Histoire de Natala
7e épisode: Les suites d'un grand voyage
– Ecoute, Natala! continue le père adoptif de la jeune Africaine, dans quelques mois, je devrai me rendre en Europe. Si tu m'accompagnais? Tu pourrais peut-être raconter ton histoire à de nombreux enfants...
– Oh, oui! Quelle joie ce serait!
– Eh bien! je vais écrire à mes amis!
Un jour, l'avion décolle, emportant aussi Natala. Bientôt, la jeune fille entreprend en Suisse une tournée de conférences missionnaires. Elle passe par Orbe, jolie petite ville bien assise au pied du Jura. Alors des jeunes et des adultes viennent d'un peu partout. Et ce n'est pas pour visiter la fameuse fabrique de chocolat! Suivons deux adolescentes qui sortent de la gare. Oh ! comme elles se ressemblent! Ce sont deux jumelles qui arrivent d'Yverdon. |
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Bientôt, dans l'édifice, on présente Natala Sumbane au public réuni. La jeune fille est toute simple, mais ravissante dans sa longue robe jaune paille. Ah! quel beau sourire!
– Bonjour! Je vous aime tous! dit-elle en français, avant de continuer dans son dialecte, aidée d'une traductrice. Voici un chant que j'ai enseigné à beaucoup d'enfants dans mon village. "Moungoni tembo, ani temboa, moungoni tembo, ani temba..." (paroles du vieux cantique "le Seigneur m'aime..") Chantons-le tous ensemble...
Très bien! Je me croirais presque à notre classe biblique sous le grand baobab! A présent, je vous raconte mon histoire. Imaginez une toute petite fille qui commence à marcher dans une case africaine. C'est moi! Et cette personne assise sur le tronc d'un palmier abattu, c'est ma mère. Elle trie des arachides rapportées des champs...
Chaque fois que Natala se tait, on entendrait voler une mouche. A présent, elle raconte comment elle est soudain devenue orpheline. On la suit chez le vieil oncle. Et puis, on l'imagine fuyant en pleine nuit avec son petit frère, pour échapper à la mort. De temps en temps, elle interrompt son captivant récit:
– Savez-vous que le Seigneur Jésus vous aime? Il aime tous les enfants, tous les jeunes et tous les parents, ceux de votre pays et ceux de ces petits villages disséminés dans la brousse africaine.
Et l'histoire se poursuit... jusqu'au dernier épisode où l'on arrive déjà:
– Alors je me suis envolée pour venir en Europe. Quelle joie d'être avec vous aujourd'hui! Nous ne nous reverrons sûrement plus jamais, mais vous vous souviendrez peut-être de moi. Ah! si Dieu a pu prendre pareillement soin d'une petite orpheline africaine, que ne peut-il pas aussi faire pour chacun de vous? Mettons tous notre confiance en lui. Jamais il ne nous décevra!
Chantons encore une fois, voulez-vous? et puis nous nous quitterons. Mais je serai ravie, à la sortie, de saluer chacun!
* * * * *
Natala est bien loin de penser que, des années plus tard, son histoire sera répétée à des milliers d'enfants, dans les pages d'un périodique appelé "Toujours Joyeux".
– Mais, me direz-vous peut-être, cette histoire, comment l'avez-vous connue, vous qui nous l'écrivez?
– C'est très simple: l'une des deux sœurs jumelles est devenue... ma femme! Que de fois l'ai-je entendue raconter ce récit à des groupes d'enfants!
Les années ont passé, aussi pour Natala. A-t-elle déjà retrouvé ses parents près du Seigneur Jésus? Je l'ignore. Est-elle encore en vie? C'est fort possible. Alors... si, par des circonstances extraordinaires, elle peut lire cette page, elle se souviendra sûrement de sa visite à Orbe. Elle trouvera même ici quelques lignes que lui adresse ma femme:
"Chère Natala! Si ce journal vient un jour jusqu'à vous, vous serez bien surprise d'y trouver votre histoire. Pardonnez-moi d'avoir oublié des détails! C'est ainsi que je m'en souviens. Vous avez si bien su nous la raconter, et je l'ai tellement aimée, que je l'ai moi-même répétée à des centaines d'enfants. Maintenant, tous les lecteurs de "toujours joyeux" la connaîtront aussi. Merci, chère Natala, d'être venue en Suisse! Depuis ce jour-là, j'ai su ce qu'est une missionnaire.
Et j'ai aussi désiré servir Dieu parmi les enfants qui ont tous tant besoin de lui!"
Hélène Grandjean
