Les souffrances de l'enfantement...
Attendre une heure est long si l’amour est en vue, attendre l’éternité est bref si l’amour est au bout.
- EMILY DICKINSON
Oh oui, qu’il en soit ainsi: Viens Seigneur Jésus !
- APOCALYPSE 22.20
… à tous ceux qui, avec amour, attendent sa venue…
- 2 TIMOTHÉE 4.8
Notre monde va mal, très mal même. Les mots utilisés par le prophète Esaïe, il y a presque trois mille ans, pour décrire la confusion qui régnait dans son pays sont malheureusement encore d’actualité pour imager l’état de nos sociétés : « De la plante des pieds jusqu’à la tête, rien n’est en bon état, ce ne sont que blessures, contusions et plaies vives qui n’ont été ni nettoyées ni bandées, ni soignées avec de l’huile » 1. Où que se portent nos regards, quel que soit le sujet, de la justice sociale à l’écologie, en passant par l’économie ou la religion, rien ne fonctionne, rien n’est équilibré, rien ne va vers le mieux...
Nous avons l’impression d’être les passagers d’un véhicule fou sur lequel nous avons perdu tout contrôle. Nous avons envie de crier : « y a-t-il un pilote pour notre planète ? »
Viennent encore s’ajouter les épreuves inhérentes à notre humanité : la maladie, la solitude, les trahisons, les séparations et finalement, la mort.
Bien sûr, heureusement, il y a aussi de la joie, de la beauté, mais nous ne pouvons fermer les yeux sur la souffrance qui nous entoure et nous ne pouvons pas non plus fuir la question qui l’accompagne, comment faire face, comment donner un sens à ces montagnes d’horreurs qui menacent de nous écraser dès que nous nous arrêtons quelques instants pour regarder autour de nous.
Paul, cet homme violent, stoppé net dans sa folie meurtrière et introduit à une nouvelle vie par une rencontre puissante avec Jésus écrivait ceci aux croyants qui vivaient à Rome : « J’estime d’ailleurs qu’il n’y a aucune commune mesure entre les souffrances de la vie présente et la gloire qui va se révéler en nous… Nous le savons bien, en effet : jusqu’à présent la création tout entière est unie dans un profond gémissement et dans les douleurs d’un enfantement… »2
Les douleurs de l’enfantement, si elles sont parmi les plus violentes qui puissent assaillir un corps humain, sont aussi les seules qui sont considérées différemment. Elles ont un but positif, elles participent à la venue d’une nouvelle vie, elles introduisent un heureux évènement. Cela ne supprime pas la souffrance, mais cela lui donne un sens et une espérance.
Occupés, préoccupés – et non sans cause – par les difficultés de notre existence sur terre, nous oublions parfois notre destination à long terme, notre point de mire éternel. Bien évidemment, le Christ nous a promis sa présence pour notre séjour sur la planète bleue. Oui, il est notre provision moment après moment ; oui, il est déjà notre joie jour après jour, mais nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes aussi en gestation pour une autre naissance, une naissance dans un monde immensément meilleur, comme l’a déclaré ce même Paul : « Si c’est seulement pour la vie présente que nous avons mis notre espérance dans le Christ, nous sommes les plus à plaindre des hommes » 3. Nous faisons nos classes préparatoires pour une existence supérieure et merveilleuse, bien qu’encore floue et insaisissable. Semblables au bébé dans le ventre de sa mère qui se sent agressé par les contractions qui vont l’expulser du seul univers qu’il connaisse, nous avons des difficultés à nous réjouir, mais c’est pourtant une part importante de l’espérance des croyants. Nous nous échapperons de ce monde pour pénétrer sans transition dans la réalité de Sa présence. Nous le verrons face à face ; le mal, la souffrance, l’injustice seront bannis à jamais…
Laissons l’Esprit de résurrection nous remplir de courage, nous fortifier par sa consolation, nous donner une perspective éternelle. Que nos cœurs, unis aux gémissements de la création, puissent eux aussi soupirer, oui viens Seigneur, viens, viens !
Philip
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1 Esaïe 1.6
2 Romains 8.18, 22
3 1 Corinthiens 15.19
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