La prière - un style de vie
1. La prière en voyage
Les distances sont longues en République fédérale d'Allemagne et la circulation y est intense. Un de mes amis conduit le petit bus dont je suis passager. J'ai du temps pour prier. "Priez sans cesse", écrivait l'apôtre Paul aux chrétiens de Thessalonique (1 Thessaloniciens 5:17). J'essaie de mettre en pratique cette parole en intercédant aussi bien pour quelques personnes de l'église Action Biblique de Berne que pour le but de notre voyage avec la chorale TIKWA qui va chanter et évangéliser dans quelques prisons allemandes. Je prie aussi afin que nous soyons sous la protection divine sur la route.
S'adresser silencieusement à Dieu en voiture n'est en rien semblable à la manière de prier dans une réunion publique de prières; le contexte diffère, la concentration n'est pas la même; cependant, la prière en route est utile, nécessaire et d'égale valeur aux yeux du Seigneur. Voyez plutôt! En effet, quelque temps plus tard, nous nous arrêtons dans un restaurant et le téléphone sonne. C'est pour nous! Une de nos voitures a eu un accident... mais Dieu a merveilleusement protégé les quatre occupants du véhicule. Des prières exaucées. Gloire à Dieu! Pour les nombreux intercesseurs qui exercent le ministère de la prière pendant la tournée de la chorale, n'est-ce pas là une preuve concrète de la puissance de Dieu et de son intervention en notre faveur?
2. La prière constante
Prier sans cesse semble être, à première vue, une tâche difficile pour un nouveau chrétien. Mais pour Daniel Hermann, ce missionnaire et pionnier s'il en est, "il faut considérer la prière comme un dialogue avec Dieu le Père". Le Seigneur est disposé à recevoir toutes nos louanges et partager tous nos sujets de préoccupation, et si nos prières portent la marque de la Parole de Dieu, nous parvenons au dialogue avec notre Seigneur; il nous parle par sa Parole et nous lui exposons ce qui alourdit ou réjouit nos coeurs. Il va de soi que dans ce dialogue, Dieu ne nous parle pas de vive voix! Mais notre relation avec lui nous met dans la même situation que si nous conversions avec un cher ami. Cette intimité dans le dialogue est manifeste, par exemple chez David, au Psaume 70:
"O Dieu, hâte-toi de me délivrer!
Eternel, hâte-toi de me secourir!
Qu'ils soient honteux et confus, ceux qui en veulent à ma vie!
Qu'ils reculent et rougissent, ceux qui désirent ma perte!
Qu'ils retournent en arrière par l'effet de leur honte,
Ceux qui disent: Ah! ah!
Que tous ceux qui te cherchent
Soient dans l'allégresse et se réjouissent en toi!
Que ceux qui aiment ton salut
Disent sans cesse: Exalté soit Dieu!
Moi, je suis pauvre et indigent:
O Dieu, hâte-toi en ma faveur!
Tu es mon aide et mon libérateur:
Eternel, ne tarde pas!"
Le dialogue est encore plus vivant si le texte biblique inspire nos requêtes. Ainsi, par exemple, Ephésiens 6:10-20, où le chrétien peut s'approprier chaque élément de l'armure que l'apôtre Paul décrit en exposant au Seigneur ses besoins et sa quête de connaissance toujours plus aiguisée de Sa volonté pour lui.
Ces formes de dialogue peuvent s'exercer à chaque instant propice de la journée, dans chaque circonstance de la vie et à n'importe quel endroit. Profiter de moments libres pour dialoguer avec Dieu est une hygiène mentale salutaire, une protection contre toutes les influence négatives guettant notre âme. La prière persévérante nous aide, entre autres, à mettre en pratique les directives magistrales contenues dans Proverbes 4:23-25:
"Garde ton coeur plus que toute autre chose,
Car de lui viennent les sources de la vie.
Ecarte de ta bouche la fausseté,
Eloigne de tes lèvres les détours,
Que tes yeux regardent en face,
Et que tes paupières se dirigent devant toi."
Certes, nous ne pouvons pas prier durant les heures où notre travail professionnel requiert toute notre attention. Cependant, il reste toujours assez d'espace libre dans nos pensées, pour le laisser occuper par Dieu! Apprenons à prier sans cesse, en ne nous dissimulant pas que, même assurés de progresser, l'apprentissage de la prière dure toute la vie du croyant.
3. La prière – un apprentissage continu
Qu'un enfant puisse prier, cela est évident. Il le fait avec la foi intacte de la prime enfance, selon sa logique propre et sa compréhension des choses. Ainsi, notre fils Achim qui a 3 ans et demi, ayant remarqué que nous priions pour être protégés en voiture, s'est mis à en faire de même. Un jour, lorsque nous avons vu une voiture accidentée, il en a déduit: "Ceux-là n'ont pas prié!" Réflexion normale pour un enfant qui ne peut pas encore comprendre que Dieu peut permettre un accident, lors même que l'on a invoqué sa protection et qu'il aime à se glorifier en quelque sorte en limitant dégâts et blessures pour ses enfants.
Spirituellement parlant, un jeune converti est un enfant qui a besoin du lait que la Parole lui verse (1 Pierre 2:2). En s'abreuvant à la source de vie, il constate, dans son vécu quotidien, les premiers exaucements de Dieu. Il découvre ainsi toute la réalité tangible du Seigneur.
Toutefois, en avançant dans la pratique de la foi, jusqu'à supporter la nourriture solide de la Parole (cf 1 Corinthiens 3:2), le chrétien chevronné devra encore et toujours apprendre à prier. Son apprentissage ne finit jamais. En effet, qui pourrait dire qu'il maîtrise aussi bien la prière de louanges que celle d'adoration; la prière en forme de supplication comme celle d'actions de grâces (cf Philippiens 4:6)? Qui donc est maître de la prière pour tous les saints sinon l'Esprit seul! Qui peut se targuer d'avoir fini d'apprendre à prier en tout temps par l'Esprit avec toutes sortes de prières (Ephésiens 6:18)? Qui a vraiment saisi toute la profondeur de la prière qui s'adresse au Dieu trinitaire, conscient qu'il parle au Père, au nom du Fils, avec l'assistance du Saint-Esprit (cf Jean 14:13-14; Actes 4:24,27,30)?
Qui donc aurait tout appris de l'Esprit qui vient au secours de notre faiblesse, alors que l'apôtre Paul lui-même dit que "nous ne savons pas ce qu'il convient de demander dans nos prières" (Romains 8:26) Qui comprendra jamais le ministère de l'Esprit qui intercède lui-même par des soupirs inexprimables, comme il intercède en faveur des saints (Romains 8:26b,27)?
L'apprentissage théorique est beaucoup plus facile que l'apprentissage pratique. A ce propos, toutes les écoles bibliques dignes de ce nom donnent un cours sur la prière. Si un étudiant passe avec succès son examen sur la doctrine de la prière, qu'il se souvienne que la formation pratique durera toute sa vie. L'objectif de cette méditation n'est pas de résumer la doctrine de la prière mais d'en souligner quelques aspects pratiques. Néanmoins, nous encourageons vivement nos lecteurs à approfondir le sujet
4. La prière et les problèmes relationnels
Après avoir découvert le secret de la prière, le chrétien a, a priori, une attitude toute d'équilibre dans le domaine de sa relation avec autrui. Lorsqu'un problème surgit avec un frère ou une soeur, il sait que les choses changeront s'il les dépose au préalable auprès du Seigneur Tout-Puissant. En revanche, s'il se livre à la critique, celle-ci n'apportera pas de solution selon Dieu, et qui plus est envenimera encore plus les choses.
Il faut pouvoir discuter de ce qui fait problème, cela est clair, mais comment le résoudre avec équité et sagesse et de manière constructive, donc dans l'amour du prochain. Et s'il faut dire ce qui doit l'être, comment ne pas tomber dans le piège de la critique destructive? La solution n'est-elle pas dans l'exercice de la prière sous l'éclairage des recommandations du Seigneur, telles qu'elles figurent en Matthieu 18:15-17: "Si ton frère a péché, va et reprends-le entre toi et lui seul. S'il t'écoute, tu as gagné ton frère. Mais, s'il ne t'écoute pas, prends avec toi une ou deux personnes, afin que toute l'affaire se règle sur la déclaration de deux ou de trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à l'Eglise; et s'il refuse aussi d'écouter l'Eglise, qu'il soit pour toi comme un païen et un publicain."
Avant de reprendre son frère, un croyant exercé priera et réfléchira sur la question. S'il reste convaincu qu'il doit s'en entretenir avec ce frère et les autres personnes touchées, il priera Dieu de les préparer, ainsi que lui-même, à cet entretien. Il constatera alors combien souvent Dieu exauce sa prière en faisant en sorte, par exemple, qu'il réalise que les problèmes ne sont pas chez l'autre mais bien en lui-même, le faisant faire volte-face dans l'obéissance.
En conséquence, prier avant une confrontation avec un frère ou une soeur est primordial, en raison de notre travers naturel à voir la paille dans l'oeil du prochain et de ne pas apercevoir la poutre qui est dans le nôtre (cf Matthieu 7:4).
5. La prière est parfois labeur
La génération moderne fonde beaucoup sinon trop son comportement sur les sentiments. Je prie lorsque j'en ai envie, dirait-elle, appliquant cette philosophie à la prière!
Hélas! celui qui base sa vie de prière sur ses sentiments apprendra à ses dépens que le diable s'interférera dans ses sentiments afin de contrarier son dialogue avec Dieu.
S'il est vrai que la prière est parfois labeur, selon les circonstances elle devient un besoin vital (cf Psaume 86), une relation privilégiée et sereine, un élan tourné vers Dieu, une recherche désespérée de trouver les paroles qui conviennent (cf Romains 8:26-27); une lutte spirituelle intense (cf Actes 12:5) ou une grande joie (cf Psaume 100). Au surplus, la prière prend également la forme d'un exercice soutenu, surtout dans le domaine de l'intercession.
De fait, l'attitude de celui qui prie ne doit-elle pas être semblable à celle d'un bon ouvrier? Fait-il son travail seulement quand il en a envie? S'arrête-t-il de travailler lorsque l'ouvrage devient astreignant? Non, il doit surmonter sa fatigue et ses sentiments négatifs et accomplir son travail jusqu'au bout.
L'apôtre Paul ne dit-il pas: "Je traite durement mon corps" (1 Corinthiens 9:27)? Et il enjoint le chrétien à ne pas être comme un athlète qui s'il ne combat pas suivant les règles, risque de ne pas être couronné (2 Timothée 2:5).
Par ailleurs, dans l'épître aux Hébreux, nous sommes invités à "courir avec persévérance dans la carrière qui nous est ouverte, ayant les regards sur Jésus, qui suscite la foi et la mène à la perfection" (12:1).
Il est vrai que l'intercession comprend pour chacun une énumération non exhaustive de noms et de sujets à présenter devant le trône de la grâce. Elle est parfois, selon notre état de fatigue, lourde à soutenir avec fidélité et constance.
Mais quel privilège de pouvoir présenter beaucoup de personnes et de préoccupations (qu'elles soient leurs ou les nôtres) au Roi des rois, au Seigneur Tout-Puissant de l'Univers, et de le louer ensuite pour ses interventions, comme David a pu le faire il y a 3000 ans, Psaume 34:2-9:
"Je bénirai l'Eternel en tout temps;
Sa louange sera toujours dans ma bouche.
Que mon âme se glorifie en l'Eternel!
Que les malheureux écoutent et se réjouissent!
Exaltez avec moi l'Eternel!
Célébrons tous son nom!
J'ai cherché l'Eternel, et il m'a répondu;
Il m'a délivré de toutes mes frayeurs.
Quand on tourne vers lui les regards, on est rayonnant de joie,
Et le visage ne se couvre pas de honte.
Quand un malheureux crie, l'Eternel entend,
Et il le sauve de toutes ses détresses.
L'ange de l'Eternel campe autour de ceux qui le craignent,
Et il les arrache au danger.
Sentez et voyez combien l'Eternel est bon!
Heureux l'homme qui cherche en lui son refuge!"
Walter Kohli, pasteur