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Jeannot en Afrique - L'heure des grandes décisions

Histoire vraie

Comme tous les garçons de son âge, avant d’être soldat, Jeannot a fait un apprentissage. Il aimait bricoler. La mécanique l’attirait. Il s’est dirigé de ce côté-là. Jeune ouvrier solide et qualifié, il a même travaillé au montage de puissantes locomotives électriques dans une grande usine de Belfort. C’est alors que la vie militaire a tout interrompu. Après avoir rendu l’équipement de soldat sanitaire, Jeannot va-t-il reprendre ses outils de mécanicien ? Il est prêt à le faire. Mais quelque chose le retient. Est-ce bien dans cette direction qu’il doit avancer ?

L'heure des grands decisions - Jeannot en Afrique

Il n’en est plus tellement convaincu, à présent. Pourtant il reste sûr d’une chose, si Dieu a pu le protéger des armes meurtrières, il peut aussi le conduire maintenant, et lui faire connaître la décision à prendre. Jeannot prie pour cela.
Lentement le brouillard se dissipe. Le chemin s’ouvre dans une tout autre direction. Ce chemin, c’est Dieu qui le lui montre, un peu comme aux disciples quand Jésus leur a dit de se retirer un moment à l’écart avec lui.
C’est décidé ! Profitant de cette interruption, et de l’occasion qui ne se retrouvera peut-être plus, Jeannot va consacrer une année à l’étude de sa Bible. Pour cela, il part à l’École Biblique de Genève.

Le voilà sur les rives du beau lac Léman, élève parmi d’autres jeunes chrétiens qui se préparent à servir Dieu dans leur profession ou comme missionnaires. Les cours sont captivants. Que de découvertes il fait dans la Parole de Dieu ! Entre les heures de cours qui réunissent une trentaine d’étudiants, il est seul dans sa chambre, en compagnie pourtant d’une Personne invisible qui le connaît si bien. Quand il lit la Bible, cette Personne lui parle. Jeannot a parfois l’impression que Dieu allume une lampe très puissante pour éclairer son cœur et mettre à découvert certains défauts qui se cachent encore dans les coins les plus sombres. Jeannot devrait-il se révolter, et fermer sa Bible parce qu'elle lui dit la vérité ? Non ! mieux vaut permettre à la lumière de l'Évangile de pénétrer à flots dans sa vie. Notre ami laisse toute la place au Seigneur Jésus qui vient nettoyer son cœur et le remplir de paix et de joie.

Un jour, un missionnaire de passage à l’École Biblique s'adresse aux élèves. Il raconte ce qu'il a vu
dans l'immense continent africain. Il décrit la misère dans laquelle certains vivent, privés de tout secours. Il faudrait des instituteurs pour les enseigner, des infirmiers pour les soigner, des missionnaires pour leur parler de Jésus-Christ. Qui partira vers eux ? Oh ! ce n'est pas une équipe de touristes que Dieu cherche, mais des hommes et des femmes qui sauront se mettre à sa disposition sans conditions. C'est avec ceux-là qu'il fera quelque chose!

Le lendemain, Jeannot frappe à la porte du directeur de l'école:
— Si c'est là que Dieu a besoin de moi, je suis prêt à partir en Afrique ! Le directeur prie avec notre ami, mettant tout entre les mains de Dieu. Jeannot remonte dans sa chambre et garde, tout au fond de son cœur, le secret de sa décision. Il a confiance en son Maître qui lui dit dans la Bible: «Je te montrerai la voie que tu dois suivre, je te conseillerai , j'aurai le regard sur toi.» Ce que Jeannot ignore, et ne découvrira que beaucoup plus tard, c'est que ce même jour une autre personne a frappé à la même porte pour faire part de la même décision ! Laissons un moment notre ami, pour nous occuper de cette autre
personne...

Il était une fois une jeune fille qui s’appelait Roselyne. Elle aimait beaucoup les enfants. Ayant terminé ses études d’institutrice, elle enseignait dans un joli petit village de Suisse romande. Roselyne était chrétienne.
Elle honorait son Dieu et lui faisait confiance. Alors Dieu la conduisait et lui donnait de précieux conseils dans la Bible. Un jour, par exemple, quand une amie indiscrète avait soufflé à Roselyne:
«Tu devrais te marier... à vingt ans, c’est le moment d’y penser !» dans son Livre il lui avait dit:
«Ne t’inquiète pas. Ton Père céleste sait de quoi tu as besoin. Cherche premièrement le royaume et la justice de Dieu, et toutes ces choses te seront données par-dessus.» Alors Roselyne restait tranquille, sans préoccupations à ce sujet. Pour se préparer à servir Dieu peut-être en mission, Roselyne était aussi venue à l’École Biblique. Un jour, ayant entendu parler des besoins de l’Afrique, c’est elle qui avait dit au directeur: «Je suis prête à répondre à cet appel, si c’est là que Dieu me veut !»

Les cours de l’École Biblique ont pris fin. Jeannot est reparti. Son avenir se dessine beaucoup plus nettement, à présent. Il se prépare à l’activité d’infirmier-missionnaire en Afrique. Il était soldat sanitaire, seulement cette formation n’est pas suffisante. Jeannot suivra donc les cours d’une école à Lyon. Mais en attendant il offre ses services pour quelques semaines dans un hôpital de Belfort. Suivons-le. Entrons dans une chambre. Non, Jeannot n’est pas là, mais un homme est couché. Le pauvre ! il vous ferait pitié si vous pouviez le voir II est hospitalisé depuis des années. Il n’a plus de jambes, et plus de famille ! Il marmonne dans son coin:
— Quoi ? un nouvel infirmier ? Pourvu qu’il ne soit pas encore plus brusque que l’autre, en me portant du lit sur ma chaise roulante ! Mais je ne me laisserai plus torturer... je vais le lui dire tout de suite ! Hélas... comment me défendre, dans l’état où je suis !
Tout à coup, un grand jeune homme en blouse blanche surgit dans l’encadrement de la porte:
— Bonjour, Monsieur ! c’est moi qui...
— Oui ! je sais ! Et comme celui qui vient de partir, vous allez gagner du temps en bâclant votre travail... et ça vous sera bien égal de me faire souffrir. Vous ne sentirez quand même rien, vous !
Non, Monsieur ! n’ayez pas peur. Je ne suis là ni pour gagner du temps, ni pour vous tourmenter. Je viens pour apprendre... à vous comprendre et à vous aimer, pour apprendre à vous porter aussi délicatement que possible.
— Alors tant mieux ! Et... quel est votre nom ?
Dites-moi simplement Jeannot, ça me fera plaisir !
Très vite notre ami s’attache au pauvre infirme. Le premier jour déjà, il sait le porter si délicatement qu’on n’entend pas même une plainte. Quel réconfort pour les malades, quand ils se sentent soignés aussi avec le cœur !

Jeannot vient de réussir l’examen pour l’école d’infirmiers à Lyon. Bientôt il quittera l’hôpital.
Un matin l’infirme est secoué de sanglots, comme un enfant désespéré: son Jeannot va partir, et lui... de nouveau... il sera tout seul !
— Non, vous ne serez pas seul ! dit Jeannot. Quelqu’un viendra vous voir de ma part !
— Quelqu’un... mais qui donc puisque je n’ai personne ?
— Ma mère ! Elle aime visiter ceux qui souffrent. Ensemble nous avons souvent prié pour vous. Elle aussi saura vous comprendre, et vous parler du Sauveur et du ciel où il n’y aura plus de larmes, de cris et de souffrances, mais où Dieu donnera aux siens un corps tout neuf, pour toujours.

De son côté, Roselyne a retrouvé ses sympathiques petits élèves. Quand elle leur enseigne la géographie et situe sur la carte le Soudan, le Congo, le Cameroun, et tant d’autres pays, elle pense parfois au jour où elle s’en ira toute seule quelque part dans cet immense continent africain...
Un jour, à des kilomètres de là, Dieu parle tout doucement au cœur de Jeannot. Il le fait comme un père seul sait parler au cœur de son fils. Il lui dit: Jeannot ! c’est Roselyne que j’ai mise à part pour toi. C’est avec elle qu’un jour tu partiras !

Pourquoi tant de fleurs parfumées dans ce petit salon ? Pourquoi cette ravissante nappe, cette vaisselle délicate et cette tourte glacée ? Pourquoi ce doux air de flûte joué par Josiane, la petite sœur de Roselyne ? Pourquoi ces chants ? Pourquoi ces chers parents qui partagent si bien la joie de leurs enfants ? Aujourd’hui Roselyne et Jeannot se fiancent. Quelle fête ! Bientôt nous les suivrons tous les deux, d’étape en étape, le long du chemin qui les mène en Afrique.

Un soir, à Lyon, une foule envahit le hall de l’hôpital. Des centaines d’élèves ont passé leurs examens d’infirmier ou d’infirmière. On va proclamer les résultats et remettre les diplômes. Jeannot a réussi. Il est même classé parmi les premiers. Maintenant nos amis peuvent penser au mariage et puis... au grand départ !

Texte: Samuel Grandjean
Illustrations: Hélène Grandjean & Ariste Mosimann

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