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Le point de vue biblique
ILS NE SAVENT CE QU’ILS FONT

Cette phrase figure parmi les toutes dernières que Jésus ait prononcées sur la croix juste avant sa mort. C’est le genre de phrase qu’on lit sans pour autant lui donner toute son importance. Cependant, elle résume fort bien la condition de l’homme de tout temps, c'est-à-dire: un être qui croit savoir ce qu’il fait.

Qui étaient les «ils» ?

A qui cette déclaration de Jésus référait-elle? Certainement aux juifs de son époque puisque ce sont eux qui, lors de son jugement, se sont ligués en foule pour crier: «crucifie-le». Mais quels sont ceux qui se cachaient derrière cette foule haineuse? C’est en lisant les Évangiles que nous découvrons que ce sont les religieux du parti des pharisiens qui voulaient la mort de Jésus. La foule, quant à elle, n’avait pas d’opinion très précise à son sujet sinon qu’elle s’émerveillait des prodiges qu’il accomplissait. À certains moments, nombreux sont ceux qui ont cru que Jésus était le Messie tant attendu. Mais parce que cette foule était manipulée par les pharisiens, elle a préféré se ranger sagement derrière les hommes forts de ce parti.

Les pharisiens

Ce sont donc ceux qui maîtrisaient presque parfaitement la connaissance théologique qui ont fait condamner Jésus. Ces hommes étudiaient les Écritures avec un zèle hors du commun. Ils en connaissaient les moindres détails. Ils avaient un savoir très précis de toutes les prophéties messianiques. Ce sont eux qui auraient dû les premiers reconnaître la messianité de Jésus. Comment ont-ils pu commettre une telle erreur de jugement?

La justice propre

La vérité au sujet des pharisiens est toute simple: ils se croyaient suffisamment juste en eux-mêmes pour croire que leur jugement était bon. Mais leur péché est précisément cette justice propre. Ces hommes étaient spirituellement très performants et se conformaient avec zèle à tous les détails prescrits par la Loi de Moïse. Ils se gardaient, autant que possible, éloignés du péché et des gens de mauvaise vie. En d’autres mots, ils croyaient être parvenus à marcher avec Dieu avec succès.

La réussite

Le voilà donc le piège le plus insidieux: la réussite spirituelle. Il peut paraître étrange de pointer du doigt la réussite spirituelle puisque c’est elle que nous cherchons désespérément à atteindre. Si cette réussite est à la fois une grande source de bénédiction, elle peut être aussi la source de bien des conflits. Les pharisiens étaient à ce point orgueilleux de leur réussite qu’ils s’étaient octroyés le droit de juger les gens de leur entourage. Et le pire est qu’ils croyaient que cette réussite leur conférait un sens de la justice infaillible. C’est alors que sur la croix Jésus leur déclare: «Père, pardonnes-leur, car ils ne savent ce qu’ils font.».

Qu’en est-il de nous ?

Depuis un certain temps, il m’arrive souvent de réfléchir à la condition du monde évangélique. Nous sommes de ceux qui aiment et apprécient la Parole de Dieu. Nombreux sont ceux qui d’entre nous veulant réussir à tout prix dans leur marche avec le Seigneur. Et alors, le pharisaïsme surgit de nous parce que nous sommes incapables de gérer la réussite avec humilité. C’est plus fort que nous, nous reproduisons les mêmes comportements que les pharisiens. Malgré nos succès spirituels, sachons conserver le doute raisonnable quant à nous-mêmes. Évitons de croire que nous savons, alors que dans les faits nous savons peu de chose. Rappelons-nous que notre jugement demeure celui d’une créature déchue.

Réal Gaudreault, pasteur de l’Assemblée Chrétienne La Bible Parle, Saguenay.

 


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