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La fin justifie-t-elle les moyens ?

Exode 1.16-21 & 1 Samuel 21.1-2

Question:

Comment expliqueriez-vous les mensonges que nous trouvons dans Exode 1.16-21 où les sages-femmes mentent au pharaon, ainsi que dans le texte de 1 Samuel 21.1-2 où David ment au sacrificateur Achimélec ?

faq 305 - la fin justifie-t-elle-les-moyens ?

Réponse:

Votre question est pertinente, ces textes nous interrogent et peuvent être la source d’erreurs graves s’ils sont mal compris.
Tout d’abord, je voudrais affirmer que le mensonge n’est pas une pratique que Dieu encourage, il est clairement dit dans les Écritures que le diable  est le père du mensonge:

Vous avez pour père le diable, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été meurtrier dès le commencement, et il ne se tient pas dans la vérité, parce qu’il n’y a pas de vérité en lui. Lorsqu’il profère le mensonge, il parle de son propre fonds; car il est menteur et le père du mensonge. Jean 8.44.

Il serait donc totalement faux d’utiliser ces textes pour justifier le mensonge ou pour soutenir l’idée que «la fin justifie les moyens».

Ceci dit, il faut encore ajouter que les deux textes que vous mentionnez ne racontent pas deux situations identiques, ils ne sont pas «parallèles» malgré les apparences. Ils sont à prendre et à comprendre séparément.

– Dans le premier cas, il est dit que Dieu a approuvé le mensonge des sages-femmes, et les a bénies pour avoir agi ainsi. Dans cette situation, ces dames n’ont pas menti par intérêt personnel, pour obtenir un avantage, ni même pour sauver leur propre vie. La seule raison de leur mensonge était la protection de vies innocentes et sans défense vis-à-vis d’une action motivée par un mal totalement injuste et injustifié. En fait, par ce mensonge, elles se mettaient elles-mêmes en danger, puisque si leur supercherie était découverte, elles seraient probablement condamnées à mort.
C’était donc un acte juste, désintéressé, mais c’était aussi un acte qui répondait à un commandement de Dieu, même si les «Dix commandements» n’avaient pas encore été donnés à Moïse, ces femmes savaient que le Créateur demande le respect de la vie.
En agissant ainsi, elles se tenaient «dans la vérité», elles obéissaient à un commandement plus grand que celui de ne pas mentir, celui de ne pas tuer, en prenant le risque de payer de leur propre vie.

On pourrait faire un parallèle, avec une situation plus contemporaine. Lorsque durant la Deuxième guerre mondiale, des hommes et des femmes ont menti en cachant chez eux des juifs recherchés pour être exterminés, ils ont agi selon le même principe, et il n’y avait rien d’immoral dans leurs actes, bien au contraire.

Ce genre de «mensonge apparent» est donc extrêmement rare et limité exclusivement à ce genre de situations. On ne peut donc pas utiliser ce texte pour soutenir l’idée qu’il est possible de mentir, si cela nous apporte du «bien» ou du «confort» ou si cela nous évite de faire face à nos responsabilités ou nos erreurs.
Je dirais même que dans ce cas, on ne peut pas vraiment parler de mensonge, mais plutôt d’obéissance à une vérité supérieure établie par Dieu lui-même.

– Le deuxième texte que vous soulevez est très différent. Vous noterez qu’à aucun moment il n’est dit, comme dans l’histoire avec les sages-femmes, que Dieu approuve ce que David a fait. Il s’agit ici d’un récit historique qui nous rapporte ce qui s’est passé, la façon dont David a agi en s’enfuyant pour sauver sa vie. C’est d’ailleurs un fait à souligner concernant le sérieux des textes bibliques, ils ne cachent pas les erreurs, les péchés, des hommes et des femmes que Dieu a pourtant réellement choisis et appelés.

Le récit de cette rencontre entre David et le sacrificateur Achimélec est une triste histoire. Avec le meurtre d’Urie, mari de Bath-Schéba, ce sont probablement les deux plus grandes erreurs de la vie de David.
Son mensonge au sacrificateur n’est rien d’autre… qu’un mensonge !
Il avait peur et contrairement à toutes les autres situations dans lesquelles il a agi avec honneur et avec foi, ici, il a cédé à la panique.
Ce mensonge navrant a eu pour conséquence l’assassinat de quatre-vingt-cinq sacrificateurs innocents et le génocide d’une ville entière.
C’est dramatique et David a dû porter la culpabilité de ce mensonge, même si, bien sûr, le pardon de Dieu s’appliquait aussi à cette situation.
Personnellement, je pense que lorsque Dieu refuse à David de construire lui-même le Temple, parce qu’il a «trop de sang sur les mains», ce n’est pas aux guerres que Dieu fait allusion, mais à ces deux épisodes où David a fait couler du sang innocent, en temps de paix, pour son intérêt personnel.

Cela nous montre que même un homme choisi par Dieu, connu pour sa grande intégrité, son courage, sa foi, et son honneur, peut à un moment tomber dans le piège du mensonge.
C’est aussi l’occasion de comprendre un peu plus la grâce merveilleuse de Dieu qui utilise des hommes imparfaits, tout en nous rappelant que le mensonge a toujours des conséquences dévastatrices.

J’espère que ces quelques lignes vous aideront à comprendre ces deux textes et vous encourageront à marcher dans la vérité, par la force de Celui qui nous a appelés à l’obéissance à la vérité. (1 Pierre 1.22)

Philip Ribe


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