, tout est mouvant, tout est relatif. La génération dans laquelle nous évoluons ne dispose d'aucun fondement pour les valeurs. En ce qui concerne la théologie, elle a évolué dans le même sens. Elle s'était arrogé le droit de juger la Bible sur le critère de la sagesse humaine, en prétendant séparer le vrai du faux. Mais les efforts des théologiens libéraux ont été voués à l'échec. Ils avaient prétendu que Jésus ne pouvait pas être Dieu et que ses miracles étaient impossibles. Puis ils ont essayé de séparer le Christ historique du Christ surnaturel, mais ils ont dû reconnaître que l'un et l'autre sont tellement imbriqués que si l'on enlève le surnaturel il n'y a plus de Christ du tout, et qu'ils ne peuvent maintenir la personne de Jésus qu'en acceptant le surnaturel. C'est la conclusion à laquelle aboutit Albert Schweitzer dans son livre "La quête du Christ historique". Il a fallu en arriver là pour reconnaître la faillite de la théologie libérale.

La Bible face au néo-libéralisme irrationnel

Dès lors les théologiens auraient pu choisir entre deux directions: ou bien revenir carrément à la Bible, selon la démarche des Réformateurs, et épouser l'attitude de Jésus à l'égard des Ecritures; ou bien s'en détourner complètement en acceptant l'inévitable conséquence: l'abandon pur et simple des choses religieuses et la négation de tout sens à la vie. Par cette seconde option, les théologiens auraient abouti au nihilisme, comme l'ont fait bien des philosophes français.

En s'engageant dans l'une de ces deux directions, ils se seraient assuré une position cohérente, raisonnable. Mais ils ont préféré conférer à leur libéralisme une nouvelle forme, celle que le théologien suisse Karl Barth a proposée, en formulant ce que personne n'avait jamais osé dire avant lui. En substance, Barth a déclaré que la Bible est pleine d'erreurs, mais que cela n'empêche pas qu'une parole religieuse transparaisse de ses pages de temps à autre. En réalité, la position de Karl Barth sur le plan théologique rappelle étrangement celle de Jean-Paul Sartre et d'Albert Camus. Voici le genre de propos que tenait Jean-Paul Sartre au restaurant des Deux Magots, à Paris: "Le monde est absurde, la vie est absurde; mais d'une manière ou d'une autre, nous pouvons quand même parler d'espoir, même si notre intelligence nous dit qu'il n'y en a pas". En tournant mon premier film, "How should we then live?" (Comment donc devrions-nous vivre?), je me suis assis aux "Deux Magots" à l'endroit même où Jean-Paul Sartre s'était assis, et j'en étais ému. La position où il se trouvait n'était-elle pas intenable? Et Camus lui-même, engagé dans la même ligne, l'a peut-être ressenti encore plus intensément. La position des théologiens est identique, puisqu'ils affirment que la Bible est pleine d'erreurs et que néanmoins un message religieux peut y transparaître.

3. Le roc de la vérité divine, historique, objective de l'Ecriture

Mais qu'en est-il au juste de la nature de la Bible? Puis-je ramener son message à la conception subjective que j'en ai, ou est-elle vérité objective? Est-ce un livre qui nous communique quelques "notions religieuses", ou est-ce le document de la vérité divine? Avant de devenir chrétien, j'étais agnostique. Serais-je devenu chrétien si j'avais pensé que les affirmations de la Bible n'étaient pas objectivement vraies? Non, jamais! Je n'avais nul besoin d'un "cachet d'aspirine"!

Durant ces vingt-six années, nous avons vécu quelque chose de merveilleux à l'Abri: des milliers et des milliers de jeunes gens, venus de tous les coins du monde, ont embrassé le christianisme. Certains d'entre eux étaient fort brillants. Seraient-ils devenus chrétiens si on leur avait proposé la Bible simplement comme un remède pour qu'ils se sentent mieux? En se droguant, ils auraient pu arriver au même résultat! Non, il est une seule raison qui pousse les gens à devenir chrétiens en toute lucidité: c'est que la Bible est la vérité objective, une vérité enracinée dans l'Histoire.

Lorsque nous tournions notre dernier film, "What ever happened to the human race?" (Qu'est-il arrivé à la race humaine?), on m'a emmené par hélicoptère jusqu'au sommet du mont Sinaï. J'y suis resté une demi-journée à observer le profil des montagnes. Qu'a donc dit Moïse aux Israélites en redescendant du Sinaï: "Vous avez vu... vous avez entendu... vous avez des preuves historiques... n'ayez aucune crainte pour l'avenir... ne redoutez pas vos ennemis..." Disons-le nettement: le christianisme n'est pas une vérité subjective, c'est une vérité objective, enracinée dans l'Histoire. Quand Jésus, ressuscité des morts, est apparu aux apôtres, il a tenu en quelque sorte le même langage que Moïse: "Regardez-moi, regardez mes mains, donnez-moi quelque chose à manger; je mangerai là, devant vous". Avec Jésus-Christ comme avec Moïse, nous sommes devant la vérité enracinée dans l'Histoire. Parce que la Bible est vraie sur le plan des faits historiques, je puis découvrir les preuves archéologiques de sa vérité en creusant le sol de la Terre Sainte. Comment proposerions-nous à nos auditeurs d'écouter le message de la Bible si elle contenait des erreurs quand elle touche à l'Histoire et au Cosmos ? Hélas, de véritables chrétiens tentent encore de faire la distinction entre ce qu'ils appellent la vérité religieuse de la Bible et sa faillibilité dans d'autres démarches. Si la Bible comporte des erreurs ou des inexactitudes, et qu'elle n'est pas objectivement vraie sur tous les plans, alors comment croire ce qu'elle dit lorsqu'elle annonce que Jésus est ressuscité des morts? Non, il n'y a pas de demi-mesure. Si la Bible n'est pas la vérité qui procède de Dieu dans tous les sujets qu'elle traite, nous n'avons aucune espérance; et si elle n'est pas infaillible dans tous les domaines, comment saurons-nous que la mort de Christ est suffisante pour nous, qu'un Ciel nous est destiné, et qu'un jour nous ressusciterons ? Tout se tient. Si l'on ne peut pas lui faire confiance en tout, l'on ne peut lui faire confiance du tout.

Soulignons que le conflit actuel autour de la Bible n'est pas une simple discussion théologique réservée aux spécialistes. Toutes nos convictions personnelles reposent sur l'inerrance des Ecritures. En accord avec le témoignage que la Bible se rend à elle-même, avec l'enseignement de Christ et la position des Réformateurs, nous devons affirmer que l'Ecriture ne procède pas de l'homme mais de Dieu, qu'elle est vérité objective et absolue dans tout ce qu'elle dit et, par conséquent, notre inébranlable fondement.

Conclusion

L'autorité de la Bible et ses multiples conséquences pour la vie personnelle du chrétien et la culture.

En cette époque où la Bible est contestée, se déclarer pour sa pleine autorité est indispensable. Nous devons nous rendre compte que si notre culture continue à rejeter l'Ecriture, elle descendra toujours plus rapidement sur la sombre route où elle s'est engagée.

Il importe donc de nous ranger résolument aux côtés de la Bible; mais il faut en même temps vivre son message. Il ne suffit pas de prendre position pour l'Ecriture comme l'ont fait les Réformateurs, de nous opposer à la théologie libérale et à la culture matérialiste; il nous faut vivre sous l'égide de l'Ecriture. Si elle est ce qu'elle prétend être, c'est-à-dire la Parole de Dieu, alors son autorité doit s'exercer dans tous les domaines de l'existence. Parce que la Bible est vérité dans toutes les directions, et pas seulement dans le domaine "religieux", j'accepte ses exigences en tout. Il faut que l'artiste, le musicien, le politicien, l'homme d'affaires, l'épouse, le mari, les parents, les enfants vivent sous l'autorité de l'Ecriture. C'est aussi vrai du patron qui devrait gérer ses biens sans oublier la compassion pour les autres; c'est aussi valable pour nous dans le domaine de l'entraide fraternelle.

L'autorité dont l'Ecriture est revêtue m'amène à accepter Christ comme mon Sauveur, mais aussi comme mon Seigneur à qui je subordonne toute ma vie: sociale, économique, politique, etc., etc. Jésus est-il seulement le Seigneur de votre vie religieuse, ou l'est-il dans tous les domaines pour vous? En un temps où la Bible est contestée par la théologie libérale et la culture matérialiste, nos prises de position ne suffisent pas. Le monde attend des chrétiens qu'ils lui démontrent ce que signifie vivre sous l'autorité des Ecritures, sous la seigneurie de Christ.

Et quand nous avons des manquements – et qui d'entre nous n'en a pas – nous pouvons confesser nos fautes au Seigneur Jésus, car son sang n'a pas seulement coulé pour nous délivrer au moment de notre conversion, mais pour nous purifier aujourd'hui, ce soir, demain. Par le sacrifice de Christ, nous pouvons toujours obtenir le pardon et repartir avec foi. Jour après jour, je peux tirer ma force du Seigneur Jésus; jour après jour nous pouvons nous aider mutuellement. Quand nous donnerons un tel témoignage, le monde nous écoutera, constatant que nous plaçons notre vie sous l'autorité de l'Ecriture et que nous ne nous bornons pas à la prêcher. Et bien que nous soyons en minorité dans nos pays, nous pourrons exercer une influence profonde sur l'ensemble de notre vie nationale et culturelle. C'est merveilleux d'avoir la certitude d'être sauvé et d'aller au Ciel, mais cela n'est que le commencement: c'est merveilleux aussi d'aider les autres à devenir chrétiens. Mais ce n'est pas encore tout. N'oublions pas l'influence que, comme chrétiens, nous devons exercer sur notre culture et nos nations!

Dans le cadre de la contestation autour de la Bible, militer pour son autorité n'est pas une simple prise de position théorique. Cela a d'immenses répercussions pour le salut personnel et pour le bien du monde autour de nous. Ce monde n'est pas seulement perdu, il est meurtri, désespéré. Or, par la grâce de Dieu, nous disposons des solutions auxquelles il a droit.

Avec Christ comme Sauveur et Seigneur de nos vies, et remplis de sa compassion, gagnons des âmes et efforçons-nous d'exercer une influence décisive sur la culture contemporaine.

Francis A. Schaeffer


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