Marie - Servante du Seigneur
par Henri Gras
Partie III. Que faut-il croire?
Chapitre 14. Conclusions
L'examen des données bibliques concernant Marie (qui seules font autorité, en matière de foi, car elles sont partie intégrante de la révélation divine) montre le cheminement réel de celle qui s'est déclarée sans réserve la «servante du Seigneur»:
- Acceptation spontanée de la révélation initiale et engagement inconditionnel.
- Première illumination par l'Esprit.
- Accomplissement de la promesse avec la conception miraculeuse, puis la naissance du Sauveur.
- Vie conjugale avec Joseph et longue incompréhension du ministère de Jésus.
- Epreuve de la croix vécue en mère dont «une épée transperce l'âme».
- Nouvelle naissance, partage de la joie de la résurrection et attente de l'Esprit saint avec les disciples.
- Réception de l'Esprit saint et illumination définitive.
Bienheureuse, cette humble femme d'Israël dont la foi et l'obéissance sans réserve ont fait d'elle l'instrument choisi par Dieu pour mettre en oeuvre, par «la Parole faite chair», son plan de salut pour l'humanité.
Quelle leçon! A l'exemple de Marie, tous ceux qui écoutent la Parole, croient et y conforment leur vie simplement, reçoivent la bénédiction du Père céleste. Pareillement, il veut se servir d'eux (de chacun des rachetés) comme témoins de Jésus et propagateurs de l'Evangile qui sauve et libère, semence de vie dans le monde.
Quelle leçon que l'incompréhension de Marie à l'égard du ministère terrestre de Jésus! Pourtant, n'avait-elle pas bénéficié de lumières et de bénédictions sans précédent? De même, Israël, devant lequel s'étaient fendues les eaux de la Mer Rouge, qui avait été nourri et abreuvé miraculeusement au désert pendant quarante années, aux cris duquel tombèrent les murailles de Jéricho et qui reçut en partage la terre promise, ne comprit pas que sa force résidait dans la fidélité à l'Eternel et son espérance en ce «roi des Juifs» qu'il fit clouer au bois. Pareillement, après avoir reçu des révélations et des exaucements, combien de chrétiens s'endorment sur «leurs expériences», se laissent distraire et détourner du plan de Dieu pour leur vie, ne savent plus discerner sa volonté dont l'accomplissement leur eût assuré la plénitude! Et tout cela en croyant sincèrement le servir...
Quelle leçon que la présence de Marie au pied de la croix! Cette «épée qui lui transperce l'âme» crée en elle le choc salutaire, l'arrache douloureusement aux choses de la terre, aux espoirs qu'elle avait fondés, aux illusions qu'elle s'était faites...
La voici introduite de plain-pied dans la réalité spirituelle du plan divin. De même, tout authentique chrétien a dû passer par la croix, et c'est souvent à l'occasion d'une dure épreuve qu'il y est venu. Elle est le passage obligé qui permet de saisir la gravité du péché, la nécessité et la portée du sacrifice unique de Christ, le prix inestimable de son sang, l'infinie valeur de la grâce et du salut gratuit par la foi.
Quelle leçon que l'illumination finale de Marie lors de l'effusion de Pentecôte! Avec les disciples, elle a prié dans l'attente de la bénédiction promise. Et, comme eux, ni plus ni moins qu'eux, la voilà baptisée du Saint-Esprit, revêtue de la puissance divine qui fait d'elle, enfin, un vrai témoin de Jésus-Christ, dont le royaume éternel n'est pas de ce monde.
A son exemple, tout chrétien doit savoir prier et souhaiter, dans la communion des saints qu'est l'Eglise, la plénitude de l'Esprit et le revêtement de puissance qui le qualifieront selon la volonté du Seigneur. Combien de fois, nous les chrétiens passés par la croix et nés de nouveau, avons négligé l'attente dans la chambre haute! Et nous sommes partis apporter l'Evangile avec notre bonne volonté, notre enthousiasme, notre zèle entreprenant, notre stratégie mûrement élaborée. Tout cela bien sûr, sans résultat, ou si peu...
Ce que dit la Bible sur Marie nous permet donc de situer celle-ci dans le plan divin et de recevoir, à travers l'exemple de sa vie, maints enseignements spirituels. Mais il faut également reconnaître que les silences de l'Ecriture la concernant ne sont pas moins chargés de sens. Ils prouvent que, si Marie a eu un rôle de premier plan au moment de la conception miraculeuse, elle est passée au troisième plan dès la naissance de Jésus qui a marqué le début de sa vie de couple, puis tout à fait en dehors lors du ministère de son fils.
Depuis le IVe siècle après Jésus-Christ, le Magistère n'a cessé de vouloir ajouter à l'Ecriture (cf. 1 Corinthiens 4:6; Proverbes 30:6). Ses apports successifs à valeur de dogme ne font, en fait, qu'assimiler des pratiques devenues traditionnelles et souvent d'origine païenne. A l'examen, on découvre vite qu'ils sont en contradiction avec la Parole révélée et même qu'ils conduisent à diverses formes d'idolâtrie qu'elle condamne sévèrement.
A qui finalement cette évolution peut-elle profiter, sinon à Satan l'ennemi mortel? «L'ange de lumière» et ses démons ne nient pas l'existence de Jésus, ils savent qu'il est venu pour les perdre (Marc 1:24). Non, la stratégie du «serpent ancien» consiste à susciter le doute, le mélange idolâtre, la religiosité anesthésiante, et à enfermer l'homme dans la désobéissance coupable. Ensuite, il accuse l'homme devant Dieu (Job 1–2). C'est pourquoi Jésus est venu pour détruire les oeuvres du diable (1 Jean 3:8) et faire fonction d'avocat, plaidant auprès de son Père en faveur de ceux qui lui appartiennent (1 Jean 2:1). Ainsi se manifeste la sollicitude divine. Soyons assurés que si d'autres éléments relatifs à Marie étaient utiles à l'Eglise, Dieu aurait inspiré aux derniers écrivains sacrés de les consigner, sans attendre des siècles pour les dévoiler un à un.
En revanche, les apports successifs du Magistère sont, en définitive, comme un piédestal à étages superposés, sans cesse surélevé, au sommet duquel trône, en gloire, la vierge Marie promue «reine du ciel». Pour aller à Jésus il faut transiter par elle. Tout s'obtient par elle. Voilà donc un nouvel évangile...
L'apôtre Paul avait, dès l'origine, mis en garde les chrétiens à l'égard de ce piège: «Mais, si nous-mêmes, si un ange du ciel annonçait un évangile s'écartant de celui que nous vous avons prêché, qu'il soit anathème! Nous l'avons dit précédemment, et je le répète à cette heure: si quelqu'un vous annonce un évangile s'écartant de celui que vous avez reçu, qu'il soit anathème!» (Galates 1:8–9). Quelle insistance! Il est clair que l'Evangile authentique auquel Paul se réfère est celui que nous ont transmis les Ecritures. Y ajouter ou en retrancher quelque chose, nous l'avons déjà dit, représente une faute grave devant Dieu.
Un précédent est rapporté par la Bible. Au royaume de Juda, peu avant l'invasion et l'exil à Babylone, Jérémie le prophète adresse des reproches, assortis de menaces, au peuple, de la part de l'Eternel. L'un des principaux griefs qui irrite le Tout-Puissant, c'est que les libations sont faites à d'autres dieux, notamment à la «reine du ciel», déjà! (Jérémie 7:17–18; 44:15–19).
On rétorquera peut-être qu'il s'agissait de l'ancienne alliance et que l'incarnation n'avait pas encore eu lieu, cette conception miraculeuse qui confère à la vierge une place exceptionnelle dans l'ordre divin. C'est faux. Pas plus hier qu'aujourd'hui, Dieu ne partage sa gloire avec un autre que Jésus-Christ. Paul, encore lui, s'adressant aux Corinthiens et désireux de les ménager en disant: «S'il est des êtres qui sont appelés dieux...», affirme avec vigueur la doctrine chrétienne dans la nouvelle alliance: «Néanmoins, pour nous, il n'y a qu'un seul Dieu, le Père, de qui viennent toutes choses et pour qui nous sommes, et un seul Seigneur, Jésus-Christ, par qui sont toutes choses et par qui nous sommes» (1 Corinthiens 8:5 – 6).
Il n'y a donc pas de «reine du ciel». Celle que, par touches successives, le Magistère a édifiée puis intronisée sous les traits de Marie, n'est en réalité qu'une idole moderne. Les apparents bienfaits obtenus par son entremise sont comparables aux avantages temporels accordés à Faust pour prix de son âme. En résumé, ne confondons pas la Marie de la Bible, servante du Seigneur, dont l'exemple vécu édifie à maints égards, et la vierge imaginaire parée de toutes les vertus et nantie de tous les pouvoirs, que les hommes ont élevée au rang de la divinité. Les Ecritures montrent sans équivoque que la mère de Jésus n'est pas restée vierge après la miraculeuse naissance, qu'elle n'était pas exempte de péché, qu'elle ne peut être considérée ni comme «mère de Dieu», ni comme corédemptrice, ni comme médiatrice et que rien ne permet de penser qu'elle ait pu échapper à la mort.
Marie fut une créature bénie de Dieu, un instrument de sa bénédiction. La vierge vénérée que l'on prie aujourd'hui est une idole dont Satan se sert pour égarer et lier les âmes. Adorer et servir la créature au lieu du Créateur, c'est changer la vérité en mensonge (Romains 1:25) et attirer sur soi la colère de Dieu. Notre civilisation décadente devrait chercher là l'une des causes essentielles de ses maux, car des idoles de tout genre l'ont envahie (Romains 1:28–32). En tout état de cause, notre époque correspond bien à celle décrite par la prophétie: «L'Esprit dit expressément que, dans les derniers temps, quelques-uns abandonneront la foi, pour s'attacher à des esprits séducteurs et à des doctrines de démons" (1 Timothée 4:1). «Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine; mais, ayant la démangeaison d'entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l'oreille de la vérité (Jésus), et se tourneront vers les fables» (2 Timothée 4:3–4).
En effet, que de «fables» accréditées à La Salette, Lourdes ou Fatima, pour ne citer que trois des hauts lieux d'apparitions, cela au détriment de la simple foi biblique! Quels nouveaux «mystères» seront encore dévoilés demain?
La vénération de la vierge Marie, devenue culte idolâtre le mieux chrétiennement camouflé, voile l'éclat de la face de Christ et écarte de la Parole. Il constitue l'un des stratagèmes les plus sophistiqués de l'adversaire. Tous ceux qu'il tient captifs par ce biais sont, sans s'en douter, dans les liens de l'iniquité et tombent sous la condamnation de Dieu qui leur envoie «une puissance d'égarement, pour qu'ils croient au mensonge» (2 Thessaloniciens 2:11). Or, les idolâtres n'hériteront pas le royaume de Dieu (1 Corinthiens 6:9–10). Ils en seront chassés (Apocalypse 22:15).
Graves propos que ceux-là. Mais il faut toujours se souvenir que notre Père a une volonté d'amour. Si l'Evangile «est voilé pour ceux qui périssent» (2 Corinthiens 4:3), il veut aussi «que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité» (1 Timothée 2:4). C'est pourquoi, Jésus est venu «pour éclairer ceux qui sont assis dans les ténèbres» (Luc 1:79). Alors, laissons-le nous parler à travers sa vivante Parole. Fuyons l'idolâtrie (1 Corinthiens 10:14), et, si nous sommes ou avons été liés par elle, demandons à Dieu au nom de Jésus, qu'il rompe ce lien. Ceci fait, l'Esprit saint nous éclairera personnellement les Ecritures et nous conduira enfin dans toute la vérité, comme le Seigneur l'a promis.
Cher ami(e) catholique qui viens de lire ces pages, sache qu'elles n'ont pas été écrites pour te blesser ou te juger. C'est une intention d'amour qui en constitue le fil conducteur. Aussi, ne t'arrête pas aux mots (certains te choqueront peut-être), mais cherche, dans la prière et l'attente de Dieu, à approfondir le sens des divers points abordés. Il serait bon, si tu le veux, de relire les extraits de l'Ecriture cités, dans ta propre Bible en les replaçant dans leur contexte. Nous sommes tous comme Thomas: nous aimons voir avant de croire. Mais Jésus, après avoir montré ses mains percées et fait toucher son flanc au disciple, déclara aux onze : «Heureux ceux qui n'ont pas vu et qui ont cru» (Jean 20:29).
C'est donc à la foi qui précède la vue que nous sommes ici-bas appelés, jusqu'à ce que vienne le jour de l'avènement glorieux de notre Sauveur et Seigneur. Alors, il paraîtra sur les nuées avec puissance et une grande gloire, et «tout oeil le verra» (Apocalypse 1:7).
Dans cette attente, faisons la volonté de Dieu comme il nous la révèle dans sa Parole. Nous serons ainsi frères, sœurs et mère de Jésus, comme Marie l'est vraiment devenue après qu'une épée lui a transpercé l'âme au pied de la croix.