La possibilité d’une rencontre...
C’est là un bien grand mystère... Rien de l’univers n’est semblable si quelque part, on ne sait où, un mouton que nous ne connaissons pas a, oui ou non, mangé une rose... Regardez le ciel. Demandez-vous : « le mouton oui ou non a-t-il mangé la fleur ? » Et vous verrez comme tout change.
- LE PETIT PRINCE - ST-EXUPERY
La gloire de Dieu, c’est de cacher les choses...
- PROVERBES 25:2
Je marche tranquillement sur le sentier qui traverse le pâturage en longeant la forêt. J’arrive au sommet d’une petite butte, le vent souffle dans ma direction et pour une fois, mon compagnon de balade à quatre pattes, au lieu de batifoler cent mètres devant moi, traîne à l’arrière. Je m’immobilise, une troupe de chamois broute paisiblement à la lisière des arbres, presque à mes pieds. Pas vu ni entendu, je peux les observer au moins dix minutes avant que mon « meilleur ami de l’homme », momentanément oublié, ne se rappelle bruyamment à moi et fasse disparaître, en une gerbe de bonds gracieux, les charmants herbivores qui s’évaporent entre les troncs. Depuis, j’ai parcouru des dizaines de fois ce sentier enchanté, je marche en ces lieux avec une attente, le cœur battant, l’œil attentif, l’oreille aux aguets, je sais que cet endroit est « habité ». Je n’ai jamais revu de chamois, pourtant, ce chemin reste « magique », cette forêt « spéciale » je ne suis pas déçu lorsque je rentre bredouille et j’y retournerai parce que je sais qu’il y a la possibilité d’une rencontre.
Je chemine, progressant dans ce mélange étrange d’espace et de temps qui constitue ce que j’appelle pompeusement « ma vie ». Je mentirais si j’affirmais que j’entends chaque jour, à chaque instant la voix de Dieu dans le secret de mon âme, mais parce que je l’ai déjà vu, déjà entendu, parce que j’ai déjà bénéficié de son secours, de son encouragement, parce qu’à plusieurs reprises il a répondu si précisément aux demandes de mon cœur, je sais que les « paysages » qui m’entourent sont « habités ».
C’est vital que je le sache, c’est important que je m’en souvienne.
Je ne suis pas un voyageur qui erre sans but, avec pour seuls guides le hasard et la nécessité. Mon trajet n’est pas fait exclusivement « de bonnes journées », de réussites et de succès, mes blessures, mes cicatrices sont là pour en témoigner, mais je sais qu’à un moment ou un autre, je vais l’apercevoir, je vais le rencontrer.
Pierre, le disciple du Christ, arrivé à un âge respectable écrivait à des croyants éprouvés par la persécution : « si vous avez gouté combien le Seigneur est bon... » 1
Parce que le goût de la bonté de Dieu a enchanté nos papilles, parce que notre peau ne peut oublier la tendresse de ses mains, parce que notre mémoire est irréversiblement habitée par les réminiscences de son amour, nous ne sommes pas terrassés lorsque le sol tremble sous nos pieds. Nous ne sommes pas désespérés lorsque la tristesse et la solitude nous oppressent, nous continuons de mettre un pied devant l’autre, attendant des jours meilleurs, portés par l’espérance qui, contre toute attente, nous anime, nous motive ; nous persévérons, sachant que devant nous, il y a encore la possibilité d’une rencontre.
Pour cet été, quels que soient les paysages que vous verrez défiler, sable ou cailloux, relief ou platitude, eau douce ou salée, n’oubliez pas l’essentiel, ce qui va illuminer, remplir, donner de la consistance à vos journées, c’est qu’il y a encore et toujours, la possibilité d’une rencontre.
Philip
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