Trahison de Juda - Marc 14.44
«Celui qui le livrait leur avait donné ce signe: Celui que je baiserai, c'est lui; saisissez-le, et emmenez-le sûrement.»
Question:
Pourquoi était-ce nécessaire de livrer Jésus ? Les juifs auraient pu s'emparer de Jésus quand il le voulait, non ?
J'ai pensé que pour les juifs, le fait d'avoir quelqu'un du clan de Jésus qui le leur livrait aurait pu légitimer le fait que les juifs voulaient l'arrêter.
Comme si le fait que Jésus soit trahi par "un des siens" pouvait montrer qu'il était une mauvaise influence et un blasphémateur.
Réponse:
Votre question, très intéressante, peut effectivement susciter toutes sortes d’interrogations, c’est-à-dire de «pourquoi ?» ou… «pour quoi ?» les choses se sont passées (nous sont présentées) ainsi, plutôt que… comme ça !
Pour toute réponse, je m’en tiendrai principalement à l’Ecriture et ce qu’elle nous révèle de cette horrible trahison. A la question "Pourquoi Jésus a-t-il été livré par l’un de ses proches ?" La réponse est: «Simplement parce que c’était écrit et qu’il fallait que l’Ecriture s’accomplisse… à la lettre.» Cp. Mat. 26.56.
Or, concernant cette terrible situation, Jésus l’avait prédit, Cp. Luc 22. 21 & 22, mais pas lui uniquement: l’Ecriture aussi l’avait prédit avant lui…
Nous connaissons l’un et l’autre le chapitre 53 du livre du prophète Esaïe, que l’on attribue justement aux souffrances de notre Seigneur. Mais ce n’est de loin pas le seul endroit où il est question de serviteur rejeté… par les siens. A titre d’exemple et pour ratifier le fait que Jésus a été livré par l’un de ses proches, nous pouvons lire et réfléchir à ces quelques versets du Psaume 41: 6-10:
«Mes ennemis disent méchamment de moi: «Quand mourra-t-il ? Quand s’éteindra son nom ?» Si quelqu’un vient me voir, il adopte un langage faux; il récolte des sujets de médire, puis il s’en va et en parle à l’extérieur. Tous mes ennemis chuchotent entre eux contre moi, ils méditent sur mon malheur: «Il est gravement atteint. Le voilà couché, il ne se relèvera pas». Même celui avec qui j’étais en paix, en qui j’avais confiance et qui mangeait mon pain, lève le talon contre moi.»
Il est pourtant probable qu’à l’origine, ces versets, rédigés par David, (selon l’entête du Psaume), l’aient été pour consigner une situation douloureuse que ce fameux roi d’Israël a, par malheur, dû subir. Je pense évidemment à la trahison d’Achitophel, conseiller particulier du roi et dont le jugement était si infaillible que ses conseils étaient suivis «comme des oracles de Dieu», selon 2 Samuel 16.23.
Mais cet homme n’était pas droit et Absalom, le fils rebelle, trouva en lui (Achitophel), une occasion toute indiquée pour trahir et anéantir le roi, son père… Voilà peut-être le cadre de l’histoire qui a servi de rédaction au Psaume 41.
La suite de l’histoire nous apprend qu’Absalom préféra suivre les conseils stupides d’Houschaï, qui défendait secrètement les intérêts du roi, (2 Samuel 17);
Achitophel se sentant trahi à son tour, se suicida… 2 Samuel 17.23.
Pour en revenir à l’Iscariot, cette dernière considération: Judas a sans doute trahi son maître pour nul autre motif que l’argent, (les fameuses 30 pièces dont parle le prophète Zacharie, chap. 11; prédiction accomplie, mot pour mot, en Matthieu 26.15). Or, il était voleur, (Jean l’identifie dans son évangile, Cp. 12.6), c’est là clairement le principal et seul mobil de cet acte si odieux…
Achitophel avait, quant à lui, une raison «plus légitime» de trahir David: il était, dit-on, le grand-père de Bath-Shéba, Cp. 2 Sam 11.3 / 2 Sam 23.24.
Vous connaissez l’histoire…
Quoiqu’il en soit, ce qu’il faut retenir de tout cela, c’est que la «carrière» de ce conseiller du roi préfigure, dans l’AT, la trahison et le suicide de Judas, l’Iscariot.
Comme quoi, absolument rien dans l’Ecriture n’est écrit à la légère, Cp. Rom.15.4.
Claude-Alain Nuti
