Jeannot en Afrique - Le feu de brousse
Histoire vraie
— Tu dois repartir, Jeannot ? demande Roselyne en voyant son mari se lever de table.
— Oui, il faut que j’aille aussi souvent que possible à la visite médicale du village, pour connaître les maladies les plus répandues et voir comment on les traite. Tu sais... bientôt je devrai me débrouiller tout seul pour donner des soins dans une région perdue !
— Bien sûr ! Mais attention... je vais me replonger tout l’après-midi dans l’étude du gourmantché, et si mon Namtandi se laisse devancer... il aura de la peine à me rattraper !
— A bientôt, Pugininseli ! et surtout... travaille pour les deux !
Les heures passent...
— Tiens ! le soleil s’est subitement voilé, constate Roselyne, levant le nez de son cahier. Quel vilain nuage noir ! mais non... c’est une épaisse fumée... il y a des flammes dessous ! Au même moment une légère brise fait flotter jusque là une odeur très âcre.
— Pas de doute, c’est un feu de brousse ! Quelques hommes du village l’ont allumé pour détruire les hautes herbes sèches. Seulement... les flammes avancent d’après la fantaisie du vent, et il n’y a pas grand-chose pour protéger notre maison. Pourvu que Jeannot rentre. Comme le vent n’est pas fort, l’incendie avance lentement. Pour l’instant il est à quelques centaines de mètres. Par moments les grands arbres abandonnent aux flammes leurs bras secs, avec de sinistres craquements. Enfin Jeannot est de retour ! Le soir approche. Tout le paysage est embrasé de lueurs rouges. Au bout d’une heure le feu est beaucoup plus près de la case.
— Maintenant un bon coup de vent suffirait pour que l’incendie menace dangereusement notre habitation, dit Jeannot. Mettons-nous ensemble sous la protection de notre Dieu.
Il est tout-puissant.
Même de la chambre, on entend très nettement le crépitement des flammes...
— Bon ! maintenant agissons ! reprend Jeannot. Je vais chercher de vieux papiers. Prends les allumettes, et allons vite faire un contre-feu i
— Comment ? s’étonne Roselyne, allumer un feu pour combattre un incendie ?
— Oui ! c’est le meilleur remède en brousse. Les Africains le savent bien ! A une certaine distance
de leurs maisons, ils mettent l’allumette aux herbes, laissant les flammes partir à la rencontre de l’incendie. Que se passe-t-il alors ? Quand le feu de brousse arrive sur le terrain déjà brûlé, il s’arrête là, ne trouvant plus rien à consumer Allons-y vite... non ! regarde, Roselyne ! nous n’aurons même pas besoin d’adopter cette solution !
Le champ de patates entre notre petit jardin et les grandes herbes a déjà fait barrage. Le feu va s’éteindre sur la terre sèche.
— Quel bonheur ! il était temps...
— Oui, tout est brûlé jusqu’à trente mètres de la maison !
— Après avoir supplié Dieu, nous pouvons le remercier, maintenant !