Incorruptibilité
Le livre de l'Exode nous fait contempler la marche du peuple de Dieu au sein du désert. En route pour la terre promise, ce peuple est témoin d'expériences et de faits uniques. Parmi les plus sacrés (chap. 30), la louange et l'adoration à Dieu, qui devaient caractériser le culte de ce peuple racheté. Ce chapitre nous présente en effet l'autel des parfums, les adorateurs, la cuve d'airain, l'huile d'onction sainte; tout ici nous parle de l'oeuvre de Celui qui a libéré son peuple à bras étendu, Jésus-Christ, Sauveur glorieux digne de toute louange.
Ici, il n'y a plus de différence, le riche et le pauvre sont tous deux au bénéfice du même rachat (cf. Exode 30:15). Rien de commun avec le monde, plus de monnaies faibles ou fortes, les valeurs sont immuables. Tout est évalué selon le sicle du sanctuaire, celui des valeurs éternelles. Nous comprenons pourquoi l'apôtre Pierre affirme: «Vous savez que ce n'est pas par des choses périssables, par de l'argent ou de l'or, que vous avez été rachetés de la vaine manière de vivre que vous aviez héritée de vos pères, mais par le sang précieux de Christ...» (1 Pierre 1:18-19).
L'Ecriture précise encore: «... sans effusion de sang, il n'y a pas de pardon.» (Hébreux 9:22).
Moïse. obéissant à Dieu, fit l'aspersion avec le sang sur le Tabernacle et sur tous les ustensiles du culte (cf. Hébreux 9:18-21). Dieu lui a aussi ordonné: «Tu prendras du sang du taureau, tu en mettras avec ton doigt sur les cornes de l'autel... tu en mettras sur le lobe de l'oreille droite d'Aaron...» (Exode 29:12, 20). Sous l'ardent soleil du désert et sous l'influence des agressions climatiques, comment Dieu a-t-il pourvu pour que le sang des taureaux et des boucs ne deviennent pas une source de corruption et d'infection nauséabonde? L'Ecriture nous affirme que Dieu est incorruptible (cf. Romains 1:23), et qu'il n'a pas voulu que son Saint voie la corruption (cf. Actes 2:27). D'autre part, il a aussi voulu que Moïse soit divinement instruit et qu'il célèbre, selon la loi, un culte, image et ombre des choses célestes (cf. Hébreux 8:3-5; 10:1).
Dieu a merveilleusement pourvu pour que même l'ombre des choses célestes reflète sa gloire, pour qu'aucune corruption et aucune infection nauséabonde ne soit possible. Au contraire, un parfum délicieux exhalait partout où le sang avait été répandu. Mais pourquoi donc? Le sang de l'aspersion était répandu et mis sur le sacrificateur, sur ses fils et sur le Tabernacle (cf. Exode 29:20-21; Lévitique 8:14, 15, 23). Il était, de plus, ordonné que l'huile d'onction soit également répandue sur eux (cf. Exode 29:21; Hébreux 9:20-21).
Ainsi, quand le sang était répandu, l'huile d'onction lui était associée. Or la loi, qui a été comme un précepteur pour nous conduire à Christ (cf. Galates 3:24), nous précise que l'huile d'onction représentant le Saint- Esprit qui retient la corruption (cf. Genèse 6:3; 2 Thessaloniciens 2:7; Hébreux 9:14), est toujours associée à l'œuvre de la rédemption.
En effet, l'huile d'onction décrite en Exode 30:22-23 nous révèle, comme seul le Saint-Esprit peut le faire, les perfections de notre Sauveur (cf. Jean 16:13-14). Cette huile d'onction est l'œuvre d'art d'un parfumeur, composition des meilleurs aromates, mettant en évidence le prix payé par Christ pour l'œuvre de la rédemption, évaluée à sa juste valeur, selon le sicle du sanctuaire, satisfaisant la justice divine et la capacité de l'œuvre de Christ, exprimée par le «hin», qui est à la mesure de Christ, seule mesure de capacité dans le domaine spirituel (cf. 2 Corinthiens 3:5-6).
Une deuxième question se pose : pourquoi la composition des meilleurs aromates?
Il a fallu très longtemps pour que l'homme découvre les vertus cachées de ces extraits aromatiques. De longue date, ces huiles essentielles sont utilisées pour lutter contre toutes sortes de germes pathologiques. A partir de 1950, les travaux de plusieurs savants (J. Valnet, J. Jolivet, J. Pellecuer, etc.) reconnaissent ces huiles comme étant de puissants agents antibactériens et antifongiques. Il nous reste cependant encore beaucoup à découvrir. Un médecin éminent écrit: «La prudence exige, pour les traitements thérapeutiques, une prescription de plusieurs huiles essentielles à la fois (multi-essentielle).
Prescrire quatre essences plutôt qu'une, diminuerait le risque de résistance acquise par des actions bactéricides croisées. L'éventualité d'un germe résistant à l'une d'entre elles aurait peu de chance de se présenter en même temps que les trois autres. C'est la raison de notre attitude en attendant d'en savoir davantage» (Traité d'aromathérapie, P. Belaiche, 1979). Pour nous donc, l'action de l'huile d'onction nous apparaît comme une protection merveilleuse, empêchant toute destruction et corruption: «Ô profondeur de la richesse, de la sagesse et de la science de Dieu !» (Romains 11:33).
DIEU A POURVU! L'incorruptibilité est une caractéristique de l'œuvre de son Fils bien-aimé, typifiée par avance. Aujourd'hui «Christ est venu... il est entré une fois pour toutes dans le lieu très saint, non avec le sang des boucs et des veaux, mais avec son propre sang...» (Hébreux 9:11-12).
C'est pourquoi il nous offre «... un héritage qui ne peut ni se corrompre, ni se souiller, ni se flétrir; il vous est réservé dans les cieux, à vous qui, par la puissance de Dieu, êtes gardés par la foi pour le salut» (1 Pierre 1:4-5).
En nous penchant sur Exode 30:22-33, nous remarquons avec quel soin le Saint-Esprit décrit l'huile d'onction, lui qui prend ce qui est à Jésus-Christ et qui nous l'annonce (cf. Jean 1:15). Ainsi, nous constatons la très grande importance de chaque composant de l'huile d'onction. Examinons donc chacun de ces composants:
1. L'huile aromatique de myrrhe est extraite d'un arbuste rabougri, qui croît le long de la mer Rouge. C'est par incision (blessure) à son tronc que l'on retire une oléorésine qui, par distillation à la vapeur, donne une huile à odeur aromatique prononcée. Quelle merveilleuse illustration de Celui qui «n'avait ni beauté, ni éclat pour attirer les regards... son aspect n'avait rien pour nous plaire... mais il était blessé pour nos péchés... et c'est par ses meurtrissures que nous sommes guéris» (Esaïe 53:2 et 5).
2. L'huile aromatique de cinnamome ou cannelle de Ceylan. C'est de l'écorce du cannelier, connu comme «l'arbre toujours vert», que l'on extrait l'huile essentielle. A la saison des pluies, on coupe à ras du sol la tige droite d'un jeune cannelier de 2 à 3 ans quand elle a atteint la grandeur d'un homme. A partir du tronc laissé en terre, il sortira un rejet l'année suivante (cf. Esaïe 11:1). L'écorce est retirée du jeune arbre coupé par le moyen d'une incision longitudinale et transversale en forme de croix, et par battage. L'écorce ainsi obtenue est emballée dans une natte durant une nuit et séchée au soleil pendant deux ou trois jours. Le procédé d'extraction de cette écorce, décrit ci-dessus, de même que la constitution en 14 composants de son huile essentielle nous parlent de l'excellence de la vie et de la mort de Christ.
Oui, Jésus-Christ a été «retranché de la terre des vivants et frappé pour les péchés... On a mis son sépulcre parmi les méchants... Après avoir livré sa vie en sacrifice pour le péché, il verra une postérité et prolongera ses jours» (Esaïe 53: 8, 9, 10).
3. L'huile de roseau aromatique est extraite de cette faible plante, méprisée, qui pourtant donne une odeur incomparable d'autant plus agréable lorsque l'endroit où elle a poussé est chaud. Nous y reconnaissons la bonne odeur du sacrifice de Christ (cf. Ephésiens 5:2).
4. L'huile aromatique de casse est extraite d'un arbre d'une autre famille de cannelier, de Chine, du Tonkin, etc., plus grand que celui de Ceylan. On retire l'écorce en une seule fois de l'arbre, âgé de 30 ans environ, mis à mort. L'essence qu'on en retire possède 7 composants. Dieu nous parle ainsi du fait unique et parfait du sacrifice de son Fils: «Le châtiment qui nous donne la paix est tombé sur lui» (Esaïe 53:5; cf. Malachie 4:1 et 2).
5. L'huile d'olive sans odeur, parle du pressoir, de la souffrance de Christ brisé pour nos iniquités (cf. Esaïe 53:5).
Cette composition merveilleuse d'huiles essentielles (quatre) et d'huile d'olive dont nous connaissons le prix en sicles du sanctuaire, mais non pas le poids, nous instruit quant à l'œuvre du Saint-Esprit dans nos vies, et de notre garantie contre la corruption. «Pour vous, l'onction que vous avez reçue de lui demeure en vous... mais comme son onction vous enseigne toutes choses, qu'elle est véritable, et qu'elle n'est point un mensonge, demeurez en lui selon les enseignements qu'elle vous a donnés. Et maintenant, petits enfants, demeurez en lui, afin que, lorsqu'il paraîtra, nous ayons de l'assurance, et qu'à son avènement nous n'ayons pas la honte d'être éloignés de lui» (1 Jean 2:27-28).
Face à la corruption contemporaine du monde qui «appelle le mal bien, et le bien mal» et face à la corruption et à la dégradation qui menacent l'Eglise où certains «changent l'amertume en douceur, et la douceur en amertume» (Esaïe 5:20), qu'enfin cette huile précieuse du sanctuaire, qui retient le mal, soit répandue sur nos têtes; et que Sa rosée descende «car c'est là que l'Eternel envoie la bénédiction» (Psaume 133).
Pierre-Alfred Roulet