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Le tétragramme YHWH et sa traduction par "Éternel"

La Bible Segond - Nouvelle Edition de Genève

Le tétragramme YHWH est un nom divin fréquemment employé dans l'Ancien Testament (plus de 6500 fois). Mais si vous ouvrez une Bible en version française, vous aurez peu de chances de le trouver: dès avant l'ère chrétienne, les Juifs ont cessé de le prononcer, considérant qu'il était ineffablement saint. Lorsque les Massorètes, ces savants juifs des Ve au Xe siècles, ont effectué leur travail de ponctuation et de vocalisation du texte biblique afin d'en perpétuer la juste lecture, ils ont donc établi ce que l'on appelle un qeré perpétuel: ils ont placé sous les consonnes du tétragramme YHWH les voyelles d'un autre nom divin, Adonaï (traduit par Seigneur), à savoir e bref, o, a. Ils indiquaient par là que le lecteur devait prononcer Adonaï et non pas Yahvé lorsqu'il voyait le tétragramme; mais plus tard certains ont cru, à tort, devoir lire les consonnes de YHWH avec les voyelles d'Adonaï, et ont pensé ainsi que Jéhovah était le véritable nom divin, alors qu'il n'avait jamais été prononcé de cette manière.

Le sens exact de YHWH est controversé. On le rattache ordinairement à la racine HWH, devenue HYH, racine du verbe être que l'on retrouve dans le célèbre récit de la révélation de Dieu à Moïse, en Exode 3:14: Je suis celui qui suis.

Que faire face à diverses données ?

La solution la plus économique serait de retranscrire simplement YHWH ou Yahvé, mais c'est prendre le risque de choquer les Juifs dans leur sensibilité. Remplacer Yahvé par Adonaï – ou Seigneur – comme le font bien des versions françaises récentes, c'est d'une certaine façon appauvrir le texte, et cela pose problème dans les expressions jumelées Adonaï Yahvé (ex. Deutéronome 9:26). Il peut être intéressant de noter que dans le Nouveau Testament, lorsque des versets de l'Ancien Testament portant le tétragramme sont cités, YHWH est certes remplacé par kurios qui signifie Seigneur, mais la citation renvoie souvent à Jésus-Christ.

Pierre-Robert Olivétan (1506-1538) fut le premier à traduire la Bible française sur la base des textes originaux hébreu et grec (1535). Elève de Lefèvre d'Etaples, c'est lui qui amena à la foi son cousin Jean Calvin. Voici comment Olivétan explique son choix dans sa préface de la Bible:

"Désirant montrer la vraie propriété et signification de ce mot YHWH (...) je l'ai exprimé selon son origine, au plus près qu'il m'a été possible par le mot Éternel. Car YHVH vient de HWH qui veut dire «est». Or, il n'y a que lui qui soit vraiment et qui fasse être toute chose (...) De le nommer comme les Juifs Adonaï c'est-à-dire Seigneur, ce n'est pas remplir et satisfaire à la signification et majesté du mot. Car Adonaï en l'Ecriture est communicable, étant aux hommes comme à Dieu. Mais Yahvé est incommunicable, ne se pouvant approprier et attribuer, sinon qu'à Dieu seul selon son essence."

Eternel est donc une tentative de rendre un sens probable du tétragramme. Même si la solution n'est pas parfaite, elle est bien plus satisfaisante. Elle vaut en tous les cas mieux que Jéhovah, d'autant que le nom Eternel est passé dans la langue courante en français. Qui n'a jamais dit d'un ami, d'un parent, qu'il était «un grand voyageur devant l'Eternel»?

Pour les diverses raisons évoquées ci-dessus, les lecteurs de la Segond NRG (Nouvelle révision de Genève) retrouveront par conséquent dans leur nouvelle Bible l'Éternel qu'ils avaient l'habitude de rencontrer dans la NEG (Nouvelle édition de Genève).

La "trouvaille" d'Olivétan

C'est ainsi que les commentateurs des générations passées qualifiaient le terme Eternel choisi par Pierre-Robert Olivétan pour sa traduction française de la Bible. Alors que les langues européennes rendent le tétragramme YHWH par des mots communs ne reflétant pas le sens originel (Herrn, Lord, Signor, etc.) la langue française a ainsi bénéficié d'une traduction dynamique de premier ordre, reflétant au mieux le sens profond d'un terme hébreu que plusieurs textes de l'Ancien Testament interprètent (ex. Exode 3:14; 6:3; 34:6, etc.). Rappelons aussi que dans la perspective de faire ressortir la divinité de Christ, Jean, dans son Evangile, rapporte qu'à plusieurs reprises le Seigneur s'est affirmé comme étant le "Je suis" si proche du tétragramme YHWH (Jean 6:35, 48, 51; 8: l2; 9:5; 10:7, 9, 11, l4; 11:25; 14:6; 18:5-6, litt.)

Pierre-Robert Olivétan

Lorsque les Vaudois du Piémont invitèrent le réformateur Guillaume Farel au Synode de Chamforans (Val d'Angrogne,1532), ces chrétiens – qui s'exprimaient en français mais ne possédaient pas de Bible dans leur langue – décidèrent à l'unanimité la traduction et l'impression d'une Bible française sur la base des textes originaux. Ils s'engagèrent à fournir les fonds nécessaires à cette entreprise alors qu'il appartiendrait à Farel de trouver le traducteur compétent pour exécuter ce travail. Ces pauvres paysans, chassés de France par les persécutions et établis depuis quelques décennies au Val d'Angrogne, rassemblèrent effectivement en deux ans 500 louis d'or – une somme considérable pour l'époque – témoignant ainsi leur amour pour le Seigneur et sa Sainte Parole...

Farel connaissait bien l'homme capable de mener à bien cette entreprise: Pierre-Robert Olivétan qui, avant 1532, avait déjà traduit en français pour son édification personnelle tout l'Ancien Testament hébreu et tout le Nouveau testament grec. Mais par excès d'humilité, Olivétan se récusa, estimant que d'autres seraient plus capables que lui pour accomplir une tâche de si grande importance. Cependant lorsqu'en 1534 Farel emmena Olivétan dans les Vallées du Piémont, ce dernier fut témoin de la ferveur de tous ces croyants qui s'étaient privés de beaucoup de choses pour financer l'édition de la Bible. Son cœur en fut si touché qu'en quelques mois il révisa et compléta son texte, qu'il data "des Alpes" le 12 février l535. La première édition de cette Bible sortit le 4 juin 1535 des presses de Pierre de Wingle de Serrières (dont on dit qu'il fut plus missionnaire qu'imprimeur).

Olivétan n'aurait jamais voulu que son nom figure dans son édition de la Bible et, effectivement, on ne l'y trouve que sous forme d'acrostiche dans une dédicace faite en latin par l'un de ses amis. En lieu et place du nom du traducteur figurent

A l'entête de la Genèse:"Dieu en tout"
à l'entête du Nouveau Testament: "en Dieu tout"
à la fin de l'Apocalypse: "tout en Dieu"

En 1538, Olivétan quitta Genève pour évangéliser en Italie. Il y fut assassiné et nul ne sait où est sa tombe. Mais le martyr avait légué aux peuples de langue française l'héritage le plus précieux qui soit, une excellente édition de la Bible qui éclipsa toute autre traduction jusqu'à la parution des Bibles "modernes" (David Martin 1707, Jean Ostervald 1744, Louis Segond 1884 et 1910).

Notons qu'aujourd'hui encore la traduction française Louis Segond (1910, Bible à la Colombe et Nouvelle Edition de Genève) reste de loin la plus répandue!

Extrait de la préface d'Olivétan dans la Bible parue en 1535

... La bonne coutume a obtenu de toute ancienneté que ceux qui mettent en avant quelque livre en public le viennent à dédier à quelque prince, roi, empereur ou majesté plus souveraine... Je, ayant en main cette présente translation de la Bible, n'ai pas fait selon cette coutume... car Jésus, voulant faire fête à la pauvre Eglise, m'a donné cette charge... d'en faire un présent, à toi... à qui rien l'on ne présente...

Lui veux-tu point donner ton amour et ta foi? Viens hardiment avec tous les plus braves, desquels les titres sont ceux-ci: Injuriés, Blâmés, Chassés, Décriés, Désavoués, Abandonnés, Mitrés, Décrachés, Chaffaudés, Exoreillés, Tenaillés, Flétris, Tirés, Traînés, Grillés, Rôtis, Lapidés, Brûlés, Noyés, Décapités, Démembrés, et autres semblables titres glorieux et magnifiques du Royaume des cieux.

 

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