La vraie spiritualité
Un bref aide-mémoire, par Frédéric Bühler
(Note: Il est indispensable d'étudier chaque point de ce texte et surtout de lire dans la Bible toutes les références indiquées).
Introduction
Le champ est vaste: la spiritualité englobe toute l'expérience chrétienne, tout le service chrétien individuel et collectif. La situation est confuse: vraie ou fausse spiritualité sont entremêlées dans la vie du chrétien et des églises.
Première partie: La vraie spiritualité
1. Définition de la spiritualité
Dans le monde:
Sens général: ce qui est en opposition au matériel.
Sens philosophique: le spiritualisme admet l'existence de l'esprit comme réalité substantielle. Il s'oppose au matérialisme athée (évolution).
Sens religieux: façon de vivre sa foi: spiritualité romaine, orthodoxe, orientale, mystique, monastique.
Dans le christianisme biblique:
Définition de Chafer: «La vraie spiritualité est cette qualité de vie (produite par le Saint-Esprit) chez l'enfant de Dieu qui satisfait et glorifie le Père... Le service chrétien tout entier en dépend» (L'homme spirituel p. 9).
La vraie spiritualité consiste à marcher selon l'Esprit vers la ressemblance avec Christ et à porter le fruit de l'Esprit.
2. Origine de la spiritualité biblique
La nouvelle naissance (Jean 3.7): la naissance ou le baptême de l'Esprit (Jean 3.6-8), absolument nécessaire.
C'est la naissance d'en-haut, la naissance de Dieu (Jean 1.13).
Oeuvre de l'Esprit: conviction de péché (Jean 16.8). La repentance (metanoia).
Renversement de l'échelle des valeurs: ce qui était un gain devient une perte (Phil 3.7). Révélation de Christ (Jean 16.14). Union avec Lui (Rom 6.4-5).
3. Manifestations de la spiritualité biblique
La marche selon l'Esprit (Gal.5.16).
Porter le fruit de l'Esprit (Gal 5.22).
Remarquer le singulier (cf. aussi 2 Pi 1.5-8).
4. Développement de la spiritualité biblique
Suite logique de la metanoia (changement de mentalité) – l'anakainosis (renouvellement de l'intelligence, Rom 12.1, 21).
1. Conditions du développement
a. Respect de la personne de Dieu, adoration en esprit. Humilité.
b. Connaissance de sa parole inspirée.
c. Obéissance à la volonté de Dieu avec équilibre et objectivité.
2. Obstacles au développement
a. Indifférence à l'égard de la majesté et de la sainteté de Dieu. Orgueil
b. Ignorance de sa Parole
c. Désobéissance inconsciente ou raisonnée .
Ce développement implique la loi de croissance (1 Thes 4.1) de progrès en progrès, abonder toujours plus (1 Thes 4.10).
On n'atteint pas le but d'un seul coup.
5. Aboutissement
On est enseigné (= éduqué) par la grâce (Tite 2.11-12).
On n'est plus emporté par tout vent de doctrine (Eph 4.14).
On n'est plus enfant mais homme (1 Cor 16.13), homme fait (Phil 3.15).
On tend vers la stature parfaite de Christ (Eph 4.13).
Sur le plan pratique, il est utile de constater que la Bible reconnaît deux catégories de chrétiens à côté de l'homme naturel, animal ou psychique (psychikos) irrégénéré chez lequel il ne peut y avoir de spiritualité; les choses de l'Esprit sont une folie pour lui (1 Cor 2.14):
1. L'homme charnel (psychikos) (1 Cor 3.1): cet homme est un bébé en Christ, il est tout juste né à la vie spirituelle, il ne peut supporter une nourriture solide et il manifeste encore les oeuvres de la chair.
2. L'homme spirituel (pneumatikos) (1 Cor 2.15; 3.1): celui-ci juge de tout et est agréable à Dieu (cf. la contro-verse dichotomie – trichotomie (Héb 4.12, 1 Thess 5.23).
6. Recommandations pour le maintien de la vraie spiritualité
- Ne pas s'opposer à l'Esprit (Act 5.1-5)
- Ne pas attrister le Saint-Esprit (Eph 4.30)
- Ne pas éteindre l'Esprit (1 Thes 5.19) mais au contraire:
- Etre rempli de l'Esprit (Eph 5.18)
- Marcher selon l'Esprit (Gal 5.16)
- Porter le fruit de l'Esprit (Jean 15.8, Gal 5.22).
Résumé
La vraie spiritualité n'est pas autre chose que la marche par l'Esprit vers la maturité spirituelle selon les enseignements de l'Ecriture. Elle atteint tout l'être: corps, âme et esprit (1 Thes 5.23) et se manifeste par une intelligence renouvelée, des sentiments sanctifiés et une volonté soumise à Dieu.
Deuxième partie: Application et exemples
La vraie spiritualité se définit, en partie du moins, par rapport à la fausse spiritualité. Voici quelques exemples:
La fausse spiritualité se dégage de la loi et des préceptes de l'Ecriture, sous prétexte que le chrétien est sous la grâce. Elle qualifie l'obéissance de légalisme. La vraie spiritualité exige l'accomplissement de la volonté de Dieu en évitant ainsi l'antinomisme et le laxisme.
La fausse spiritualité affiche un mépris pour la doctrine. Elle privilégie l'amour et l'action. La vraie spiritualité reconnaît que la doctrine biblique est le fondement indispensable de tout l'édifice chrétien.
La fausse spiritualité a une notion romantique de la foi. Elle est quelquefois présomptueuse et s'emploie à forcer la main de Dieu. La vraie spiritualité considère la foi comme l'acceptation d'une affirmation divine (Héb 11,3), d'une promesse divine (Héb 11.11) ou d'un ordre divin (Héb 11.8). Elle s'enracine dans la Parole écrite de Dieu.
La fausse spiritualité considère les épreuves et surtout la maladie comme un mal et exige de Dieu d'en être libéré, en vertu de l'œuvre expiatoire. La vraie spiritualité considère l'épreuve comme un aspect de la pédagogie divine (Rom 8.28-29) et met sa confiance autant dans la sagesse de Dieu que dans sa puissance (Mat 26.39).
La fausse spiritualité recherche en priorité les dons miraculeux et considère leur possession comme une approbation de Dieu. Elle insiste sur l'expérience. La vraie spiritualité accepte n'importe quel don (1 Cor 12.11) tout en aspirant aux meilleurs (1 Cor 12.3) et les met à la disposition de la communauté (1 Cor 12.7). Elle considère le fruit de l'Esprit comme plus important que les dons (1 Cor 13.1-3).
La fausse spiritualité recherche le merveilleux, le miraculeux, le spectaculaire. Jésus met l'accent sur la justice, la miséricorde et la fidélité (Mat 23.23) et Paul sur la justice, la paix et la joie (Rom 14.17). Pour la vraie spiritualité la vérité est plus importante que le miracle (Jean 10.41).
La fausse spiritualité méprise l'organisation ecclésiastique, le baptême, les ministères, en privilégiant, au moins théoriquement, le Saint-Esprit. La vraie spiritualité consiste à tenir compte de toute la Révélation de Dieu (Mat 5.18-19).
La fausse spiritualité considère les choses extérieures comme peu importantes. Mais les choses extérieures sont des symptômes de ce qui se passe dans le coeur. La vraie spiritualité consiste à suivre les directives de Paul et de Pierre quant à la coiffure et au couvre-chef (1 Cor 11:1-16), aux vêtements (1 Tim 2:9; Tite 2.3) et aux bijoux (1 Tim 2:0; 1 Pi 3:3). Jésus souligne l'importance de la fidélité dans les petites choses (Luc 16.10).
(Note du webmaster: une autre fausse spiritualité est d'attacher une importance trop grande aux choses extérieures au détriment de ce qui se passe dans le cœur. Attacher plus d'importance à la coiffure ou aux vêtements qu'à un cœur consacré est aussi de la fausse spiritualité).
La fausse spiritualité travaille à l'établissement du royaume de Dieu sur la terre grâce à la libération des «oppressions», à la justice sociale et à la prospérité matérielle. La vraie spiritualité, tout en préconisant la justice et l'amour entre les hommes, se préoccupe surtout de leur avenir éternel en proclamant l'œuvre rédemptrice de Christ plus importante que tout le reste (Luc 9.25).
La fausse spiritualité voudrait rassembler les croyants de toutes les tendances dans une même organisation comme, par exemple, le Conseil Oecuménique des Eglises. La vraie spiritualité travaille à l'unité spirituelle des seuls authentiques enfants de Dieu (Jean 17.21,23; Eph 4.3,13).
La fausse spiritualité, adoptant, au moins inconsciemment, le slogan «la fin justifie les moyens», veut utiliser tous les moyens médiatiques, toutes les formes de l'art, y compris le théâtre et la musique, toutes les techniques publicitaires, pour faire progresser l'Evangile. La vraie spiritualité s'en tient à la simple prédication de l'Evangile en s'attendant à la puissance de conviction de l'Esprit de Dieu (Rom 10.17).
La fausse spiritualité suit le courant moderne en procédant au nivellement de l'homme et de la femme. La vraie spiritualité accepte la spécificité de l'un et de l'autres, spécificité inscrite dans la Création et enseignée sans équivoque dans l'Ecriture (1 Cor 11. 3-16).
Conclusion
Alors que la fausse spiritualité reste en deçà, ou va au delà de la Révélation biblique en répondant à l'attrait de l'extraordinaire et du moderne, la vraie spiritualité honore simplement toute l'Ecriture, mais rien que l'Ecriture, rendue compréhensible par le Saint-Esprit au croyant soumis aux directives divines, dans le cadre d'une communauté d'enfants de Dieu. Pour le chrétien spirituel, l'Ecriture, loin d'être une lettre qui tue (2 Cor 3.6), est un ensemble de paroles divines qui sont esprit et vie (Jean 6.68).
Bibliographie sommaire
Chafer L.S. L'homme spirituel – Impact Cap de la Madeleine;
Douty N.F. Union with Christ – Reiner Publication 1973;
Dufour X.L. Vocabulaire Théologique Biblique Article «Esprit»;
Lüscher H. Editorial Promesses nº 87 – 1989/1;
Murray A. Demeurez en Christ – Delattre 1935;
Shallis R. Explosion de vie – Farel;
Webber R.E. De l'église biblique à l'apostasie moderne;
Common Roots – Zondervan 1978.