LA CONFERENCE D’EVANGELISATION
Autrefois…
Il y a quelques décennies, l’évangélisation était apparemment plus facile qu’elle ne semble l’être aujourd’hui. Par exemple: on dressait une «tente d’évangélisation» et, avec l’accord de la Municipalité, on organisait une «campagne» d’évangélisation, parfois en partenariat avec l’église locale. La distribution des invitations amenait du monde et à partir d’un texte de l’Ecriture bien expliqué, on faisait des réunions «d’évangélisation» tous les soirs, avec ou sans appel à la fin de la rencontre.
Personnellement, dans le Nord de la France, pendant les années 1950, nous avons vu «la toile», remplie à craquer de gens venus écouter «les campeurs anglais». Certes, on encadrait notre message de quelques cantiques entonnés par l'équipe et expliqués également, car l’assistance ne chantait pas. Elle ignorait tout de nos bons vieux cantiques d’appel - mais elle nous écoutait avec respect.
Et un certain nombre des assistants sont venus au Seigneur...
Les grands évangélistes - tel Billy Graham - encadraient davantage leur message avec solos, chorales, parfois sketches, mais l’Evangile y était toujours clairement expliqué, toujours prêché à partir d’un texte biblique. Ulrich Parzany, en Allemagne, et parfois en France, a suivi la même méthode avec succès.
Aujourd'hui, une nouvelle donne
Cependant, aujourd’hui, il est plutôt rare de voir réussir les méthodes d’autrefois. Aussi les Eglises évangéliques cherchent à trouver d’autres voies pour annoncer la Bonne Nouvelle. Des concerts "spirituels", animés par un chanteur ou une chorale, des expositions d’art ou des Expos-Bible, des conférences débats ou des tables rondes semblent davantage attirants pour le grand public. De plus, les organisateurs se sentent plus libres d’y inviter les personnalités locales. Lors d’une exposition où une inauguration officielle s’imposerait sous la présidence du maire (dans un salle municipale, car on est «chez lui»), une photo dans la presse locale fait alors une excellente publicité.
Possibilité de piège
Cependant, si notre désir d’évangéliser est basé plutôt sur une Expo culturelle de tableaux, ou sur un sujet laïque ou éthique, l’organisateur ou le conférencier risque de se faire piéger par rapport au désir de base: faire connaître l’Evangile. Certes, quelques expositions se prêtent facilement à l’annonce de l’Evangile - une Expo-Bible, par exemple, mais une Expo sur l’art, même si le peintre a présenté des toiles de quelques scènes bibliques, ne se prête pas avec autant d’aisance à la proclamation de la Parole de Dieu. Comment donc venir au message de l’Evangile quand on traite ou discute sur un sujet d’actualité, comme celui de la laïcité, ou quand on présente un film sur le problème de la drogue ou du sida à des parents non-croyants désemparés?
Reconnaissons le grand risque d’escamoter le message évangélique que l’on est sensé annoncer. Certains aiment croire qu’il y a déjà un message évangélique dans la musique d’un concert spirituel. Nous ne nions pas que des mélodies puissent véhiculer un message bienfaisant pour certaines personnes mais l’annonce de l’Evangile se fait d’abord par la proclamation de la Parole. «Comment invoqueront-ils Celui en qui ils n’ont pas cru? Et comment croiront-ils en Celui dont ils n’ont pas entendu parler? Et comment entendront-ils parler de Lui, sans prédicateurs?», écrivait Paul aux Romains (chapitre 10 vers.14).
Evidemment, c’est à la fin d’un exposé sur l’archéologie biblique qu’il faudra en venir brièvement au message de la grâce. Et dans la conclusion d’un autre genre d’exposé, ou dans le «mot de la fin» d’une table ronde, on peut être davantage subjectif car l’Evangile fait appel, d'abord à la raison et ensuite à une considération d'ordre subjectif. Alors comment faire pour que cette conclusion arrive naturellement et non pas comme «un cheveu sur la soupe» ?
Sans doute s’agit-il d’un art. Et c’est aussi un sujet de prière.
Comment donc annoncer l’Evangile «naturellement»?
Selon la Parole de Paul: «Malheur à moi si je n’évangélise pas» (1 Cor 9:16) et qui constitue un appel à tous les chrétiens de tous les temps, il est nécessaire de se préparer et de préparer cette conclusion. Soigneusement. Parfois elle pourrait demander plus de réflexion qu’un message ordinaire pour un culte. Chercher le secours du Saint-Esprit est obligatoire.
Cependant, si la conférence a été de qualité, l’assistance sera d’autant plus disposée à accepter en conclusion quelques réflexions personnelles et peut-être plus directes. Et c’est à ce moment-là que nous aurons la possibilité de toucher des cordes plus sensibles. La conférence, elle, ou la visite guidée de l’exposition d’art, doit rester objectives et à la hauteur du sujet traité. Ainsi, si l’assistance a été captivée, et satisfaite, quelques mots plus personnels ne seront pas déplacés.
Expliquer pourquoi
D’après mon expérience, il semble que le mot-clé pour venir à l’explication de l’Evangile en fin de séance, est le terme: «Pourquoi ?». On pose la question pour l'effet…
Par exemple:
Pourquoi chanter avec tant de conviction les chansons que l’on vient d’interpréter? (à cause de leur message si important)
Pourquoi expliquer en public comment la Bible nous est parvenue? Quelle en est l’importance? (cela fait partie de la culture générale, et le message de la Bible est si crucial pour l’Humanité aujourd’hui. Puis expliquer dans quels domaines).
Pourquoi tant insister sur le fait que le christianisme est une religion basée sur des faits historiques? (car son message est vrai et nécessaire au bonheur de l’homme).
Pourquoi tant peiner à démontrer que le hasard n’a pas pu produire l’homo sapiens? (parce qu’autrement l’homme ne chercherait plus sa vocation si noble. Expliquer quelle est cette vocation).
Pourquoi dire comment l’archéologie confirme en partie l’historicité de la Bible? (parce que si son texte est exact, son message spirituel prend de l’importance, d’autant plus que l’effet de son message a créé des transformations dans l’existence des personnes).
Et ainsi de suite…
Conclusion
Pasteurs, organisateurs de manifestations dites évangéliques, rappelez-vous que la culture, (musique, art, chants, conférences sur des sujets d’actualité, expositions, tables rondes sur sujets divers) doivent rester des "outils", des "rampes de lancement", d’où l’Evangile peut partir pour atteindre sa cible – c’est-à-dire le cœur et la conscience de ceux qui vous écoutent.
Que Dieu nous soit en aide pour accomplir fidèlement notre mission d’évangélisateurs.
Pierre Wheeler