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Miracles: les mouchoirs de Paul

«Et Dieu faisait des miracles extraordinaires par les mains de Paul, au point qu'on appliquait sur les malades des linges ou des mouchoirs qui avaient touché son corps, et les maladies les quittaient, et les esprits malins sortaient.» (Actes 19:11-22)

Mentionnez le mot «miracles», et vos interlocuteurs s'éparpilleront à tout vent! D'aucuns ne peuvent admettre les miracles, aussi en éludent-ils la question. D'abord ils nient les chapitres 1 à 11 de la Genèse, ensuite ils jettent le discrédit sur d'autres pages de la Bible. Ils parlent de Christ, de sa vie, de son enseignement, et ensuite seulement de ses miracles; mais bien vite leur religion est dépouillée de tout élément surnaturel. Ils refusent d'admettre la notion d'une Bible entièrement dépourvue d'erreurs.

Pour d'autres, seuls les miracles ont de l'importance. Ils leur vouent un intérêt excessif, au détriment de la Parole de Dieu elle-même. Absorbés par l'attente d'une expérience, l'étude exégétique de la Parole de Dieu dans son entité les laisse froids.

Certains veulent à tout prix imiter les miracles accomplis par Jésus-Christ, lors de son séjour sur la Terre, et ils annoncent leurs tentatives à grand renfort de publicité. Mais d'autres veulent davantage, et cette catégorie devrait nous englober, vous et moi; effectivement, il nous appartient d'accomplir des miracles plus grands que ceux de Christ. Est-ce possible? Mais oui! Le Seigneur nous l'a promis.

Dans son discours de la chambre haute, le Seigneur présente à ses disciples une série de perspectives nouvelles, ouvertes sur leur avenir: D'abord, «Celui qui croit en moi fera aussi les oeuvres que je fais, et il en fera de plus grandes, parce que je m'en vais au Père.» (Jean 14 :12)
Ensuite, «Je prierai le Père, et il vous donnera un autre consolateur.» (Jean 14: 16)
Puis, «L'Esprit... sera en vous.» (Jean 14:17)
Enfin, «Ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom... vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite.» (Jean 16:23-24)

Le premier point, vous l'avez remarqué, comporte une double promesse: les croyants feront les miracles que le Seigneur a faits, ils feront même de plus grandes oeuvres. Que s'est-il passé après la descente du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte ? En Actes 3, un boiteux est guéri. Jésus-Christ avait guéri bien des malades, mais ici, c'est au tour de Pierre et de Jean de faire marcher un infirme. En Actes 6, Etienne accomplit des signes et des miracles. En Actes 8, Philippe est l'instrument de puissantes oeuvres en Samarie. En Actes 9, Pierre fait marcher un paralytique et ressuscite Dorcas d'entre les morts.

Si nous étions dans une salle de cours, je vous poserais une question à brûle-pourpoint : «Quels miracles ont été accomplis par des hommes après Actes, chapitre 10 ?» (Je ne parle pas ici des prodiges, oeuvres de la main de Dieu, comme le tremblement de terre dans la prison, en Actes 16.)

Pour vous faciliter la tâche, accompagnons Paul dans son premier voyage missionnaire, et examinons avec soin tous les événements de ce voyage : voici un homme frappé d'aveuglement; puis c'est la guérison d'un impotent à Lystre; ensuite, Paul est lapidé, au point d'être laissé pour mort, mais un miracle intervient, qui lui rend la vie et l'usage de ses membres.

Deuxième voyage missionnaire: les apôtres exorcisent un démon d'une jeune femme possédée, à Philippes.

Troisième voyage missionnaire: voici Paul au zénith de sa puissance miraculeuse; à Ephèse, il suffit de poser un mouchoir de Paul sur le corps d'un malade pour qu'il guérisse. Puis Eutychus, tombé d'une fenêtre, est ramené à la vie.

Les chapitres qui suivent nous montrent Paul en route pour Jérusalem, où il sera arrêté, avant d'être emmené à Rome. Pendant son voyage, une grande tempête éclate, mais Paul n'a pas apaisé les eaux de la mer, comme Christ l'avait fait, en son temps, sur la mer de Tibériade. Pendant son premier emprisonnement, sous surveillance dans une maison à Rome, il a rédigé les Epîtres aux Ephésiens, aux Philippiens, aux Colossiens et à Philémon. Alors il a recommandé aux Philippiens son cher ami Epaphrodite qui avait frôlé la mort. Dieu a eu pitié de lui et l'a guéri, mais cette fois sans intermédiaire humain. Pourquoi, dans ce cas particulier, Paul s'est-il abstenu de sortir ses mouchoirs?

Entre ses deux emprisonnements, Paul exerça son ministère pendant une courte période, au cours de laquelle il rédigea la première Epître à Timothée. Il engagea alors son disciple bien-aimé et associé à prendre un peu de vin à cause des fréquentes indispositions de son estomac et d'autres infirmités. Pourquoi du vin? Pourquoi n'a-t-il pas proposé de mettre l'un de ses mouchoirs sur l'estomac de Timothée? Qu'était-il donc arrivé à Paul? Où était la puissance miraculeuse dont il avait fait preuve jusqu'alors? Paul se retrouve de nouveau en prison. D'un donjon romain, il écrit sa dernière lettre, la deuxième Epître à Timothée. Dans celle-ci il confie à son ami: «J'ai laissé Trophime malade à Milet.» (2 Timothée 4:20) Qu'est-il arrivé? Etait-il donc impossible de transmettre un message à Trophime? Pourquoi ne pas mettre un mouchoir de Paul dans une enveloppe, l'envoyer à Milet pour que Trophime soit guéri?

De toute évidence, pour tous ceux qui ont accompli des miracles, il y a eu, à un moment donné, un terme à ce pouvoir. Paul avait le don de guérison, mais il semble l'avoir perdu ou en avoir cessé l'exercice à partir d'une certaine phase de son ministère.

Hébreux 2:3-4 nous éclaire à cet effet: «Comment échapperons-nous en négligeant un si grand salut? Le salut annoncé d'abord par le Seigneur, nous a été confirmé par ceux qui l'ont entendu, Dieu appuyant leur témoignage par des signes, des prodiges, et divers miracles, et par les dons du Saint-Esprit distribués selon sa volonté.» Jésus-Christ a annoncé sa parole à ses contemporains. Ceux-ci, à leur tour, l'ont confirmée aux générations suivantes jusqu'à celles qui n'avaient pas connu la phase terrestre de la vie du Fils de Dieu. Dieu a donné alors certaines preuves miraculeuses pour authentifier l'œuvre de Christ.

Essayez de vous représenter un Juif croyant du premier siècle de l'ère chrétienne: il rencontre l'un de ses compatriotes; ce dernier lui annonce que le judaïsme est périmé et remplacé par une nouvelle religion envoyée de Dieu, le christianisme. Que va lui répondre ce Juif? «Quelle prétention ridicule! C'est le judaïsme qui a été donné par Dieu. Pour moi, je lui reste fidèle».

Il fallait donc bien, pour authentifier un nouveau message, une nouvelle religion, que Dieu envoie des signes miraculeux et des prodiges pour l'attester.

Selon la promesse de Jésus-Christ dans la chambre haute, d'autres allaient accomplir les oeuvres qu'il avait faites: nous en trouvons la confirmation dans Hébreux 2.

Il serait erroné de prétendre que certaines promesses du livre sacré ne nous concernent pas. Nous chantons parfois ce refrain: «Chaque promesse biblique est pour moi, chaque chapitre, chaque verset, chaque ligne...» Oui, toutes ces promesses sont pour nous, mais elles le sont dans la mesure où nous nous en approprions les leçons; nous n'en sommes cependant pas toujours les premiers destinataires. Considérez, à titre d'exemple, la promesse faite par le Seigneur à ses disciples lorsqu'il leur a dit d'attendre à Jérusalem la venue du Saint-Esprit. Si cette promesse vous était personnellement adressée, il vous faudrait tout de suite retenir une place dans un avion pour vous envoler vers Jérusalem. Mais elle a été accomplie pour ses destinataires. Pour ma part, dès le moment où j'ai été sauvé, j'ai reçu le Saint-Esprit, sans aucune nécessité de me rendre à Jérusalem...

Il en est de même de la promesse de Jean 14:12; elle a été accomplie par les croyants des premières années de l'Eglise, lorsque Dieu authentifiait le message chrétien par le moyen des miracles. Pendant longtemps j'ai été perplexe au sujet de la deuxième promesse de Jean 14:12: «Celui qui croit en moi... fera de plus grandes oeuvres...» De plus grandes oeuvres que le Seigneur? S'agit-il alors de plus grandes oeuvres en nombre? ou plutôt de plus grandes oeuvres en puissance?

Réfléchissons un instant. Combien de personnes notre Seigneur a-t-il atteintes directement au cours de son ministère terrestre? Il y a eu les 5000, plus les femmes et les enfants, puis les 4000 à une autre occasion, ceci pour ne mentionner que deux événements. Les Evangiles nous racontent trente-cinq miracles distincts. Supposons que le Seigneur ait touché 20'000 personnes lorsqu'il était sur la terre. Eh bien, je peux dire avec une très grande reconnaissance que mon activité de prédicateur de l'Evangile m'a permis de toucher parfois plus de 20'000 personnes au cours d'une seule année; et si, dès ce jour, je ne prononçais plus une seule parole, mes livres en toucheraient probablement encore autant, sinon plus. Je suis donc confondu à la pensée de pouvoir atteindre, en une seule année, un plus grand nombre de personnes que mon Seigneur n'en a atteintes lorsqu'il était sur la Terre.

Ceci pour dire que les oeuvres plus grandes en nombre sont à notre portée. Cependant, est-ce bien là le but visé par la promesse? Je ne le pense pas. «Vous ferez de plus grandes oeuvres que celles que j'ai faites...» «Plus grandes» sous-entend une notion de qualité. Comprenez-moi bien: il n'est pas question de déprécier les miracles de Christ. Mais songez un instant: dix-neuf des miracles racontés par les Evangiles sont des guérisons. Supposez que vous ayez reçu le pouvoir de guérir tous les malades sur votre chemin: prétendriez-vous alors que ces miraculés ne pourraient jamais retomber malades? Ceux-là mêmes que Jésus-Christ a guéris, ne seraient-ils jamais retombés malades? Outre la possibilité d'avoir contracté d'autres maladies, ils ont tous été atteints par la mort.

Dans quatre de ces miracles, Christ a eu affaire aux démons. Si vous possédiez le pouvoir de chasser les démons, disposeriez-vous alors, par la Parole de Dieu, d'une autorité qui vous permettrait d'empêcher les démons de réintégrer leur ancienne demeure d'où ils avaient été chassés? Non, vous ne pourriez offrir aucune garantie dans ce domaine. Trois fois, Jésus a accompli des résurrections miraculeuses. Admettons qu'il vous soit possible de vous rendre dans un cimetière et de ressusciter quelqu'un d'entre les morts. Vous vous borneriez alors à le ressusciter en vue d'une mort ultérieure.

Et le lac de Galilée! Selon vous, n'y a-t-il plus jamais eu de vent sur le lac depuis l'apaisement de la tempête par Jésus? Si, évidemment!
Et enfin, pour les 5000 qui ont été nourris, n'ont-ils pas eu de nouveau faim ensuite? Mais oui, peut-être déjà six heures après le miracle!
Voyez-vous, aussi admirables et étonnants qu'aient été les miracles de Jésus-Christ, ils ont été de nature temporaire. Ces miracles touchaient la surface, mais vous et moi nous pouvons accomplir des oeuvres beaucoup plus grandes.

Il nous est impossible de prolonger une vie de dix ans mais peut-être qu'une âme recevra la vie éternelle par notre moyen. Et si nous sommes dans l'impossibilité de satisfaire définitivement la faim et la soif d'une personne sur le plan physique, il peut dépendre de nous qu'elle soit délivrée à tout jamais de la faim et de la soif sur le plan spirituel. Peut-être sommes-nous incapables d'apaiser les tempêtes de la vie, mais nous pouvons présenter autour de nous une Personne qui peut accorder la paix au milieu de toutes les tempêtes. Notre ministère, à vous et à moi qui sommes bénéficiaires de l'Evangile et porteurs, en faveur des autres, de toutes les merveilleuses bénédictions de la vie chrétienne, oui, notre ministère dépasse celui du Seigneur. Nous pouvons donc accomplir des oeuvres bien plus grandes que la guérison des malades, la résurrection des morts, l'apaisement d'une tempête ou l'expulsion des démons. Admettons que tous les prétendus faiseurs de miracles de nos jours les accomplissent en vertu d'un don de Dieu. Mais, investis d'un pouvoir plus grand, pourquoi perdrions-nous notre temps avec ce qui est moindre?

Dans les deuxième et troisième points traités par le Seigneur dans la chambre haute, avec ses disciples, Jésus-Christ leur a promis un Consolateur – le Paraclet – qui allait habiter en eux. Les plus grandes oeuvres dont je suis rendu capable résultent de mon recours à la puissance du Saint-Esprit qui est en moi.

Le mot «paraclet» est difficile à traduire. Dans sa signification plénière, le Saint-Esprit est un conseiller, un avocat qui vous défend, vous exhorte, vous indique le chemin à suivre, vous avertit et même vous arrête quand vous prenez une fausse route. Le conseiller convaincra le monde, ce dont je suis incapable moi-même. Mes meilleurs arguments ne peuvent convaincre les esprits de la vérité biblique. Le Saint-Esprit seul en a le pouvoir. C'est lui qui convaincra, éclairera et démontrera la vérité du message de l'Evangile.

Dans son quatrième point, le Seigneur souligne les mots «en mon nom». «Ce que vous demanderez au Père, il vous le donnera en mon nom... Demandez, et vous recevrez, afin que votre joie soit parfaite.» Cette promesse ne fait pas de la prière une sorte de chèque en blanc. Elle implique une condition essentielle, précisée dans un passage antérieur: «Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez ce que vous voudrez, et cela vous sera accordé.» (Jean 15:7) Ce petit mot «si» revêt une grande importance. Il implique, de notre part, une sensibilité à la volonté du Seigneur. Alors notre prière, qui est essentielle à l'accomplissement des plus grandes oeuvres, sera efficace.

Ne vous contentez pas des oeuvres moindres. Cessez même de vous en préoccuper. Si vous pouvez faire ce qui est plus grand, pourquoi vous limiter à ce qui est d'un niveau inférieur? Souvenez-vous des problèmes de Paul en rapport avec l'Eglise de Corinthe. Il leur a écrit: «Les preuves de mon apostolat ont éclaté au milieu de vous par une patience à toute épreuve, par des signes, des prodiges et des miracles.» (2 Corinthiens 12:12) II a donc confirmé son apostolat par des actes miraculeux. Toutefois, établissez une comparaison entre ce texte et sa déclaration au 3e chapitre de la même Epître: «Commençons-nous de nouveau à nous recommander nous-mêmes? Ou avons-nous besoin, comme quelques-uns, de lettres de recommandation auprès de vous, ou de votre part  C'est vous qui êtes notre lettre, écrite dans nos coeurs, connue et lue de tous les hommes.» (2 Corinthiens 3:1-2).

Les preuves du ministère de l'apôtre Paul ne résidaient donc pas dans des prodiges, des miracles ou dans des oeuvres spectaculaires, mais avant tout dans le fait que les Corinthiens s'étaient convertis et avaient appris à connaître Jésus-Christ. Evitez de faire appel à ce qui est temporaire, superficiel ou moindre, pour y trouver la confirmation de votre ministère. Que les preuves de votre ministère reposent tout au contraire sur les valeurs éternelles et sur la puissance qui transforme les vies.

Charles Ryrie, doyen de la chaire de théologie systématique du
Séminaire Théologique de Dallas.
Traduit de Moody Monthly, Chicago.

 


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