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6 - Jérémie le prophète (6/6)

Philippe Favre

Après la destruction de Jérusalem - Chapitres 40 à 52

Les dernières pages du livre de Jérémie ressemblent aux premières; tragiques lorsqu'on observe la conduite du reste du peuple; lumineuses en considérant de près la communion de Jérémie avec Dieu. Penchons-nous sur ces chapitres, divisés en deux parties: le chapitre 45 en est le pivot. Le Saint-Esprit l'a placé là pour éclairer et réconforter les croyants, ceux qui traversent un temps de jugement ici-bas, lorsque Dieu détruit et arrache, parce que le jugement commence par la maison de Dieu (cf 1 Pierre 4.17) et se poursuit dans le monde (cf Jérémie 25.29). Après la destruction de Jérusalem en 586 av. J.-C. nous avons celle de Babylone en 536 ! Ainsi Dieu frappe les idolâtres et les païens après avoir sévi contre les plus responsables, ceux qui ont eu une révélation de sa part et ne s'y sont pas conformés (cf Malachie 3.18 et 4.1-2).

Nous pouvons donc analyser ces chapitres comme suit:

  1. Le péché du peuple laissé en Judée: révolte contre l'autorité humaine (chap. 40 et 41).
  2. Le péché du peuple qui retourne en Egypte: révolte contre l'autorité divine (chap. 42 à 44).
  3. Le message à Baruc: promesse au croyant en un temps de jugement (chap. 45).
  4. Les prophéties contre les nations étrangères (chap. 46 à 51).
  5. Le siège et la prise de Jérusalem: 4e récit (chap. 52).

1. Le péché du peuple laissé en Judée (chap. 40 et 41)

Il est utile de rappeler ici une parole de l'Ecriture: «Puisqu'ils ont semé du vent, ils moissonneront la tempête» (Osée 8.7). La révolte de Sédécias contre Nebucadnetsar entraîne de cruelles conséquences. Le violent coule avec les autres dans le même naufrage. La Bible est un miroir implacable du cœur humain et ses pires gestes. Les horreurs du siège de Jérusalem sont suivies par un déferlement de barbarie d'un chef de bande nommé Ismaël qui réussit encore à échapper à la justice des hommes en se réfugiant chez le roi des Ammonites (cf. Jérémie 41.15).

Nous retrouvons ici Jérémie enchaîné à Rama – probablement par erreur, par excès de zèle d'un subalterne – puis remis en liberté par le chef des gardes qui lui donne la possibilité de choisir entre un séjour honorable à Babylone ou un séjour incertain, dans la pauvreté, la faim et l'angoisse en Juda. Jérémie décide de rester auprès de Guedalia nommé gouverneur par l'occupant. Ce choix a été mûrement réfléchi car il aurait pu rejoindre Ezéchiel son ami, prophète auprès des exilés, mais il poursuit sa mission sur le terrain, car il y a un immense travail de reconstruction spirituelle à commencer. S'il était parti, les habitants du pays auraient ressenti son départ comme un acte d'abandon. Guedalia, de race royale, dont le poste était difficile, est le type de l'homme bienveillant, sans soupçons, et par là même inattentif aux avertissements qui lui sauveraient la vie. Mais les mains destructrices d'Ismaël le suppriment, et d'un seul coup l'essai de redressement de Juda est anéanti. Jochanan, chef de bande à l'âme guerrière, pourchasse l'assassin sans succès (Jérémie 41.11-18). Nous assistons alors à une déstabilisation, des retournements, des trahisons, des règlements de compte propres à un pays en état d'anarchie. Finalement, Jochanan prend la tête d'un groupe paniqué, figé par la peur, prêt à se sauver en Egypte.

2. Le péché du peuple qui retourne en Egypte (chap. 42 à 44)

Dans un élan magico-religieux, Jochanan et d'autres chefs demandent à Jérémie de prier pour que Dieu leur montre le chemin et ce qu'ils ont à faire (42.3). Jérémie saisit cette occasion pour dire deux choses: il ne cachera rien et dira tout ce que l'Eternel indiquera (v. 4). Les chefs promettent: «Que ce soit du bien ou du mal, nous obéirons» (v. 6). Ces bonnes dispositions trahissent leur présomption. Ce langage rappelle celui de leurs ancêtres en Exode 19.8: «Nous ferons tout ce que l'Eternel a dit.» Il ne suffit pas de se réfugier derrière la volonté de Dieu, surtout lorsqu'on est démoralisé par l'échec et la crainte, mais il faut absolument et radicalement passer aux actes, même si ceux-ci vont à l'encontre des inclinations et des désirs personnels. David a dit du juste au Psaume 15.4: «il ne se rétracte point, s'il fait un serment à son préjudice.» Mais alors comment ? Avouons tout de suite qu'aucune grâce n'est reçue sans renoncement à soi et sans la croix. L'apôtre Paul déclare en 1 Corinthiens 15.31: «Chaque jour je suis exposé à la mort», en écho à Luc 9.23: «Si quelqu'un veut venir après moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il se charge chaque jour de sa croix, et qu'il me suive.» La mort à soi-même n'est pas une ascèse mentale où le moi se perd dans l'infini, en se détachant de la matière ou en la subjuguant pour rejoindre «le grand tout cosmique» à la manière de certaines religions orientales. Non, la mort à soi -même est un non-recul devant les coûts de la condition de disciple: défaites apparentes, indifférence des autres, hostilité du monde, coups de balai du dedans et du dehors, etc.

D'où vient la force pour contrer la recherche d'aise, de bien-être, de popularité, de position élevée, de reconnaissance de soi et de richesse? De Jésus-Christ notre Seigneur, car il n'y a aucune délivrance possible de ce tyran qu'est la vie propre, de ce moi impérial en dehors de Lui. Nous ne pouvons gagner la guerre tout seuls, et avec Christ nous avons l'inspiration, la tactique, la puissance et la vie pour vaincre cet ennemi qui est le sien comme le nôtre. C'est pourquoi nous avons intensément besoin de rester en contact avec la Parole de Dieu.

Revenons à l'histoire de Juda. Ce n'est pas un peuple délivré de l'Egypte qui parle, mais un peuple incrédule et endurci qui veut y retourner. La réponse de l'Eternel ne vient qu'au bout de dix jours (42.7). Jérémie tarde dans la présence de Dieu; il ne veut pas répondre à la légère, de sa propre autorité ou de son expérience. Il ne tient pas compte de l'impatience des gens rassemblés et prêts à partir. Il attend jusqu'à ce que Dieu lui adresse vraiment la parole, contrairement aux prophètes prompts à parler sous l'empire d'une séduction, sauvant la face avec n'importe quoi. Ces dix jours de silence devant Dieu nous font penser à sa perplexité devant le choix proposé par le chef des gardes: l'exil avec les siens ou Jérusalem avec le pauvre reste (40.5).

Ces deux textes nous placent devant une question que tout chrétien se pose:
Comment connaître avec certitude la volonté de Dieu?
Comment prendre le chemin que Dieu trace et bénit?

Considérons les pensées suivantes:

  • Toutes les fois que nous trouvons dans la Bible un commandement positif ou une défense, la décision ne laisse aucune doute au chrétien: elle relève de l'obéissance pure et simple (cf 1 Samuel 15,22). Mais consultons-nous les Ecritures pour être dirigés ? Il est tellement important d'aller au fond des choses en étudiant la Parole de Dieu. Elle ne nous apprend pas seulement la voie du salut, mais elle nous enseigne aussi la sagesse pour vivre justement et saintement. Elle est le meilleur guide pour notre conduite ici-bas.
  • L'apôtre Jacques dit dans son Epître: «Si quelqu'un d'entre vous manque de sagesse, qu'il la demande à Dieu...» (Jacques 1.5). Nous ne pouvons être assez convaincus que Dieu exauce les prières sincères faites en droiture de cœur, avec foi et sans douter (v. 6). Nous atteignons ainsi la demeure de Dieu où tout ce qu'on aime et respecte se concentre sur sa personne. C'est le moyen de distinguer sa volonté par le détail, car la Bible n'est pas un code où sont répertoriées les autorisations et les défenses sur les choses de la vie. Lorsque nous invoquons le nom de Jésus (cf Jean 14.13) cela veut dire: je ne veux que ce que tu veux. Ce qui manque aujourd'hui dans notre christianisme, c'est la prière personnelle, traduisant une relation étroite avec Dieu; elle n'est pas un accessoire du dimanche avec l'absolution hebdomadaire, un objet utilitaire en cas d'urgence ou le résultat d'une foi collective.
  • Nous lisons en Ephésiens 5.10: «Examinez ce qui est agréable au Seigneur.» Je fais remarquer que ce n'est pas une suggestion mais une invitation pressante, un ordre. Nous avons le devoir de découvrir la volonté de Dieu pour ne pas suivre une voie qui nous égare, au gré de notre fantaisie. C'est un appel à faire usage de notre saine raison, éclairée par le Saint-Esprit, à passer aux actes sans différer afin d'échapper aux ruses du cœur. L'objectif essentiel est de plaire à Jésus-Christ et de rechercher ce qui est agréable à Dieu (cf 2 Timothée 2.4).
  • Dans l'Ecriture il y a des milliers de promesses. Est-ce que nous les connaissons? Est-ce que nous nous en servons? car elles engloutissent en un instant tous les doutes. Le fait même de prendre Dieu au mot pour notre parcours tout entier, de la naissance à la mort, nous allège de fardeaux trop pesants. Les promesses de Dieu sont là pour en rechercher le sens et en trouver une application à nos circonstances. Elles nous sortent du vague et du trouble, du mou et du flou; elles aiguisent notre foi en un grand Dieu dont il est dit: «Ce qu'il a déclaré, ne l'exécutera-t-il pas?» (Nombres 23.19). Si l'attente et l'incertitude sont quelquefois cinglantes, l'accomplissement des promesses nous cimente à leur Auteur et à la Parole.
  • La nécessité d'un esprit paisible. Notre époque, si sûre de sa technique et de ses nouveautés, n'est pas productrice de recueillement. La vie actuelle est si remplie et agitée, son rythme si rapide et ses changements si exigeants, que l'individu désarticulé ne connaît plus le silence intérieur, au contraire il le fuit. Il y a tant de voix qui font perdre notre lucidité. Les informations fracassantes font battre le cœur plus fort et plus vite au point que la trame de nos vies s'en ressent. Les idées deviennent vagues, les sentiments tumultueux et les impressions multiples et mélangées. Comment la voix de Dieu peut-elle se faire entendre au milieu de toutes ces collisions ? Il ne s'agit pas d'entrer dans une bulle de sécurité, mais de mettre du temps à part pour Dieu.
  • Le conseil d'un frère. Pourquoi la lumière que Dieu a donnée aux uns ne servirait- elle pas à en éclairer d'autres? Il peut y avoir une source de bénédiction dans l'échange des idées et diverses manières de voir les problèmes; dédaigner l'opinion de frères plus expérimentés ou négliger de prier avec eux, prouverait un orgueil excessif. Cependant rappelons-nous que ce qu'ils peuvent donner de mieux n'est qu'humain. Ne permettons en aucune façon à l'homme de prendre la place que Dieu seul doit occuper parce que l'homme a la redoutable faculté de pétrifier l'amour de Dieu en un système.
  • Les circonstances de la vie nous obligent à obéir. Je ne parle pas ici de celles dont nous utilisons les mais, les si, les pour et les contre pour nous arranger, mais je parle des circonstances qui sont ordonnées et gouvernées par Dieu pour nous former (cf Romains 8.28). La raison pour laquelle tant de chrétiens restent indéterminés malgré les fréquents appels de Dieu réside dans les idées fausses sur la nature de ses réponses. Ils voudraient qu'elles se révèlent par des signes extérieurs ou extraordinaires, par des indications et des avis mystérieux et souvent par des «Dieu m'a dit» autoritaires. Dieu ne travaille pas de cette façon avec ses enfants. En ceci Jérémie nous le prouve: prisonnier, mais délivré le lendemain sans explication; menacé de mort et contraint de l'envisager, mais non exécuté grâce à un ami; coincé dans une citerne mais retiré au dernier moment. Autant de circonstances cruelles, autant d'interventions ponctuelles. Si les situations ont parfois quelque chose de consternant, c'est justement pour que le croyant place sa confiance en Dieu, ne soit pas ébranlé et recherche sa volonté (cf Romains 12.1 et 2).
    La réponse de Jérémie est claire et nette (42.9-22). Elle se résume par le verset 19: «Restes de Juda, l'Eternel vous dit: N'allez pas en Egypte! sachez que je vous le défends aujourd'hui.» J'invite le lecteur à lire ce plaidoyer du Dieu d'Israël au reste d'un peuple décimé. On ne peut parler de l'Egypte sans se souvenir de la nuit mémorable où Dieu délivra son peuple du joug de Pharaon «à main forte et à bras étendu» (Deutéronome 5.15).

Vouloir retourner en Egypte revient à dire qu'il y a encore un arrière-goût inavouable pour l'asservissement, une tendance à retourner au paganisme (cf 2 Pierre 2.22). A peine Jérémie eut-il transmis ce message à tout le peuple qu'éclate le conflit vérité / erreur. Le prophète est traité de menteur (43.2). Les contestataires sont nommés et la Bible souligne leur péché d'arrogance. Après avoir été tout sucre tout miel, ces mêmes hommes sournois se dévoilent. Dans un premier temps ils se sont présentés sous le vêtement de la modestie, de la soumission sans faille, puis dans un deuxième temps, ils laissent tomber le masque et accusent Baruc de manipuler Jérémie pour les livrer au pouvoir babylonien. Ainsi, non seulement Satan les séduit pour qu'ils retournent en Egypte, mais il fomente par leur moyen une brouille entre deux amis, ce qui ne réussit pas du tout.

Joignant le geste à la parole, Jochanan et les chefs de troupe entraînent le reste du peuple, Jérémie et Baruc aussi, et se rendent en Egypte (43.5-7). C'est le comble de la désobéissance. Aussitôt arrivés ils sont avertis par Jérémie d'une invasion imminente du pays d'accueil. Leur fuite n'a pas résolu leur problème puisqu'ils vont connaître une nouvelle occupation avec son cortège de terreurs (43.8-13). Ainsi le peuple mutilé et disloqué qui avait cru trouver un refuge rencontre un champ de bataille. Le refus d'écouter la Parole de Dieu les fait glisser sur une pente obligatoire. Jérémie et Baruc sont donc en Egypte. Pour combien de temps? Nul ne le sait puisque le rideau se tire sur la vie de ce prophète qui aura accompagné son peuple dans la révolte et les pires excès. Telle est l'étrange destinée de cet homme qui, jusqu'à la limite des possibilités, a transmis fidèlement la Parole divine en se heurtant sans cesse à son rejet. Cet échec apparent fait penser à la venue d'un Autre, plus grand que tous les prophètes, méprisé et abandonné des hommes jusqu'à la mort sur la croix (cf Esaïe 53.3).

L'Ecriture nous démontre qu'on ne retourne pas impunément en Egypte et cet épisode décrit la dégradation généralisée à tout le peuple, même aux femmes (44.15-16). Le culte rendu à la reine du ciel a repris de plus belle, divinité païenne d'origine phénicienne, déesse de la fécondité, source de la mariolâtrie (44.17-19).

3. Le message à Baruc (chap. 45)

Comme Paul s'est adressé à Timothée et l'a exhorté à souffrir avec lui pour l'Evangile (cf 2 Timothée 1.8), Jérémie montre à Baruc qu'on ne peut pas raturer sa vie, car ce dernier est tiraillé par des appartenances contradictoires et tenté par une haute position dans la société. Jérémie ne camoufle pas la vérité et l'instruit en deux phrases valables aussi pour le croyant qui traverse une époque de jugement, lorsque les fondements de la terre lui paraissent ébranlés:

  • Ne recherche pas de grandes choses! Cela ne signifie pas qu'il faut se complaire dans la médiocrité puisque ailleurs Paul compare le chrétien à un athlète qui remporte le prix. Cependant, en un temps exceptionnel comme celui-là, tout le poids est à mettre sur la ressemblance à Christ dans sa douceur et son humilité.
  • Je te donnerai ta vie pour butin! Une vie qui s'identifie à son Dieu accepte les souffrances qui en résultent (cf 2 Timothée 3.12), mais connaît aussi une richesse de relations, la plénitude en Christ. Voici un message opposé à ce qu'on entend dans les médias pour réussir sa vie aujourd'hui.

4. Les prophéties contre les nations étrangères (chap. 46 à 51)

Ces oracles datent probablement des époques de Jojakim et Sédécias. Ils annoncent des châtiments rigoureux aux ennemis du peuple de Dieu et, pour certains d'entre eux, un pardon et une restauration futures (46.26; 48.47; 49.6 et 39). L'Eternel y est présenté comme le Roi (46.18; 48.15; 51.57), et Jérémie fonctionne comme prophète des nations (1.10). Dix royaumes sous la domination de Babylone y sont mentionnés.

Dieu s'est servi de ces nations pour punir son peuple, mais après avoir châtié sa propre maison il les juge aussi à cause de leur idolâtrie, leur orgueil et leurs excès dans leur colère contre les Juifs et la terre sainte. L'instrument du jugement ne détient aucune immunité à cause du choix de Dieu. Au contraire, il doit se juger d'autant plus lui-même, exercer une purgation efficace et faire preuve de compassion dans la tâche qui lui est confiée, aussi surprenant que cela puisse paraître (47.6-7). Pour n'avoir songé qu'à détruire et à exterminer dans cet office, les Assyriens et lesChaldéens ont été repris par Dieu (cf Esaïe 10.5-34; Jérémie 50.15, 29, 33, 34 et 51.6, 24, 35, 56).

Jérémie consacre deux chapitres à l'écroulement de Babylone (50 et 51). Esaïe l'avait déjà fait avant lui pour souligner ce fait marquant (13 et 14). Contrairement aux autres nations, il est spécifiquement dit de Babylone qu'elle a pillé l'héritage de l'Eternel (50.8-13); qu'elle a péché contre l'Eternel (50.14-16); qu'en détruisant Israël, elle a combattu contre l'Eternel (cf. 50:21-25); qu'elle n'aura aucun réchappé à cause de sa fierté contre l'Eternel (50.29- 32). On constate à travers toute l'histoire biblique que Babylone a toujours personnifié la rébellion contre Dieu. Elle est le type de tous les efforts humains qui s'élèvent contre le royaume de Dieu en voulant rendre l'humanité riche, puissante et heureuse sans lui. C'est pourquoi il faut voir derrière la Babylone de l'histoire un système social, politique, religieux et économique convenant à la nature humaine et favorable à l'Antichrist lorsqu'il apparaîtra (cf 2 Thessaloniciens 2 et Apocalypse 17 et 18).

L'ordre: «Fuyez de Babylone» retentit trois fois dans ces deux chapitres (50.8; 51.6 et 45). Cité en Apocalypse 18.4, cet ordre prend tout son sens pour les chrétiens d'aujourd'hui. Le mal babylonien caractérisé par la fusion du religieux et du profane éclate partout dans le monde. Cette fusion est génératrice d'une éthique analgésique, d'une transvaluation des choses (cf Luc 21.34 et 35). Fuir Babylone c'est rejeter la dégradation morale insidieuse de notre société, écarter le mal sous toutes ses formes, secouer une torpeur mortelle pour participer à une communion libre, limpide, intense avec Jésus-Christ.

5. Le siège et la prise de Jérusalem (chap. 52)

Peut-être que la prise de Jérusalem et la déportation de ses habitants ont eu peu d'importance pour les historiens, mais elle en a eu tellement pour Dieu que l'événement est rapporté quatre fois dans l'Ancien Testament (cf 2 Rois 25; 2 Chroniques 36; Jérémie 39 et 52) comme la vie de Jésus est répétée quatre fois dans les Evangiles. S'il y a eu quatre récits sur la faillite d'un peuple à un moment donné, il y en a quatre sur le salut de la race humaine par Jésus-Christ, le Roi authentique, l'unique Sacrificateur, l'Homme obéissant, le Fils éternel de Dieu.

Pour terminer cette étude, revenons encore à Jérémie le prophète. Nous perdons sa trace en Egypte et ignorons sa fin. Ainsi le serviteur s'efface tout entier derrière le Dieu vivant et vrai, honoré par une consécration non feinte, une modestie non suspecte et un amour non artificiel. Cet instrument unique nous lègue un message brûlant: la nécessité absolue d'être en règle avec Dieu et de le rechercher sans relâche puisque nous avons été créés par lui et pour lui.

Philippe Favre

 


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