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Jeannot pendant la guerre - Le dernier chant

– De nouveau les sirènes! soupire Lydie. Jusqu'à quand va-t-elle durer, cette guerre?
– Moi, dit Jeannot, au lieu de courir dans l'abri, j'aimerais mieux me mettre à la fenêtre. Ils vont sûrement venir avec le camion!
– C'est bien possible, interrompt le papa, mais tu ne peux pas rester ici. Allons Jeannot! Pendant que maman se charge de Daniel, prends ton frère par la main, et descendons vite! On les entendra peut-être aussi quand nous serons dans l'abri!

Entendre quoi? Les bombes ? Hélas! il n'y a pas besoin de se mettre à la fenêtre pour cela. Et heureusement qu'elles ne tombent pas chaque fois que les sirènes mugissent!

C'est autre chose que Jeannot désire entendre. Des jeunes gens courageux ont décidé de se rendre utiles pour Dieu justement pendant ces alertes qui sèment la panique.

Jeannot les connaît bien. Il y en a trente-neuf. Ce sont les amis de ses parents. Sans craindre le danger des bombes, ces jeunes chrétiens grimpent sur un vieux camion, et chantent des cantiques dans toutes les rues du quartier. Il y a une mélodie que Jeannot préfère. Avec Etienne, il a pris l'habitude de l'entonner chaque fois que les sirènes lancent leur appel lugubre: «Dieu te garde, calme-toi!»

Que de gens ont trouvé du réconfort en entendant ces jeunes chrétiens bouillants et convaincus! Leur message de paix et de courage fait toujours tant de bien. Certes, ils s'exposent en circulant ainsi pendant que les avions survolent la ville. Cela, ils le savent bien. Mais un autre danger les guette, à leur insu...

Un jour, Etienne et Jeannot entendent les notes victorieuses de leur chant préféré.
– Ecoute, maman ! Ils chantent. Pourtant, il n'y a pas eu d'alerte.
– Ouvrons vite la fenêtre ! crie Etienne.

Et l'on entend marcher, et l'on entend chanter : «Dieu te garde, calme-toi !» Intriguée, la mère de famille jette un regard par la fenêtre. Ce qu'elle voit la glace d'émotion.

– Dis, maman! Pourquoi sont-ils venus avec des soldats allemands? Où est le camion?
– Eh bien, je pense que nous ne le verrons plus, le camion, et que nous ne les entendrons plus, les cantiques! Nos amis se sont fait prendre par l'armée d'occupation. On les conduit sûrement à la gare. On va les enfermer dans un wagon pour les transporter loin, très loin de la France. Là, ils devront travailler dans des usines de munitions!

Le triste cortège s'éloigne. On voit quelques signes de main, très discrets. Les derniers disparaissent à l'angle de la rue. Plus faiblement maintenant, on entend encore: «Dieu te garde, Dieu te garde, calme-toi!»
– C'est surtout pour eux qu'ils chantent, cette fois! soupire Lydie. Ils en ont bien besoin. Etienne, Jeannot, savez-vous ce que nous devons faire, à présent?
– Il faut prier pour eux!
– Oui, pour que Dieu les garde, comme ils l'ont chanté!

Texte: Samuel Grandjean

Tu trouveras la suite de l'histoire de Jeannot dans "Jeannot et ses exploits"


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