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Aracy 17 - Une visite d'Europe

- Maintenant, on sort! dit la jeune Indienne. Venez tous avec moi. Pautilha et Felisbino, donnez-moi la main!

Pieds nus, les enfants suivent leur institutrice. Elle est sympathique, la maîtresse. Ses beaux cheveux longs et noirs tombent gracieusement sur une robe rose, sans manches.

Nous sommes à la Mission Caiua. Au milieu du vaste préau bordé de très grands arbres, un joli pavillon attire nos regards. Avec son toit en chapeau pointu, soutenu par sept troncs, on dirait un grand carrousel. Mais il ne tourne pas. A la place de chevaux, un long banc de bois fait tout le tour du petit édifice. Par terre: un dallage de briques rouges.
- Ils arrivent, ils arrivent tous! crie Pautilha.

En effet, de partout, par dizaines accourent des écoliers. C'est la récréation.

Il y en a plus de deux cents, à présent, tous des petits Indiens. Est-ce pour chercher de l'ombre qu'ils se rassemblent là? Non. Les grands arbres en donnent bien assez. Alors?

Comme chaque matin, Dona Zéria les attend avec ses marmites de soupe. Regardez! déjà la distribution commence. Ah! quel régal! Pour certains de ces jeunes écoliers, plus d'autre nourriture jusqu'au lendemain…

C'est quoi, la surprise? demandent à leur jeune maîtresse les treize petits élèves d'Aracy.
- Attendez, vous le saurez bientôt. Ecoutez! Dona Zéria frappe des mains. C'est le rassemblement. Mettons-nous vite en rang! Maintenant, Dona Zéria baisse la voix pour dire un grand secret:
- Nous avons des visites! Monsieur et Madame Grandjean viennent de Suisse. C'est en Europe, très loin d'ici. Ils aiment beaucoup les enfants. Alors, nous allons tous entrer dans l'église de la Mission. Là, ils vont nous parler. Partons en file indienne!

Au fur et à mesure que les classes s'en vont, la file indienne se forme. Quel joli serpent! Regardez, déjà sa tête gravit les marches, passe la porte, disparaît dans l'église. Et là-bas, sa queue n'a pas encore bougé!

- Bonjour, petits amis! dit maintenant l'inconnu. mais les écoliers ne comprennent rien à la langue française. Heureusement que Timoteo peut traduire…
- Vous savez, continue Samuel Grandjean, de l'autre côté de la mer, j'ai de nombreux petits amis. Chaque mois, je leur écris une longue lettre pleine de dessins: un journal qui s'appelle "toujours joyeux". Mais aujourd'hui, c'est à vous que j'ai la joie de parler, et de raconter une belle histoire de la Bible. Pour commencer, ma femme et moi, nous allons vous apprendre un chant…

Soudain, mais… que se passe-t-il? D'un seul coup, tous les enfants se détournent de celui qui leur parle, pour ouvrir de grands yeux vers une chose mystérieuse qui se trouve à sa gauche. Intrigué, il regarde, lui aussi, mais ne voit rien de spécial. Pourtant les jeunes Indiens paraissent tous fascinés. Par quoi donc? Vous allez le comprendre. Quand on a parlé de chant, Hélène Grandjean s'est mise au piano. Pour nous, rien de plus naturel. Mais voir une armoire produire soudain de la musique, quelle surprise pour des petits Indiens qui n'ont jamais entendu un piano! La surprise sera presque aussi grande pour le couple de Suisse quand il entendra ces enfants entonner de beaux chants. Quel élan, quel enthousiasme, quelle fraîcheur dans ces voix!

Plus tard dans la journée, Hélène et Samuel Gandjean s'adressent à leur jeune institutrice indienne:
- Aracy! Serais-tu d'accord de nous raconter ton histoire? Nous pourrions peut-être la faire connaître à de nombreux enfants.
- Com prazer! Onde… quando? (volontiers, mais où et quand?)
répond la jeune fille.

Le lendemain, ils se retrouvent chez Timoteo. Il fait très chaud. Par la porte grande ouverte, on entend jacasser des perroquets.
- Eu nasci em plena floresta… commence Aracy.
- Je suis née en pleine forêt vierge, traduit Timoteo. Et pendant plusieurs heures, un petit appareil enregistre tous les détails de cette longue histoire.

- Nos amis Timoteo et Nelly vivent à Dourados, s'étaient dit Hélène et Samuel Grandjean avant de partir pour quelques semaines au Brésil. Dourados n'est pas très loin de São Paulo. Si nous allions les voir? Mettons cela à notre programme…

Il a fallu dix-sept heures de car, mais quelle joie! Sans cette courte escale à la Mission Caiua, ils n'auraient connu ni Aracy, ni son histoire. Et ce récit, vous ne l'auriez pas trouvé dans ces pages. Mais il n'est pas fini. Dans le prochain épisode, il sera curieusement question d'une boîte de Coca-cola.

Texte: Samuel Grandjean


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