Le point de vue biblique
«GUÉRIS-LA !»
Tout ceux qui, comme moi, exercent une charge pastorale au sein d’une église évangélique sont souvent confrontés aux problèmes que posent les relations humaines. Bien entendu, le cadre qui constitue le fondement de cette gestion est la Parole de Dieu. Quoi d’autre? Or, il n’est pas toujours aussi simple de bien administrer la Parole de Dieu dans la vie des gens qui vivent des conflits dans l’Église. Non, pas simple du tout !
Vive la discipline
Bon nombre de leaders chrétiens appliquent la discipline que propose la Parole de Dieu sans discernement. Pour eux, ce qui prime au-delà de tout, c’est que justice soit rendue et ce, le plus rapidement possible. Ainsi, pour tout et pour rien, on applique la discipline de la mise hors communion d’un frère ou d’une sœur dès que la faute est connue. Tout cela au nom de: «on ne tolère pas le péché au milieu de nous.» Cette approche crée le sentiment du devoir spirituel bien accompli chez ceux à qui incombe le fardeau de la discipline dans l’église.
Agir rapidement ?
Faut-il agir rapidement ou lentement dans les cas de discipline? Nous savons que l’Ancien Testament expose des cas où la discipline divine a été très expéditive. Nous savons aussi que le Nouveau Testament enseigne (Mathieu 18:17) que nous devons exclure de la communauté un frère qui refuse de se repentir d’une faute grave. Autrement dit, il y a des circonstances où tout est absolument clair et net. Cependant, tout n’est pas que blanc ou noir. Si toutes les circonstances entourant les mises en disciplines étaient claires et nettes, les choses seraient tellement plus simples dans l’Eglise de Jésus-Christ. Mais il n’en est pas ainsi. La majorité des cas sont dans la zone grise, ils nécessitent énormément de réflexion et de prière avant de prendre une décision.
Qui est-ce qui dirige ?
Frères et sœurs, qu’est-ce qui nous dirige, qui nous motive à mettre des gens sous discipline? Nous répondrons certainement tous que c’est la Parole de Dieu, et rien d’autre. Dans bien des cas, ce n’est pas vrai. Nous nous servons habilement de la Parole de Dieu pour justifier et étancher notre soif de vengeance. Et lorsqu’un frère est réellement coupable, quelle belle occasion avons-nous là de laisser libre cours à nos pathologies vengeresses.
Le caractère de Dieu
Sommes-nous des manifestations du caractère de Dieu ou bien de nos propres caractères déchus? Sommes-nous de ceux qui prêtent à Dieu des intentions destructrices, intentions qu’il n’aurait pas en réalité? Souvenons-nous seulement de Moïse. Dès qu’il sut que l’Éternel l’appelait à délivrer Son peuple de servitude en Égypte, Moïse s’est précipité là où les hébreux travaillaient à la construction des Temples égyptiens. Se croyant nantis de l’autorité divine, il s’en est pris à un garde égyptien qui maltraitait un esclave juif. Vous connaissez la suite, l’égyptien est mort et Moïse a dû s’enfuir durant quarante années dans le désert. Voilà à quoi nous mène la bêtise humaine (chrétienne) qui consiste à croire que nous sommes en droit d’exercer nous-mêmes la justice de Dieu sur cette Terre.
Un patient
Après quarante ans, Moïse doit revenir délivrer son peuple. Maintenant, ce n’est plus le même homme; il n’a plus la prétention de savoir comment organiser le peuple de Dieu. À son retour, Moïse n’a plus rien, il est brisé et humilié. Il ne veut plus tuer personne au nom de Dieu; il a enfin compris l’œuvre de Dieu. Moïse est maintenant un homme patient.
Nombre 12:1-13
«1 Marie et Aaron parlèrent contre Moïse au sujet de la femme éthiopienne qu'il avait prise, car il avait pris une femme éthiopienne. 2 Ils dirent: Est-ce seulement par Moïse que l'Eternel parle? N'est-ce pas aussi par nous qu'il parle? Et l'Eternel l'entendit. 3 Or, Moïse était un homme fort patient, plus qu'aucun homme sur la face de la terre. 4 Soudain l'Eternel dit à Moïse, à Aaron et à Marie: Allez, vous trois, à la tente d'assignation. Et ils y allèrent tous les trois. 5 L'Eternel descendit dans la colonne de nuée, et il se tint à l'entrée de la tente. Il appela Aaron et Marie, qui s'avancèrent tous les deux. 6 Et il dit: Ecoutez bien mes paroles! Lorsqu'il y aura parmi vous un prophète, c'est dans une vision que moi, l'Eternel, je me révélerai à lui, c'est dans un songe que je lui parlerai. 7 Il n'en est pas ainsi de mon serviteur Moïse. Il est fidèle dans toute ma maison. 8 Je lui parle bouche à bouche, je me révèle à lui sans énigmes, et il voit une représentation de l'Eternel. Pourquoi donc n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse? 9 La colère de l'Eternel s'enflamma contre eux. Et il s'en alla. 10 La nuée se retira de dessus la tente. Et voici, Marie était frappée d'une lèpre, blanche comme la neige. Aaron se tourna vers Marie; et voici, elle avait la lèpre. 11 Alors Aaron dit à Moïse: De grâce, mon seigneur, ne nous fais pas porter la peine du péché que nous avons commis en insensés, et dont nous nous sommes rendus coupables! 12 Oh! qu'elle ne soit pas comme l'enfant mort-né, dont la chair est à moitié consumée quand il sort du sein de sa mère! 13 Moïse cria à l'Eternel, en disant: O Dieu, je te prie, guéris-la!»
«Guéris-la !»
Malgré la traîtrise de Marie et Aaron contre lui, Moïse n’a plus le cœur à la vengeance. Le cri de son cœur en est un de pardon et de guérison.
Réal Gaudreault, pasteur de l’Assemblée Chrétienne La Bible Parle, Saguenay.