Le combat spirituel
Savez-vous si Dieu est musicien? Certainement! De quel instrument joue-t-il? De la trompette! Oui, notre grand Dieu souverain est trompettiste! Il est dit qu'un jour, "le Seigneur, l'Eternel, sonnera de la trompette, il s'avancera..." (Zacharie 9:14). Un jour aussi, "au son de la trompette de Dieu" (1 Thessaloniciens 4:16), les chrétiens morts ressusciteront, et les chrétiens en vie seront changés, en un clin d'oeil, bientôt !
Lorsque l'on étudie le sujet de la trompette à travers la Bible, plusieurs applications principales s'en dégagent. Les voici: le combat spirituel, la communion dans l'adoration, le témoignage chrétien, la convocation au rassemblement, l'enlèvement des croyants au ciel, les jugements futurs, et le règne de Jésus-Christ. En outre ajoutez toutes les autres richesses que la trompette vous fera découvrir! Toutefois, aujourd'hui seul le combat spirituel retiendra notre attention.
Vraiment? Retenir notre attention? A moins d'être bagarreur de nature, nul n'envisage Ie combat par plaisir! La violence répugne! Les guerres sont toujours atroces. Chacun souhaite les éviter. Nous, chrétiens, n'échappons pas à la règle. La lutte spirituelle ne nous attire pas! Elle est pénible! Elle use! Nous préférons nous en tenir doucement à l'écart. Avouons-le! C'est plus facile de laisser placidement couler les événements! Que de chrétiens qui semblent passifs dans nos assemblées!... Mais, être à l'écart, passifs, en avons-nous au moins la réelle possibilité?
Or, voici un premier fait: "L'Eternel parla à Moïse et dit: Fais-toi deux trompettes d'argent; tu les feras d'argent battu... Lorsque, dans votre pays, vous irez à Ia guerre contre l'ennemi qui vous combattra, vous sonnerez des trompettes avec éclat" (Nombres 10 :1 et 9).
Vous remarquez, il n'est pas dit: Vous attaquerez l'ennemi; mais: L'ennemi vous combattra! En effet, pour nous, comme pour Israël autrefois, il y a un ennemi juré déterminé, toujours à l'attaque. Il ne nous laisse pas le choix du repos, de la paix, de la neutralité. Satan, et ses hordes de démons, se sont constitués ennemis de Dieu; ils contestent donc sans cesse ce que Dieu fait dans la vie du croyant. Que nous soyons d'accord ou pas, prêts ou pas, il nous combattra! Le Nouveau Testament le confirme: "Nous n'avons pas à lutter contre la chair et le sang, mais... contre les esprits méchants dans les lieux célestes. C'est pourquoi prenez toutes les armes de Dieu" (Ephésiens 6:12-13), Voilà donc un premier son clair, préparons-nous à la bataille, puisqu'il est impossible de l'éviter. Rester passifs, c'est être vaincus. Plus vite nous connaîtrons les principes de cette guerre spirituelle, ses subtilités, plus vite nous triompherons!
Triompher! Voilà bien le but dans tout combat! Le chrétien peut-il s'assurer de la victoire? "L'Eternel parla à Moïse et dit: ...Lorsque, dans votre pays, vous irez à la guerre contre l'ennemi qui vous combattra, vous sonnerez des trompettes avec éclat, et vous serez présents au souvenir de l'Eternel, votre Dieu, et vous serez délivrés de vos ennemis" (Nombres 10:1, 9). Par nos prières, notre foi, notre dépendance de Dieu, nous restons présents à son souvenir. L'Eternel veut nous délivrer. Jamais le Seigneur ne nous leurre, jamais il ne dit: Devenez chrétiens, et vous n'aurez plus de luttes! En revanche, il affirme: "Vous aurez des tribulations dans le monde; mais, prenez courage, j'ai vaincu le monde" (Jean 16:33).
En Christ, nous pouvons toujours triompher (cf 2 Corinthiens 2:14). "C'est pourquoi, prenez toutes les armes de Dieu, afin de pouvoir résister dans le mauvais jour, et tenir ferme après avoir tout surmonté" (Ephésiens 6: 13). Le chef de l'armée de l'Eternel nous veut donc victorieux et persévérants. Quant à Satan, il peut gagner une bataille contre nous, mais il ne gagnera pas la guerre.
La guerre se gagne dans le cadre d'une armée. Quelle est cette armée chez les chrétiens? Du temps de Moïse, nous lisons "Les fils d'Aaron, les sacrificateurs, sonneront des trompettes. Ce sera une loi perpétuelle pour vous et pour vos descendants" (Nombres 10:8). Là, les trompettes n'étaient pas liées à la musique des spectacles et loisirs, comme presque toujours à l'heure actuelle. Elles étaient rattachées au service de Dieu. Il y avait donc des sacrificateurs-trompettistes, combattant à leur façon! Aux enfants de Dieu du XXIe siècle, le Seigneur dit: "Vous êtes une race élue, un sacerdoce royal... afin que vous annonciez les vertus de celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière" (1 Pierre 2:9).
Nous sommes donc aujourd'hui ces sacrificateurs de race royale car enfants du Roi des rois. Pour chaque chrétien, la mission est de combattre l'usurpateur, prince des ténèbres, et de proclamer le Sauveur de manière éclatante.
Cette sonnerie de trompette annonce: En Jésus-Christ, l'être humain peut connaître la délivrance! Il nous a délivrés les premiers pour que nous transmettions ce secret de libération à notre prochain. Frères et soeurs, êtes-vous conscients que Dieu vous veut dans cette armée de proclamateurs? Celle de tous les enfants de Dieu réunis! Etes-vous réellement engagés comme soldats du Roi des rois? Il n'y a pas que des missionnaires, spécimens rares, qui luttent au front. Il n'y a pas que les pasteurs, les anciens, les superchrétiens qui doivent connaître la lutte spirituelle! Chantez, vivez avec nous ce cantique: "Soldat de Christ, revêts l'armure que ton Maître t'offre aujourd'hui" (Chants de Guerre et de Gloire, No 324).
Le soldat, pour être efficace, doit être en pleine forme, et bien armé! Le diable, notre ennemi, a maintes tactiques. L'une d'elles: mettre hors de combat l'individu, pour affaiblir l'armée. Le chrétien hors de combat a cessé d'être un soldat dangereux, puisqu'il n'est plus opérationnel. Il, elle, ne peut plus gagner des âmes à Christ, ni participer à une quelconque bataille. Comment s'y prend Satan? Par exemple, il accuse notre conscience. Il est l'accusateur: "... L'accusateur de nos frères, celui qui les accusait devant notre Dieu jour et nuit. Ils l'ont vaincu à cause du sang de l'Agneau, et à cause de Ia parole de leur témoignage, et ils n'ont pas aimé leur vie jusqu'à craindre la mort" (Apocalypse 12:10-11). Si nous sommes accusés pour des fautes réellement commises, alors, n'hésitons pas! Demi-tour! La repentance, le pardon de Jésus. Il nous faut la délivrance par le sang de l'Agneau. Si la situation nécessite une réparation réparons! Allons trouver la personne en cause! Expliquons-nous! N'ayons aucun repos jusqu'à ce que notre état soit entièrement rétabli, purifié! Il en va de notre capacité de combattre. Il en va de la victoire finale. Du triomphe de l'ensemble des combattants dans l'assemblée.
Si nous sommes accusés faussement démasquons l'accusateur. Car si notre conscience reste culpabilisée, Satan se frotte les mains: il a réussi. Nous ne luttons plus, écrasés que nous sommes par notre indignité, par nos incapacités, effarés par l'ampleur de la bataille, impressionnés davantage par les plaies des blessés que par les ordres du Chef de l'armée. Nous regardons à nous-mêmes plus qu'à Dieu; aux intimidations de l'ennemi plus qu'aux capacités divines; aux remarques pessimistes et incrédules de nos camarades de combat plus qu'aux encouragements du Capitaine de notre foi. Dans ce cas, il y a le sang de l'Agneau, c'est vrai! Mais il y a la parole, la trompette de notre témoignage : Satan, par le nom de Jésus-Christ, par la victoire de la croix, tu es vaincu, tu dois reculer! (cf Colossiens 2:15). Et si le soldat terrestre ne doit pas avoir peur de la mort, le combattant spirituel, lui, ne doit pas craindre de mourir avec Christ, en Christ, pour vivre de lui et avec lui (cf Romains 6:5-8). C'est-à-dire, de renoncer à ses propres prérogatives pour suivre la volonté du Chef, Jésus, coûte que coûte.
Nous sommes donc ces trompettistes-combattants! Mais "si la trompette rend un son confus, qui se préparera au combat?" (1 Corinthiens 14:8). Il y a quelques années, mon frère devait accompagner de son instrument un ensemble de musiciens. Ils introduisaient une importante réunion chrétienne. Mon frère empoigne alors l'instrument pour attaquer la mélodie, il en jaillit un puissant couac! Nouvel essai, nouveau couac! Vite, un regard de contrôle. Tout paraît normal. L'instrument vient d'être accordé. Troisième essai: dernier couac méchant, désagréable, piteux! En un clin d'oeil, il pose l'instrument inutile, saisit au vol un autre instrument prêt, et joue la mélodie attendue! Ouf! Mais que s'était-il passé? Au dernier moment, un innocent hanneton avait pénétré dans l'instrument par le pavillon, et bouchait les tubulures: un son plutôt confus!
Un témoignage flou, une vie inconséquente, et il n'y a pas de combat victorieux pour le chrétien. De plus, les frères et soeurs en Christ ne sont pas entraînés dans la lutte spirituelle. On tente de jouer le jeu mais ça ne réussit pas! On le sent bien! Qu'y a-t-il?
Peut-être une intoxication par la télévision; un abrutissement par un excès d'occupations; une déviation par des lectures mauvaises; du temps perdu par des loisirs inutiles; un empoisonnement par des fréquentations malsaines; une réaction de notre caractère à la suite d'une vexation, d'une déception; il s'ensuit de la rancune, de l'amertume... Autant de "hannetons" qui bouchent les conduits, et empêchent un témoignage clair, attrayant. Le combat spirituel n'a plus de prise sur l'ennemi. Les victoires nous échappent. "Sache que, dans les derniers jours, il y aura des temps difficiles. Car les hommes seront égoïstes, amis de l'argent... rebelles à leurs parents... aimant le plaisir plus que Dieu, ayant l'apparence de la piété, mais reniant ce qui en fait la force" (2 Timothée 3:1-5). Satan aimerait affaiblir ce qui devrait faire la force de notre piété. Il souhaite nous faire minimiser le péché, pactiser avec le mal, nous faire tolérer d'y toucher volontairement, de temps en temps. C'est ce qui ôte la puissance à notre combat. La foi est rongée. La vision sur le Seigneur lui-même est ternie, opacifiée.
Une dernière illustration nous aidera à saisir comment le Seigneur veut nous employer pour un combat spirituel efficace. Vous vient-il à la mémoire des occasions où Dieu a donné un rôle prépondérant à la trompette dans des conflits? Oui! Les sept trompettes pour la prise de Jéricho (cf Josué 6), les trompettes de Gédéon et ses trois cents hommes (cf Juges 7), les trompettes et instruments de musique pour la guerre à l'époque de Josaphat (cf 2 Chroniques 20). Des trompettes employées pour des combats! Cela semble paradoxal, n'est-ce pas? Pour le moins bizarre, voire loufoque! La trompette n'est pourtant pas une arme! Elle symbolise néanmoins le chrétien que Dieu veut empoigner pour mener sa lutte contre l'ennemi.
Quel est le principe d'une trompette? Très simple! Un tube dans lequel l'air vibre par le mouvement des lèvres. Alors, qu'est-ce qui fait varier les sons? Trois phénomènes complémentaires. Le débit d'air joue sur le volume du son. A gros débit, son puissant; à petit débit, son doux. La pression de l'air agit sur la hauteur du ton. A forte pression, les notes aiguës, à pression faible, les notes basses. La variété des notes n'est pas seulement produite par la pression d'air des lèvres, mais aussi par l'emploi approprié des pistons. Ils jouent un rôle de vannes, et canalisent l'air dans des tubes plus ou moins longs. Ainsi, des lèvres, on module le débit et la pression d'air, et des doigts, on modifie la longueur du tube par où l'air circule; on agit sur les trois pistons de la trompette. Un très bon trompettiste couvre ainsi la tessiture de trois octaves de l'instrument. Le souffle joue un rôle capital. Or en grec, dans la Bible, le mot pneuma est traduit tantôt par esprit, tantôt par souffle, selon le sens donné par le contexte. Si l'action du souffle est primordiale dans la trompette, l'oeuvre de l'Esprit est essentielle chez le chrétien.
Lorsqu'un morceau joué par un virtuose prend fin, les applaudissements crépitent à l'adresse de l'artiste, la gloire ne revient jamais à l'instrument. L'Eternel Dieu, le souverain grand Artiste condescend à employer des instruments tels que nous. Sommes-nous toujours d'accord que la gloire s'applique à lui seul? Vérifions nos motifs profonds! Est-ce vraiment sans cesse le cas? Dieu seul est-il glorifié par notre vie? N'avons-nous pas tendance parfois à monopoliser une partie du succès pour notre honneur personnel? Quel orgueil! Quelle concession à l'ennemi! Quel risque de défaite! Mais, à l'inverse, quel secret de victoire si nous saisissons la bonne attitude!
La force de notre piété, la victoire de notre combat, c'est l'Esprit de Dieu en nous; la liberté que nous lui laissons d'agir en nous, puis à travers nous; la souplesse que nous manifestons entre ses mains pour être employés à sa guise, selon sa virtuosité: "Or, à celui qui peut faire, par la puissance qui agit en nous, infiniment au-delà de tout ce que nous demandons ou pensons, à lui soit la gloire dans l'Eglise et en Jésus-Christ, dans toutes les générations, aux siècles des siècles!" (Ephésiens 3:20-21).
Bernard Scheidegger, pasteur