Histoire vraie de Sebti 23
Un pas très important
– Dites, les gars! Il y a longtemps qu'on n'a pas vu Sebti dans le quartier. Vous savez ce qu'il devient?
– Moi, j'ai vaguement entendu dire qu'il est sous les verrous, à l'étranger... il se serait fait enlever!
– Mais non! Il est en Suisse. La dernière fois que je l'ai rencontré, il m'a dit qu'il allait partir à Genève, dans une école de la Bible!
– Ah, bon!... C'est vrai qu'il y croyait, lui, à la Bible! Ainsi s'expriment un soir quelques adolescents dans une rue de Villeurbanne.
 | Non, Sebti n'a été ni kidnappé, ni emprisonné! Mais certaines fausses rumeurs se propagent parfois avec une telle rapidité! Et le mensonge court souvent bien plus vite que la vérité! Comme il l'avait tant désiré, notre ami se trouve en effet à l'Ecole biblique de Genève. Que de richesses il découvre à présent dans sa Bible! A l'approche de Noël, les étudiants partent quelques jours en congé. Sebti peut rendre visite à ses amis Blandenier. Ils l'ont invité chez eux, près de Lausanne. |
Et pourquoi pas? Jésus-Christ n'est-il pas le plus grand trait d'union entre toutes les races?
Après le repas de Nouvel An, on évoque des souvenirs.
Tu te rappelles Sebti, quand nous venions passer les fêtes à Lyon? Au bidonville, tu nous as même aidés à distribuer des vêtements aux enfants qui avaient froid.
- Attends, nous avons des photos…
On ouvre des albums. Lentement, on tourne les pages. A plusieurs reprises apparaît le visage de Sebti. Et chaque photo suscite un flot de commentaires.
Soudain, le regard de Sebti s'arrête sur un groupe de petits Algériens dont s'occupe une jeune fille.
– Mais... je ne les connais pas, ces enfants! C'est aussi à Lyon?
– Non! On a pris cette photo dans l'Est de la France, avec Fatima, aussi une jeune chrétienne. Elle nous a justement écrit l'autre jour. Elle fait ses études d'infirmière à Belfort.
– Sympathique! dit Sebti en tournant la page.
Déjà les cours ont repris à Genève. Et très vite les mois vont passer... Voici Sebti de retour à Lyon.
Quelle joie d'y retrouver les siens, mais aussi ses amis: Fernand, Jenny Voiblet, Saïd, Jean, Djamel et tous les autres.
– Tu vas être encore plus efficace, à présent! dit Fernand tout heureux. C'est vrai, il a raison. Certes, Sebti reprend son travail de peintre en bâtiment sur les chantiers. Mais le dimanche... ah! comme il se réjouit d'une semaine à l'autre!
Un dimanche justement... Oh! regardez tous ces petits Algériens bien en rang! Ils sont une trentaine avec ce moniteur. Où s'en vont-ils en chantant? Tiens! ils s'engagent dans cette large avenue bordée de grands arbres. C'est au Parc de la Tête d'Or qu'ils se rendent, sous la responsabilité de Sebti. De la place pour des jeux, ils en auront, là-bas. Près des cages ou des bassins, ils pourront même admirer des lions, des girafes ou des éléphants, à moins qu'ils ne préfèrent une balade autour du lac. Intéressant, le programme du dimanche après-midi! Il commence toujours avec des chants puis une histoire de la Bible. Sebti les raconte si bien. Il y met tous les gestes, et même certaines mimiques.
Ensuite, c'est le départ au parc.
– Ils sont bien, les jeux de Sebti! s'exclament tous les enfants. Ah! quelle animation!
Sebti n'est heureusement pas seul pour cette activité. D'autres jeunes l'aident.
Et les conseils d'Anne-Marie Blandenier lui sont précieux. Elle connaît les enfants, elle qui depuis des années leur consacre tout son temps à Lyon. Un jour, Anne-Marie reçoit une amie. C'est Fatima. Quand Sebti l'aperçoit, soudain il se souvient: "La jolie Algérienne de la photo!" Il est donc tout heureux de la rencontrer. Elle est si gentille, toute simple, joyeuse et surtout désireuse de marcher avec Dieu.
– Serait-ce celle que le Seigneur me destine? se demande notre ami.
Oui, c'est elle. Et Dieu lui en donnera la certitude au cours des mois suivants. Un jour, Sebti et Fatima se fiancent!
– Et le mariage, Sebti, c'est pour quand? demande un jeune.
– Oh! n'allons pas trop vite! J'aimerais tout d'abord que Fatima puisse aussi faire un stage à Genève. Elle est d'accord, tu sais!
Belfort... Genève... Bordeaux... les étapes sont variées pour la jeune infirmière, et pour Sebti aussi.
Mais le 23 septembre 1978 arrive. Et ce jour n'est pas comme les autres. Au Foyer, c'est la fête, car deux jeunes se marient, entourés de leur famille, de beaucoup d'amis et de nombreux petits Algériens.
"Je leur donnerai un même coeur et une même voie... je leur ferai du bien" dit l'Eternel.
Texte: Samuel Grandjean
