Premier sourire, premiers pas
Quelle conscience a l'enfant nouveau-né des soins minutieux, attentifs et incessants de ses parents ? Que leur amour, ainsi manifesté, marque à jamais l'âme de ce futur adulte est incontestable, mais à l'heure même, ce petit être totalement dépendant comprend-il ce que signifie pour sa maman, son papa, le maintien de sa vie et son bon développement ?
Lorsque l'enfant crie famine, ses pleurs manifestent la douleur que son estomac vide lui provoque, ceci par pur réflexe, mais sait-il le nombre de pensées qui s'agitent dans le cerveau de sa mère et le nombre de gestes qu'elle devra faire pour pourvoir à ce besoin vital ? Sans parler de tous les petits riens qui occupent et préoccupent tous parents heureux de l'être.
Notre troisième fille a un mois et je l'observe le plus souvent possible: je guette dans ses yeux, sur ses lèvres le sourire, l'étincelle qui me montrera qu'elle me reconnaît, qu'elle commence à avoir conscience que sa maman est là, qu'elle existe et qu'elle prend soin d'elle… Parfois un petit sourire "aux anges" nous réchauffe le cœur et nous fait oublier les nuits trop courtes, mais combien le premier vrai sourire conscient sera plus beau… signe d'une relation qui s'établit, d'un échange qui se concrétise !
Nous, êtres humains, nous sommes comme des nouveau-nés par rapport à Dieu, le Créateur, le Père… inconscients de tous les soins dont il nous comble; criant nos besoins, bien souvent par réflexe, nous sommes soulagés de les voir pourvus sans être pour autant reconnaissants, puisque sans conscience… mais imaginez la joie et le bonheur de ce Père, si attentif pourtant depuis tant d'années, quand, enfin, une âme lève les yeux et le regarde, et lui sourit, vraiment… et lui parle: "Dieu, Père, je te vois, tu existes… Je vois et comprends aujourd'hui combien tu m'aimes et prends soin de moi. Moi aussi je t'aime, merci, Père…"
Quel échange merveilleux alors: dialogue, partage, respect, amitié, tendresse. Et, sous le regard du Père, attentif, bienveillant mais juste, nous élevons nos cœurs et nos âmes jusqu'au niveau où la vie vaut vraiment la peine d'être vécue: se sentir bien dans sa peau, être quelqu'un, avoir des racines, savoir d'où l'on vient, de qui l'on est… progresser, être utile.
Nous avançons sur le chemin de la vie, le cœur déchargé des angoisses, des terreurs, des solitudes, des détresses… le coeur en paix, serein, comme celui d'un enfant qui tient fièrement la main grande et forte de son père et fait ses premiers pas vers la maturité.
V.M.