Près de Lui
«Tu m'entoures par derrière et par devant, et tu mets ta main sur moi.»
Psaume 139:5
Ce beau texte nous parle à la fois d'une présence et d'un toucher. Au seuil d'une année que nous souhaitons marquante dans nos vies, il fait bon revenir aux déclarations fondamentales de l'Ecriture au sujet de notre Dieu. Alors que la connaissance augmente sans cesse dans tous les domaines, on constate chez le chrétien un déclin de la vie personnelle avec Dieu. Dans la Bible, lorsque Dieu se révèle à un homme, il est impossible à celui-ci de rester spectateur ou stationnaire. Abraham, ayant rencontré Dieu en Mésopotamie (Actes 7:2), part pour s'établir en Canaan et y fonder une postérité. Moïse, ayant rencontré Dieu au buisson ardent (Actes 7:30), retourne en Egypte pour en faire sortir le peuple d'Israël. Paul, ayant rencontré Dieu sur le chemin de Damas (Actes 9:3), prêche l'Evangile aux païens et devient l'auteur de nombreuses Epîtres qui établissent la doctrine chrétienne. Jean, rencontrant Dieu à Patmos, voit le ciel ouvert et annonce les jugements et la gloire à venir.
Où en sommes-nous en ce début d'année? Avons-nous fait des progrès durant les mois écoulés? Avons-nous avancé sur le chemin tracé par Dieu? Avons-nous crû «dans la grâce et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ»? Avons-nous persévéré dans l'amour fraternel?... Si cela n'était pas le cas, nous avons lieu de nous interroger sur la qualité de notre vie spirituelle. Dieu est-il présent dans notre vie quotidienne, dans notre profession, dans notre vie de famille, dans notre vie d'Eglise? Dieu ne veut pas que le croyant échappe aux difficultés, aux problèmes, aux épreuves, aux combats, mais Dieu veut qu'il en sorte vainqueur par la foi. D'après ce Psaume, David se laisse examiner et sonder de part en part pour être «conduit sur la voie de l'éternité» (v. 24). Il découvre alors que la présence et le toucher de Dieu sont indispensables pour échapper aux dangers de la routine, de la superficialité, du formalisme, de la stérilité.
I. La présence de Dieu
Elle est décrite par ces mots: «Tu m'entoures...» Le verbe employé ici est magnifique. Il pourrait aussi être traduit par «envelopper», «serrer de près», «embrasser». Il décrit un geste d'amour de la part d'un Dieu présent! Pour entourer son enfant, Dieu s'approche de lui, demeure avec lui et s'adresse à lui. Alors Celui qui sait «quand je m'assieds et quand je me lève, quand je marche et quand je me couche» (v. 2 et 3) est capable de m'entourer par derrière et par devant. C'est-à-dire qu'il est à mes côtés, qu'il est mon arrière-garde, et mon avant-garde.
1. Tu m'entoures par derrière
Ce geste est celui de l'amour qui protège. Le croyant, dans sa marche, est poursuivi par trois ennemis: le monde, la chair et le diable. Le premier le pousse à se détourner du chemin comme les Israélites qui, lassés du désert, murmurèrent et se révoltèrent contre Moïse. Ils allèrent jusqu'à dire: «Nommons un chef, et retournons en Egypte.» (Nombres 14:4) Pour avoir agi ainsi, les Israélites sont morts dans le désert et ne sont jamais entrés en Canaan. Dans 1 Corinthiens 10:6, il est clairement affirmé que «ces choses sont arrivées pour nous servir d'exemples, afin que nous n'ayons pas de mauvais désirs, comme ils en ont eu». Il est donc hélas possible d'aller dans le sens contraire du chemin parcouru, par amour pour le monde, de n'être point agréable à Dieu, de devenir idolâtre, de se livrer à la débauche, et de tenter le Seigneur. Le seul remède dans une telle situation est de revenir au Seigneur, de confesser son péché, et de se laisser entourer par sa grâce prévenante, seule force capable de vaincre le monde.
Le deuxième ennemi le pousse à s'éloigner de Dieu, à perdre le contact avec lui, tout en maintenant les signes extérieurs de la profession religieuse: participation au culte, diverses activités d'une assemblée, etc. C'était le péché de Juda, qu'Esaïe exposait ainsi: «Ce peuple m'honore de la bouche et des lèvres, mais son cœur est éloigné de moi.» (Esaïe 29:13) C'était aussi celui de la nation d'Israël lorsque Jésus est venu ici-bas. C'est un état très dangereux qui permet d'introduire ses propres conceptions dans les pensées et les voies de Dieu et qui crée une distance entre Dieu et nous. Si l'amour de Dieu nous entoure, si nous laissons le Seigneur nous prendre dans ses bras, notre cœur restera éveillé, répondra aux demandes de l'amour, et nous serons gardés de tout éloignement néfaste.
Le troisième ennemi le pousse à s'endormir à cause de son manque de sobriété et de vigilance (1 Pierre 5:8). C'est le moment choisi par le diable pour l'attaquer par derrière, à la façon du lion lorsqu'il chasse sa proie et lui fonce dessus. Ce sont les proies isolées ou retardataires qui se font dévorer. Quelle leçon pour le chrétien qui «demeure sur les bords», «regarde de loin», «ne s'engage pas»... et s'assoupit! C'est lui que Satan vise en premier, mais s'il lui résiste avec une foi ferme, il fuira loin de lui (cp. Jacques 4:7). Il découvrira tout à nouveau l'amour qui le porte au travers des souffrances imposées par un rude combat.
2. Tu m'entoures par devant
Ici, c'est le geste de l'amour qui conduit. Le croyant, dans sa marche vers le pays promis, est guetté par trois dangers. Le premier est celui de s'arrêter à cause de la fatigue, de l'épreuve, de la solitude, de l'incertitude. Nous sommes appelés à courir avec persévérance, rejetant tout fardeau et le péché qui nous enveloppe si facilement (cp. Hébreux 12:1). Qui n'est pas tenté une fois ou l'autre de s'arrêter, face à un renoncement coûteux, à un obstacle difficile, à une situation impossible, à un prix à payer. L'amour de Dieu nous aide dans ce passage délicat, dans cet acte de foi, dans cet effort continu.
Le deuxième danger est de se tromper dans la direction à suivre. Dans notre zèle, nous fonçons vers une destination que nous croyons être juste, puis nous découvrons que Dieu n'est pas sur ce chemin. Pourquoi ? Nous avons oublié de le consulter, nous n'avons pas pris le temps de prier ou de lire l'Ecriture. Si vite, quand il en est ainsi, nous pouvons prendre notre volonté pour celle de Dieu et décider nous-même du sens de la marche! L'amour de Dieu nous dirige sûrement lorsque nous offrons notre corps comme un sacrifice vivant... ne nous conformant pas au siècle présent, et étant transformé par le renouvellement de l'intelligence (cp. Romains 12:2).
Le troisième danger est de s'inquiéter. L'avenir est inconnu, le chemin est ardu, les ressources personnelles sont vite épuisées. Aurons-nous la force de continuer ? Le Seigneur pourvoira-t-il à nos besoins? Trouverons-nous la bonne direction? L'inquiétude est naturelle, mais elle ne procède pas de la foi. Souvenons-nous des exhortations du Seigneur Jésus qui dit souvent : «Ne craignez point, ne vous inquiétez pas !» Son amour est là pour nous aider à faire face à ces faiblesses et à les surmonter victorieusement.
II. Le toucher de Dieu
Il est décrit par ces mots: «Tu mets ta main sur moi.» Nous avons remarqué que pour nous entourer, Dieu s'approche de nous. Mais pour qu'il puisse mettre sa main sur nous, c'est à nous de nous approcher. C'est un pas de plus dans l'intimité avec Dieu. Le chrétien qui laisse Dieu mettre sa main sur lui n'est pas avant tout dirigé par des lois et des ordonnances, mais il est conduit par la pression de cette main. Le texte «Tu mets ta main sur moi» est traduit dans une autre version par «Tu me tiens sous ta main.» Arrêtons-nous sur les deux pensées suivantes: d'abord, Dieu veut nous saisir; ensuite, II veut nous tenir.
1. Dieu veut nous saisir
Ceci est plus important que l'acquisition de nombreuses connaissances. Dans notre monde d'aujourd'hui, il y a tant de courants de pensées qui veulent nous séduire, il y a tant d'hommes qui veulent nous manier à leur guise! Il vaut infiniment mieux se laisser saisir par Dieu comme cela a été le cas de Jérémie, le prophète, et de Paul, l'apôtre (Jérémie 20:7; Philippiens 3:12). L'un comme l'autre ont manifesté le choix de Dieu. Celui qui se laisse saisir par Dieu est sûr de lui plaire, d'être utile aux hommes, d'accomplir une tâche définie, de ne pas perdre son temps ni sa vie. Qui veut prendre la résolution, en ce début d'année, de s'approcher de Dieu pour qu'il puisse poser sa main sur Iui?
2. Dieu veut nous tenir
Jérémie, cité plus haut, a dit: «Tu m'as saisi, tu m'as vaincu.» Nous n'avons pas un Dieu qui met sa main sur nous pour la retirer, mais nous avons un Dieu qui met sa main sur nous pour la laisser sur nous. Il nous veut tout entiers à lui, il lutte avec nous comme il a lutté avec Jacob afin de briser notre force propre et de faire de nous des «princes» (Jacob devint Israël, mot qui peut signifier «prince victorieux de Dieu»(Genèse 32:28), qui obtiennent la bénédiction et l'approbation de leur Dieu. Le monde a besoin de telles vies chrétiennes marquées par ce toucher unique.
En conclusion, il est à remarquer que ce verset commence par: «Tu». Nous n'avons pas un immense effort à faire pour rechercher Dieu. Nous n'avons qu'à le laisser venir à nous pour qu'il puisse nous entourer et mettre sa main sur nous. Ne le faisons pas attendre! Il est pressé de nous protéger et de nous conduire au début de cette décennie qui nous rapproche encore plus du retour de Jésus-Christ. Ne craignons ni son bras, ni sa main, et livrons-nous à lui par sa grâce et pour sa gloire.
Philippe Favre