Histoire vraie de Sebti 19
Une idole exigeante
Après l'aventure avec la voiture volée, Sebti a quitté les copains de la bande. Il a bien fait. Mais comment remplir les heures de loisir, à présent? La télé? Bah! il en est déjà fatigué!
– T'aimes le foot, Sebti? lui demande un jeune du quartier.
– Le foot? Oh, oui! Pourquoi?
– Parce qu'on a une équipe, maintenant. Viens jouer le dimanche avec nous!
– Le foot, c'est du sport, réfléchit le jeune Algérien. Et le sport, c'est sain. Alors, d'accord! répond-il, vous pouvez compter sur moi!
– Au moins, on ne fait pas de mal quand on court sur le terrain! constate vite Sebti. Et les joueurs sont sympa! C'est vrai. Déjà notre jeune ami ne vit plus que pour le ballon! Mais un jour, quelqu'un sonne chez lui.
– Si c'est un des anciens copains, pense Sebti en ouvrant la porte, il ne m'aura pas, même avec les propositions les plus alléchantes!
Dès qu'il aperçoit le bon sourire d'un homme aux cheveux blancs, d'un seul coup resurgissent en lui les beaux souvenirs du camp biblique en montagne.
– Oh! Monsieur Blandenier!
– Salut, Sebti! Comment ça va?
– Très bien! Je fais du foot, à présent! Et la conversation s'engage. La mère de famille et la grande soeur Aouacha s'y mêlent aussi.
– Alors! De passage à Lyon?
– Oui. Avec ma femme, nous sommes pour quelques semaines chez notre fille Anne-Marie. Elle aussi viendra vous voir! Plus tard, en savourant un délicieux thé de menthe, M. Blandenier s'adresse à Zin et à Sebti:
– Vous devriez nous accompagner à la Maison de la Bible, un dimanche matin. Ce que vous entendrez vous fera du bien. Voulez-vous que je vienne vous chercher dimanche? – D'accord. On ira !
Les deux garçons tiennent leur promesse. Seulement, le lendemain déjà...
– Dis! T'es pas venu à l'entraînement, hier! entend Sebti. Tu nous as manqué!
– ... J'avais autre chose. Mais dimanche prochain, j'y serai!
– On y compte!
Quel tiraillement pour le pauvre Sebti, chaque dimanche matin!
– Je vais à la Bible ou au foot? Au foot ou à la Bible?
Une fois ici, une fois là. C'est la formule qu'adopte notre ami pendant plusieurs semaines. Quand il quitte la Maison de la Bible, il se promet d'y retourner régulièrement. Ce contact lui fait du bien. Mais quand approche le dimanche suivant, à nouveau l'envie de shooter le tenaille, d'autant plus que des matches intéressants sont prévus.
– On a besoin de toi ré-gu-liè-re-ment! insiste M. Molines, l'entraîneur de l'équipe. Souviens-toi bien de cela!
Qu'il est pénible d'être toujours partagé en deux!
Un soir, Sebti et son frère Zin sont invités chez un jeune couple rencontré à la Maison de la Bible.
– Revenez quand vous voulez! leur disent avec chaleur Fernand et Jenny Voiblet. Les deux garçons reviendront, en effet. Quelle joie ils auront chez ces amis, chaque vendredi soir. Et que de belles découvertes ils vont faire ensemble, en feuilletant la Bible.
Ainsi, comme une jeune plante qu'on arrose souvent, la foi de Sebti se fortifie. Elle plonge ses racines dans le terrain si riche de la Parole de Dieu. Et Sebti se réjouit toujours du vendredi suivant.
– Tu sais! dit-il à Zin. C'est dommage! Ils sont captivants, les sujets qu'on aborde avec Fernand, mais... on n'est que les deux seuls à profiter de ces explications. Invitons des copains!
– J'y ai déjà pensé, Sebti! Il faut qu'on partage avec d'autres. Quelques semaines plus tard, ils sont huit, dix, puis douze. Sebti est heureux. Et s'il invitait aussi l'entraîneur de football
– Tu n'y penses pas, Sebti! lui répond ce dernier en éclatant de rire. Je n'ai pas le temps! Mon dieu, c'est le ballon! Notre ami va-t-il se laisser arrêter? Non! bien au contraire...
Chaque soir, il prie avec Zin pour que d'autres jeunes deviennent chrétiens. Un jour, Sebti est frappé par un verset biblique qui parle des idoles.
– Les idoles, c'était dans l'ancien temp ! commence-t-il par se dire. Mais soudain, il réfléchit:
– Le foot! Même un aussi beau sport peut devenir une idole. C'est vrai qu'il prend toujours plus de place, dans mon temps! Et Dieu nous demande d'abandonner les idoles pour le servir, lui... Je sais ce que je vais faire!
Tiens! Sebti sort, ce soir? Où peut-il bien aller? Chez Fernand Voiblet? Non! Chez M. Molines, pour lui parler très franchement.
– Tu plaisantes, Sebti! commence par dire l'entraîneur. Comment? Toi qui joues si bien en première ligne, tu nous abandonnerais? Tu laisserais tomber le foot? Allons, allons! Ne raconte pas des bêtises!
– C'est sérieux, Monsieur Molines! Dans ma vie... ou c'est Dieu, ou c'est le ballon. J'ai choisi! Mais cela ne veut pas dire que je ne jouerai plus jamais!
Le pauvre entraîneur n'y comprend rien. Peu importe. Sebti a bien compris, lui. C'est Dieu qu'il veut pour Maître. Personne ne l'a forcé. Cette décision, il l'a prise tout seul.
Mais alors... de nouveau Sebti va perdre des copains. C'est exact. Mais il a des amis, à présent, et de vrai!
Texte: Samuel Grandjean
