La gloire du Ciel
La vérité sur le Ciel, les anges, la vie éternelle
John Macarthur - Editions La Maison de la Bible
Annexe 2. Deux mondes très proches -
un sermon de Charles H. Spurgeon
Le cœur de l'homme n'est jamais assez grand pour contenir toutes ses joies ou tous ses chagrins. Jamais vous n'avez entendu parler d'un homme dont le cœur aurait été tout juste rempli d'affliction. Car à peine ce cœur est-il rempli que déjà il déborde. Le premier élan d'une âme est de partager son affliction. La raison en est simple: notre cœur n'est pas assez grand pour supporter toute notre peine. Nous avons besoin d'un autre cœur pour y déverser une partie de notre douleur.
Il en est de même avec un cœur joyeux. Lorsqu'un cœur est rempli de joie, il ne peut la retenir. C'est un peu comme une fontaine sur la place du marché: lorsqu'elle est pleine, vous la verrez toujours déborder en petits ruisseaux, et, si ce débordement cesse, vous pouvez être sûr que la fontaine n'est plus remplie. Si un cœur est vraiment plein, il finira toujours par déborder.
Vous connaissez tout ceci, mes bien-aimés, vous l'avez expérimenté et vous savez que cela est vrai. En effet, toutes les fois que votre âme débordait de joie, vous avez réuni votre famille et vos amis afin de leur communiquer la cause de votre bonheur. Et lorsque ces vases ont été eux-mêmes remplis jusqu'au bord, vous avez agi comme la veuve qui a emprunté des vases vides chez ses voisins. Car vous les avez tous appelés à partager votre joie. Et lorsque les cœurs de tous vos voisins ont été bien remplis, il vous a semblé qu'ils n'étaient pas suffisamment grands. Alors, vous avez convié le monde entier pour partager le bonheur d'un cœur débordant de joie. L'océan insondable fut lui-même invité à goûter votre joie; les arbres furent invités à battre des mains, et les monts et les collines à éclater dans un chant d'allégresse; même les étoiles du ciel semblaient vous jeter leur regard du haut du firmament; tous furent invités à chanter pour vous, et l'univers tout entier fut rempli de musique. Il était rempli de la musique de votre cœur.
Après tout, qu'est-ce que l'homme, sinon le grand musicien du monde. L'univers est un orgue aux tuyaux immenses et puissants. Le temps, l'espace et l'éternité en sondent les profondeurs, et l'homme, cette petite créature, pose ses mains sur le clavier de ce gigantesque instrument. Des tonnerres orchestrés retentissent, ébranlant la création tout entière, et entraînant l'univers dans les acclamations les plus fougueuses. Ne savez- vous pas que l'homme est le souverain sacrificateur de Dieu ? Toute la création représente le sacrifice, mais lui est le sacrificateur – portant en son cœur le feu, dans ses mains le bois et dans sa bouche l'épée à double tranchant de la consécration avec laquelle il offre toutes choses à Dieu.
Mais, je n'en ai aucun doute, mes bien-aimés, cette pensée nous a effleurés que notre louange n'allait pas assez loin, et qu'elle ne s'élevait pas assez haut. N'en est-il pas ainsi, mes frères? Nous sommes comme sur une île, coupés du continent. Ce monde navigue sur une mer d'éther, une planète dont le cours n'est pas gouverné par l'homme mortel. Il nous est arrivé de penser même que notre louange était confinée aux abords de ce pauvre monde étroit, et qu'il nous était impossible de tirer sur les cordes qui auraient ébranlé les cloches du ciel. Nous avons cru ne jamais pouvoir étendre nos mains jusqu'à faire vibrer les cordes des harpes angéliques. N'avons-nous jamais pensé que nous ne pourrions jamais atteindre un lieu si élevé?
Nous nous sommes ainsi dit qu'il n'y a aucun point de rencontre entre le ciel et la terre. Un épais mur noir sépare nos deux mondes. Des eaux non navigables nous empêchent de traverser. Nos prières ne peuvent atteindre le ciel, et nos louanges ne peuvent en rien affecter le monde céleste.
Laissons-nous enseigner par notre texte d'aujourd'hui, laissons-nous nous convaincre combien nous avons tort. Même si nous avons bien souvent l'impression que les portes du ciel et de l'univers tout entier nous sont fermées, nous ne sommes, après tout, qu'une petite province éloignée du vaste empire unifié de Dieu. Aussi, ce qui arrive sur la terre est rapporté au ciel, ce qui est chanté sur la terre est chanté au ciel, et, d'une certaine manière, les larmes répandues sur la terre sont également versées au paradis. Les afflictions de l'humanité entière sont vécues une seconde fois, au pied même du trône du Très-Haut.
Notre texte nous dit ceci: "Il y a de la joie devant les anges de Dieu pour un seul pécheur qui se repent." Je vois là comme un pont à l'aide duquel je peux passer sur l'autre rive, la rive de l'éternité. Je vois là comme une sorte de fil conducteur qui informe des esprits d'un autre monde sur la vie qui se passe ici. Il m'enseigne qu'il y a une relation vraie et merveilleuse entre ce pauvre monde et celui qui se trouve au-dessus des cieux, en un lieu où Dieu demeure en compagnie des bienheureux.
Nous parlerons un peu de ce thème ce matin. Je parlerai d'abord de la sympathie du monde d'en-haut envers le monde d'en-bas, après quoi je parlerai du jugement des anges – car ils se réjouissent des pécheurs repentants. Nous verrons quelle raison ils peuvent avoir pour agir ainsi. Je parlerai enfin de la leçon pour les saints, car, si les anges se réjouissent au ciel pour les pécheurs qui se repentent, alors nous devrions certainement en faire de même.
La sympathie des deux mondes
Ne pensez pas, ô fils de l'homme, que vous êtes complètement coupés du ciel. Car il existe une échelle, dont le sommet repose au pied du trône du Tout-Puissant, et dont la base se trouve au fond de la misère humaine!
Ne pensez pas qu'il existe un énorme gouffre entre vous et le Père que ni sa grâce, ni vos prières, ni votre foi, ne peuvent enjamber. Oh, fils de l'homme, ne pensez pas que vous habitez une île battue par les vents et coupée du continent de l'éternité. Je vous en supplie, croyez qu'il existe une route, un pont qui traverse cet abîme.
Ce monde n'est pas un monde isolé, séparé du reste de la création. Car la création tout entière ne forme qu'un seul corps. Sachez-le alors, ô, fils de l'homme, que, même s'il vous paraît que vous habitez un monde qui est tout au plus un pied, sachez que des pieds jusqu'à la tête il existe des nerfs et des vaisseaux qui unissent le tout. Le même cœur qui bat au ciel bat ici sur terre. L'amour du Père Eternel qui remplit de joie le ciel réjouit également le monde terrestre. Bien que la gloire du monde céleste ne soit pas la gloire terrestre, soyez assurés que, malgré leur apparente différence, ces deux mondes ne sont qu'un.
Oh, fils de l'homme, écoutez, et vous apprendrez bientôt que vous n'êtes pas des étrangers dans un pays étranger – tel un Joseph sans demeure dans le pays d'Egypte, éloigné de son père et de ses frères, restés dans l'heureux paradis de Canaan. Non, votre Père vous aime toujours. Il existe une liaison entre vous et lui. Aussi étrange que cela paraisse, et malgré les distances infinies qui séparent la petite créature de l'infini Créateur, il existe des liens qui nous unissent!
Ne croyez pas qu'à l'instant où vous versez une larme, votre Père ne la voit pas, car "comme un père a compassion de ses enfants, l'Eternel a compassion de ceux qui le craignent" (Ps 103:13). Votre soupir est en mesure d'émouvoir le cœur de Yahvé, votre murmure est capable d'incliner son cœur vers vous, votre prière peut retenir sa main et votre foi peut faire lever son bras. Oh, ne pensez pas que Dieu soit assis en sommeillant au ciel, ne se souciant point de vous.
"Une femme oublie-t-elle l'enfant qu'elle allaite? N'a-t- elle pas pitié du fruit de ses entrailles? Quand elle l'oublierait, moi je ne t'oublierai point" (Es 49:15). Soyez-en assurés, votre nom est gravé sur les paumes de la main du Père, et votre vie est inscrite dans son cœur. Il pensait déjà à vous avant même que les mondes ne soient créés; avant que les mers ne soient amassées ou que les montagnes gigantesques élèvent leurs sommets jusque dans les nuages, il pensait à vous. Et il pense encore à vous. "Moi l'Eternel, j'en suis le gardien, je l'arrose à chaque instant; de peur qu'on ne l'attaque, nuit et jour je la garde." Car les yeux du Seigneur se promènent de lieu en lieu, pour faire grâce à tous ceux qui le craignent. Sachez-le, vous n'êtes pas retranchés loin de sa présence. En réalité, en lui vous avez le mouvement: en lui vous avez la vie et l'être. Il est un secours qui ne manque jamais dans la détresse.
Souvenez-vous, ô héritiers de l'immortalité, que vous n'êtes pas seulement liés à Dieu le Père, mais également à un autre, avec qui vous avez un lien étrange, mais étroit. Au centre du trône est assis celui qui est votre Frère et qui a fait une alliance par le sang avec vous. Le Fils de Dieu, éternel, l'égal de son Père, né de la vierge Marie lorsque les temps ont été accomplis, un petit enfant, objet de tendresse. Il était, oui, il est votre Frère, il est os de vos os et chair de votre chair. Ne pensez pas que vous soyez pour toujours éloignés du monde céleste alors qu'il s'y trouve. N'est-il pas votre chef, et n'a-t-il pas lui-même déclaré que vous étiez un membre de son corps, de sa chair et de ses os? O homme, qui que tu sois, tu n'es pas éloigné du ciel puisque Jésus te dit:
Je ressens en mon cœur tes soupirs et tes gémissements,
Car tu est tout près de moi, tu es ma chair et mes os,
Dans toute ta détresse, ton Maître ressent ta douleur,
Mais elle est utile, elle ne peut être vaine.
Oh, pauvre créature que rien ne console et qui a mis le deuil,
Christ se souvient de toi à chaque heure,
Tes soupirs sont les siens, tes gémissements sont les siens,
Et tes prières sont les siennes.
Il ressent en son être
La douleur de chacun de ses membres.
Il est crucifié lorsque vous l'êtes; il meurt lorsque vous mourez, et il vit en vous lorsque vous vivez en lui. Et parce qu'il vit, vous vivrez également; vous serez élevé comme lui, et vous serez assis dans les lieux célestes avec lui. Oh, aucun époux ne fut aussi proche de son épouse, aucune tête ne fut aussi proche des autres membres, et aucune âme ne fut aussi proche du corps de sa chair que Christ est proche de vous. Et, puisqu'il en est ainsi, ne pensez pas que le ciel et la terre soient séparés.
En réalité, ce sont des mondes très proches, tels deux bateaux amarrés l'un à l'autre. Une courte passerelle, celle de la mort, vous permettra de passer de l'un à l'autre. Celui-ci, noir et couvert de suie, ayant bourlingué le long de toutes les côtes, ce bateau rempli d'amertume et de tristesse; celui-là tout en or, son pavillon flottant dans le vent, toutes voiles dehors : blanches comme la poitrine d'un goéland, immaculées comme les ailes d'un ange. Oh, hommes, sachez-le, le bateau du ciel est amarré au bateau de la terre. Notre bateau peut bien traverser des mers impétueuses et être secoué par des vents violents; mais le bateau céleste, doré et invisible, navigue à son côté, intact, imperturbable, toujours prêt. Ainsi, lorsque l'heure sera venue, vous pourrez bondir du bateau noir et sombre, sale et fatigué et rejoindre le pont doré de ce bateau béni sur lequel vous voguerez désormais pour l'éternité.
Mais, hommes de Dieu, il y a bien d'autres liens encore entre le présent et le futur, entre le temps et l'éternité. Après tout, que sont le temps et l'éternité pour le croyant? Ne sont-il comme des jumeaux siamois, inséparables? Notre terre n'est que la partie inférieure du ciel; dans le monde à venir, nous verrons l'étage supérieur. Mais les deux ne représentent qu'une seule et même demeure – nous sommes certes dans la chambre "basse", et un jour nous serons dans la chambre haute, mais un même toit recouvre les deux, et la même rosée les trempe toutes deux. Souvenez-vous, mes bien-aimés, que les "esprits des justes parvenus à la perfection" (Hé 12:23) ne sont jamais bien loin de nous si nous aimons Jésus. Tous ceux qui ont traversé les grandes eaux attendent avec impatience de pouvoir communier pleinement avec nous. Ne chantons-nous pas:
Les saints sur terre, et tous les morts,
Ne forment qu'une seule communauté;
Tous sont unis en Christ, le Maître vivant,
Et partagent sa grâce.
Nous n'avons qu'un Chef pour l'église triomphante et pour l'église militante:
Une seule armée, celle du Dieu vivant,
A sa parole nous obéissons;
Une partie de son armée a traversé les grandes eaux,
Et une partie les traverse maintenant.
Les saints du Dieu vivant, je n'en doute pas un seul instant, ne nous ont pas oubliés. Ils viendront nous chercher, car nous habitons toujours dans leurs cœurs – car sans nous, ils n'obtiendront pas la perfection. L'Eglise ne peut être parfaite avant que nous soyons tous réunis. C'est pourquoi ils languissent de nous voir.
Mais regardons notre texte d'un peu plus près. Ce passage de l'Ecriture nous affirme que les anges sont en communion avec nous. Esprits brillants, premiers nés des fils de Dieu, pensez-vous à moi? Oh, grands et puissants chérubins, séraphins flamboyants, volant tel un éclair, pensez-vous vraiment à nous? Votre stature est gigantesque. L'un de nos poètes nous a dit que la baguette d'un ange pourrait servir à fabriquer le mât d'un bateau, et il avait sans doute raison. Les anges de Dieu sont des créatures fortes et puissantes, prêtant l'oreille à la moindre de ses paroles et exécutant ses commandements – et se soucieraient-ils de nous?
Que l'Ecriture réponde: "Ne sont-ils pas tous des esprits au service de Dieu, envoyés pour exercer un ministère en faveur de ceux qui doivent hériter du salut?" "L'ange de l'Eternel campe autour de ceux qui le craignent, et il les arrache au danger." "Ils te porteront sur les mains, de peur que ton pied ne heurte contre une pierre." Oui, les anges les plus éclatants ne sont que les serviteurs des saints. Ils forment notre armée protectrice, et, si nos yeux pouvaient s'ouvrir comme ceux d'Elisée, nous verrions des chevaux et des chariots de feu tout autour de nous, afin que nous puissions nous écrier joyeusement: "Ceux qui sont avec nous sont en plus grand nombre que ceux qui sont avec eux" (2 Rois 6:16).
Notre passage de l'Ecriture nous dit que les anges de Dieu se réjouissent de la repentance des pécheurs. Comment cela se peut-il? Ne sont-ils pas toujours aussi joyeux que possible? Comment peuvent-ils être plus joyeux encore? Le texte ne nous dit pas qu'ils sont plus heureux. Peut-être manifestent-ils davantage leur bonheur.
"Le cœur content est un festin perpétuel" (Pr 15:15). Mais il semble que même le cœur joyeux peut avoir des occasions spéciales de festoyer. Pour ceux qui sont glorifiés, chaque jour est un sabbat; mais l'on peut toutefois dire: "Ce sabbat-là fut une journée merveilleuse." Il y des jours où les anges chantent plus fort que d'habitude. Oh, ils chantent toujours à merveille la louange de Dieu; mais il est des occasions où certains de ceux qui voltigeaient aux quatre coins de l'univers se réunissent en son centre, et autour du trône de Dieu, se tenant en rangs serrés, non pour la bataille mais pour la musique; il est certains jours où ils chantent tous un chant de louange au Fils de Dieu, qui nous a tellement aimés qu'il s'est livré pour nous.
Vous me demanderez certainement: quand ces jours particuliers ont-ils lieu? Je vous le dis: la naissance de chaque chrétien est un jour de fête au ciel. Il y a ainsi des Noëls au paradis où un culte particulier est rendu à Christ et où Christ est glorifié – non parce qu'il est né dans une étable, mais parce qu'il est né dans un cœur brisé. Il y a des jours spéciaux au ciel, des jours de concert, des jours écrits en lettres rouges, des jours d'une adoration débordante. Ce sont les jours où le berger ramène à la maison la brebis égarée, en la portant sur son épaule, les jours où l'Eglise a balayé la maison et trouvé la pièce d'argent perdue. En ces jours-là, les amis et les voisins se réunissent pour se réjouir d'une joie ineffable et remplie de gloire, car un pécheur s'est repenti.
Je vous ai ainsi démontré, je l'espère, qu'il y a un lien entre le ciel et la terre bien plus grand que quiconque parmi nous l'eût imaginé. Et maintenant, lorsque nous levons nos yeux vers le ciel bleu, qu'aucun d'entre nous ne pense qu'il est éloigné du ciel. Nous en sommes tous très proches. Quand le jour sera venu, nous irons au ciel à la vitesse de l'éclair, même sans chevaux ni chariots de feu. Balaam l'a appelé le lieu qui est très éloigné. Mais nous, nous le connaissons bien ce lieu, et nous savons qu'en réalité il est très proche. Dès à présent,
Par la foi nous joignons nos mains
A ceux qui nous ont précédés,
Et nous rejoignons la plage recouverte par son sang
Sur le rivage éternel
Je vous salue, merveilleux esprits! Je vous vois maintenant. Je vous salue, les anges! Je vous salue, vous, les frères rachetés! Quelques heures, quelques jours ou quelques mois encore, et nous rejoindrons votre assemblée joyeuse. Mais, jusque-là, votre joyeuse communion et votre douce compassion seront toujours notre réconfort et notre consolation – et, ayant été exposés à toutes les tempêtes de la vie, nous jetterons finalement l'ancre auprès de vous, dans le port de la paix éternelle.
Le jugement des anges
Pourquoi les anges se réjouissent-ils au sujet des pécheurs repentants? Tout d'abord, je crois que c'est parce qu'ils se souviennent des jours de la création. Vous savez, le jour où Dieu a fait le monde, lorsqu'il a accroché les rayons des cieux à la lumière, le jour où les étoiles du matin se sont mises à chanter ensemble et les fils de Dieu se sont écriés de joie; alors qu'ils voyaient les étoiles s'envoler les unes après les autres comme des étincelles de l'enclume de la Toute-Puissance, ils ont commencé à chanter; à chaque fois qu'ils voyaient une nouvelle créature sur cette petite terre, leur louange redoublait de ferveur. Quand ils virent la lumière, ils applaudirent tous à l'unisson et dirent, "Grand est Yahvé; car il a dit "Que la lumière soit! et la lumière fut". Et lorsqu'ils virent le soleil et la lune et les étoiles, ils applaudirent encore et dirent: "Il a fait de grands luminaires, car sa miséricorde dure à toujours; le soleil pour présider au jour, car sa miséricorde dure à toujours; la lune pour présider à la nuit, car sa miséricorde dure à toujours". Et pour tout ce que Dieu a créé, ils chantèrent de tout leur cœur ce chant: "Dieu Créateur, que ton nom soit magnifié, car ta miséricorde dure à toujours."
Maintenant, lorsqu'ils voient un pécheur revenir, ils repensent au moment de la création, car la repentance est une nouvelle création. Aucun homme ne peut se repentir sans que Dieu ait créé en lui un cœur nouveau et un esprit bien disposé. Je me demande si, depuis le jour où Dieu a créé le monde, les anges ont vu Dieu créer quoi que ce soit si ce n'étaient des cœurs nouveaux. Il aurait très bien pu, si tel avait été son dessein, créer de nouveaux mondes depuis cette époque-là. Peut-être que la seule nouvelle création qu'ils aient jamais vue – depuis le premier jour glorieux où Dieu créa l'univers – est celle d'un cœur nouveau et d'un esprit bien disposé dans un pauvre pécheur repentant. C'est la raison pour laquelle il doivent se réjouir, car ils peuvent revivre le moment de la création.
Je n'ai aucun doute non plus qu'ils célèbrent Dieu parce qu'ils peuvent encore voir son oeuvre briller de plus belle de l'éclat de l'excellence. Lorsque Dieu a créé le monde, il a dit: "Cela est très bon" – mais il ne pourrait plus dire cela maintenant. Dieu ne pourrait pas dire cela pour bon nombre d'entre vous. Il dirait même tout à fait le contraire. Il dirait certainement : "Non, c'est très mauvais, car les traces du serpent ont complètement effacé ta beauté; cette excellence morale qui habitait dans l'humanité a disparu." Mais lorsque l'Esprit influence tendrement les hommes au point de les mener à la repentance et à la foi renouvelée, Dieu pose de nouveau ses regards sur l'homme. En ces moments-là, il doit certainement se dire: "Cela est très bon." Car ce que son Esprit fait est à sa ressemblance – bon, saint et précieux. Dieu peut alors de nouveau sourire sur sa création deux fois née et répéter: "Cela est très bon." Les anges entonnent alors certainement un chant et louent son nom, car ses oeuvres sont toujours bonnes et pleines de beauté.
Mais, mes bien-aimés, les anges exultent lorsque des pécheurs se repentent, parce qu'ils savent à quoi ce pauvre pécheur a échappé. Car vous et moi, nous ne pouvons imaginer toutes les profondeurs de l'enfer, séparé de nous par un voile noir de ténèbres, nous ne pouvons saisir les horreurs que contient cette prison lugubre des âmes perdues. Par bonheur, les gémissements des damnés ne nous ont jamais fait sursauter, car mille tempêtes ne sont qu'un murmure de jeune fille en comparaison d'un seul hurlement d'un esprit damné. Il nous est impossible de voir les tortures de ces âmes qui demeurent éternellement dans une angoisse qui ne connaît aucun apaisement. Ces yeux deviendraient des sphères aveugles et enténébrées s'il leur était permis de voir, ne serait-ce qu'un instant, cette demeure terrifiante du tourment éternel. L'enfer est un lieu horrible, car nous pouvons dire que ce sont "des choses que l'œil n'a point vues et que l'oreille n'a point entendues et qui ne sont point montées au cœur de l'homme". Nul ne peut donc concevoir les horreurs que Dieu a préparées pour ceux qui le haïssent.
Mais les anges, eux, savent bien mieux que vous et moi. Ils savent ce qu'est l'enfer; non pas qu'ils l'aient vécu, mais ils se souviennent de ce jour où Satan et ses anges se rebellèrent contre Dieu. Ils se souviennent du jour où le tiers des étoiles du ciel se sont révoltées contre leur souverain, et ils n'ont pas oublié la manière dont la main droite de Yahvé Jésus avait retenti dans un tonnerre. Ils n'oublient pas cette brèche qui fut ouverte dans les remparts du ciel, des hauteurs les plus élevées jusqu'aux profondeurs abyssales, où Lucifer et son armée furent précipités. Ils n'ont jamais oublié comment, au son de la trompette, les sombres ennemis furent pourchassés jusqu'au tréfonds du désespoir le plus noir, alors qu'ils s'approchaient de ce lieu où le serpent ancien sera lié par des chaînes; ils se souviennent comment ils ont vu Topheth, dont le bûcher est préparé depuis longtemps. Ils se souviennent comment, alors qu'ils s'en retournaient sur leurs ailes à la maison, toute langue gardait le silence, même s'ils auraient pu crier leur louange à celui qui était victorieux de Lucifer; mais un silence s'emparait d'eux tous, un silence profond et un respect mêlé d'une crainte solennelle s'emparaient d'eux, alors qu'ils pensaient à celui qui peut instantanément anéantir un chérubin et le précipiter dans les tourments éternels.
Ils savaient ce qu'était l'enfer pour avoir frôlé ses mâchoires, pour avoir vu leurs propres frères s'y engouffrer. Ainsi donc, lorsqu'ils voient un pécheur qui est sauvé, ils se réjouissent à la pensée qu'il y en aura un de plus qui échappera à l'enfer et qui ne sera pas éternellement consumé par des vers qui ne meurent point – une âme de plus qui aura échappé de la gueule du lion.
Il y a pourtant une meilleure raison encore. Les anges savent quelles sont les joies du ciel, et ils se réjouissent donc de la repentance d'un seul pécheur. Nous parlons ici de portes perlées et de rues pavées d'or, de robes blanches, de harpes en or et de couronnes d'amarante. Mais si un ange pouvait nous parler du ciel, il sourirait et nous dirait: "Toutes ces choses merveilleuses ne sont que des histoires pour enfant; et vous, vous êtes de petits enfants qui ne peuvent comprendre la grandeur de la splendeur éternelle. Dieu vous a donc donné un livre et un alphabet, là vous pouvez arriver à lire grossièrement les premières lettres sur ce qu'est le ciel. Mais ce que le ciel est réellement, vous ne le savez pas.
"Oh, hommes mortels, vos yeux n'en ont pas vu les splendeurs, et votre cœur n'a jamais été transporté par ses joies sans pareilles." Vous pouvez parler, et penser, et deviner et rêver, mais vous ne pourrez jamais mesurer l'infinité du ciel que Dieu offre à ses enfants. C'est la raison pour laquelle, lorsque les anges voient une âme être sauvée et un pécheur se repentir, ils battent des mains. Ils savent bien que toutes ces demeures éternelles bénies leur appartiennent, car tous ces lieux merveilleux où régnera un bonheur éternel sont l'héritage de tous les pécheurs qui se seront repentis.
Mais j'aimerais que vous relisiez notre texte encore une fois, alors que je m'attarde sur une autre pensée. Il y a de la joie dans la présence des anges de Dieu pour chaque pécheur qui se repent. Pourquoi donc n'économisent-ils pas leur joie jusqu'au moment où le pécheur meurt et va au ciel? Pourquoi se réjouissent-ils à son sujet lorsqu'il se repent?
Mon ami devrait, je le pense, aller au ciel pour redresser ce point. D'après sa théorie, ils se trompent grandement en se réjouissant prématurément. En effet, d'après la doctrine arminienne, un homme peut se repentir, et pourtant encore être perdu; il peut avoir reçu la grâce de se repentir et de croire, et pourtant il peut déchoir de cette grâce et être rejeté au loin. Vous, les anges, vous allez trop vite en besogne. Vous aurez peut-être à vous repentir de ceci un jour si la doctrine arminienne est vraie. Je vous conseille donc d'épargner vos chants de joie. Peut-être que ceux en l'honneur de qui vous chantez aujourd'hui vous feront porter le deuil demain.
Je suis tout à fait sûr qu'Arminius n'a jamais enseigné sa doctrine au ciel. Je ne sais pas s'il s'y trouve – j'espère qu'il y est; mais, si tel est le cas, il n'est alors plus arminien. Les anges se réjouissent parce qu'ils savent que lorsqu'un pécheur se repent, il est absolument sauvé – dans le cas contraire, ils se réjouiraient bien prématurément, et ils auraient de bonnes raisons de réserver leur joie pour une autre occasion. Mais les anges savent ce que Christ voulait dire lorsqu'il a déclaré: "Je leur donne la vie éternelle; et elles ne périront jamais, et personne ne les ravira de ma main" (Jn 10:28). C'est la raison pour laquelle ils se réjouissent lorsque des pécheurs se repentent. Ils se réjouissent parce qu'ils savent que ces pécheurs sont sauvés.
Il y a encore un fait que j'aimerais mentionner avant de conclure sur ce point. Le texte nous dit que les anges se réjouissent pour un pécheur qui se repent. Ce soir, ce sera mon privilège de pouvoir saluer fraternellement pas moins de quarante-huit pécheurs qui se sont repentis, et il y aura une grande joie, des réjouissances même, dans nos églises ce soir parce que quarante-huit d'entre eux ont été baptisés comme témoignage de leur foi. Mais les anges sont tellement remplis de bienveillance envers les hommes, qu'ils se réjouissent pour un pécheur qui se repent.
Elle se trouve là, dans cette mansarde, là où les étoiles se faufilent entre les tuiles. Il y a un lit misérable dans cette chambre, et une seule couverture. Elle est couchée là, attendant la mort. Pauvre créature! Elle a arpenté les rues plus d'une fois, la nuit, gaiement, mais maintenant ses joies s'en sont allées; une maladie infecte, telle un démon, dévore son cœur ! Et elle s'éteint rapidement, alors que personne ne se soucie de son âme ! Mais là, dans cette petite chambre, elle tourne son visage contre le mur et s'écrie: "Oh, tu as sauvé Madeleine, sauve-moi; Seigneur, je me repens, aie pitié de moi, je t'en supplie."
Les cloches ont-elles sonné? La trompette a-t-elle retenti? Ah! non. Les hommes se sont-ils réjouis? Un chant de reconnaissance résonna-t-il dans cette grande assemblée? Non, personne ne l'a entendu, car elle est morte seule. Mais, attendez! Il y avait quelqu'un qui était à ses côtés et qui a remarqué cette larme – un ange qui était venu du ciel pour prendre soin de cette brebis égarée et marquer son retour; et, à peine sa prière prononcée, l'ange se mit à battre de ses ailes en guise d'applaudissement; alors, l'on vit s'envoler vers les portes de perle un esprit ressemblant à une étoile.
Les gardiens célestes se précipitèrent à la porte, s'écriant:
"Quelles sont les nouvelles, oh fils de feu?"
"C'est fait", répondit-il.
"Qu'est-ce qui est fait?" demandèrent-ils.
"Eh bien, elle s'est repentie."
"Quoi! Elle, qui était naguère une pécheresse entre elles toutes? S'est-elle tournée vers Christ?"
"Oui, elle l'a fait."
Et alors la nouvelle se répandit dans les rues, et les cloches du ciel retentirent de leurs plus beaux carillons, car Madeleine était sauvée; elle, qui avait été une pécheresse endurcie, s'était tournée vers le Dieu vivant. Cela se passait ailleurs. Un pauvre petit garçon négligé et vêtu de haillons errait dans les rues depuis plusieurs jours. Initié au crime, sa vie le menait tout droit à la potence. Mais un matin, il passait près d'une humble pièce où quelques hommes et femmes s'étaient réunis pour enseigner de pauvres enfants en haillons. Il s'y arrêta, lui, le nomade des rues à demi sauvage; ils lui parlèrent; ils lui parlèrent de l'âme et de l'éternité – des choses dont il n'avait jamais entendu parler; ils parlèrent à ce pauvre garçon, qui n'avait pas d'amis, de Jésus et de la bonne nouvelle et de la joie et du ciel. Il y retourna le dimanche suivant, et puis le suivant encore, toujours dans ses guenilles, car il n'arrivait pas à s'en débarrasser.
Il arriva que l'enseignant lui dit un jour: "Jésus-Christ reçoit les pécheurs." Ce jeune garçon courut, mais pas à la maison, car l'appeler ainsi aurait été une farce – dans le lieu où son ivrogne de père et sa mère lubrique menaient un vacarme d'enfer. Il courut, et sous une arcade ou dans un coin peu fréquenté, il plia ses petits genoux. Alors, cette pauvre créature en haillons éclata en sanglots, et dit: "Seigneur, sauve-moi, ou je meurs." Ce petit polisson était à genoux – le petit voleur était sauvé! Il avait dit: "Jésus, toi qui aimes mon âme, laisse-moi m'en aller vers toi."
Et de ce lieu déshérité, sous une vieille arcade, de ce taudis oublié de tous, un esprit s'envola, heureux de porter la nouvelle au ciel qu'un autre héritier de gloire était né à Dieu.
Je pourrais raconter un grand nombre de scènes identiques. Chacun d'entre vous ne pourrait-il pas plutôt se remémorer la sienne? Vous vous rappelez le moment où le Seigneur vous a rencontré. Ah! vous ne vous doutiez pas de l'agitation que cela allait provoquer au ciel! Si la reine avait mis en marche toute son armée, cela n'aurait pas réussi à arrêter le regard des anges; si tous les princes de la terre – avec toutes leurs robes, leurs bijoux, leurs couronnes et leurs insignes royaux, avec tous leurs chars et tous leurs cavaliers – si toutes les monarchies passées s'étaient levées – si toute la puissance de Babylone ou de Tyr ou de Grèce s'était rassemblée en une parade grandiose – aucun ange ne se serait arrêté dans sa course pour accorder le moindre sourire à ces pauvres choses.
Mais, au-dessus de vous, le plus vil d'entre les vils, le plus pauvre d'entre les pauvres, le plus obscur et le plus anonyme – au-dessus de vous des ailes angéliques tournoyaient; de vous l'on parlait sur la terre et l'on criait haut et fort dans le ciel: "Alléluia, car aujourd'hui un enfant est né à Dieu."
Une leçon pour les saints
Je crois, mes bien-aimés, que vous n'aurez pas trop de peine à retenir la leçon de tout ceci. Les anges se réjouissent dans le ciel pour les pécheurs qui se repentent. Saints de Dieu, ne ferions-nous pas de même? Je crois que l'église ne se réjouit pas assez. Nous gémissons et nous grognons tous suffisamment, mais très peu parmi nous se réjouissent vraiment. Lorsqu'un grand nombre se joint à l'église, l'on dit qu'il s'agit d'une grande grâce, mais la grandeur de cette grâce est-elle appréciée à sa juste valeur?
Je vais vous dire quels sont ceux qui peuvent apprécier le plus la conversion des pécheurs. Ce sont ceux qui viennent tout juste de se convertir, ou alors ceux qui ont été de grands pécheurs. Ceux qui ont été enchaînés et qui ont été eux-mêmes esclaves du péché sont tellement heureux lorsqu'ils voient d'autres qui étaient esclaves comme eux, et qui sont maintenant libérés, ils sont si joyeux qu'ils peuvent prendre eux-mêmes le tambourin et le luth, la flûte et la harpe et louer Dieu car il y a d'autres prisonniers qui sont affranchis par la grâce.
Mais il y en a d'autres qui peuvent se réjouir plus encore; ce sont les parents et les amis de ceux qui sont sauvés. Vous avez remercié Dieu à chaque fois que vous avez vu un pécheur être sauvé; mais, mère, n'es-tu pas celle qui a le plus remercié Dieu parce que ton fils était sauvé? Oh! ces saintes larmes – ce ne sont pas des larmes, mais des diamants de Dieu – ces larmes de joie d'une mère lorsque son fils confesse la foi en Jésus. Oh! le visage heureux de l'épouse qui voit son mari, cet être ivre et bestial, enfin devenir un homme et un chrétien! Oh! ce regard de joie qui se lit sur le visage d'un jeune chrétien qui voit son père, qui l'avait tant opprimé et persécuté, se convertir.
Cette semaine, j'ai prêché à la place d'un jeune serviteur de Dieu; et, désirant connaître son caractère, j'ai parlé de lui avec une apparente froideur à une dame de sa congrégation. En quelques instants, elle commença à parler en sa faveur, disant: "Monsieur, vous ne devez pas parler ainsi de lui; si vous le faites, c'est uniquement parce que vous ne le connaissez pas."
"Oh, dis-je, je le connais depuis bien plus longtemps que vous: il ne vaut pas grand-chose, n'est-ce pas ?"
"Eh bien, dit-elle, je dois parler de lui en bien, car il a été une bénédiction pour mes employés et pour ma famille."
Je sortis dans la rue, et j'aperçus quelques personnes qui conversaient. Alors, je leur dis: "Je dois emmener votre pasteur avec moi."
"Si vous le faites, dirent-ils, nous vous suivrons au bout du monde; nous suivrons n'importe où un homme qui a fait tant de bien à nos âmes."
Après avoir obtenu le témoignage d'une quinzaine de personnes, j'ai pris la parole et leur ai dit: "Si cet homme a un témoignage pareil, laissons-le continuer; le Seigneur a ouvert sa bouche, et le diable ne réussira jamais à la fermer."
Ce sont des témoignages comme ceux- là que nous voulons avoir – des hommes qui peuvent se réjouir avec les anges parce que toute leur maison est convertie à Dieu. J'espère qu'il en sera ainsi pour vous tous. Si certains parmi vous se donnaient à Christ aujourd'hui – car il est toujours prêt à vous recevoir – vous sortiriez de ce lieu en chantant, et les anges chanteraient avec vous. Il y aurait de la joie sur la terre et de la joie au ciel – de la paix sur la terre et de la gloire pour Dieu au ciel.
Que Dieu vous bénisse tous, pour l'amour de Jésus.